Dark Ride Tome 1

La France a eu Zombillenium, les Etats-Unis ont désormais Dark Ride. Recueil de chapitres par Delcourt du comics de Joshua Williamson (l’auteur DC Comics), Andrei Bressan et Adriano Lucas, le lecteur y découvre une version de parc d’attractions horrifique et capitaliste au possible. C’est par Owen Seasons, nouvel employé du parc, que le lecteur découvre cet endroit qui semble imaginé par un Walt Disney biberonné aux Scream et autres films d’horreur.

Sombres attractions

Dans un prologue de quelques pages, Bressan dépeint  un personnage, Arthur Dante, obsédé par son projet de parc d’attractions. Il conclut sur un féminicide sous le regard pesant d’un logo de démon semblant vivant et amusé par la scène. L’ambiance de cette introduction se fait pesante, autant par un noir et blanc disparaissant ensuite que par le découpage vif de Williamson. Enfin, le prologue annonce le récit d’un pacte avec le diable, au travers d’une réplique liant habilement ledit pacte au parc d’attractions créé.

 

Culture Pop-Ifique

Alors que les auteurs développent leurs personnages, allant et venant dans le parc infernal, un d’eux se fait fil rouge de leurs avancées. Ayant pris forme physique après sa première apparition, le logo dessiné par le créateur du parc est devenu la mascotte. Il revient régulièrement dans Dark Ride, accompagné d’autres mascottes ou aux côtés des enfants du créateur, désormais nommé Danny Devil. Cette créature, incarnation du capitalisme par d’infinis produits dérivés, se dévoile comme ayant toujours été là dans le passé.

L’idée d’incarnation capitaliste se place dans le plaisir qu’a l’équipe artistique à citer d’autres œuvres touchant à l’horreur. Du tee-shirt Hellfire Club (Stranger Things) au prénom Dante (tel l’auteur de La Divine Comédie), le lecteur peut s’amuser à trouver les clins d’œil. Le tout se situe dans un univers aux couleurs aussi chatoyantes que cohérentes, grâce au soigneux travail d’Adriano Luca. Le lecteur peut prolonger cet amusement à la fin de l’album par les belles couvertures des issues américaines et par le plan du parc.

La convergence entre la narration, le dessin et l’encrage crée ainsi une cohérence particulièrement agréable à découvrir.

Devil in the Middle

Pour se concentrer à nouveau sur cette mascotte, celle-ci s’inscrit aussi dans la volonté de référence. Danny Devil se place dans la tradition d’un archétype précis d’œuvres horrifiques. Il est le digne héritier des antagonistes ayant une influence totale sur la vie et les choix des protagonistes.

La question, dans ce premier tome, qui se pose est de savoir quelle force influe le plus dans la vie des personnages que l’on suit, celle de la destinée telle qu’elle est décidée par Danny Devil ou celle de leurs volontés propres. Dans la planche ci-dessous, le découpage illustre bien cette interrogation. La tentative de suicide de la fille d’un protagoniste est construite autour de la figure de Danny Devil. Figure, elle-même, mise en scène comme troisième figure perverse, s’insérant dans la relation père-fille.

 

La place de la famille

Enfin, si le prologue de Dark Ride pouvait faire croire à l’absence de familles dans son récit, c’est l’inverse qui est proposé. On retrouve bel et bien ce thème de la famille au trio dans ce nouveau travail. Preuve de leur intérêt pour ce thème, il menait déjà une réflexion dessus dans Birthright, aussi édité chez Delcourt.

Dans cet univers, nous découvrons la sœur d’Owen, mais il sera surtout possible de suivre la relation entre les deux enfants d’Arthur et leurs deux très différents liens avec le paternel. La famille se fait alors sujet central dans ce premier tome, sous tous les aspects possibles. Williamson peint donc des duos père/enfants, frère/sœur mais aussi de parents séparés dont le seul lien est leur fille. La famille sert régulièrement de pauses dans le rythme narratif. Elle sert à montrer les conséquences néfastes de l’emprise qu’a Danny Devil sur ses victimes.

Article posté le lundi 13 mai 2024 par Hippolyte Girier

Dark Ride de Joshua Williamson, Andrei Bressan et Adriano Lucas (Delcourt)
  • Dark Ride
  • Scénariste : Joshua Willamson
  • Dessinateur : Andrei Bessan
  • Coloriste : Adriano Lucas
  • Traduction : Enzo Pirat
  • Éditeur : Delcourt
  • Collection : Contrebande
  • Prix : 15,95€
  • Sortie : 06 mars 2024
  • Pagination : 128 pages
  • ISBN : 9782413083023

Résumé de l’éditeur : Devil Land est le premier parc d’attractions au monde sur le thème de l’horreur. Il abrite l’attraction la plus effrayante jamais créée : le Devil’s Due . Mais lorsque Owen Seasons, fan depuis toujours, y débute sa première journée de travail, il découvre les véritables horreurs qui se déroulent en coulisses. Le travail de ses rêves pourrait bien se transformer en son pire cauchemar !

À propos de l'auteur de cet article

Hippolyte Girier

Il est né en même temps que le Printemps, il ne jure que par le Hawkeye de Matt Fraction et le Grand Vide de Léa Murawiec. Il croit dur comme fer à la prise de pouvoir artistique de Zoé Thorogood, autant qu'il renie l'existence de roman graphique. Bref, cet article vous est offert avec plaisir, mais surtout par Hippolyte Girier.

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