K.O. à Tel-Aviv (tome 3)

Après deux premiers tomes unanimement salués par la critique, le dessinateur israélien Asaf Hanuka revient avec son K.O. à Tel-Aviv. Une nouvelle fois, il impose une vision tendre, angoissée et décalée sur l’actualité et le quotidien.

LE DESSIN DU QUOTIDIEN

Depuis 2012, date de parution du premier tome de K.O. à Tel Aviv, le dessinateur et illustrateur israélien Asaf hanuka délivre des instantanés drôles, oniriques et décalés sur la société dans laquelle il évolue. Dans chaque volume, il croque avec humour et distance des situations du quotidien qu’il transcende par un dessin efficace et inventif.

Le troisième opus, paru en ce début d’année chez Steinkis, n’échappe pas à la règle. A  travers une petite centaine de planches, Hanuka nous parle de lui, de ses angoisses, et partant, malgré la distance et deux sociétés assez différentes, de nous…

TÂCHES MÉNAGÈRES ET DOUTES EXISTENTIELS

Dans un pays où la guerre tient lieu de viatique depuis plus d’un demi-siècle, Hanuka dépeint un quotidien qui doit faire avec la menace et l’angoisse. C’est parfois la nuit l’obligation de descendre dans un abri antiaérien pour échapper à un tir de roquettes, c’est son fils de huit ans qui l’interroge sur la définition du néant, la petite dernière qui pleure souvent et qu’il doit garder quand sa femme est partie, ce sont tous  les doutes d’un homme rattrapé par l’actualité de son pays, quand il évoque par exemple l’intifada aux couteaux.

Par deux fois, c’est aussi l’actualité française  et les attentats de Paris en 2015 qu’il dessine. Bref, le réel s’invite souvent sous le crayon de ce familier d’Angoulême, amoureux de la France et qui se pose en juif  » 100 % séfarade mais 50 % irakien, 37 % kurde, 70 % de gauche, 10 % tradi, 70 % végétarien… »

AVEC LES SUPERHÉROS

Mais ce n’est là qu’une part du travail de l’artiste. Hanuka est un rêveur invétéré qui se voit parfois en superhéros du quotidien, à l’image de ces Marvel auxquels il rend hommage. Père débordé, dessinateur habité, grand adolescent attardé, mari distrait, ce sont tous ces rôles et ces masques qu’il nous donne à voir à travers un trait qui fera parfois penser, excusez du peu, à Crumb ou Moebius.

L’utilisation des couleurs, les gris et les rouges  pour dire la violence et la tristesse où à l’inverse une profusion de tons acidulés n’est chez cet illustrateur de presse jamais anodine. Au détour des cases, c’est aussi le fantastique ou le surnaturel qui s’invitent et donnent à l’ensemble un ton vraiment très original.

Article posté le mercredi 20 avril 2016 par Jean-Michel Gouin

Troisième très bon album K.O. à Tel-Aviv de Asaf Anuka (Steinkis) décrypté par Comixtrip le site BD de référence
  • K.O. à Tel Aviv (tome 3)
  • Auteur : Asaf Hanuka
  • Editeur : Steinkis
  • Prix : 25 €
  • Parution : janvier 2016

Résumé de l’éditeur. Après un premier tome (2012) encensé par la critique et un deuxième en sélection officielle à Angoulême en 2015,
Asaf Hanuka livre ses nouveaux instantanés, tour à tour et à la fois, cyniques, tendres, drôles et poétiques. On retrouve avec bonheur le citoyen désenchanté, le mari subjugué, le propriétaire dépité, l’artiste dubitatif et le père fusionnel et angoissé, bref, à la fois un personnage terriblement attachant, un regard d’une rare subtilité sur le monde et une remarquable inventivité graphique.

À propos de l'auteur de cet article

Jean-Michel Gouin

Passionné par l'écrit, notamment l'histoire, la littérature policière et la bande dessinée, Jean-Michel Gouin est journaliste à Poitiers.

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