Le dessinateur Christophe Gaultier adapte en BD la pièce de théâtre à succès d’Alexis Michalik, Le Porteur d’histoire. Une belle rencontre entre deux auteurs qui nous offrent ici un beau voyage au pays de la fiction et des fictions.
PAR UNE NUIT PLUVIEUSE
Au début on s’y perdrait presque. Puis au fur et à mesure que l’on avance dans la lecture de ce Porteur d’histoire, on se laisse embarquer. Tout commence en 2001 en Algérie. C’est la nuit. Un homme roule vers la localité de Mechta Layadat, où une mère et sa fille ont mystérieusement disparu. L’homme s’appelle Martin Martin. Quinze ans plus tôt, en 1988 par une nuit pluvieuse au fond des Ardennes, il se rend dans le village où son père vient de mourir. Dans la maison paternelle, il découvre une formidable bibliothèque, comme celle trouvée chez ces deux femmes en Algérie… Voilà qui semble bien étrange et bien complexe.
DES HISTOIRES QUI SE RACONTENT
On l’aura compris, la lecture de cet album, adaptation de la pièce éponyme à succès du comédien et auteur Alexis Michalik (vue par 400.000 spectateurs et couronnée de deux Molière en 2014) requiert un peu d’attention. Car c’est une multitude de récits à tiroirs, pleins de surprises, de télescopages chronologiques et d’incessants flash-backs qui nous sont ici proposés.
Il ne s’agit pas pour les auteurs de conduire un récit linéaire mais de faire vivre sous nos yeux surpris des histoires comme des poupées russes. On passe ainsi d’une famille noble sous la Révolution, les Saxe de Bourville (fictifs ?) à la reine Marie-Antoinette, du pape Clément VI au peintre Eugène Delacroix jusqu’au grand raconteur d’histoires, le maître Alexandre Dumas…
LE FONDEMENT D’UNE VIE HUMAINE
Les pays, les continents, les dates se bousculent autour de Martin Martin : 2011, 1988, 1348, 258. Autant de repères qui servent à brosser des tableaux dans lesquels évoluent les personnages, comme sur la scène d’un théâtre, si proches et si loin à la fois. L’important ce n’est pas le héros, mais les êtres de chair et de papier qui construisent l’Histoire. » Tout notre passé est une fiction « nous dit l’auteur en préambule. Et, poursuit-il, « dans tout récit historique, il y a, comme son nom l’indique, une part de récit « .
Tout dans ces 118 pages couleur est tourbillon, chausse-trappes et illusions. Et que nous dit ce porteur d’Histoire, sinon que nous ne sommes qu’histoires? Ce propos est magnifiquement servi par le trait souple et charbonneux de Christophe Gaultier, auteur de plusieurs albums remarqués depuis les années 2000. Un petit bonheur de lecture.
- Le porteur d’histoire
- Adaptation et dessin : Christophe Gaultier
- Editeur : Les Arènes BD
- Prix : 21, 90 €
- Parution : Octobre 2016
Résumé de l’éditeur : Par une nuit pluvieuse, au fin fond des Ardennes, Martin Martin doit enterrer son père. Il est alors loin d’imaginer que la découverte d’un carnet manuscrit va l’entraîner dans une quête vertigineuse à travers l’Histoire et les continents. Quinze ans plus tard, au coeur du désert algérien, une mère et sa fille disparaissent mystérieusement. Elles ont été entraînées par le récit d’un inconnu, à la recherche d’un amas de livres frappés d’un étrange calice, et d’un trésor colossal, accumulé à travers les âges par une légendaire société secrète. C’est une histoire composée d’une multitude de tableaux, tous plus fascinants les uns que les autres, où l’on y croise Alexandre Dumas, le pape Clément VI, Eugène Delacroix et une mystérieuse famille, les Saxe de Bourville, semblant irrémédiablement liée à tous les bouleversements historiques.
À propos de l'auteur de cet article
Jean-Michel Gouin
Passionné par l'écrit, notamment l'histoire, la littérature policière et la bande dessinée, Jean-Michel Gouin a été journaliste radio et presse écrite pendant une trentaine d'années à Poitiers.
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