Mémoires d’un ouvrier

Mémoires d’un ouvrier est une réédition en intégrale de Apprenti & ouvrier (volumes 1 et 2) éditée par La Boîte à Bulles. Signé Bruno Loth, ce recueil suit la vie de Jacques, apprenti dans les ateliers de construction navale de Bordeaux et compose ainsi une belle saga historique courant de 1936 à la fin de la Seconde Guerre Mondiale.

PREMIERS PAS DANS LA VIE ACTIVE

Mars 1936, Bordeaux. Jacques est accompagné par son père pour son premier jour de travail dans les ateliers de construction navale où lui même est ouvrier. Même s’il aurait souhaité autre chose pour son fils, le travail ne courant pas les rues après la crise de 29, il se contentera d’un apprentissage.

Du côté des traçages de moteurs, il apprend les conditions parfois délicates mais aussi les brimades et moqueries de ses collègues, lui le bizut. Mais le jeune homme ne se laisse pas faire, répond sèchement à un cadre et gagne ainsi le respect des autres. Il ne sera plus embêté.

Le printemps arrive, il croise le sourire de Simone, institutrice dans un tram.

LE PRINTEMPS DU FRONT POPULAIRE

Partageant sa chambre avec Marceau, son frère aîné, Jacques aime la vie, est insouciant et dessine comme personne. Même si sa mère est très malade, la vie de famille est plutôt bonne.

En mai-juin 1936, le Front Populaire de Léon Blum remporte les législatives et place le nouvel homme fort à la tête de l’exécutif. Les accords de Matignon sont signés et de nombreuses réformes sociales sont actées comme les congés payés après les longues journées de grève.

Pourtant une grande menace rode aux portes de la France malgré cette parenthèse enchantée. En 1938, Jacques est réformé et l’année suivante, la guerre est déclarée. Comment l’usine va réagir face à la perte de nombreux ouvriers ? Comment survivre alors que l’on manque de tout ?

MÉMOIRES D’UN OUVRIER : BELLE FRESQUE SOCIALE

Fondée sur la propre vie du père de l’auteur Bruno Loth, cette histoire est une très belle fresque sociale et historique de la France des années 30. En choisissant de raconter la vie d’un ouvrier, il peut ainsi décrire tous les bouleversements sociaux et sociétaux du pays. De l’avènement des Accords de Matignon après la grève, mais aussi les années de crise et bien sur les années de guerre.

Jacques permet à l’auteur d’incarner ces moments de changement et de survoler une période historique de mutation mais aussi très troublée.

La force du récit réside dans les personnages lambda qui ne deviendront pas des héros. Leurs caractères enjoués, insouciants et toujours optimistes apportent de l’humanité dans cette avant-période sombre et de grandes tensions.

Ajouter à cela, un très bon travail documentaire qui restitue plutôt fidèlement les ambiances de l’époque mais aussi les conditions de travail de la classe ouvrière ainsi que les costumes ou les décors.

UN TRAIT SEMI-REALISTE PLAISANT

Bruno Loth – auteur de Ermo (Libres d’image), Dolorès & John Bost un précurseur (La Boîte à Bulles) – dévoile des planches claires et équilibrées comportant de grandes vignettes (de 3 à 6 par page). Son trait semi-réaliste convient idéalement pour renforcer le propos de Mémoires d’un ouvrier.

Article posté le jeudi 15 décembre 2016 par Damien Canteau

Mémoires d'un ouvrier de Bruno Loth (La Boîte à Bulles) décrypté par Comixtrip le site BD de référence
  • Mémoires d’un ouvrier, avant-guerre et sous l’Occupation
  • Auteur : Bruno Loth
  • Éditeur : La Boîte à Bulles
  • Prix : 39€
  • Parution : 23 novembre 2016

Résumé de l’éditeur : Nous sommes en 1936 et un vent d’espoir souffle sur le monde ouvrier avec la victoire du Front Populaire aux élections. Apprenti dans les ateliers de construction navale de Bordeaux, Jacques ne profite pas moins de son adolescence, croquant avec insouciance la vie —­ à pleines dents et en dessins sur son carnet — en ces temps de premiers congés payés… Mais bientôt, c’est la mobilisation générale puis la guerre. Réformé, Jacques n’y prend pas part. La débâcle de 1940 ramène à Bordeaux les troupes allemandes. Commence alors le temps de l’Occupation, du couvre-feu, des rationnements, des dilemmes et des premiers amis disparus… Mais faut-il pour autant cesser de vivre pleinement ? L’intégrale d’une saga tout public de très haute tenue, directement tirée de la vie du narrateur, le propre père de Bruno Loth.

À propos de l'auteur de cet article

Damien Canteau

Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une vingtaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée). Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip.

En savoir