Slum Kids

Dans un monde où la violence fait loi, il faut frapper le premier pour espérer ne pas recevoir de coups. Mais aussi efficace soit-elle, cette règle n’est pas facile à mettre en œuvre quand on n’est que trois gamins. Paru aux éditions Rue de Sèvres dans le label 619, Slum Kids est œuvre forte, sombre et désabusée signée Petit Rapace.

Slum Kids : affreux, sales et méchants.

Alors que la terre semble n’être devenue qu’un immense bidonville, ce qui reste de l’humanité se laisse aller à ses plus bas instincts. Désormais, tout n’est que violence et injustice. Alors pour s’en sortir, il faut se serrer les coudes. Les Microbes, trois enfants inséparables, en ont fait l’amère expérience. Parfois, la vie fait grandir bien vite.

« De quoi ? Un gosse ? J’fume, je sniffe, j’ai tué et braqué aussi, j’suis un homme ! »

Slum Kids : la guerre des bubons.

Alors c’est vrai, Eingy et Bambi semblent être armés pour survivre à cette apocalypse. Tous ceux qui ont eu à tâter de la batte cloutée du premier ou des couteaux acérés de la seconde pourraient en témoigner.

Mais soyons honnêtes, c’est loin d’être le cas de leur petit compagnon Lombric. Avec son moignon, son épais bandage sur l’œil, sa tête difforme et son sac Kermit sur le dos, on se demande comment il a pu survivre jusque-là…

La réponse tient en un mot : Eingy.

« J’capte pas pourquoi vous continuez à vous en prendre à Lombric, alors que vous savez que c’est mon pote et que je vous « un VS trois » facile. »

Mais le principe des anges gardiens, c’est qu’ils ne peuvent vous sauver que quand ils sont avec vous. Et le pauvre Eingy a ses propres démons.

Petit Rapace prend son envol.

Créé par Petit Rapace, de son vrai nom Simon Thuillier, l’univers de Slum Kids a vu le jour dans le deuxième tome de l’anthologie LowReader. On découvrait alors l’histoire tragique du jeune Iggy et de celle qui le considérait comme son fils, Maria. À l’époque, on avait été frappé par le ton du récit. Ce mélange de dynamisme et de violence avait immédiatement touché au but. Mais surtout, on avait été impressionné par cette association audacieuse entre un style cartoon et l’absence totale d’espoir. Puis, l’univers a pris de l’ampleur. Et ce qui n’était qu’une histoire courte s’est développé pour devenir une série à part entière.

Un tourbillon qui nous entraine.

Ainsi, dans le premier tome de Slum Kids, on suit les aventures des trois jeunes amis avec beaucoup de plaisir, mais beaucoup d’angoisse aussi, il faut bien l’avouer.

Car on le comprend vite, Petit rapace ne s’interdit rien. Aucun protagoniste n’est à l’abri. Et de cette manière, on ne sait jamais qui sera la prochaine victime de cet univers désabusé. Le fait est que certaines scènes sont d’une violence extrême. Mais surtout, ce sont les situations qui nous marquent, entrainant malgré eux les jeunes Microbes dans un tourbillon dont on ne ressort pas indemne.

Donc, oui, Slum Kids est une série violente, mais ce n’est pas qu’une simple histoire violente.

Une lueur d’espoir.

En effet, dans cet amas d’ordures qui les entoure, les trois gamins vont faire preuve de valeurs telles que l’entraide et l’amitié. Mais dans ce monde, la première question à se poser demeure « quelle réponse apporter à la violence ? ». Et on découvrira avec amertume que les meilleures intentions ne portent pas toujours leurs fruits.

 

Réalisée de main de maître par Petit Rapace, la série Slum Kids est une très bonne découverte. Portée par un scénario efficace et des dessins dynamiques, cette histoire nous tient en haleine de la première à la dernière page.

Article posté le samedi 23 septembre 2023 par Victor Benelbaz

Slum Kids de Petit Rapace (Rue de Sèvres, Label 619)
  • Slum Kids 01
  • Auteur : Petit Rapace
  • Éditeur : Rue de Sèvres, Label 619
  • Prix : 15,90 €
  • Parution : 30 août 2023
  • ISBN :  9782810203925

Résumé de l’éditeur : Dans un monde où l’environnement est une décharge à ciel ouvert et l’horizon n’est que détritus à perte de vue, chacun survit en choisissant ou non de laisser libre court à ses plus bas instincts. Au coeur de la violence, de la drogue et de la corruption en tout genre, les enfants sont livrés à eux-mêmes et doivent survivre par tous les moyens, même les plus brutaux. Eingyi, Bambi et Lombric, gamins désoeuvrés comme tant d’autres, font les frais chaque jour de cet univers à la dérive, tout en rendant les coups. Le plus faible de la bande, de plus en plus pris injustement à parti par les bandes rivales, attirera autour de lui une escalade de violence et de vengeance qui amènera nos jeunes héros vers des péripéties les dépassant, et les forçant à remettre à plus tard leur rêve d’une vie meilleure.

À propos de l'auteur de cet article

Victor Benelbaz

Tombé dans la marmite de la bande dessinée depuis tout petit, Victor est un vrai amateur éclairé. Comics ou récits jeunesse sont les deux genres préférés de ce professeur de français.

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