Charlie Hebdo : Le navire tangue dangereusement

Malgré un soutien mondial, l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo n’arrive pas à se relever. En toile de fond, les millions d’euro reçus. En façade, les conflits entre journalistes et direction, ainsi que le départ d’un dessinateur phare.  

SE SOUVENIR POUR COMPRENDRE

Le mercredi 7 Janvier était le théâtre d’une tragédie sans précédent pour notre pays. Deux hommes faisaient irruption  au matin dans les locaux de l’hebdomadaire alors que la grande majorité de l’équipe était en conférence de rédaction. Chérif et Saïd Kouachi, frères criminels affiliés à l’organisation terroriste Al-Qaïda, devenaient les bourreaux de douze personnes, au motif de venger le prophète Mahomet, caricaturé par le journal.

Douze vies enlevées, pour le seul motif d’avoir dessiné avec humour. Un nom « Charlie » devenu slogan d’unité nationale. Et pour redresser le journal, les « survivants », parmi lesquels Renald Luzier, plus connu le  pseudo Luz.

L’OMBRE DE L’ARGENT

Dans la foulée des événements du 7 Janvier, sortait en kiosque le « numéro des survivants » qui atteignait le record de 8 millions d’exemplaires vendus. En addition aux centaines de milliers de nouveaux abonnés, près de 4,3 millions d’euros de dons venaient renflouer les caisses de Charlie Hebdo. Au total, « la marge brute des ventes du journal depuis les attentats de janvier est estimée à environ 12 millions d’euros à ce jour, avant impôts sur les sociétés », précisent Riss et Eric Portheault qui ont réaffirmé leur « engagement absolu à ne percevoir aucun dividende sur ces sommes ».

L’argent est encore une fois été le centre des discordes régissant le journal ces derniers temps. Le 20 mars, quinze salariés de Charlie Hebdo, dont l’urgentiste Patrick Pelloux et le dessinateur Luz, appelaient la direction à leur conférer un statut d’ « actionnaires salariés à parts égales ». Le groupe a ensuite appuyé sa réclamation d’une tribune publiée dans Le Monde, revendiquant « la refondation de Charlie Hebdo » et critiquant un processus décisionnel « opaque ».

LUZ TIRE SA REVERENCE

« Je ne serai plus Charlie Hebdo mais je serai toujours Charlie ». Une déclaration qui résume et traduit toute la crise à laquelle fait face le journal. C’est ce mardi 19 mai que le dessinateur a annoncé quitter le journal lors d’une interview au quotidien Libération, une décision devrait prendre effet à compter de septembre 2015.

Selon l’intéressé lui-même, ce serait « un choix très personnel » qui n’aurait rien à voir avec les discordes tourmentant la rédaction la rédaction depuis quelques temps et la mise à pied de la journaliste Zineb El Rhazoui. « Si je me barre, c’est que c’est difficile pour moi de travailler sur l’actualité » avoue le dessinateur.

En parallèle,  travailler sans ses collègues et amis disparus semble être insoutenable : « Il n’y avait plus grand-monde pour dessiner, je me suis retrouvé à faire trois unes sur quatre. Chaque bouclage est une torture parce que les autres ne sont plus là. Passer des nuits d’insomnie à convoquer les disparus, à se demander qu’est-ce que Charb, Cabu, Honoré, Tignous auraient fait ? C’est épuisant… ».

Alors qu’il a déjà annoncé il y a quelques semaines qu’il arrêtait de dessiner Mahomet, Luz verra son ouvrage, intitulé Catharsis, publié aux éditions Futuropolis le 21 mai, agissant comme thérapie pour s’échapper d’une situation anxiogène et malsaine.

Dans cette œuvre, Luz revient sur la manière dont il a vécu ces événements traumatisants et les répercussions que tout ceci a eus sur sa vie privée.

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Article posté le mercredi 20 mai 2015 par Hugo Noirtault

À propos de l'auteur de cet article

Hugo Noirtault

Fan de BD, d'animation japonaise, de comics, de super-héros, de film d'action, de jeux de rôle et de jeux vidéos... Bref, la panoplie complète du geek ! J'ai fini par en faire mon métier. Journaliste pigiste indépendant, je parle chaque jour d'actualité technologique dans le podcast Choses à Savoir TECH, et avec une touche d'écologie dans Choses à Savoir TECH VERTE. Il m'arrive aussi de présenter les infos au micro d'Hit West à Nantes.

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