À l’occasion de l’exposition Georgia O’Keeffe qui se tiendra jusqu’au 13 décembre 2021, une bande dessinée a été édité par les éditions Steinkis et le Centre Pompidou, où se déroule la rétrospective de cette figure incontournable de la peinture américaine du 20e siècle.
L’album Georgia O’Keeffe, amazone de l’art moderne de Luca de Santis et Sara Colaone permet de revenir sur la vie de l’artiste mais également sur celle de la femme.
Georgia O’Keeffe, une artiste
Georgia O’Keeffe est née en 1887 dans le Wisconsin. Passionnée par l’art, elle suivra des études de 1913 à 1916 à l’université de Columbia et sera également enseignante.
C’est en 1917 qu’Alfred Stieglitz, galériste à New York, lui consacre sa première exposition. Georgia devient l’inspiration du photographe et Stieglitz la fera entrer dans le monde de la peinture. Son style sera celui du modernisme, sa matière sera la peinture à l’huile.
En 1933, à la suite d’une dépression qui l’empêchera de peindre pendant un an, Georgia décide d’aller se ressourcer ponctuellement au Nouveau Mexique. Elle s’y installera définitivement dans les années 1940. C’est là qu’elle trouvera sa nouvelle source d’inspiration.
Au début des années 1970, en raison de problèmes de vue, le fusain et le crayon prendront le relais. Elle se fera assister et continuera à dessiner jusqu’en 1984, deux ans avant sa mort à l’âge de 98 ans.
Georgia O’Keeffe, une exposition
Quel plus bel endroit que le Centre Pompidou pour accueillir cette rétrospective d’une centaine de tableaux provenant de musées prestigieux tels que le MoMA, le Metropolitan Museum de New York, le Art Institute de Chicago ! Tant de chefs d’œuvres rassemblés en un pareil endroit, c’est une véritable opportunité.
Affiche de l’exposition au Centre Pompidou
Tous les pans de la carrière de Georgia O’Keeffe y sont couverts. Depuis ses débuts à la Galerie 291 de New York, là où elle rencontra Alfred Stieglitz. Le photographe, galeriste et futur époux de Georgia organisera la première exposition, de celle qui deviendra sa muse, en découvrant certains de ses dessins au fusain.
Entre 1916 et 1946, date de la mort de Stieglitz, ce dernier présentera une exposition tous les ans pour montrer le travail de celle qui deviendra sa femme en 1924. Le coup de foudre artistique s’étant doublé d’un coup de foudre amoureux. (Diaporama n° 2)
Galerie 291 à New York
Les premières œuvres de Georgia O’Keeffe, alors qu’elle est enseignante, auront pour inspiration Auguste Rodin, avec des travaux réalisés à l’aquarelle. Par la suite, c’est vers l’abstraction que l’artiste se dirigera avec des thématiques qu’elle suivra en fonction des lieux où elle se trouvera.
À partir des années 1920, New York, ses gratte-ciels vus depuis la fenêtre de l’hôtel où elle demeure avec Stieglitz, et les plans rectilignes seront son inspiration. (Diaporama n° 3)
From My Window at An American Place, MET
Photo d’Alfred Stieglitz
Puis vient, dans les années 1930 la période végétale avec ces magnifiques fleurs peintes en gros plan. À cette période, le réalisme prend le dessus dans le travail de Georgia O’Keeffe qui veut montrer aux autres ce qu’elle voit. Elle se défendra d’ailleurs de la vision érotique que certains imaginaient dans son travail. (Diaporama n° 5)
Un changement de vie, un changement de style
Pour la deuxième partie de sa vie, Georgia O’Keeffe choisira comme port d’attache le Nouveau Mexique, dont elle peindra les étendues désertiques, parsemées d’ossements et de cornes de bovins. (Diaporama n° 4)
L’artiste reviendra à l’abstraction dans les années 1950 et 1960. Ses œuvres représenteront la porte de sa maison ou des paysages vus du ciel. Elles sont d’une simplicité et d’une luminosité extraordinaires. (Diaporama n°6)
Des clichés d’Alfred Stieglitz complètent l’exposition. Ils permettent de découvrir une infime partie du travail de ce grand photographe américain. Il lèguera d’ailleurs à celle qui sera devenu son ex-femme, plus de 1600 œuvres. (Diaporama n° 2)
Georgia O’Keeffe, amazone de l’art moderne, une bande dessinée
Quel magnifique complément à l’exposition que ce très bel album Georgia O’Keeffe ! Scénarisé par Luca de Santis et Sara Colaone, il est dessiné par la même Sara Colaone et édité conjointement par Steinkis et le Centre Pompidou.
La vie de Georgia O’Keeffe est racontée sous l’angle de l’artiste et de la femme. Le scénario débute alors que l’artiste s’est installée au Nouveau Mexique. Son mari, le photographe Alfred Stieglitz étant décédé, c’est elle qui doit faire l’inventaire de son œuvre. Aidée de son assistante, c’est l’occasion de lui raconter sa vie, depuis l’année 1907 où elle arrive, à New York pour y faire ses études.
Ses années d’études, ses années d’enseignement, sa rencontre avec Alfred Stieglitz à la Galerie 291, ses débuts dans la peinture, sa dépression. Tous ces épisodes de sa vie sont relatés à la première personne. Cela nous donne l’impression d’écouter Georgia O’Keeffe. L’alternance entre son présent et son passé donne beaucoup de rythme à l’existence de cette femme. L’artiste a consacré toute sa vie à la peinture et est devenue une peintre majeure de ce 20e siècle. Même s’il faut bien le reconnaître, son œuvre est davantage connue aux États-Unis qu’en Europe.
Un album aux couleurs du Nouveau Mexique
Les dessins à dominante ocre, jaune et bleu sont certainement une référence aux couleurs des paysages du Nouveau Mexique. Ils permettent de découvrir la vie de la « plus grande artiste femme américaine ». On retrouve parfaitement les traits de cette magnifique femme pendant sa jeunesse. Ainsi que le visage ridé et buriné par le soleil, au crépuscule de sa vie.
Les auteurs ont choisi de ne faire figurer dans cet album, que très peu de tableaux. Pourquoi ce choix ? Serait-ce pour des questions de droit à l’image ? Ou bien pour donner la primauté à la femme et à l’artiste plutôt qu’à son œuvre ?
Pour mieux découvrir l’œuvre Georgia O’Keeffe, n’hésitez surtout pas à vous rendre au Centre Pompidou. Et la lecture de l’album, avant de découvrir la rétrospective, est à mon sens la meilleure façon de procéder. Cela permet de mieux appréhender et comprendre la richesse du travail de cette immense artiste.
- Georgia O’Keeffe, Amazone de l’art moderne
- Scénariste : Luca de Santis
- Dessinatrice : Sara Colaone
- Editeur : Steinkis
- Prix : 24 €
- Parution : 02 septembre 2021
- ISBN : 9782368465042
Résumé de l’éditeur : 1949. Depuis la mort d’Alfred Stieglitz trois ans auparavant, Georgia s’est réfugiée dans son Ghost Ranch au Nouveau Mexique, avec ses copines Maria Chabot, Anita Pollitzer et la secrétaire Doris Bry, pour faire l’inventaire du patrimoine de photos et de dessins de Stieglitz. À travers ce travail complexe, Georgia retrace son propre chemin, dans la vie et dans l’art : de l’école des arts (Chicago 1905) jusqu’à la consécration comme première artiste femme américaine (1943) et à sa carrière des dernières années.
Renseignements complémentaires
Exposition Georgia O’Keeffe
Galerie 2 – Centre Pompidou, Paris
du 8 sept. – 6 déc. 2021
11h – 21h, tous les lundis, mercredis, vendredis, samedis, dimanches
11h – 23h, tous les jeudis
site : Centre Pompidou
Place Georges-Pompidou, 75004 Paris
À propos de l'auteur de cet article
Claire Karius
Passionnée d'Histoire, j'affectionne tout particulièrement les albums qui abordent cette thématique. Mais pas seulement ! Je partage ma passion de la bande dessinée dans l'émission Bulles Zégomm sur Radio Tou'Caen et sur ma page Instagram @fillefan2bd.
En savoir