Bota Bota

Mako veut trouver l’amour ! Mais elle a un problème : elle se met à saigner du nez dès qu’elle touche quelque chose de sale. Et quoi de plus sale que le contact physique avec une autre personne ? Dans Bota Bota, Paru Itagaki (Beastars) nous livre un récit sanglant et captivant, chez Ki-oon. 

BotaBota Itagaki Ki-oon

Sang pour sang

Comment trouver l’amour quand le moindre contact avec une surface sale nous fait saigner du nez ? Mako en perd même des quantités astronomiques. Impossible donc pour elle d’envisager le moindre contact physique, et pourtant, elle a essayé ! Dans ce récit cynique et touchant, Paru Itagaki explore la féminité, le rapport à l’autre et à son corps. A travers la mysophobie (la phobie d’être en contact avec des microbes, à ne pas confondre avec la misophonie qui désigne une aversion intense pour certains bruits, dont les bruits de bouche), la mangaka nous parle aussi du corps des femmes et du rapport à leur présumée pureté.

BotaBota Itagaki Ki-oon

Derrière ce récit se cache en effet un propos plus vaste. L’origine de la mysophobie de Mako est un traumatisme transmis par sa mère. Cette dernière, après avoir été trompée par son mari, a inculqué à sa fille que tout ce qui était sale était impur. Plus largement, que Mako ne devrait pas coucher avec un autre homme que celui de sa vie, l’acte en lui-même étant le comble de la saleté. A travers ce personnage, Paru Itagaki questionne les rapports de domination de la société : la femme devrait-elle fondamentalement restée “pure” ?

Symbolique sanglante

Comme dans beaucoup de cultures, le sang a ici une symbolique forte. Derrière les litres et les litres que perd Mako, pour l’effet dramatique et humoristique, se trouve aussi la marque indélébile de la société sur le corps des femmes. Comme si le fait de vouloir avoir des relations laissait une marque sur son corps, entachait littéralement sa réputation. Mako devient rapidement “la femme rouge”, référence à son sang, mais aussi à sa recherche de relation.

BotaBota Itagaki Ki-oon

Il y a d’ailleurs un renversement des réputations, de la même façon qu’on constate les différences de traitements sociétaux entre homme et femme. Les hommes, trop honteux d’avouer leur peur et leur fuite devant le sang de Mako, clament à qui veut les entendre que Mako est une fille facile. De son côté, elle n’a jamais pu réellement concrétiser ses relations et passe pour une croqueuse d’hommes. Qui est “pur” ? Et aux yeux de qui ?

Sang-timents

A l’image de ses autres titres, Paru Itagaki questionne sans en avoir l’air. Derrière ses planches aux traits incisifs, aux aplats noirs qui figurent le sang, l’autrice glisse une réflexion sociétale très pertinente. Sa conclusion est d’ailleurs tout aussi éclatante, au regard du cheminement de Mako tout au long de ce volume. On apprécie d’ailleurs que ce ne soit qu’un one shot. Cela donne un vrai rythme et une progression fluide au récit.

BotaBota Itagaki Ki-oon

Alors Mako parviendra-t-elle à trouver l’amour ? Réussira-t-elle à avoir des relations charnelles sans que son nez ne la trahisse ? Bota bota vous réserve quelques surprises ! Et c’est toujours un plaisir de retrouver Paru Itagaki, aux éditions Ki-oon.

BotaBota Itagaki Ki-oon

Article posté le mercredi 15 octobre 2025 par Bénédicte Coudière

BotaBota Itagaki Ki-oon
  • Bota bota
  • Autrice : Paru Itagaki
  • Traduction : Djamel Rabahi
  • Éditeur : Ki-oon
  • Prix : 7,95 €
  • Parution : 2 octobre 2025
  • Nombre de pages : 192 pages
  • ISBN :   9791032719817

Résumé de l’éditeur : Mako désespère de trouver l’amour. Pourtant, elle est entreprenante, séduisante et a un travail stable… mais se met à saigner du nez dès qu’elle touche quoi que ce soit qui lui paraisse malpropre. Le moindre contact physique est une épreuve, et un baiser entraîne des torrents écarlates ! Elle a bien tenté de combattre son handicap en s’exposant à la saleté au péril de sa vie, mais rien n’y fait : son blocage psychologique semble insurmontable… Mako n’abandonne pas pour autant. Un jour, elle rencontrera bien un homme capable de supporter le sang, même au lit ! Après Beastars, Paru Itagaki s’attaque à la romance entre humains ! Et ce n’est pas plus simple qu’entre animaux… Dans ce récit en un volume, elle met à nu une femme moderne à la recherche d’amour, de sexe, mais surtout d’acceptation de soi.

À propos de l'auteur de cet article

Bénédicte Coudière

Journaliste spécialisée en bande dessinée mais aussi en jeux vidéo depuis près de 15 ans, conférencière, autrice et plein d'autre chose encore ! Membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée), elle est passionnée d'art et de narration, d'exploration de papier et de pleins d'autres choses encore.

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