Boys run the riot

Ryo se sent mal dans sa peau. Assigné femme à la naissance, aux yeux de ses camarades de classe et de sa famille, Ryo est une fille. Alors il se bride, s’autocensure, se renferme. Mais l’arrivée d’un nouvel élève va bousculer son quotidien. Et peut-être lui faire goûter la saveur de la liberté. 

I’m not a girl

Tous les matins Ryo part en uniforme au lycée. Jupe obligatoire. Mais entre deux stations de métro, il se débarrasse de ce vêtement qui n’est pas son genre. Il enfile son jogging et repart en cours, baragouinnant une excuse aux professeurs qui ne gouttent pas ce manque de tenue. Mais Ryo n’en a que faire. La jupe lui rappelle trop qu’il a un corps qui n’est pas le sien. Qu’aux yeux des autres, il est une fille.

Ryo est ce genre de personne un peu mystérieuse malgré son bagou naturel. Il a la tchatche, mais on voit bien qu’il y a des choses qu’il ne dit pas. Renfermé sur lui-même, il se force à sourire à ses camarades, se rattrape à la dernière seconde quand une exclamation genrée lui échappe. Il se répète en bougle :

« C’est moi qui ne suis pas normal. »

Se martelant qu’il doit refouler ses espoirs et ses sentiments. Ryo n’est pas une fille. Mais qui voudrait bien le voir ? Qui l’accepterai comme il est ? A qui pourrait-il dire : « Dans ma tête, je suis un mec ».

Le nouvel élève

Puis un jour arrive Jin Sato. Jin n’est pas exactement un nouvel élève. C’est un redoublant qui revient tout juste au lycée. On ne sait pas pourquoi, mais en tout cas, impossible de le louper. Jin a un look particulier. De son uniforme, il ne reste que sa veste, et encore. Boucles d’oreilles, petit bouc, lunette noir, sweat à capuche, posture de zonard. Jin en jette. Vêtu à la Streetwear, personne n’a envie de venir lui chercher des noises.

D’abord Ryo est méfiant, comme tout le monde. C’est en s’adonnant à sa passion que tout va basculer. Ryo adore les vêtements.

« Quand je porte des fringues que j’aime, c’est le seul moment où je peux me regarder sans me détester. »

Au détour d’une boutique, Ryo croise Jin. Ils veulent prendre le même vêtement, au même moment, dans la même boutique. Il n’en faut pas plus au nouvel élève pour proposer un plan à Ryo : Créer une marque de fringue. Des nippes qui leur ressemblent, s’exprimer par la mode, créer quelque chose qui gueule au monde « Regardez-moi ».

Nous naissons nu, la culture nous habille.

Boys run the run - Keito Gaku - Akata - p26

Pour Ryo qui a pris l’habitude de s’autocensurer, cette proposition sonne comme un saut dans le vide. Terrifiant. Mais exaltant aussi. Pour la première fois de sa vie, il trouve quelqu’un qui l’accepte tel qu’il est. Comme un garçon. Et pour la première fois de sa vie, il rencontre quelqu’un qui le pousse a s’exprimer. Lui pour qui noyer le poisson s’élevait au rend de mode vie, c’est comme si le soleil venait de se lever après une longue, très longue nuit.

Boys run the Riot

Boys run the Riot sonne vrai. Et pour cause. Les tourments de Ryo font écho au vécu Keito Gaku, l’auteur de Boys run the Riot. Auteur trans, Keito Gaku met en scène des émotions qui l’ont habité. Il exprime dans cette histoire un arrière goût d’injustice qui transpire des récits LGBT+. L’injustice, la peur, le sentiment d’être coincé, mais aussi le désir violent d’émancipation, l’envie de faire briller les lettres du mot Liberté.

Avec Ryo, Boys run the Riot raconte une expérience de vie d’adolescent trans. Mais grâce toutes les rencontres que son héros va faire, Keito Gaku dévoile peu à peu d’autres récits LGBT+.

Mais pas seulement. Boys run the Riot, c’est l’histoire de la rage de vivre. Celle de Ryo, celle de Jin, mais aussi celle d’un camarade martyrisé et timide, et bien d’autres encore.

Dans un style d’écriture souple, simple et accessible, Keito Gaku aux Editions Akata nous offre un petit mode d’emploi de l’acceptation de soi. Boys run the Riot est un manga qui donne du courage. Terminé en 4 tomes, son graphisme est sage et ses pleines pages rendent hommage au street art. Son ambiance « culture de rue » recharge nos batteries, pleines à craquer d’énergie. Prête à créer l’émeute et faire la révolution.

C’est un manga agréable à lire porté par des personnages inspirants et des expériences de vie saisissantes.

Article posté le mardi 17 mai 2022 par Marie Lonni

Boys run the riot - Keito Gaku - Akata
  • Boys run the riot 
  • Auteur : Keito Gaku
  • Éditeur : Editions Akata
  • Prix : 8,05 €
  • Parution : 31 mars 2022
  • ISBN : 9782382122426

Résumé de l’éditeur : Ryo, assigné femme à la naissance, se sent mal dans son corps et l’identité de genre qu’on cherche à lui imposer. Refusant de porter son uniforme de fille, il essaie autant que possible de se rendre au lycée en tenue de sport. Mais quand un nouvel élève débarque, son destin change ! Malgré le look de « voyou » de ce dernier, ils découvrent qu’ils partagent la même passion pour la mode. Aussi, passé un premier contact difficile, ils décident tous les deux de se lancer dans un grand projet : créer, ensemble, une marque de vêtements avec pour rêve et revendication de pouvoir s’affirmer et s’exprimer en dehors de ce que la société essaie de leur imposer !

À propos de l'auteur de cet article

Marie Lonni

"C'est fou ce qu'on peut raconter avec un dessin". Voilà comment les arts graphiques ont englouti Marie. Depuis, elle revient de temps en temps nous parler de ses lectures, surtout quand ils viennent du pays du soleil levant. En espérant vous faire découvrir des petites pépites à savourer ou à dévorer tout cru !

En savoir