Butterfly Beast

Butterfly Beast nous emmène au cœur de l’ère Edo. Les Shinobis ont peu à peu perdu leur raison d’être. Condamnés à retourner à la vie civile, certains continuent pourtant d’utiliser leurs talents d’assassins. Parmi eux : Kochô, une courtisane à la vie sulfureuse. Editée chez Mangetsu, Yuka Nagate nous emporte dans un voyage à haut risque.

L’ère d’Edo, l’ère du changement

Au XVIIème siècle, le Japon change. La guerre s’achève, et avec elle un type particulier de guerrier disparaît : les Shinobis. Guerriers au code de conduite stricte et au mental inébranlable. Leur compétences aux combats sont surhumaines, leurs talents d’espions et d’assassins en font des armes vivantes.

Habitués au conflit et la méfiance en permanence, les shinobis ne sont pas fait pour la vie civile. Mais lorsque la guerre s’achève, le seigneur vainqueur décide de se débarrasser de cette caste. Il ne garde près de lui qu’une élite. Les autres doivent s’en retourner à une vie simple et paisible.

Shinobi à la retraite.

Mais certains n’acceptent pas ce retour brutal à une vie banale. Les limites du code des shinobis s’effritent. Ils deviennent capables de tout et usent de leurs talents à des fins personnelles, égoïstes et sanguinaires.

Ces shinobis en perdition représentent une menace pour la paix fragile de ce pays en transition. Pour mettre fin à leurs carnages, d’autres shinobis sont engagés. Des shinobis qui deviennent tueurs de shinobis. Ochô fait partie de ceux-là. C’est une kunoichi déguisée en courtisane.

Le papillon du quartier des plaisirs

Kochô est belle, délicate et douce. Elle a la réputation de ne jamais détacher sa ceinture. Étrange pour une femme de joie. Cette rareté la rend précieuse, presque inatteignable. Cela fait d’elle une courtisane de choix. Puis Kochô devient Ochô. La tueuse de shinobi. Une véritable bête aux allures d’ange. Une beauté mortelle. L’une des meilleurs kunoichis de son temps. Fourbe et subtile, violente et déterminée.

Butterfly Beast a deux facettes. Celle des maisons de plaisir où les courtisanes travaillent. Charnelles et mutines. Le devoir de séduction officie autant pour les hommes qui s’aventurent entre ces murs, que pour les lecteurs qui s’aventurent entre ces pages.

Puis il y a la facette de la chasse. Lorsque son supérieur lui transmet une mission, Ochô s’exécute. Elle tue ceux qui se sont perdus. Ni plus, ni moins. Même lorsque ce sont de vieilles connaissances.

Ce sont deux mondes de la nuit, séparés par une fine frontière. Mais ô combien solide.

Le Requiem d’une ère

Butterfly Beast est le requiem d’une époque révolue. Un thème largement abordé lors de la disparition des samouraïs au XIXème siècle. Mais encore peu évoqué quant à la disparition des shinobis, 3 siècles plus tôt.

Le récit allie la mélancolie à une brutalité froide et calculée. La Loi des Shinobis est sans pitié. Ce code de conduite enferme les émotions de ses pactisants. Cela les mène peu à peu à ébullition. Ces émotions violentes débordent de toutes parts et envahissent le quotidien des innocents.

Ochô affronte alors d’anciens alliés. Mais une ombre couve au-dessus de la tête. Jusqu’à quand tiendra-t-elle ? Quand sera son tour ?

Dans ce conflit fratricide, leur monde s’effondre inexorablement.

Butterfly Beast

Yuka Nagate nous emporte dans une autre époque à travers un dessin brutal, à la fois sensuel et agressif. L’encre prend tantôt la texture d’un tatami imbibé de sang, tantôt la texture d’une peau délicate. Le regard de ses personnages nous coupe de la réalité.

Son dessin accompagne justement l’ambiguïté de son récit. Entre douceur et brutalité, Butterfly Beast nous dévoile une nouvelle facette de ce Japon médiéval torturé qui sait si bien séduire ses lecteurs.

Article posté le mercredi 15 septembre 2021 par Marie Lonni

Butterfly Beast - Yuka Nagate - Mangetsu
  • Butterfly Beast
  • Autrice : Yuka Nagate
  • Editeur : Mangetsu
  • Prix :  7,90€
  • Parution : 1 septembre 021
  • ISBN : 9782382811696

Résumé de l’éditeur :  1635, en plein cœur de l’ère Edo. Kochô, femme de plaisir, est particulièrement reconnue dans le célèbre quartier de Yoshiwara, haut lieu des plaisirs de la chair de la capitale nippone. Ce que ses clients ne savent pas, c’est que Kochô est également une kunoichi (une shinobi) et poursuit une quête de vengeance qui devrait les pousser à revoir leurs manières et à ne pas lui confier trop de secrets sur l’oreiller.

À propos de l'auteur de cet article

Marie Lonni

"C'est fou ce qu'on peut raconter avec un dessin". Voilà comment les arts graphiques ont englouti Marie. Depuis, elle revient de temps en temps nous parler de ses lectures, surtout quand ils viennent du pays du soleil levant. En espérant vous faire découvrir des petites pépites à savourer ou à dévorer tout cru !

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