Une vieille mine désaffectée, un minerai aux curieuses propriétés, une résurgence d’actes ignobles et un marshal intrépide. Tels sont les ingrédients de Canary, un western horrifique, diaboliquement signé Scott Snyder et Dave Panosian.
Canary : la gemme des collines.
Il fut un temps où Canary était un des fleurons de l’Ouest américain. Portée par une mine d’or que tout le monde pensait intarissable, son économie était florissante. Mais un jour tragique, la belle mine s’effondra, entrainant la mort de bon nombre d’hommes. Et « la gemme des collines » tomba dans un lent déclin mortifère. Alors quelques années plus tard, lorsqu’un minerai jusqu’alors inconnu est découvert dans les collines de Canary, l’espoir renaît. Et tant pis si cette découverte s’accompagne de meurtres aussi insensés que sordides. Il suffira de faire venir un marshal afin qu’il mène l’enquête. Et pendant ce temps, Canary pourra à nouveau s’épanouir.
Le héros de romans à quatre sous.
Le marshal en question a pour nom : Azraël William Holt. Reconnaissable à son foulard marqué d’un cercueil blanc, il est devenu une légende en mettant fin aux méfaits du tueur sanguinaire Hyrum Tell. Ce fait d’arme lui valut même de devenir le héros de romans populaires. Bien entendu, ce qu’on peut y lire ne reflète pas la réalité. Mais qu’importe, car Holt, lui, le sait : le mal peut s’incarner et accomplir les actes les plus odieux jamais imaginés. Alors il se tient prêt, que ses méthodes plaisent ou non.
« – C’est marrant, marshal. Vous n’êtes pourtant pas un fils de pute dans les romans à quatre sous.
– C’est pour ça qu’on appelle ça de la fiction, shérif. »
Wild Wild Death.
Avec Canary, Scott Snyder renoue avec le western horrifique, genre qui lui a permis de se faire un nom. En effet, avec American Vampire et associé à la légende Stephen King, le scénariste de The Wake avait même été lauréat d’un Eisner Award en 2010. Mais désormais, point de vampire dans le far West. Et à la place une incarnation surnaturelle du mal, digne d’un film d’horreur. Et de ce point de vue, Snyder s’en donne à cœur joie. Commençant son récit dans un univers fantastique qui laisse envisager une explication rationnelle, petit à petit le scénariste plonge dans un monde où les pires cauchemars ont pris forme. Et c’est là qu’intervient Dave Panosian.
La marque jaune.
Très à l’aise dans cet univers, le dessinateur réalise une prestation de grande qualité. Soucieux de donner une coloration de western, il construit habillement ses planches, variant à l’envie les plans, à l’image des grands films du genre. Dans le même ordre d’idées, le jeu de champ, contre-champ alimente un suspense haletant qui rend la lecture particulièrement agréable. Saluons enfin le travail exceptionnel réalisé sur les fonds. Conscient de leur importance dans l’immersion, Dave Panosian y porte un soin particulier. Variant les textures et les techniques, mais presqu’uniquement dans les tons jaunes, il nous plonge dans ce Far West oppressant et étouffant, où règne une odeur de soufre.
Avec Canary, Scott Snyder et Dave Panosian nous plongent dans un western particulièrement enthousiasmant où l’horreur se mêle au surnaturel.
- Canary
- Auteur :
- Dessinateur :
- Coloriste :
- Traducteur : Nick Meylaender
- Editeur : Delcourt
- Collection : Contrebande
- Prix : 16.95 €
- Parution : 22 mai 2024
- Pagination : 160 pages
- ISBN : 9782413049715
Résumé de l’album : Au cours des derniers mois de la conquête du grand Ouest américain, une société minière du Colorado cherche désespérément ce qui peut rester comme minerai. Au cours de ses ultimes fouilles, elle tombe sur de l’uranium radioactif, avant que la mine s’effondre sur elle-même. Des légendes circulent bientôt au sujet de cette mine maudite qui pourrait être hantée…
À propos de l'auteur de cet article
Victor Benelbaz
Tombé dans la marmite de la bande dessinée depuis tout petit, Victor est un vrai amateur éclairé. Comics ou récits jeunesse sont les deux genres préférés de ce professeur de français.
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