Himawari House est un petit paradis, un écrin au coeur de Tokyo. Cette pension accueille Nao, Tina et Hyejung. Les trois jeunes femmes viennent d’horizons différents et vont partager leurs joies comme leurs peines. Cette parenthèse enchantée, douce et drôle est contée par l’autrice américaine Harmony Becker.
Bienvenue à Himawari House
Nao est de retour chez elle, au Japon. Pourtant de ce pays lointain, la jeune fille n’a que quelques bribes de souvenirs d’enfance. Sa famille s’exila aux États-Unis lorsqu’elle était plus jeune. De son pays natal, elle ne possède qu’une boîte à souvenirs. Boîte à l’odeur si particulière.
Même si son intégration fut délicate, entre moqueries et perte de la langue, Nao fut heureuse dans son pays d’adoption. Mais l’appel de ses racines est forte. Elle vient alors s’installer à Tokyo pour un an. Son cocon sera la Himawari House, sorte d’auberge espagnole.
« Je suis de retour. Ça me paraît fou. »
Nao est accueillie par Hyejung, coréenne du sud, et Tina, singapourienne. Non seulement, elles vont être colocataires mais elles seront aussi ensemble au Haseda Gogakuin, un institut pour apprendre le japonais.
Les premières heures se déroulent autour d’une table bien garnie. Rien de mieux pour se connaître qu’un repas !
Dans les autres chambres de Himawari House, il y a Shinishi, un Japonais qui parle très vite et Masaki, garçon désagréable au premier abord.
Nao semble perdue. Elle a beaucoup de mal à comprendre ce japonais très lointain, enfoui profondément. Mais grâce à Hyejung et Tina, l’intégration est facilité…
Himawari House, la maison du bonheur ?
Himawari House est un très beau roman graphique de 384 pages d’Harmony Backer. L’autrice de Nous étions les ennemis est américaine. Elle a notamment vécu au Japon et en Corée du Sud. D’où son envie de faire rencontrer des personnages venus de ces deux pays ainsi que de Singapour.
A l’image du film L’auberge espagnole de Cédric Klapisch, cette pension accueille des étudiants japonais mais également d’autres venus de toute l’Asie. On aime la douceur et l’ambiance chaleureuse qui se dégagent de ce lieu assez fréquent à Tokyo (voir Maison Ikkoku). Les colocataires y vivent, y partagent des repas mais aussi leurs joies et leurs peines. Serait-ce la définition de la maison du bonheur ?
La valse des langues
Himawari House repose sur des personnalités, certes différentes, mais très complémentaires. Les personnages sont attachants.
Sans aucune once négative, cet album voit Nao et ses amis se rapprocher, se découvrir et s’aimer. Ces relations de proximité sont forcément à mettre au crédit des mélanges de cultures. Cultures, ici mises en avant par la cuisine mais surtout le langage. Des langues qui se mélangent à l’intérieur des phylactères et c’est très beau. Japonais, coréen, anglais et français alternent comme une danse. Les incompréhensions entre les langues apportent aussi un humour sympathique et bien senti.
Pour se découvrir et aller vers l’autre, ils faut se comprendre. Avoir une communication commune. Les langues, l’aller retour entre certaines, facilitent tout cela.
Himawari House, découvrir l’autre pour trouver ses racines
Édité par Rue de Sèvres, l’album d’Harmony Becker est donc une belle quête d’identité. La découverte de ses racines pour Nao, donc une découverte de soi et des autres. L’autrice y aborde le mal du pays, l’expatriation et l’intégration.
Cette année à Tokyo, entre rencontres, petits jobs, amitié et amour bénéficie d’un dessin, mélange d’influence de manga et de comics. Hachures, trames et décors à minima, permettent de mettre la lumière sur les relations entre les personnages. On est avant tout dans l’intime, loin de l’exubérance.
- Himawari House
- Autrice : Harmony Becker
- Traducteur : Marc Lesage
- Editeur : Rue de Sèvres
- Prix : 20 €
- Parution : 14 juin 2023
- ISBN : 9782810203437
Résumé de l’éditeur : Américaine d’origine japonaise, Nao part un an pour Tokyo afin de renouer avec ses racines familiales. Sur place, elle loue une chambre à la maison Himawari et y fait la rencontre de Hyejung et Tina, coréenne et singapourienne, venues au Japon comme elle pour trouver leur voie et prendre leur indépendance. Les trois amies partagent leur quotidien et fréquentent la même école de langue japonaise. Alors que leurs motivations et leurs défis sont différents, elles avanceront ensemble, malgré la barrière de la langue, dans leur quête d’identité.
À propos de l'auteur de cet article
Damien Canteau
Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une vingtaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée). Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip.
En savoir