Maison Ikkoku

Pour honorer sa récompense majeure, le Grand prix d’Angoulême 2020, les éditions Delcourt/Tonkam publient de nouveau Maison Ikkoku de Rumiko Takahashi. Nostalgie nostalgie…

Une nouvelle gardienne dans la Maison Ikkoku

La maison Ikkoku est une pension japonaise où cohabitent plusieurs locataires. Parmi eux, il y a :

  • Godaï Yusaku, dix-neuf ans, ronin, c’est à dire un étudiant qui a raté ses concours d’entrée à l’université. Il vit dans le chambre n°5, un lieu miteux, avec un trou dans le toit qui laisse passer la pluie. Indécis, peu travailleur, il est tête en l’air. Né en 1960, il vit chichement des colis que ses parents lui envoient ou de petits boulots. Il est souvent tourné en ridicule par les autres pensionnaires.
  • Ichinose Hanae, est une femme un peu ronde qui vit dans la chambre 1 avec son fils Kentaro – qui hurle souvent – mariée, on ne voit jamais son époux.
  • Akemi Roppongi, barmaid, elle papillonne de ci de là dans la pension. Toujours en tenue légère et sexy, elle n’hésite pas à mettre mal à l’aise le pauvre Godaï.
  • M. Yotsuya. C’est l’homme mystérieux de la Maison Ikkoku. Voyeur, pervers et cynique, il fait des trous dans sa cloison pour observer le pauvre Godaï. Il aurait un travail, mais personne ne sait vraiment quoi; surtout qu’il extorque les vivres du pauvre Godaï.

Toute cette maisonnée est en émoi, une nouvelle gardienne vient remplacer le précédent. Kyoko Otonashi débarque à la Maison Ikkoku avec Soichiro, son chien. Âgée de 20 ans, elle est veuve. Elle prend tout de suite son travail à cœur et veut prendre soin des pensionnaires. Une belle âme mélancolique, abîmée par le décès de son époux.

Tout le monde aime Kyoko

Efficace, charmante et rapidement indispensable, Kyoko écoute patiemment les uns et les autres. Ne s’épanchant pas sur son propre cas, elle ne se confie qu’à Soichiro, son compagnon de route qu’elle a prénommé comme son époux.

Laissant planer le doute sur sa vie passée, elle attire les hommes de la pension. En premier lieu, Godaï qui tombe toute de suite amoureux d’elle. Gauche dans sa façon de l’aborder, il tente de l’aider à réparer la toiture mais reçoit en guise de récompense, un gifle. D’ailleurs, Kyoko n’hésitera pas à refaire ce geste si besoin. Ne sachant pas qu’elle est veuve, l’étudiant tente une parade nuptiale, en vain…

(Re)découvrir Juliette je t’aime

Quel bonheur de (re)découvrir Maison Ikkoku, le manga ayant servi de base à la série animée Juliette je t’aime ! Ce magnifique seinen de Rumiko Takahashi fut créé en novembre 1980 dans le magazine Big Comics Spirit des éditions Shogakukan. Pendant sept ans, la mangaka imagine les aventures loufoques de ce pensionnat. Quinze volumes lui sont nécessaires pour développer les intrigues.

Juliette je t’aime fut, quant à elle, diffusée à partir de 1986 par Fuji TV au Japon et sur TF1 dans le Club Dorothée, deux ans plus tard. C’est ainsi que l’anime devient culte. Plus tard, les œuvres de Rumiko Takahashi  seront  aussi au programme du show de la première chaîne française (Ranma 1/2 et Lamu), faisant de la mangaka, une star internationale. D’ailleurs, elle est l’autrice la plus lue au monde avec plus de 200 millions d’exemplaires vendus (pour 200 livres créés).

Pour le dessin animé, les prénoms sont francisés. Ainsi Kyoko devient Juliette, Godaï – Hugo, Ichinose – Pauline ou Akemi – Charlotte.

Sympathique comédie romantique

Contrairement à la série animée, le manga est davantage axé sur la psychologie des personnages et leurs interactions. La reine du manga, Rumiko Takahashi, dévoile ainsi une romance asymétrique entre Godaï et Kyoko. Elle mise aussi sur l’humour pour tenir en haleine ses lecteurs. Le burlesque est fréquent, les situations cocasses (notamment la maladresse du ronin ou le fait qu’il soit le souffre-douleur des autres pensionnaires).

Les dialogues sont savoureux et incisifs. Il suffit de lire les quiproquos de ce pauvre Godaï pour rire facilement. Tous se moquent les uns des autres parfois avec cruauté, n’hésitant pas à amplifier les travers de chacun.

Ce premier volume de ce Perfect Edition ravira les fans de la série mais pourra attirer de nouveaux lecteurs. Si quelques éléments sont datés (le téléphone filaire, une pension pour locataire), Maison Ikkoku fonde son intrigue sur des thématiques universelles qui fonctionnent encore de nos jours. La narration est simple, d’une belle lisibilité et très rythmée. Quant au dessin de Rumiko Takahashi, il est magnifique. L’autrice de Rumic world 1 or W sait y faire. S’il semble lui aussi daté, le style graphique évoluera dans les tomes suivants. Les personnages sont très soignés visuellement. Bien qu’il soit un manga aux personnages humoristiques, il est pourtant très réaliste dans ses thèmes (le deuil et son acceptation, les étudiants et leurs difficultés à survivre, la précarité ou encore les femmes dans la société japonaise).

Relire Maison Ikkoku et retomber en enfance, cela fait un bien fou !

Article posté le dimanche 09 février 2020 par Damien Canteau

Maison Ikkoku 1 de Rumiko Takahashi (Delcourt Tonkam)
  • Maison Ikkoku, volume 1 (Perfect Edition)
  • Autrice : Rumiko Takahashi
  • Éditeur : Delcourt / Tonkam
  • Prix : 12.50 €
  • Parution : 29 janvier 2020
  • ISBN :  9782413026853

Résumé de l’éditeur : Étudiant raté, Yusaku Godaï décide un jour de quitter la pension de famille dans laquelle il vit car les autres locataires n’arrêtent pas de faire la fête dans sa chambre. Mais ce même jour arrive Kyoko Otonashi, la nouvelle responsable. Elle est veuve à seulement 20 ans et Yusaku tombe directement amoureux d’elle…

À propos de l'auteur de cet article

Damien Canteau

Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une vingtaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée). Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip.

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