James Bond – Casino Royale

Au casino de Royale-les-eaux, un homme amasse les millions. Il s’agit du Chiffre, un agent soviétique. Dans la vie comme autour d’une table de Baccarat, personne n’ose lui tenir tête. Mais quand un Anglais vient s’asseoir face à lui, le cours du jeu peut soudainement changer. Cet Anglais a pour nom Bond et son nom de code est 007. Bond, James Bond.

ROULETTE, BACCARA ET ESPIONNAGE.

Le Chiffre, un agent à la botte d’une organisation soviétique, a perdu de l’argent, beaucoup d’argent ; et le problème, c’est que ce n’était pas le sien. Alors, pour se refaire et rester en vie, il compte sur ses talents de joueurs. À la table de Baccarat, et sans doute en dehors, c’est un véritable tueur. Les mises minimales se comptent en centaines de milliers de francs, et bien vite, les millions défilent.

A ce rythme-là, la période de disette ne sera bientôt qu’un lointain souvenir.

Pourtant, le gouvernement britannique, en défenseur des intérêts européens, entend bien profiter de cette situation pour porter un coup aux finances du bloc de l’Est.

C’est ainsi que leur agent le plus à même de contrer le Chiffre sur son terrain est envoyé en France, à Royale-les-eaux, avec la ferme intention de remporter la mise.

Son nom est Bond, James Bond. Par ailleurs, sur sa route, pavée de jetons de casino, il va faire la rencontre d’une belle et énigmatique femme : Vesper Lynd.

Le scénario est simple, rapidement appréhendé, et bien vite, on se rend compte que l’essentiel n’est pas là.

L’IMMERSION DANS UN UNIVERS.

Pas de faste et encore moins de paillettes dans le casino de Royale-les-eaux… A la place, une ambiance pesante et nauséabonde.

Ce qui frappe dans cette œuvre, c’est la capacité qu’ont ses auteurs à saisir et à représenter la tension, qu’elle soit psychologique ou narrative.

Ainsi, les personnages se caractérisent avant tout dans leur capacité à se fondre dans un environnement, par une succession de plans savamment orchestrés ; et à ce titre, Dennis Calero réalise une prestation de haut vol.

Gros plans, plans américains, plans d’ensemble, plongée, contre-plongée, ombres et lumières, toutes les échelles de plans, tous les angles de vues, tous les effets de contraste sont exploités pour faire en sorte que le lecteur se retrouve plongé au cœur de l’aventure.

Ainsi, les dialogues prennent une dimension insoupçonnée, les scènes de jeux, et particulièrement celle de Baccarat, nous donnent l’impression de sentir l’ambiance du casino, et surtout, la scène mythique de torture provoque un malaise insoutenable.

Ces effets visuels sont accentués par la remarquable colorisation de Chris O’Halloran qui donne vie au trait photo-réaliste du dessinateur.

Ainsi, le lecteur se retrouve entrainé dans un tourbillon narratif et visuel ; et les personnages occupent alors le second plan.

C’est surprenant à plus d’un titre, surtout lorsqu’on s’attend à lire une histoire ayant pour personnage principal, James Bond, ce super-héros légendaire.

Et pourtant…

IL SERA BOND, JAMES BOND…

Lorsqu’en 1953, sort Casino Royale, le premier volet des aventures de 007, bien malin celui qui aurait pu prédire la destinée de son personnage principal.

Les années ont passé et désormais, tout le monde connaît l’agent secret qui répond au nom de Bond, James Bond. Mais en réalité, cette réplique culte ne verra le jour que 9 ans plus tard, prononcée par son plus grand interprète Sean Connery, qui nous a quittés ces derniers jours.

Pourtant, lorsqu’on a lu le roman, on ne peut que constater les différences entre le personnage de Fleming et l’interprétation de Sean Connery. Choisi par les producteurs Albert Broccoli et Harry Saltzman, l’acteur écossais donne à l’agent secret un visage charismatique, sûr de lui et de sa virilité. Ian Fleming en personne admettra avoir eu quelques doutes quant au choix de l’interprète.

Mais peu importe, la légende était née et pour le grand public, James Bond ne ressemblera jamais au personnage créé par le romancier.

Dans un style différent, mais toujours relativement éloigné de l’original, Daniel Craig reprend le rôle dans l’adaptation de Casino Royale, justement. James Bond y gagne encore en virilité mais devient aussi plus humain.

En 2020, enfin, paraît chez Dynamite et chez Delcourt pour l’édition française, l’adaptation en bande dessinée par Van Jensen au scénario, Dennis Calero aux crayons et Chris O’Halloran aux pinceaux.

Le parti pris y est flagrant : coller le plus possible au roman de Fleming. On repère d’ailleurs avec un certain plaisir l’intégration de nombreuses citations du livre dans des cartouches omniprésents. Pas de doute possible, la voix du narrateur, c’est celle de Fleming. Et en surimpression, s’ajoute celle de Bond, dans un style laconique, presque télégraphique.

Ainsi, on retrouve une ambiance fidèle à celle du roman avec une caractérisation des personnages qui pourra surprendre les amateurs des films mettant en scène 007. Et pourtant, c’est un fait : le James Bond de Fleming n’est ni Sean Connery, ni Daniel Craig.

C’est un homme, avant tout, parfois méprisable, machiste, qui doute souvent, obsédé par son image et une virilité qui est loin d’être acquise. Dans le même temps, il est charismatique et surtout, c’est un joueur hors pair. C’est d’ailleurs pour cette raison que la mission lui a été confiée, dans un casino, le Casino Royale.

En s’attaquant à la légendaire œuvre de Ian Fleming, Casino Royale, le premier roman mettant en scène James Bond, Van Jensen, Dennis Calero et Chris O’Halloran mettent en image une partie de poker menteur où la tension se mêle à l’adrénaline dans une ambiance sombre. Cette adaptation est une réussite dont personne ne ressortira indemne.

Article posté le mercredi 25 novembre 2020 par Victor Benelbaz

James Bond - Casino Royale de Van Jensen et Dennis Calero (Delcourt)
  • James Bond – Casino Royale
  • Scénariste : Van Jensen, d’après le roman de Ian Fleming
  • Dessinateur : Dennis Calero
  • Coloriste : Chris O’Halloran
  • Éditeur : Delcourt
  • Prix : 16,95 €
  • Parution : 04 novembre 2020
  • ISBN : 9782413012887

Résumé de l’éditeur : À l’occasion de la sortie sur grand écran de No Time to Die, le 25e film mettant en scène James Bond, c’est au tour d’une adaptation fidèle du roman d’origine, Casino Royale, de rejoindre le catalogue Contrebande. Les débuts littéraires de l’agent 007 – membre du British Secret Service – de Ian Fleming sont adaptés ici en BD par Van Jensen et Denis Calero dans un véritable roman graphique qui respecte l’ambiance de Casino Royale. Envoyé vers le casino français de Royale-les-Eaux, Bond a pour objectif d’éliminer la menace du meurtrier baptisé ‘Le Chiffre’…

À propos de l'auteur de cet article

Victor Benelbaz

Tombé dans la marmite de la bande dessinée depuis tout petit, Victor est un vrai amateur éclairé. Comics ou récits jeunesse sont les deux genres préférés de ce professeur de français.

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