La cage aux cons

Avec La cage aux cons, Robin Recht et Matthieu Angotti signent l’adaptation d’un polar  du meilleur cru. Entre farce débonnaire et satire sociale.

UNE HISTOIRE DE GROS SOUS

« Il était là, le con ! Rond comme un bidon. Entouré d’une flopée d’ivrognes encore plus saouls que lui. Je ne l’avais jamais vu en ville. J’ai demandé au Gus qui c’était. Il n’en savait rien. J’ai recommandé une bière. Le type se vantait. Il ne parlait que de son pognon. »

Si vous n’avez pas encore lu les polars de Franz Bartelt et abordé un style comme celui-ci, c’est peut-être le moment de vous y mettre. Romancier et nouvelliste prolifique, (une quarantaine de livres à son actif ) ce dernier signait en 2004 à la Série noire un petit bijou plein de verve et d’humour grinçant, « Le jardin du Bossu « .

Aujourd’hui, un duo d’auteurs, Matthieu Angotti et Robin Recht, qu’on avait déjà vu à l’œuvre avec l’album « Désintégration, Journal d’un conseiller à Matignon » (Delcourt) propose « La cage aux cons « , une adaptation de ce roman plein de surprises.

PRIS EN OTAGE

Tout commence comme dans une brève de comptoir, dans un bar miteux aux confins d’une banlieue grise. C’est là qu’un de nos deux héros, gros bonhomme à la moustache fournie qui vient de se faire traiter de minable par sa moitié, Karine, entend une conversation très intéressante. Un « con » est là qui pérore, annonçant à qui veut l’entendre qu’il ne sait plus quoi faire de ses millions. Alors, comme la belle Karine ne veut plus de son moustachu à la maison « sans pognon », il lui vient une idée. Il ira chez ce con pour se servir… Mal lui en prend. Il sera pris au piège et séquestré par celui-là même qu’il voulait plumer…

JEU DE DUPES

Vient dès lors le temps des apparences, des chausse-trappe et des faux semblants. Tout ce que notre bonhomme « aux idées de gauche » avait prévu s’écroule. Dans la maison cossue de ce bourgeois psychopathe, il ira de surprise en surprise, condamné à subir les humeurs d’un geôlier pas si méchant que cela mais qui, on l’apprendra bientôt, a beaucoup de choses à cacher.

Ce bourgeois perturbé se nomme Jacques. Jacques Cageot-Dinguet. Un beau parleur, un escroc, un meurtrier peut-être? On ne vous dévoilera pas bien sûr le fin mot de cette histoire. C’est un peu une version moderne de l’arroseur arrosé, dans un style à la Audiard et à la San Antonio.

Côté graphisme, on se régale au long de ses 152 pages du dessin très charbonneux de Robin Recht (Conan le cimmérien tome 4), de son découpage en 3 cases horizontales qui donne ampleur et volume à cette histoire. L’atmosphère est à la fois joyeuse et poisseuse, sinistre et drôlatique… Et mine de rien, ce qui se présente au départ comme une farce devient peu à peu tragédie. Avec en point d’orgue cette lancinante question: Qui est le con de qui?

Article posté le mercredi 04 novembre 2020 par Jean-Michel Gouin

La cages aux cons de Matthieu Angotti et Robin Recht d'après Franz Bartelt (Delcourt)
  •  La cage aux cons
  • Auteurs : Robin Recht et Matthieu Angotti
  • Editeur : Delcourt
  • Prix : 18, 95 €
  • Parution : octobre 2020
  • IBAN : 9782413018575

Résumé de l’éditeur. C’est l’histoire d’une petite frappe que l’amour de sa vie a foutu à la porte. S’il veut revenir à la maison, ce sera les poches pleines de pognon. Réfugié au bistrot, il repère un type ivre mort. Un vrai con qui se vante d’avoir des millions dans son salon. Il décide de le cambrioler. Mais quand il plonge ses mains dans l’oseille, celles du con se referment sur un flingue. Le voilà séquestré chez un grand bourgeois, beau prince et beau parleur. Fuir ou lui faire la peau ? Telle est sa question.

À propos de l'auteur de cet article

Jean-Michel Gouin

Passionné par l'écrit, notamment l'histoire, la littérature policière et la bande dessinée, Jean-Michel Gouin est journaliste à Poitiers.

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