Dans un biopic attachant, le journaliste Frédéric Bertocchini et le dessinateur Jef retracent les derniers jours d’une icône du rock des années 70, Jim Morrison. Entre poésie hallucinée, soif de liberté et paradis artificiels.

Dans le « club des 27 »
La musique anglo-saxonne est riche de grands noms de groupes et de chanteurs. Parmi eux, celui de Jim Morrison, disparu en 1971, continue de parler aux jeunes générations. Co-fondateur des Doors, ce poète-chanteur fait partie du tristement célèbre « club des 27 ».
Entre addictions, révolte, gloire et déprime, la courte vie de cette icône du rock américain inspira bien des hommages, qu’ils fussent littéraires, cinématographiques et bien sûr graphiques. Ainsi, quinze ans après une première publication aux éditions Emmanuel Proust (2010), l’auteur ajaccien Frédéric Bertocchini et le dessinateur Jef proposent une version colorisée de leur Jim Morrison, court roman graphique de 120 pages, paru en septembre 2025 chez Des Ronds dans l’O.

Dans le Paris des années 70
Les auteurs se sont concentrés sur les derniers jours du chanteur, à l’été 1971. A cette époque, Jim Morrison est un homme fatigué, alcoolique, profondément déprimé et désenchanté. Il a déjà tout connu, ou presque, en tout juste six ans de carrière. Avec son groupe, il a donné plus de 200 concerts et enregistré six albums. Le succès, la gloire ont été au rendez-vous, les scandales aussi. Mais le jeune homme, s’il a un temps cédé à toutes ces sirènes, aspire à autre chose. Il se rêve écrivain et poète à temps plein.
Avec sa compagne et muse Pamela Courson, Morrison a rejoint ce Paris qu’il aime tant, celui des écrivains et des poètes, loin de cette Amérique qui l’a vu naître mais dont il rejette le puritanisme et les bonnes manières.

Avec des fantômes
Dans le beau roman graphique qui lui est ici consacré- la gouache charbonneuse de Jef y excelle- Morrison n’est déjà plus que l’ombre de lui-même, promenant ses douleurs et ses fantômes de bar en bar, de whisky en whisky. Il y retrouve des inconnus qui lui jouent un de ses tubes comme ce Love her madly qu’il a bien sur chanté et qui ce soir -là lui « rappelle vaguement quelque chose en effet ».
Et dans les brumes alcoolisées, la rock star déprimée retrouve des fantômes. Ceux de ses parents rigoureux laissés là-bas en Amérique, ses petites amies, ses potes musiciens, les cinéastes qu’il a aimés, les films qu’il a tournés… Dans cette évocation par petites touches, au gré de cases ou de non cases où les couleurs explosent, Morrison le rebelle, l’écorché vif amoureux des mots revit sous nos yeux.

Hommage au roi Lézard
Sa mort par overdose, dans la baignoire de son appartement parisien ou dans les toilettes d’une boîte de nuit (deux versions se sont longtemps affrontées) a suscité bien des commentaires et des interrogations. Ici, dans l’album, les auteurs ont choisi de faire disparaître Morrison dans le désert auprès d’un vieil indien chaman.
Aujourd’hui, celui qui écrivait dans l’un de ses plus célèbres poèmes« Je suis le roi Lézard. Je peux tout » est devenu un mythe. Les nombreuses visites devant sa tombe au cimetière du Père-Lachaise en témoignent quasi-quotidiennement. Ce biopic-hommage n’est pas le premier, sans doute pas le dernier. Les légendes ne meurent jamais…
- Jim Morrison
- Scénario : Frédéric Bertocchini
- Dessin : Jef
- Editeur : Des Ronds dans l’O
- Prix : 24 €
- Parution : septembre 2025
- Nombre de pages : 120
- ISBN : 9782374181646
Résumé de l’éditeur. 1971, Jim Morrison a 27 ans et vit ses derniers jours à Paris marqué par l’alcool, la dépression et un profond désenchantement. Fuyant la célébrité et la société de consommation, il est accompagné de Pamela Courson, son amour et muse. Un soir, dans un bar, lorsqu’un musicien américain lui joue «Love Her Madly», Morrison réalise qu’il a perdu sa liberté.
Plongé entre ses souvenirs et ses doutes, il erre dans les rues de Paris et se remémore sa carrière avec les Doors, ses addictions et ses révoltes, jusqu’à sa mort imminente. La fin de sa vie est un tourbillon de souffrance, d’intensité et de folie.
À propos de l'auteur de cet article
Jean-Michel Gouin
Passionné par l'écrit, notamment l'histoire, la littérature policière et la bande dessinée, Jean-Michel Gouin a été journaliste radio et presse écrite pendant une trentaine d'années à Poitiers.
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