La chambre des officiers

La chambre des officiers est à l’origine un roman écrit par Marc Dugain. En 2001, le réalisateur François Dupeyron adapte ce roman très fort au cinéma. Voici donc une troisième version de l’histoire d’Adrien Fournier qui sort cette fois-ci en bande dessinée. Elle est signée Philippe Charlot au scénario, Alain Grand au dessin et Tanja Wenisch à la couleur. Un album publié chez Grand Angle.

Lire le roman auparavant

Je ne sais pas pourquoi pour La chambre des officiers, il m’a semblé indispensable de m’attaquer à la lecture du roman avant de débuter celle de la bande dessinée. Comme pour saisir l’essence même de ce récit qui parle de sujets qui me tiennent vraiment à cœur : les Gueules cassées de la Première Guerre mondiale et de la reconstruction maxillo-faciale à laquelle ces hommes ont été confrontés.

La chambre des officiers - 1

Le roman écrit par Marc Dugain en 1998 est facile et rapide à lire en raison de son nombre de pages peu conséquent, 172 en format poche. Avec cette lecture, on est très rapidement plongé dans l’ambiance de la Première Guerre mondiale avec la Déclaration de Guerre et très rapidement l’ordre de Mobilisation générale pour les hommes aptes à servir.

Un héros apte au service

Adrien Fournier est le symbole de la réussite sociale grâce à l’école de la République. Originaire de Dordogne, petit-fils de maréchal-ferrant et fils de régisseur, il est devenu ingénieur spécialisé dans les ouvrages d’art pour chemin de fer.

Quand éclate la guerre le 28 juillet 1914, ce jeune lieutenant est aussitôt mobilisé et doit se rendre sur les bords de la Meuse. Le lendemain de son arrivée, mandaté le commandant de sa section, il effectuera une mission de reconnaissance avec deux de ses hommes. Il devra trouver les endroits les plus adaptés pour installer des ponts mobiles.

Dès le lendemain, c’est à cheval que les trois hommes partent le long de la Meuse. C’est alors que se produit une déflagration, une terrible douleur à la mâchoire survient et le trou noir apparaît. Tout un monde s’écroule autour du jeune lieutenant.

Un blessé rapatrié d’urgence

Adrien est rapidement pris en charge par les secours, mais sa situation est trop critique pour qu’il soit soigné dans un hôpital de campagne, derrière les lignes de front. Il est aussitôt rapatrié en ambulance vers Paris. Et cela bien que les premiers médecins qui l’ont examiné, n’aient diagnostiqué qu’une issue fatale pour celui qui fait partie des premiers blessés.

La Chambre des Officiers

Dorénavant et pendant quatre ans et huit mois, le quotidien d’Adrien va se dérouler dans la chambre des officiers de l’hôpital militaire du Val de Grâce. Avec ses compagnons, tous aussi mutilés que lui, il va tenter de se reconstruire physiquement et psychologiquement.

Des rencontres pour se reconstruire

Même si Adrien arrive le premier dans cette chambre réservée à la fois aux officiers, mais surtout aux blessés de la face, il est très vite rejoint par d’autres blessés. Tous ces hommes sont mis à l’écart et isolés en raison de la nature de leurs blessures. En effet, ils ne doivent pas être vus par les autres blessés, afin de ne pas ruiner le moral des troupes. Surtout en ce début de guerre.

Adrien va donc se lier avec Henri de Panester, un noble breton, qui a reçu un morceau d’obus dans la mâchoire et a eu le visage piétiné par son cheval, effrayé par le bruit. Mais également de Pierre Weil, un pilote juif dont l’avion s’est embrasé, le brûlant au visage et aux mains. Ensemble, ces trois hommes vont prendre en charge les nouveaux arrivants, qui débarquent tous les jours dans le service.

Les balbutiements de la chirurgie maxillo-faciale

Tous ces hommes, mutilés au visage, vont subir de très nombreuses opérations, une dizaine chacun, pas toujours couronnées de succès, mais également des traitements expérimentaux, qui les feront souffrir au quotidien. C’est le prix que ces hommes auront à payer pour essayer de retrouver un semblant d’apparence humaine.

Couverture La chambre des officiers

Il faut dire qu’en ce début de 20e siècle, on en est encore aux balbutiements de la chirurgie reconstructrice. Mais il faut reconnaître, que cette guerre 14-18 aura fait faire un pas de géant à cette spécialité encore confidentielle qu’était la chirurgie maxillo-faciale, en raison du grand nombre de Gueules cassées à soigner.

Une adaptation graphique très réussie

La chambre des officiers est une très belle histoire au cœur de l’inhumanité, mais surtout au cœur de l’humanité de ces hommes, qui de frères d’armes sont devenus des frères, le regard de leurs familles leur étant devenu insupportables.

Cette adaptation graphique respecte à la lettre l’esprit du roman et nous permet de découvrir des détails à côtés desquels on aurait pu passer.
Elle est en cela une très belle réussite qui m’a profondément touchée.

Une histoire d’hommes à travers l’Histoire qui nous réserve de terribles épisodes fratricides, mais également des moments empreints d’une immense et intense fraternité.

Article posté le samedi 08 avril 2023 par Claire Karius

La chambre des officiers de Philippe Charlot, Alain Grand et Tania Wenisch chez Grand Angle
  • La chambre des officiers
  • Scénariste : Philippe Charlot
  • Dessinateur : Alain Grand
  • Coloriste : Tanja Wenisch
  • Adaptation de : Marc Dugain
  • Editeur : Grand Angle
  • Prix : 26,90 €
  • Parution : 01 mars 2023
  • ISBN : 9782818993415

Résumé de l’éditeur : « Le lent retour à la vie d’hommes qui doivent tout réapprendre, et surtout le regard des autres. 1914. Aux premiers jours de la guerre, un éclat d’obus défigure Adrien. Le voilà devenu une «gueule cassée», reclus au Val-de-Grâce, dans une chambre réservée aux officiers. Adrien restera cinq ans dans cette pièce sans miroir. Cinq ans pour réapprendre à vivre au rythme des opérations. Cinq ans entre parenthèses à nouer des amitiés d’une vie avec ses compagnons d’infortune. Cinq ans de «reconstruction» pour se préparer à l’avenir. Cinq ans à penser à Clémence qui l’a connu avec sa gueule d’ange…

À propos de l'auteur de cet article

Claire Karius

Passionnée d'Histoire, j'affectionne tout particulièrement les albums qui abordent cette thématique. Mais pas seulement ! Je partage ma passion de la bande dessinée dans l'émission Bulles Zégomm sur Radio Tou'Caen et sur ma page Instagram @fillefan2bd.

En savoir