La grande métamorphose de Théo

Métamorphosé en oiseau, Théo découvre un monde nouveau. Avec Louise la moustique et Michel le lion, il tente de comprendre comment ils en sont arrivés là. Marzena Sowa et Geoffrey Delinte imaginent cette quête dans La grande métamorphose de Théo, un album chaleureux, tendre et beau. Une belle surprise jeunesse !

« Ce serait tellement génial de pouvoir voler, un jour… »

Une mère oiseau vient donner la becquée à ses petits. L’un d’entre eux n’a pas le droit de manger. Pire, il est chassé. Il tente de s’envoler mais les débuts sont difficiles. Il atterrit alors sur le balcon de l’appartement de la famille de Théo.

Le jeune garçon rêve de pouvoir un jour voler. Sa maman laisse la baie vitrée et le moineau entre dans la chambre. Théo s’endort.

Théo est un moineau

Le réveil est dur pour Théo. Il se lève et rejoint ses parents pour le petit-déjeuner. Son tee-shirt est à l’envers. Si personne n’a rien remarqué, il découvre qu’il est un moineau.

Il se lave les dents et grimpe sur le porte-bagage du vélo de sa maman pour aller à l’école. Clément, Régis et le professeur, personne n’a vu sa transformation. Dehors dans la cour, Théo découvre que Michel a la tête d’un lion et Louise est un moustique.

Le comportement du garçon change : il n’a pas peur de grimper aux arbres, ne veut plus jouer à la console et préfère passer son temps à faire des balades. Théo se rapproche alors de Louise et Michel, il se sent bien avec eux, ils sont pareils que lui…

La grande métamorphose de Théo : en quête d’identité

La grande métamorphose de Théo est un très joli album jeunesse de Marzena Sowa et Geoffrey Delinte. L’autrice de L’insurrection (avec Gowron) imagine un belle quête d’identité dans les pas de La métamorphose de Franz Kafka. Si dans la nouvelle publiée en 1915, Gregor était transformé en monstrueux insecte, Théo est un petit moineau, toujours aussi gentil et qui semble bien s’accommoder de son sort.

Se rêvant en oiseau, Théo comble cette envie en se réveillant un matin. Ainsi, le récit de Marzena Sowa met en scène les envies, les buts et les désirs d’un petit garçon. Elle tente ainsi de prouver que tout est possible, surtout lorsque l’on a un rêve puissant.

La transformation de Théo correspond aussi aux changements physiques que l’on peut subir à l’adolescence. S’il est encore petit, s’entend bien avec ses parents et ne défie pas l’autorité, le moineau s’éloigne de certains de ses camarades, préfère la nature à la douceur du cocon familial. Il est troublé mais le vit très bien. L’autrice de Histoire de poireaux, de vélos, d’amour et autres phénomènes (avec Aude Soleilhac) invente donc un récit positif, optimiste et plein de vie.

Une histoire d’amitié

La grande métamorphose de Théo est un bel album doux et chaleureux. Pas de méchant, ni d’obstacles infranchissables, ni de colère, juste un petit garçon qui devient ce qu’il voulait être.

D’une grande subtilité et d’une belle justesse, l’histoire de Marzena Sowa repose aussi sur de l’amitié. La solidarité, faire corps ensemble et le partage entre êtres quasi identiques (appartenance à un groupe) sont de belles valeurs véhiculées dans l’album. Théo se sent bien avec Louise et Michel, eux aussi, transformés. Ensemble, ils tenteront de comprendre le pourquoi de leur changement physique.

La grande métamorphose de Théo utilise les codes des histoires avec des animaux anthropomorphes. Les trois amis se comprennent mais autour personne ne semble voir leur transformation. Est-elle vraie ? Est-ce une vue de l’esprit ? La force de la conviction sur la réalité ?

Premier album, première réussite

Pour l’accompagner au dessin, Marzena Sowa a choisi Geoffrey Delinte. Né en 1989 à La Louvière en Belgique, l’auteur suit des études de bande dessinée à Jemappes et Tournai. Il a quatre ans, il fonde Kaput, une structure de micro-édition. Il travaille pour la presse et dessine dans des fanzines. La grande métamorphose de Théo est son premier album de bande dessinée.

Pour une première, c’est une belle réussite. Ses planches sont d’une grande lisibilité portées par un trait tout en rondeur. Ses grands aplats de couleurs agrémentent bien des vignettes sobres et qui ne sont pas surchargées de détails.

La grande métamorphose de Théo : une très jolie surprise, un album jeunesse positif, chaleureux et tendre.

Article posté le samedi 30 mai 2020 par Damien Canteau

La grande métamorphose de Théo de Marzena Sowa et Geoffrey Delinte (La pastèque)
  • La grande métamorphose de Théo
  • Scénariste : Marzena Sowa
  • Dessinateur : Geoffrey Delinte
  • Éditeur : La pastèque
  • Prix : 19 €
  • Parution : 29 mai 2020
  • ISBN : 9782897770778

Résumé de l’éditeur : Alors que Théo se demande ce que cela ferait d’être un oiseau, le voilà qui se retrouve tout-à-coup métamorphosé en moineau. Et il n’est pas le seul : à l’école, il remarque qu’une fille, Louise, est devenue un moustique ; et qu’un garçon, Michel, s’est changé en lion. Les autres ne semblent pas s’apercevoir de leur nouvelle apparence, ni leurs professeurs ni leurs parents, mais eux peuvent désormais voir tous les gens qui ont subi la même transformation. De nouveaux liens d’amitié se créent, et ensemble, ils vont chercher à découvrir comment cette métamorphose est arrivée, et comment faire rentrer les choses dans l’ordre. Si toutefois cela est possible…

À propos de l'auteur de cet article

Damien Canteau

Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une vingtaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée). Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip.

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