La Horde du Contrevent tome 4, c’est la poursuite de L’adaptation du roman d’Alain Damasio par Eric Henninot, aux éditions Delcourt. Depuis 2017, les lecteurs de bande dessinée peuvent profiter d’une mise en image solide de ce jeune classique de la Science-Fiction.
La Horde du Contrevent tome 4 : oserez-vous entrer dans le flux ?
La Horde, c’est le groupe qui remonte la puissance du Contrevent, ce souffle incessant et surpuissant, qui parcourt les terres depuis que le monde est monde. Le groupe marche depuis des années dans le flux, mais elle arrive à un passage essentiel : la porte d’Urle. Mais pour passer cette écluse, il faut obtenir l’autorisation de l’exarque de la ville d’Alticcio. Et dans cette cité aux inégalités sociales majeures, les enjeux politiques ne jouent pas en faveur des membres de la Horde.
Qui ne connaît pas La Horde du Contrevent ?
Quelques mots d’abord, pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas La horde du contrevent, et qui se laisseraient aller à la découverte avec cette critique. Ce récit de fantasy, plus que de science-fiction, amène donc à la découverte de ce monde unique et de son rituel immuable de la Horde. Une génération sacrifiée qui lutte pour découvrir ce qui se cache par-delà l’inconnu et qui ne peut évoluer et grandir que dans l’adversité et le souffle du Contrevent.
Le livre d’Alain Damasio est un bijou qui demande un peu d’attention au départ pour retenir tous les personnages. Mais c’est une merveille d’écriture, dans la langue et même jusque dans la ponctuation. Décrochage de mâchoire assuré à la conclusion de l’histoire.
Un bédéaste qui a eu du cran
Eric Hénninot, le bédéaste qui s’est donné pour mission d’adapter ce chef-d’œuvre, n’était pas réputé pour sa constance jusqu’alors. Il était passé par les séries Carthago, WW2.2 ou Prophet. Comme s’il avait passé plus de dix ans à chercher sa juste place. Place qu’il a trouvé, avec La Horde du Contrevent.
Depuis sept ans, l’artiste livre avec rigueur et exigence les tomes de 80 pages qui mettent en dessin un univers de mots et de signes. Car chez Damasio, tout compte. Même les points et virgules prennent sens, dans une langue spécifique au vent. Autant dire que le défi d’adaptation était immense. Et il est globalement toujours assuré, avec ce quatrième tome.
La Horde du Contrevent tome 4 et la constance de son dessinateur
Parlons d’abord du dessin. Eric Hénninot se montre parfaitement à l’aise et constant depuis le début de la série. La Horde du Contrevent tome 4 ne fait pas exception. Les amateurs de bande dessinée d’aventure européenne seront tout à fait satisfaits.
Son trait fin s’accompagne d’un encrage qui utilise beaucoup les traits de construction pour apporter de la densité aux personnages et aux décors. Sans abuser des aplats d’encre ou des hachures, il dose avec précision la masse de noir qu’il introduit dans ses planches. Les ambiances sont travaillées de manière tranchée, offrant des séquences lumineuses autant que sombres, selon les besoins de l’histoire. Il est bien aidé en cela par les couleurs de Gaëtan Georges, qui s’harmonisent avec un réel naturel au crayon du dessinateur. Bas-fonds comme palais, bibliothèques comme territoires dévastés, bénéficient de ce dessin réaliste. Il leur apporte une réelle crédibilité et les lecteurs du roman peuvent tout à fait se projeter dans la vision de l’artiste.
Focus sur les événements de cette étape
Quant à l’histoire, évidemment, vous ne lirez pas ce tome si vous découvrez la série, vous commencerez au tome 1. Mais pour ceux qui sont à jour, quelques mots tout de même.
Hénninot se concentre sur les événements d’Alticcio, de manière assez cohérente. L’ensemble propose déjà dans le roman une véritable parenthèse dans la tentative de survie de la Horde contre la Nature. Ici, c’est l’humain qui est définitivement le problème. Les rapports de domination politique viennent percuter la Horde en tant qu’entité, mais aussi en tant qu’individualités. Le personnage de Sov est particulièrement au cœur des enjeux, entre la mission sacrée dont il est le garant et les luttes politiques qui parcourent la cité d’Alticcio.
La lecture est fluide, cohérente et offre une réelle dimension feuilletonesque au récit. Petit bémol peut-être, concernant la conclusion. Celle-ci est un peu rapide et le passage de la Porte d’Urle comporte un événement qui n’est pas montré et juste évoqué. Peut-être aurait-il mieux valu enlever quelques pages pour offrir cette scène aux lecteurs. Mais en remplacement de quelle scène ?
Découvrez La Horde du Contrevent tome 4 mais lisez surtout la série
La Horde du Contrevent tome 4, c’est de l’excellente bande dessinée d’aventure comme aime la produire la France depuis des décennies. C’est une adaptation toujours réussie d’un grand titre de la littérature de genre. Alors, oui, vraiment, c’est une série à suivre et à offrir, pour qui aime ce genre de bande dessinée.
- La horde du Contrevent, tome 4 : Alticcio
- Auteur : Éric Henninot, d’après l’œuvre d’Alain Damasio
- Coloriste : Gaétan Georges
- Éditeur : Delcourt
- Date de parution : 16 octobre 2024
- Nombre de pages : 80
- Prix : 17€95
- ISBN : 9782413078883
Résumé éditeur : À peine arrivé à Alticcio, Golgoth provoque un incident diplomatique dont les conséquences compromettent gravement les chances de la Horde d’atteindre l’Extrême-Amont. Confronté aux intrigues de cours et à la disparition d’un Caracole soupçonné de traîtrise, Sov affronte pour la première fois de son existence les véritables enjeux politiques de la mission qui leur a été confiée.