Dans la brume de ses maux épais qui brouillonnent son petit calepin, India cherche à encrer un nouvel horizon à ses mots pour naviguer sur La Mer verticale sans subir un ressac douloureux projeté sur son corps au vague à l’âme.
Depuis des années, elle pose ses mains telles des œillères sur ses oreilles car elle recherche tant un paisible silence sans y être noyée de force par les bruits de crises de panique qui font totalement perdre pied à son corps en obscurcissant sa tête.
Comixtrip offre le support de son quai à bulles d’oxygène pour écouter le souffle au cœur émouvant d’une jeune femme.
Panique à bord quand le monde déverse son soûl
India est une jeune femme enseignante passionnée par son métier et d’ailleurs ses élèves le lui rendent bien. Ils sont absorbés et suspendus aux histoires de capes et de monstres contées par leur maîtresse, de véritables métaphores du fort intérieur d’ India.
Elle vit aussi une belle histoire d’amour auprès de Pier, un fiancé aimant qui, quant à lui, est tant pendu aux lèvres de sa bien aimée qu’attentif aussi à la dérive de ses mots.
Car sous cette surface visible à l’eau douce, une pathologie sournoise du stress joue à cache-cache avec le bien-être d’India. Des crises de panique la clouent littéralement au sol dans un délire étouffé de manque d’air quand la scène de la vie lui semble bien trop imposante pour son âme fragile.
Au fil des jours, elle expire à contre jour avec un souffle de plus en plus court qui tangue, elle tient de moins en moins debout et souhaite changer de surface. Dans le débordement subi de ces déséquilibres suffocants et vertigineux, India se perd en mettant à mal ses repaires.
Face au désarroi de plus en plus visible de son amoureux et des réactions pas toujours bienveillantes de son entourage, elle sent que sa vie se dérobe dans une tempête menaçant son équilibre fondé sur un château de sables mouvants.
Elle se décide donc à chercher le phare d’une thérapie qui pourrait peut-être l’éclairer sur une nouvelle direction et faire évanouir ce sentiment d’étrangeté.
Une peur à s’acquitter pour quitter ses peines
Sous une jolie édition Dargaud, l’écriture touchante du scénariste italien Brian Freschi trouve une magnifique compagne visuelle dans la belle composition douce et aérienne des dessins de Ilaria Urbinati.
Ce duo sensible donne une belle épaisseur au personnage d’India qui essaye d’apprendre à naviguer en apprivoisant ses peurs et ainsi enrayer ce cercle vicieux de l’anxiété maladive.
Cet album nous propose de prendre une belle et tendre bourrasque d’air frais pour aborder un intime en proie aux peurs mais pas à la fatalité.
- La mer verticale
- Scénariste : Brian Freschi
- Illustratrice : Ilaria Urbinati
- Editeur : Dargaud
- Prix : 19.99 €
- Parution : 11 février 2022
- ISBN : 9782505112679
Résumé de l’éditeur : India est sujette à des crises de panique. L’air lui manque soudain au point de la faire suffoquer. Pourtant, elle a tout pour être heureuse : un compagnon, qui l’aime – Pier – et un métier qu’elle adore – institutrice. Mais quand une de ces attaques la surprend en pleine classe, les parents mettent la pression sur la direction pour qu’elle soit licenciée. Quant à Pier, il est perdu. Peu à peu, elle prend conscience que chercher à vaincre son « ennemi » est vain. Et qu’il vaut mieux tenter de l’apprivoiser. En parallèle à la thérapie qu’elle entame dès le premier chapitre, elle a recours à l’écriture et fait appel à son imagination. Une belle histoire de résilience intime délicatement mise en scène par un dessin hyper sensible et une palette de couleurs tout en nuances et en fragilité. Le noir, magnifique et inquiétant, illustre les états dans lesquels est plongé le personnage et les contes qu’elle raconte à ses élèves.
À propos de l'auteur de cet article
Gwénaëlle Le Mercier
Passionnée de lecture et de course à pied, Gwénaëlle aime dénicher des trésors de bande dessinée. Instagrameuse influente en BD, elle aime les récits intimistes et humains. Son Insta : https://www.instagram.com/runforbook/
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