La Tour #2

Deuxième tome de La Tour, cette dystopie survivaliste qui se déroule en 2072 à Brussels, dans un monde où la quasi-totalité de l’humanité a été décimée 30 ans auparavant par une bactérie très agressive. Une belle série imaginée par Jan Kounen et Mr Fab aux éditions Glénat.

Vivre dans une tour aseptisée

Quelques milliers de rescapés trouvèrent refuge dans une immense tour d’environ 90 étages, un fleuron de la technologie européenne en 2042, à l’époque la vitrine d’un futur décarboné, qui plaçait sobriété et recyclage au cœur de son fonctionnement. Ils parvinrent à rendre la Tour totalement hermétique à l’atmosphère terrestre contaminée grâce à des systèmes sophistiqués de sas étanches et de filtration de l’air.

Cette tour est depuis 30 ans gérée par Newton, une intelligence artificielle protéiforme et multitâches. Une gestion logistique qui bien que d’une efficacité redoutable, montre ses limites avec le temps face à l’usure des matériaux. Les systèmes parfois dysfonctionnent, les technologies buguent, l’étanchéité au monde extérieur fini par être douteuse.

A l’abri de l’extérieur, une société s’invente

La faune n’étant pas affectée par cette bactérie, elle a alors considérablement augmentée en nombre de spécimens dans les campagnes, ou les zones jadis urbanisées et désormais envahies par une végétation plus que jamais indomptée. Cette faune sauvage constitue alors le garde-manger de cette humanité entassée dans cette gigantesque tour depuis trois décennies, et qui organise régulièrement des sorties équipées de scaphandres pour partir chasser cette nourriture.

Dans la tour, à l’abri du danger, cette humanité rescapée, a très vite réussie à faire société. Une société qui bien qu’assez égalitaire à ses débuts, affiche 30 ans plus tard des luttes de classes très critiques. Tous les résidents ne sont plus logés à la même enseigne, et les anciens, ceux qui connurent le monde d’avant 2042, s’accrochent à quelques privilèges refusés aux Intras, leurs enfants, tous ceux qui naquirent depuis 42, et dont le monde connu se borne aux parois de verres et de béton de la Tour.

La Tour, un monde pas si idyllique

Les tensions vont crescendo et dès l’ouverture de ce second tome, un incident majeur ne va rien arranger. Une explosion pour l’heure inexpliquée va souffler les verrières du 75ème étages, l’étage des serres de productions agricoles.

Le rationnement des denrées alimentaires va être encore plus drastique, et cet incident pourrait bien être l’étincelle qui pourrait allumer le baril de poudre qu’est devenu la Tour.

Des personnages muent par des envies multiples

Dans le tome 1, nous faisions connaissance de quelques-uns des protagonistes principaux du récit, des personnages clef, anciens comme Intras que l’on retrouve bien entendu dans ce second tome en réaction à la situation critique que tous doivent affronter.

Isaé, une jeune femme présente dans les serres au moment de l’explosion, et qui découvre que comme son frère Lucian, elle est naturellement immunisée contre la bactérie. Une immunité précieuse  – pour l’heure incompréhensible – que leurs parents jugent cruciale de garder secrète. Le jeune et impétueux Altay, va-t-en guerre de la révolte grossissante des Intras. Angela, chef de file plus pacifiste des Intras, et petite copine d’Aatami. Lui même fils d’Ingrid, une représentante élue des Anciens.

Sortir de la Tour pour un ailleurs meilleur ?

Aatami donc, jeune adulte courageux, Intras de naissance, et qui va dans ce second tome, faire le choix que d’autant jugent suicidaire, celui de tenter la sortie extrême. Celle d’où son propre père avant lui ne revint jamais, à savoir aller le plus loin possible en direction du nord-est de Brussels pour tenter de rejoindre la Tour de l’Otan.

Équipé d’un scaphandre à l’autonomie limité, épaulé par Newton au début, et roulant dans un buggy tout terrain, Aatami va foncer dans cette nouvelle jungle urbaine, sans même trop savoir ce qu’il pourrait trouver au bout du chemin qui pourrait lui permettre de survivre dans un premier temps, et qui sait peut-être la solution qui libèrerait les résidents de la Tour prête à exploser socialement. Le suspense est à son comble dans ce récit qui par certain aspect n’est pas si éloigné que cela des enjeux présentés dans le Transperceneige.

Article posté le jeudi 22 décembre 2022 par David Lemoine

La tour 2 de Jan Kounen, Omar Ladgham et Mr Fab (Glénat / Comix Buro)
  • La Tour, tome 2
  • Scénaristes : Jan Kounen et Omar Ladgham
  • Dessinateur : Mr Fab
  • Éditeur : Glénat / Comix Buro
  • Prix : 15,50 €
  • Parution : 14 septembre 2022
  • ISBN : 9782344036686

Résumé de l’éditeur : L’espoir meurt en dernier… 2072. Cela fait 30 ans que l’humanité vit à la verticale. Depuis qu’une bactérie a décimé laquasi-totalité de la civilisation, les survivants s’entassent dans une immense tour où un unique espace vert subsiste : la serre. Quand celle-ci est soufflée par une explosion, la tension monte encore d’un cran entre les deux groupes qui cohabitent tant bien que mal : les « Anciens » qui ont connu le monde d’avant et les « Intras » qui sont nés dans la tour. Les Anciens, épaulés par Newton, l’IA, se sont toujours posés en gardiens de l’ordre et des traditions, mais désormais le semblant d’équilibre entre les générations vacille. La tour enserre les coeurs et étouffe les rêves. La pénurie qui menace aggrave les conflits…Dans ce contexte, le jeune Aatami va entreprendre « le grand voyage » : une expédition au-delà des terres dévastées. Jadis, son père fit le même pari… et en mourut. Coupé de Newton, Aatami va devoir affronter l’inconnu, seul.

À propos de l'auteur de cet article

David Lemoine

Lecteur de BD depuis sa plus tendre enfance, David a fini par délaisser assez vite les classiques franco-belges, pour doucement voir ses affinités se tourner vers des genres plus noirs, plus grinçants, sarcastiques, trashs, violents, absurdes et parfois même décadents. Il grandissait en somme…. Fan de la première heure de Ranxerox et Squeeze the Mouse, il vénère aujourd’hui l’oeuvre d’auteurs Anglo-Saxon tel que Bendis, Brubaker/Phillips, Ben Templesmith, Terry Moore, Jonathan Hisckman, Ellis/Robertson, sans bouder son plaisir à la lecture des européens talentueux, francophone ou non, que sont Tardi, Ralf Konîg, Michel Pirus, Gess, les frères Hernandez, ou même Fred Bernard. La liste de ses amours dans le 9e art est loin d’être exhaustive, vous vous en doutez, et cela fait plus de 20 ans maintenant qu’il s’efforce de vous convaincre de les embrasser à travers ses chroniques radio qu’il vous livre chaque semaine dans l’émission XBulles sur les ondes de Radio Pulsar (http://www.radio-pulsar.org/emissions/thema/x-bulles/ / https://www.facebook.com/xbulles)”

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