Le Réveil du Tigre

Avec Le Réveil du Tigre, 20 ans plus tard, le duo gagnant Olivier Taduc et Serge Le Tendre imaginent une fin explosive, digne de leur inclassable Chinaman entre vengeance et initiation…

Wild West, Californie, près de Maricopa

Le corps d’une jeune fille violée et tuée est retrouvé sous un pont. C’est une des deux filles du banquier Kelley. Devant la multiplication des enlèvements dans la région, deux agents de la célèbre agence Finkerton sont sur l’affaire, Wheller, le vieux briscard et Monroe, un jeune homme dont c’est le baptême du feu.

Dans une autre bourgade de Californie, un vieil homme noir pénètre dans une fumerie d’opium. Il retrouve Chen Long dans l’arrière cour, véritable cadavre ambulant… Marcus chasse les gamins qui lui jetaient des pierres et ramène son ami à son domicile. Il en profite pour lui faire la morale sur son état pitoyable, lui qui était un vrai tigre de combat avant… Mais Chen Long est constamment assailli par des souvenirs de morts qui l’obsèdent…

A quelques lieues de là, dans une cabane isolée, une jeune fille est séquestrée par deux malfrats. Le gros aimerait profiter de la situation, mais l’autre lui interdit. C’est leur employeur qui la veut entière.. pour l’instant…

Vingt ans après, version chinoise

Le Réveil du Tigre est vraiment un album inattendu. Bien qu’il se lise comme un one-shot, c’est la conclusion du cycle de neuf albums Chinaman, écrits et dessinés par les mêmes auteurs entre 1997 et 2007. D’ailleurs pour être cohérent, cette histoire se passe 20 ans plus tard.

Un peu à la façon de la série TV “Kung Fu” (1972 – avec David Carradine), Serge Le Tendre et Olivier Taduc y mélangent avec bonheur les univers Western et Arts martiaux, avec un héros asiatique “perdu” dans la conquête de l’Ouest. Mais Chen Long n’est un chinois pas comme les autres. Si son apparence modeste ne le distingue en rien (comme les nombreux ouvriers du chemin de fer), c’est un ancien exécuteur d’une Triade chinoise, maître en arts martiaux. Se trouvant souvent au mauvais endroit, au mauvais moment, il utilise ses talents particuliers pour régler quelques comptes et ramener un peu de justice dans un contexte raciste et sauvage…

L’histoire d’une renaissance

Plus que de raconter un nouvel épisode de Chinaman, Taduc et Le Tendre ont décidé d’imaginer une fin digne de leur héros. Pourtant, ce n’est pas gagné. 20 ans plus tard, ils imaginent un Chen Long totalement accro à l’opium, tentant d’oublier de sombres souvenirs dans les  vapeurs. Ce n’est que grâce aux interventions régulières et bienveillantes de son ami Marcus qu’il ne sombre pas totalement… Un nouveau coup du sort va obliger Chen Song à sortir de sa torpeur et à redevenir “le Tigre” qu’il était… Pas après pas, Chen Long va se désintoxiquer (ce n’est ni immédiat, ni aisé) pour redevenir une machine de guerre…

Initiation et passation

Pour déclencher ce changement, la vengeance est le premier moteur, mais pas seulement. Taduc et Le Tendre font intervenir un moteur bien plus puissant que cela, l’amour filial. Avec l’apparition d’un fils dont il ignorait l’existence, le jeune Monroe. Assoiffé lui aussi de justice, le jeune employé de l’agence Finkerton, va se retrouver au milieu de graves dangers qui obligent Chen Long à « sortir ses griffes »

Le Réveil du Tigre, violent et sombre

Chen Long est un personnage hanté par la violence. C’est un thème récurrent dans la série initiale qui trouve un écho dans Le Réveil du tigre. C’est cela qui l’oblige à fuir dans l’opium. Avec son retour à la vie, Chen Long n’y échappe pas… Il redevient l’ange exterminateur armé d’arc et de sabres, dont les armes semblent bien dérisoires face aux armes à feu de ses ennemis. Les scènes de combats (qui ne sont pas le seul intérêt de l’album) sont particulièrement cinématographiques et explosives (au premier degré !). Jouant avec les plans et le cadrage, Taduc et Serge Le Tendre (auteur émérite de séries cultes dans des genres très différents La Gloire d’Hera, La Quête de l’Oiseau du Temps...) nous offrent une écriture visuelle dynamique et ultra lisible.

Dessin au sommet

Si la narration me semble parfaite, j’ai aussi apprécié la qualité graphique pur jus de ce Réveil du Tigre. Pour vous en convaincre, jetez un œil dans la version Noir et blanc si vous en trouvez encore une. L’encrage très fin et détaillé est complété par une belle gestion des masses noires qui assure une lisibilité (et un plaisir de lecture)  maximale. Les couleurs sobres complètent parfaitement le dessin réaliste de Olivier Taduc, sans faire disparaitre le bel encrage. Les ambiances colorées se succèdent  et assurent l’immersion (plaines poussiéreuses, nuit, explosion…).

Des intégrales pour tout relire

Enfin, les éditions Dupuis ont bien fait les choses, puisque trois belles intégrales de Chinaman sortent pour accompagner Le réveil du tigre. Ça tombe à pic, non ?

Article posté le jeudi 04 février 2021 par jacques

Le réveil du Tigre de Olivier Taduc (Dupuis) et Serge Le Tendre
  • Le réveil du tigre
  • Scénariste : Serge Le Tendre & Olivier Taduc
  • Dessinateur : Olivier Taduc
  • Editeur : Dupuis, collection Aire Libre
  • Prix : 28,95 €
  • Parution : 15 janvier 2021
  • ISBN : 9782413022602

Résumé de l’éditeur : Les enlèvements se multiplient autour de Bakersfield en Californie et l’aînée des filles du banquier Kelley est retrouvée assassinée. Une occasion pour le jeune Matt Monroe, tout juste recruté chez les Pinkertons, la célèbre agence de détectives privés, de remonter la piste de son vrai père, qui n’est autre que Chen Long, le Chinaman de la série d’Olivier TaDuc et Serge Le Tendre.

À propos de l'auteur de cet article

jacques

Designer Digital, je lis et collectionne les BD depuis belle lurette. Ex Rédacteur en chef d’Un Amour de BD, j’aime partager ma passion pour ce média, et faire découvrir les pépites que je croise. Passionné par la narration sous toutes ses formes, je suis persuadé qu’une bonne BD a autant de qualités qu’un autre produit culturel (film, livre, disque…) et me fais fort de vous l’expliquer.

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