L’écume des jours

A l’occasion du centenaire de la mort de Boris Vian, Futuropolis publie sous la forme d’un roman graphique grand format l’un des plus célèbres textes de l’écrivain, L’écume des jours. Un véritable travail d’orfèvre proposé par les jumeaux Gaëtan et Paul Brizzi.

Un jeune homme de cent ans

Né un 10 mars 1920 du côté de Ville-d’Avray, en région parisienne, mort 39 ans plus tard d’une d’un malaise cardiaque au cours d’une séance de cinéma à Paris, Boris Vian, se sachant d’une santé fragile, eut mille vies. Ingénieur, bricoleur, journaliste, traducteur, acteur, peintre, scénariste, chanteur, jazzman, il fut aussi ce brillant romancier qui ne connut guère le succès de son vivant avec ses livres. Ces dernières décennies, les choses ont bien changé pour celui qui se surnommait « Bison ravi » ( Anagramme de son nom ). *

Plusieurs générations d’adolescents ont fait leur miel de sa littérature tendre et loufoque, parfois à la frontière du fantastique et de la science-fiction, du roman policier aussi. Mais c’est avec un court roman, écrit en trois mois et publié en 1947, L’écume des jours, que Boris Vian est aujourd’hui encore, un des auteurs Français les plus lus.

L’écume des jours : Les jumeaux font merveille

Et c’est avec lui que l’inséparable duo des frères Brizzi, Paul et Gaëtan, revient au dessin avec une adaptation grand format. Un peu plus de 200 pages dans lesquelles les jumeaux se livrent à un brillant exercice de style, réalisé à la mine graphite et à la cire.  Reconnus pour leurs travaux de réalisateurs et storyboardeurs, rares français à avoir travaillé pour Disney ( Astérix et la surprise de César, La Bande à Picsou…), ils avaient déjà fait une incursion dans l’univers de Vian en 2018 avec une adaptation d’un autre roman, L’Automne à Pékin ( 1947 ).

A la lecture de L’écume des jours, hymne à l’amour et à la jeunesse qui se termine en tragédie, on retrouvera tout ce qui fait le sel de l’écriture de l’auteur. Mots-valises avec le célèbre « pianocktail « , néologismes avec les brouzillons, noms de personnages réels modifiés, Jean-Sol Partre pour  le philosophe Jean-Paul Sartre, réalisme magique dans lequel les animaux, aux côtés des deux héros, Colin et Chloé, ont aussi un rôle à jouer : « Les souris de la cuisine aimaient danser au son des chocs des rayons de soleil sur les robinets… »

Esquisses et doubles pages

Centenaire oblige, l’aube de ce printemps 2020 marque une accélération des célébrations de l’écrivain et de son œuvre. L’édition et la BD en particulier ont déjà pris leurs marques avec la publication de plusieurs albums. Mais celui des frères Brizzi est sans doute à la fois le plus abouti et le plus respectueux du monde imaginé par Boris Vian. Des esquisses et des planches très élaborées alternent, parfois pleine page ou double page, apportant au texte une belle ampleur, chambres d’écho au service des métaphores.

A sa publication, en 1947, le roman fit un bide. Il fallut attendre les années soixante pour que de nouvelles générations de lecteurs s’en emparent et fassent de L’écume des jours ce qu’on appelle aujourd’hui un roman culte. Que cette BD le devienne aussi, c’est bien là tout ce qu’on peut lui souhaiter…

Article posté le samedi 14 mars 2020 par Jean-Michel Gouin

L'écume des jours de Boris Vian de Gaetan et Paul Brizzi (Futuropolis)
  •  L’écume des jours
  •  Auteur : Paul et Gaëtan Brizzi
  • Editeur : Futuropolis
  •  Prix : 29 €
  •  Parution  : Mars 2020
  • ISBN : 978-2-7548-2910-6

Résumé de l’éditeur : Colin, jeune homme, sympathique et un peu désoeuvré rencontre Chloé. Ils tombent amoureux, nagent dans le bonheur et bientôt se marient et partent en voyage, sous le regard de leurs autres amis, Chick (un chic type), Alise, Nicolas et Isis. Mais le bonheur ne dure pas.
Hélas un jour, Chloé se sent mal. Le docteur Mangemanche diagnostique la maladie : un nénuphar pousse dans son poumon. Pour guérir la douce Chloé, Colin devra trouver des milliers de fleurs. Que peut l’argent face au destin ?
Candidats au bonheur, les deux héros, au printemps de leur vie, sont en fait condamnés au malheur. Et leurs deux amis, Chick et Alise, aussi, parallèlement. L’idylle finit en tragédie.

À propos de l'auteur de cet article

Jean-Michel Gouin

Passionné par l'écrit, notamment l'histoire, la littérature policière et la bande dessinée, Jean-Michel Gouin est journaliste à Poitiers.

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