Un groupe d’amies quinquagénaires se soutiennent dans les bons comme dans les mauvais moments. Yeong-shin Ma raconte leurs histoires un peu trash dans Les daronnes, un recueil drôle publié par les éditions Atrabile. Réjouissant !
Seule depuis dix ans
Ça fait maintenant dix ans que So-yeong Lee est seule. Dix ans qu’elle a divorcé de son mari. Un époux joueur et coureur de jupons.
Alors que leurs deux familles se connaissaient, la jeune femme fut promise au mariage avec le jeune homme. Tout cela s’accéléra dès leur premier rendez-vous : un premier enfant, puis deux, puis trois. La vie était très difficile mais cela était agréable parce que le couple s’aimait.
Une vie à rembourser des dettes
Mais leur vie bascule lorsque le mari commence à jouer à des jeux d’argent. Les dettes s’accumulent. Pas le choix pour So-yeong Lee : elle doit trouver une autre travail pour rembourser. Elle est donc femme de ménage et donne du temps dans la cuisine d’un karaoké.
Pire, son époux la trompe. Alors, elle décide d’en faire autant avec un homme très gentil pendant six années. Vient alors le divorce et la fin du cauchemar.
Bande de copines
Après avoir quitté son mari, So-yeong Lee se met en couple cinq ans avec un homme alcoolique, plutôt gentil mais violent. Un compagnon pas fidèle non plus. Bref encore des galère pour cette femme dévouée.
Pire, son fils est un vrai Tanguy, qui ne travaille pas, ne fait rien de ses journées et ne l’aide jamais à la maison.
Pour oublier ses soucis, So-yeong Lee sort souvent avec ses trois amies : Kyeong-a la capricieuse, Myeong-ok la cougar et Yeon-soon la cuisinière. A elles quatre, elle forment une bande de copines se soutenant dans les bons comme dans les mauvais moments…
Les daronnes, bande de quinqua n’ayant pas froid aux yeux
Publié en Corée du Sud en 2015 aux éditions Lezhin, Les daronnes est un manhwa sympa et drôle de Yeong-shin Ma. Le mangaka nous relate les histoires d’une bande d’amies quinquagénaires avec un côté franc et un peu trash. Oui, c’est amusant pourtant la vie de la principale protagoniste So-yeong Lee n’est pas des plus roses.
Elle n’a pas eu une vie facile. Elle n’est jamais tombée sur des hommes simples. Avec leurs addictions (alcool, jeux…), elle n’a jamais pu vivre sereinement. Ce portrait un peu sombre de cette femme désenchantée est mis en parallèle avec cette envie de changement. Alors, elle tente de vivre et de rattraper le temps perdu.
Une mère écrivaine
Yeong-shin Ma, l’auteur du manhwa (manga de Corée du Sud), vécut seul avant ses trente ans. C’est dans cette période qu’il découvre que les tâches ménagères, c’est dur et il n’aime pas.
Comme il l’explique dans la postface, le mangaka voulut écrire une histoire sur sa mère. Pour cela, il décide de lui donner un cahier où elle pourrait raconter de tranches de vie. Entre récit épistolaire à son fils et histoires de vie, elle relate ce dont elle a envie, souvent sans cohérence entre les mini-récits.
Avec ce matériel précieux, Yeong-shin Ma décline Les daronnes. Pourtant, c’est bien sa mère qui est écrivaine. Elle n’est là que pour structurer ses mots. Cela donne donc un livre extrêmement vivant et très drôle. Entre amour pour ses fils, hommes passant dans sa vie et trois copines tellement fidèles en amitié. Ce recueil a obtenu le Harvey Award du meilleur livre étranger en 2021.
- Les daronnes
- Auteur : Yeong-shin Ma
- Traductrice : Hyonhee Lee
- Éditeur : Atrabile
- Prix : 25 €
- Parution : 03 février 2023
- ISBN : 9782889231249
Résumé de l’éditeur : Yeon-lee et ses amies forment un groupe de quinquagénaires pour lesquelles la vie n’a pas toujours été une partie de plaisir. Mère de trois enfants, désormais célibataire, employée dans un société de nettoyage, Yeon-lee jongle comme elle peut avec les aléas du quotidien: un fils glandeur peu pressé de quitter le giron maternel, un patron adepte du mobbing et farouchement opposé à la création d’un syndicat, un amant instable, coureur de jupon et accro à la bouteille… Dans l’entourage de Yeon-lee, les choses ne sont pas beaucoup plus reluisantes, et toutes ses camarades se démènent dans des relations et des histoires «d’amour» aussi périlleuses qu’insécures: queutards pervers, chef libidineux, amants manipulateurs, bref, un florilège de personnages toxiques et désespérants. C’est en se basant sur les confessions de sa mère (à laquelle l’auteur a confié un beau carnet pour que celle-ci y décrive, sous la forme d’un journal intime, sa vie, ses amies et ses histoires d’amour) que Yeong-shin Ma a réalisé Les Daronnes, et ce qui aurait pu virer au témoignage sordide et pathétique est transformé ici en une comédie échevelée, certes un peu trash, mais dénuée de mépris pour ses personnages. Car ces daronnes sont incroyablement déterminées, et malgré leurs origines modestes, malgré les accidents de la vie qui jalonnent leur parcours, elles font face à l’adversité et se relèvent sans cesse, portées par une volonté de s’en sortir et de trouver leur propre version du bonheur. La vie et les rêves ne s’éteignent pas passés cinquante ans, c’est peut-être même là qu’ils commencent, semble nous dire Yeong-shin Ma à travers Les Daronnes, et une fois le livre refermé, on a toutes les raisons de le croire.
À propos de l'auteur de cet article
Damien Canteau
Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une vingtaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée). Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip.
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