Après son envoutante série policière aux frontières du réel Saint-Elme, Serge Lehmann nous plonge à nouveau dans une histoire dont lui seul à la secret. Avec Les Navigateurs, l’auteur met le cap sur un univers éclectique aux références artistiques multiples. Décryptage.
Clamart, sa rue du Panorama et son trio… pardon son quatuor !
A la base, ils sont trois : Max Faubert, Arthur Morgue et Sébastien Vichinsky, la bande du Panorama, vivant à Clamart, ville du sud est de Paris. Un trio inséparable devenu quatuor avec la mystérieuse Neige Agopian. C’était en 1988.
22 ans plus tard, celle qui avait disparu des radars refait surface : après un épisode londonien conséquent, Neige est de retour à Clamart. Et a tôt fait d’inviter ses vieux potos pour l’apéro !
Elle a réinvesti la maison de ses parents et fait une étrange découverte. A l’étage de celle-ci, en enlevant la tapisserie, une étrange fresque est apparue signée d’un artiste tout aussi inconnu, Ferdinand Krebs.
Le lendemain, Max, intrigué, effectue quelques recherches et décide d’en parler immédiatement à Neige. Mais à peine arrive-t-il chez elle qu’un hurlement strident, inhumain, retenti, laissant à peine le temps à Max d’observer une ombre ressemblant à une araignée se détacher à la fenêtre du premier étage. L’instant d’après, Neige avait disparu…
Les navigateurs : Une mythologie Made In Serge Lehman
On connait l’amour de Serge Lehman pour les légendes urbaines et l’étrange. L’homme gribouillé avait déjà annoncé la couleur mais c’est surtout Saint-Elme avec Frederik Peeters au dessin, toujours aux éditions Delcourt qui a confirmé le talent du duo à naviguer en eaux troubles.
Changement de dessinateur ici mais la qualité est de nouveau au rendez-vous : le noir et blanc de Stéphane De Caneva captive et sert efficacement le scénario de Lehman pour qui mêler légendes urbaines et faits authentiques n’est plus à démontrer.
Le créateur de La Brigade Chimérique n’a en effet pas son pareil pour donner naissance à toute une mythologie (La Tête, Caquemare la grande Aragne, la Bête Lune, etc.) puisant son inspiration dans le Paris de la belle époque et son milieu artistique – et symboliste !- foisonnant. Même si Toulouse-Lautrec n’est pas convoqué, Odilon Redon (et ses étranges gravures) l’est tout comme Jean Cocteau donnant une forme de crédibilité certaine à l’histoire. Le tout renforcé par le rôle séculaire – et authentique ! – joué par la brigade fluviale de Paris.
La vérité est ailleurs…
Et puis, il y a cette science de la narration. Serge Lehman nous embarque dans une aventure singulière laissant libre court à une imagination débridée où les réalités s’entremêlent. Un peu comme Alice pénétrant dans le terrier du Lapin Blanc, les auteurs nous incitent à regarder au delà des apparences et à discerner ce qui se cache derrière le miroir. Et c’est palpitant de bout en bout ! Construit comme un jeu de pistes, Les Navigateurs nous transporte dans un inconnu romantique et poisseux à la fois nous donnant l’envie de croire à cette dimension cachée du commun des mortels.
Un énorme coup de cœur.
- Les Navigateurs
- Scénariste: Serge Lehman
- Dessinateur : Stéphane de Caneva
- Éditeur : Delcourt
- Prix : 26,99 €
- Sortie : 02 octobre 2024
- Pagination : 208 pages
- ISBN : 9782413049944
Résumé de l’éditeur : Dans un récit profondément intime et émouvant, Alix Garin nous raconte son voyage libérateur à travers les méandres des troubles de la sexualité. Comment le combat pour reprendre possession de son corps, de son désir et sauver son couple se transforme en une quête émouvante de guérison, d’émancipation et d’amour.
À travers des hauts et des bas, des échecs et des victoires, elle explore les profondeurs de sa psyché, les liens entre le physique et le mental et la complexité de la sexualité. Avec courage et honnêteté, Alix livre un témoignage sincère, beau et bouleversant sur les difficultés liées à la sexualité, encore trop méconnues et souvent taboues.