L’homme au landau

Lob, qui a concocté des scénarios sur mesure pour beaucoup de dessinateurs : avec Gotlib, Superdupont, avec Pichard, Blanche-Epiphanie, avec Rochette, Tranceperceneige est un des auteurs majeurs des années 70/80. Publiée la première fois en 1977 par les éditions du Fromage (collection Echo des Savanes) puis par Futuropolis en 1984, les éditions Cornelius rééditent aujourd’hui L’homme au landau, une compilation d’histoire où Lob est à la fois conteur ET dessinateur.

JACQUES LOB ET LES FEMMES

Dans la première histoire éponyme de l’album, Lob se met en scène sous  les traits d’un petit homme laid et sournois qui vit dans une poussette pour mieux attirer à lui les femmes qu’il apitoie par sa condition très modeste. Il va transformer ces femmes-mères en maitresse soumise à tous ses fantasmes jusqu’à ce que l’ennui le pousse à attirer une autre proie. Ne rêve t il pas d’être un super héros qui attrape les femmes au lasso pour en faire un attelage de femmes harnachées ? Latex quand tu nous tiens !!!

Batmax, petit personnage (encore une fois avec la tête de Lob)  élimine les soupirants de sa mère par jalousie dans une parodie de justice. Batmax se présente  encore en super héros  ou plus justement un prétexte de l’auteur pour rendre un hommage à la beauté de sa mère et à l’amour  Oedipien.

Le drolatique Bwana  élevé par des écureuils  dans une forêt de la Creuse est un pastiche bienveillant d’un Tarzan black roi de la basse cour chez les bouseux blancs. L‘histoire à l’envers… Servi pas un dessin typé « jeunesse », le récit est bien moins enfantin qu’il n’y parait.

Lob de la jungle, Lob rend  un vibrant hommage aux héros des magazines et du cinéma de son enfance, Le Fantôme du Bengale, Laurel et Hardy, Guy l’Eclair, Philip Marlowe. On y découvre le malaise du petit Jacques qui s’identifie à ses héros mais qui est obligé d’en changer  pour pouvoir continuer à rêver.

Les Aventures de Roger Frigant, permet à Lob de passer du fantastique à la SF pure dans une histoire mêlant sans complexe les univers de La marque jaune, de Meteor et Guy l’Eclair.

NEUF TRÈS BELLES HISTOIRES FANTASMAGORIQUES

En tout neufs histoires fantasmagoriques dont le fil conducteur reste la femme fragile et soumise qui ne dédaigne pas répondre positivement aux fantasmes masculins. Ode à la femme dans ces transpositions de l enfance, du rapport à la mère. L’auteur maitrise parfaitement son sujet sans jamais basculer dans la vulgarité malgré la représentation qu’il donne de la condition des femmes.

Lob met en avant toutes ses sources d’inspiration sans jamais les renier  et la préface de Jean-Pierre Mercier permet d’éclairer parfaitement la lecture de ce recueil.

Alors, autobiographie, autodérision ou auto-psychanalyse ? A vous, lecteurs, de juger !

Article posté le jeudi 27 août 2015 par Thierry Guichard

  • L’homme au landau et autres histoires
  • Auteur : Jacques Lob
  • Editeur : Cornélius
  • Prix : 22.50€
  • Parution : 27 août 2015

Résumé de l’éditeur : Né en 1932, Jacques Lob se lance dans une carrière de dessinateur en 1956, sans avoir fait d’études. Il vivote de petits boulots alimentaires et vend dessins d’humour ou de science-fiction. En 1960, il est de la première équipe de HaraKiri. Sur les conseils de Remo Forlani il va voir Jean-Michel Charlier, de Pilote, qui le pousse à se consacrer au scénario. Lob collabore à Pilote jusqu’en 1988, mais aussi à Vaillant, Tintin et Spirou, où il scénarise deux aventures de Jerry Spring pour Jijé. C’est en travaillant pour Chouchou de Daniel Filipacchi, qu’il rencontre Georges Pichard, avec qui il réalise, de 1969 à )985, un pastiche de roman populaire, Blanche Epiphanie. Son nom figure au sommaire de toutes I~s revues dites adultes, de Charlie Mensuel à L’Echo des Savanes, en passant par Métal Hurlant, Circus ou Fluide Glacial. Il y scénarise pour Mandryka, Daniel Goossens, Ted Benoît, Jean-Claude Forest et bien d’autres. En 1972, il crée, avec Marcel Gotlib, le personnage de Superdupont. Puis il écrit, pour Alexis, Le Transperceneige, histoire d’un « train perpétuel» traversant un monde figé sous une carapace de glace. Lob revient au dessin, parodiant science-fiction et super-héros avec L’Homme au landau (197), Roger Fringant (1976) et Batmax (1981). En 1986, le Grand Prix de la ville d’Angoulême salue ce scénariste polyvalent et prolifique. Jacques Lob meurt en 1990. Depuis 2004, un prix portant son nom récompense un scénariste de bande dessinée pour l’ensemble de son oeuvre.

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Thierry Guichard

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