Dans L’intranquille Monsieur Pessoa, paru le 20 septembre chez Dargaud, Nicolas Barral nous emmène sur les traces du poète portugais Fernando Pessoa. On découvre une vie de reclus dédiée à l’écriture. C’est la vie d’un homme qui n’obtiendra la reconnaissance que longtemps après sa mort. Touchant et poétique.
Enquête pour une nécrologie
Lisbonne, 1935.
« Ne tardez pas si vous avez des dispositions à prendre ». C’est avec ces mots en tête que Fernando Pessoa quitte le cabinet de son médecin. Il va mourir et ça ne tarde pas à se savoir. A la rédaction du Diario de Lisboa, on convoque le jeune pigiste et écrivain en herbe Simao Cerdeira. A lui le soin de préparer à l’avance la nécrologie d’un poète dont il ne sait presque rien. Dans un premier temps, il commence à interroger ceux qui le connaissent puis à fréquenter les lieux où erre Pessoa, seul le plus souvent.
Enquête sur un poète presque disparu
Après Sur un air de fado, Nicolas Barral nous garde au Portugal pour raconter les derniers jours de l’écrivain portugais Fernando Pessoa. Par le biais de l’enquête d’un jeune journaliste, il retrace quelques épisodes de sa vie. D’abord, on le découvre enfant, alors marqué par les lectures de sa mère et le décès de son père. Il finit par mettre à jour un homme torturé et peu sociable. Loupant ses amitiés et ses amours, ayant vécu en retrait du monde, il n’aura qu’une seule consolation : écrire. Et l’alcool, qui finira par le tuer.
Le double de Nicolas Barral
Le jeune journaliste et aspirant écrivain Simao Cerdeira résonne ici comme le double de Nicolas Barral. En effet, il a du, lui aussi, plonger dans la vie de Pessoa pour mieux l’appréhender, le comprendre. Ainsi, le choix narratif de l’enquête journalistique prend tout son sens. Elle emmène le lecteur à la découverte d’un homme habité d’une certitude : écrire est la preuve que la vie ne suffit pas.
Prolifique et solitaire Monsieur Pessoa
Pauvre, ignoré, il ne fût reconnu post-mortem que grâce aux milliers de manuscrits, écrits par ses nombreux alias comme autant de compagnons de vie. Le dessin doux de Nicolas Barral exprime toute la solitude du poète portugais. Il cherche à mettre en scène la poésie, les émotions, la vie intérieure de Pessoa et y parvient avec une certaine tendresse. N’oublions pas qu’il donne également vie avec les belles couleurs sépia de Marie Barral au Lisbonne de l’entre deux guerres et c’est magnifique !
« N’être qu’un est une prison »
C’est sous de nombreux pseudonymes – les hétéronymes – que Fernando Pessoa a écrit ces milliers de manuscrits trouvés dans une malle. Pessoa est mort d’une cirrhose aiguë à l’âge de 47 ans. Il laisse plus de 30 000 textes qui seront édités peu à peu. Le livre de l’intranquillité, recueil de textes écrits entre 1913 et 1935, ne sera publié qu’en 1982 et va connaître un succès mondial.
L’intranquille Monsieur Pessoa : Un voyage poétique
L’intranquille Monsieur Pessoa un beau voyage que permet Nicolas Barral. Ce très bel album, poétique et mélancolique, m’a fait découvrir Fernando Pessoa que, je méconnaissais totalement. Une très belle découverte !
- L’intranquille monsieur Pessoa
- Auteur : Nicolas Barral
- Éditeur : Dargaud
- Date de publication : 20 septembre 2024
- Nombre de pages : 136
- Prix : 25€
- ISBN : 9782205206142
Résumé de l’éditeur : Novembre 1935. Pessoa vit ses derniers jours. Simão Cerdeira, jeune pigiste au Díario de Lisboa, est chargé de rédiger la nécrologie de cet écrivain dont il ignore tout. L’apprenti journaliste va méticuleusement remonter la piste, interrogeant les principaux témoins de l’existence de ce personnage énigmatique. En parallèle, Pessoa prépare sa sortie. Aura-t-il le temps d’achever ce « Livre de l’inquiétude », basé sur les confidences de son ami Bernardo Soares et qui lui tient tant à coeur ?
À propos de l'auteur de cet article
Jean-François Mariet
De mes premières lectures avec Tif et Tondu à aujourd'hui, j'ai toujours lu de la bande dessinée. Très attiré par le noir et le polar, je lisde tout et je tente d'élargir mes horizons de lecteur avec de plus en plus de comics.
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