Mikaël ou le mythe de l’homme des bois

Garde-forestier original, Mikaël veille avec passion et bienveillance sur les arbres et les animaux qui peuplent la forêt. Entre un passé qui refait surface et des relations pas toujours simples avec le monde extérieur et les animaux, Fabien Grolleau imagine Mikaël ou le mythe de l’homme des bois, un joli roman graphique onirique aux éditions 6 pieds sous terre.

PROFESSION GARDE-FORESTIER

Aux portes de la forêt noire. Comme tous les matins, Mikaël tente de se réveiller en douceur pourtant Cocotte, son oiseau apprivoisé, lui rappelle qu’il a du travail : il est garde-forestier et doit veiller sur la tranquillité des lieux.

Original et bienveillant, le quinquagénaire vit en quasi ermite dans une très belle maison en bois dans les arbres. Comme souvent, c’est un étrange rêve – qui le fait souffrir – qui le tire de la torpeur de la nuit.

Après une douche sommaire et un café avalé à la va-vite, il file à toute allure dans la forêt. Il marche, court et vole au-dessus des chemins. Il est alerté par Joggeur, un terrible braconnier qui met en joue Louis, un cerf majestueux. Les deux hommes se connaissent, se détestent et malgré les cris de Mikaël, l’animal est abattu. Le garde-forestier tente de rassurer le vieux cerf dans les derniers instants de sa vie, ils se parlent mais dans un dernier brame, il meurt.

C’est aussi cela la vie de Mikaël, écouter le monde qui l’entoure, lui parler et aider les nombreux animaux de la forêt. Soigneur, sauveur et protecteur, il est tout cela à la fois.

AMITIÉ ET INIMITIÉ

Parfois quand cela ne va pas trop, Mikaël peut aussi compter sur la solide amitié avec Béa et Bruno son mari braconnier. Au milieu des arbres, le couple a élu domicile au calme et invite souvent le garde-forestier à boire un verre et partager un bon repas.

Si beaucoup d’animaux aiment Mikaël parce qu’il est chaleureux avec eux, tous ne sont pas d’accord pour le soutenir. Ils pensent qu’un homme a toujours des mauvais intentions malgré la façade de gentillesse. Il faut souligner que certains se sont montrés désagréable lorsqu’il était plus petit et notamment lorsqu’un jour il s’est perdu dans la forêt. La rancune tenace de l’homme pour un des félins sauvages reste vive.

Le lendemain de la petite soirée avec Bruno et Léa, Mikaël a disparu ! Cocotte prévient son ami…

MIKAEL OU LE MYTHE DE L’HOMME DES BOIS : MYSTICISME ET ONIRISME

254 pages de nature, de forêt, d’arbres, d’animaux et d’Hommes, voilà l’écrin de Mikaël ou le mythe de l’homme des bois. Pourtant, il faut aller au-delà pour gouter tout le sel de l’album imaginé par Fabien Grolleau.

Après les oiseaux dans le merveilleux Audubon, sur les ailes du monde (avec Jérémie Royer, Dargaud), l’auteur complet se perd volontairement au milieu des arbres pour nous interroger sur notre place au milieu de la nature, sur nos relations à la faune et à la flore mais surtout nous questionne sur notre propre histoire, notre passé, notre quête d’identité, le tout dans un grand tout ! Ce qui est agréable c’est que le personnage principal emprunte des chemins de traverse pour comprendre son destin, son passé et son futur.

Avec force onirisme, mélancolie mais avec bienveillance et optimisme, l’auteur de L’écureuil (avec Lou Bonelli et Benjamin Mialet, Sarbacane) réalise un roman graphique intelligent et non manichéen. L’Homme est tiraillé entre son envie de protéger et le braconnage, entre sa surconsommation et ses achats bio mais aussi les animaux qui ne sont pas tous pour faire entrer Mikaël dans leur cercle.

Mikaël ou le mythe de l’homme des bois est donc une très belle quête initiatique, une belle introspection. Le co-fondateur des éditions Vide Cocagne réalise ainsi un album de grande valeur narrative et graphique.

Article posté le mercredi 31 mai 2017 par Damien Canteau

Mikaël ou le mythe de l'homme des bois de Fabien Grolleau (6 pieds sous terre) décrypté par Comixtrip le site BD de référence
  • Mikaël ou le mythe de l’homme des bois
  • Auteur : Fabien Grolleau
  • Éditeur : 6 pieds sous terre
  • Prix : 23€
  • Parution : 13 avril 2017

Résumé de l’éditeur :

Abattu par la mort du grand cerf de la forêt Noire dont il a la responsabilité, Mikaël, un garde-forestier un peu taciturne, décide de démissionner et de disparaître. Il erre dans cette forêt qui l’a vu grandir, à la recherche de ses souvenirs d’adolescence et d’une explication à ses rêves étranges. Suite à sa disparition, c’est l’émoi dans la communauté animalière qui vit dans ces bois. Entre les partisans de Mikaël qui entendent vivre cachés mais en bonne intelligence avec les humains et les autres, qui voient dans les incursions humaines une permanente agression. Tandis que chacun choisit son camp et que monte la tension, Mikaël poursuit son errance dans les endroits les plus reculés de cette immense forêt et va de découverte en découverte. Récit contemplatif de la vie sauvage et des mystiques liées à la nature, Mikaël ou le mythe de l’homme des bois nous plonge tout entier dans la réalité d’une forêt menacée par les activités humaines, ainsi que dans l’esprit, au bord de la folie, d’un homme vivant en retrait de la société et à la recherche de son enfance. – Mikaël est pour ainsi dire né ici, c’est un animal comme nous autres ! Il est des nôtres, que tu le veuilles ou non ! – Des nôtres ? Toi, tu défends les hommes ? Ceux qui arrachent les arbres ? Ceux qui écrasent vos tunnels à mulots ? Ceux qui empoisonnent par milliers ton propre peuple ? Ton Mikaël, c’est le pire : une excuse pour tous les autres. La forêt est la terre des bêtes sauvages. Nul homme n’y sera jamais le bienvenu. C’est comme ça, c’est la règle ancestrale de la forêt noire.

À propos de l'auteur de cet article

Damien Canteau

Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une vingtaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée). Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip.

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