Monarques – Les Corbeaux et les Renards
On connaît la fable, mais ce que tous ignorent,
C’est qu’elle se poursuit, bien des années encore.
Les Corbeaux sont vexés et les Renards fieffés,
Et le Lion lui-même, pourrait être trompé.
Grâce à Guillaume Plassans, à Rom Montalban,
Helvetiq édition nous propose, un moment,
De poursuivre l’histoire, afin de découvrir,
Ce qu’il advint, après, de grave et même pire.
Corbeaux et Renards : vous avez cru que ça s’arrêterait là ?
« Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l’écoute.
Cette leçon vaut bien un fromage sans doute.
Le Corbeau honteux et confus
Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus. »
Y a-t-il seulement cru, notre grand fabuliste,
Que cette sombre histoire eût pu finir ainsi ?
Si on réfléchit bien et qu’on est réaliste,
Quand on est humilié, on réagit. Aussi,
Les Corbeaux courroucés réclament la vengeance,
Et attaquent sitôt les Renards ennemis,
Voulant tous les tuer, les réduire au silence,
Pour enfin soulager cette haine affermie.
C’est normal, les goupils répondent dans le sang.
Griffes et becs sortis, chacun défend son rang.
Une guerre totale éclate alors ci-bas.
Et tous les animaux prennent part au combat.
Chacun choisit son camp, décide de se battre.
Dans ces circonstances, on est bien opiniâtre.
De par sa condition, on défend le goupil,
Ou on prend le parti du sombre volatile.
C’est alors que le Roi, le lion que tous écoutent,
Prend la parole pour mettre fin à la joute.
S’il avait seulement su… On est parfois trahi,
Alors qu’on veut le bien, par ceux qu’on a chéri.
La suite est magistrale, et ainsi je ne veux,
Pas vous la révéler : elle mérite mieux.
Il n’est rien d’inutile aux personnes de sens.
Reprendre La Fontaine est sans doute gageure,
Tant son art était grand, tant son style était pur.
Tout le monde connaît ses fables légendaires,
Et en écrire la suite est bien téméraire.
Là, nous voyons tous bien les Renards, les Corbeaux,
Unis sous de beaux vers avec Lion et Lionceau.
Mais en réalité, si on regarde bien,
Il n’y en a pas tant, de beaux alexandrins
Chez le grand fabuliste. Chez lui, les vers libres,
Rarement réguliers, sont bien à l’équilibre.
Mais alors, mais alors… À y bien réfléchir,
Ce n’est pas une fable que l’on voit surgir
Sous la plume virtuose de maître Plassans !
En cinq actes mêlée, avec dramaturgie,
Là, point de fabliau, mais une tragédie !
Mais pas d’inquiétude, loin des lourdeurs pompeuses,
Le style reste fluide et les rimes heureuses.
Ainsi finalement, bien vite l’on oublie
Que nous lisons des vers qui ont été polis.
Mais j’en entends déjà, disant que la bd
N’est pas qu’un simple texte, quoiqu’il fut rimé.
Hé bien ils ont raison ! Et ils seront contents
De voir tout le talent de maître Montalban.
Les Corbeaux et les Renards : Deux sûretés valent mieux qu’une.
Adepte du fusain, il est un vrai virtuose
Pour donner vie aux bêtes. En état de cause,
Son dessin majestueux accompagne à merveille
La noble narration qui sonne à nos oreilles.
Tout de noir et de blanc, son trait subtil et fier
Vise avant tout à faire naître une atmosphère.
Ainsi une couleur, une seule par acte,
Vient porter cohérence et donner de l’impact.
Sépia au tout début, elle va évoluer
Vers un bleu inquiétant, pour finalement se muer
En un rouge sanglant, symbole de la chute.
Car dans le cas présent, on aimerait, on scrute
Une belle fin heureuse. Alors on se dit :
Tout ça pour un fromage, cher payé pardi.
Envoi.
Il arrive parfois qu’on ouvre une bd
Et qu’immédiatement, on se fasse une idée.
On est alors conquis dès la première page
Et on suit la lecture, ravi et sans ambages.
Avec Monarques – Les Corbeaux et les Renards
On trouve ce plaisir, on reconnaît cet art.
- Monarques – Les Corbeaux et les Renards
- Scénariste : Guillaume Plassans
- Dessinateur : Rom Montalban
- Editeur : Helvetiq
- Prix : 24,9 €
- Sortie : 17 octobre 2024
- Pagination : 176 pages
- ISBN : 9782889770144
Résumé de l’éditeur : Les Corbeaux et les Renards – Plusieurs années après l’histoire du fromage contée dans la célèbre fable de Jean de La Fontaine, le monde des animaux est le théâtre d’une guerre de plus en plus brutale entre les corbeaux et les renards.
À propos de l'auteur de cet article
Victor Benelbaz
Tombé dans la marmite de la bande dessinée depuis tout petit, Victor est un vrai amateur éclairé. Comics ou récits jeunesse sont les deux genres préférés de ce professeur de français.
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