Murder Falcon

Des monstres gigantesques qui rappellent les Kaijus japonais, du hard rock écouté avec l’ampli qui va jusqu’à 11 et un guerrier faucon humanoïde portant un bandeau rouge et un bras en métal…

Difficile d’imaginer quel son va ressortir si on joue de tous ces instruments en même temps.

Harmonie ou cacophonie ? Pour le savoir, suivons la partition que nous présente Daniel Warren Johnson dans Murder Falcon, paru aux éditions Delcourt.

NOTHING ELSE MATTERS.

Depuis que Jake a touché le fond, il ne s’est jamais réellement relevé.

Il vit seul, évite depuis longtemps les anciens membres de son groupe, et la musique, ou plutôt le Hard Rock, qui était sa raison de vivre lui est désormais étrangère, à l’image de sa guitare qui gît, cassée dans un coin de son salon.

Mais comme bien souvent, c’est quand on n’attend plus rien que tout arrive.

Pour Jake, ça commence par une sorte d’araignée géante, verdâtre et violacée qui, surgissant d’une pièce sombre de son appartement, tente de le tuer ; il s’agit en fait d’un maléfique Veldar.

METAL GODS.

C’est alors que, dans un éclair bleuté, apparaît un faucon géant humanoïde. Son torse nu permet d’admirer sa musculature spectaculaire et son bras mécanique surpuissant ; le bandeau rouge qui lui ceint le front flotte dans le vent.

Ce n’est autre que Murder Falcon, un guerrier redoutable qui puise sa force hors du commun dans les airs de guitare saturés de distorsion.

Jake trouvera-t-il les ressources nécessaires pour se saisir à nouveau de sa guitare électrique ? Rien n’est moins sûr, mais ce qui est certain, c’est que ce n’est qu’ainsi qu’il pourra donner à Murder Falcon la force de vaincre les terribles Veldar et leur maître sanguinaire Magnum Khaos !

Death Metal, Heavy Metal, Trash Metal, il faudra recourir à tous les types de Hard Rock pour mener à bien la mission et sauver la Terre. Et si ce n’est pas suffisant, peut-être même faudra-t-il reformer le groupe de Jake : Brooticus.

Le ton général semble être donné et pourrait ressembler à l’exutoire d’un fan de Hard Rock en mal d’inspiration…

Mais alors, pourquoi ces flash-backs aussi inquiétants et mystérieux pour le lecteur ?

Et surtout, pourquoi cette mélancolie qui se dégage de chaque page ?

FEAR OF THE DARK.

En réalité, c’est derrière ces questions que se trouve la principale qualité et même le génie de cette œuvre hors du commun.

Derrière les riffs surpuissants joués par Jake, se cache une douce mélodie mélancolique qui nous touche en plein cœur si on se donne la peine de l’écouter.

Le fait est que dans Murder falcon, sous de faux airs de jeu vidéo des années 80, Daniel Warren Johnson aborde des sujets bien plus graves et profonds. Et il n’est pas nécessaire de dévoiler la fin pour souligner et saluer une écriture bien plus subtile et élaborée qu’il n’y paraît.

Le scénariste le reconnaît avec une certaine pudeur dans une courte postface, la musique, surtout le Hard Rock, l’a aidé à des moments difficiles de sa vie, lui apportant un réconfort nécessaire, une sorte d’échappatoire.

L’histoire de Jake, c’est ça en réalité : un chant du cygne accompagné de solos de guitare électrique, et qui, comme toujours lorsqu’on écoute du Hard Rock, doit se finit avec un nœud dans le ventre en compagnie de Ronnie James Dio.

À TOUT LE MONDE.

Alors bien entendu, on pourrait se dire que lorsqu’on n’est pas adepte de Heavy Metal et que la virtuosité des Guitar heroes nous laisse de marbre, Murder Falcon n’est pas fait pour nous.

Là encore, il n’en est rien, car Daniel Warren Johnson prend le temps d’introduire et d’utiliser des styles musicaux qu’on pourrait croire incompatibles avec le Hard Rock.

Ainsi, c’est lorsqu’on voit apparaître un orchestre symphonique qu’on réalise que pour l’auteur, la virtuosité d’un premier violon dégage autant de puissance qu’une guitare électrique, à partir du moment où elle trouve écho au plus profond de notre être.

Avec Murder Falcon, Daniel Warren Johnson écrit une très grande œuvre, subtile et d’autant plus touchante qu’on ne l’a pas vue venir… Mais ne vous trompez pas, sous ses airs caricaturaux, c’est une ode à la musique en général qu’écrit là le scénariste Extremity car on ne le dit pas assez : qu’importe le falcon pourvu qu’on ait l’ivresse !

Article posté le dimanche 11 octobre 2020 par Victor Benelbaz

Murder Falcon de Daniel Warren Johnson (Delcourt)
  • Murder Falcon
  • Auteur : Daniel Warren Johnson
  • Éditeur : Delcourt
  • Prix : 17.50 €
  • Parution : 09 septembre 2020
  • ISBN : 9782413027089

Résumé de l’éditeur : Le monde est menacé par une attaque de monstres, et la vie de Jack part en vrille : son groupe de rock est dissout, il n’a pas de nana et encore moins de futur. Mais ça, c’est jusqu’à ce qu’il rencontre Murder Falcon, envoyé du Heavy Metal afin d’anéantir le mal. Mais il ne peut pas le faire sans l’aide de Jack qui déclenche ses pouvoirs avec ses accords de guitare.

À propos de l'auteur de cet article

Victor Benelbaz

Tombé dans la marmite de la bande dessinée depuis tout petit, Victor est un vrai amateur éclairé. Comics ou récits jeunesse sont les deux genres préférés de ce professeur de français.

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