Nautilus T1 – Le Théâtre des Ombres

Nautilus est un cross-over entre les univers de Kipling (Kim) et Jules Verne (Nemo) c’est le pari étonnant, mené tambour battant de Mathieu Mariolle et Guénaël Grabowski.

1899, Bombay, en plein Raj (territoire colonial britannique des Indes)

Le Maître espion Kimball O’Hara, métisse indien-britannique est sur les traces du concierge du consulat russe. Il se grime en simple mendiant et bouscule le sieur. Ce dernier, croyant avoir été repéré, n’hésite pas à abattre froidement un petit indien des rues…

Un peu plus tard, Kim a revêtu une tenue plus classique pour se rendre à une grande réception. Tout le gratin international se retrouve sur un paquebot, en l’honneur du vice-roi. Mais Kim est là, car il a repéré son homme, qui doit retrouver sa source. C’est l’occasion pour Kim de découvrir son identité.

S’enfonçant dans les entrailles du navire, Kim approche de son but, mais il est surpris par l’arrivée d’une torpille sous-marine qui enfonce la coque et provoque stupeur et mort….

Nouveau duo

Mathieu Mariolle est un scénariste qui s’exprime dans des univers variés, du récit intimiste et jazzy Blue Note, en passant par la fantasy girly Alta Donna, le polar fantastique Smoke City, comme l’aventure fantastique Kriss de Valnor.

Pour cette nouvelle série en trois tomes, il collabore avec le jeune dessinateur Guénaël Grabowski, qu’il a repéré lors de ses études à l’école de dessin Pivaut de Nantes. Ce dernier a poursuivi sa formation avec Thimothée Montaigne, qui lui a offert de dessiner le second tome de Malicorne. Malheureusement, pour cause de dépôt de bilan de l’éditeur, ce tome n’a pas vu le jour. Nautilus est donc son première album dessiné en solo.

Nautilus : cross-over référencé

Sur la trilogie Nautilus, Mathieu Mariolle crée un cross-over entre deux univers littéraires qu’il aime particulièrement.

Il reprend le personnage de Kimball O’Hara (apparu dans Kim de l’écrivain anglais Rudyard Kipling en 1900) et son contexte historique, le conflit politique entre Russie et Grande-Bretagne en Asie centrale. Il imagine le futur de ce personnage métisse, perdu entre deux nationalités, qui rencontre le prince indien Nemo (du latin nemo se traduit par « personne »), créé par Jules Verne dans Vingt Mille Lieues sous les mers.

Pour créer la rencontre entre ces deux personnages de fiction littéraire, Mathieu Mariolle jette son héros dans un piège. Accusé à tort d’un attentat meurtrier, il n’a d’autres choix que d’utiliser le sous-marin du commandant Nemo pour récupérer un coffre au fond du port et prouver son innocence. Prenant tous les risques, le voici donc sur les traces du capitaine enfermé dans la pire prison de Russie, surnommée La Maison des Morts

L’aventure, c’est l’aventure

L’histoire est l’occasion d’embarquer avec Kim dans des aventures trépidantes, tout en évoquant les thématiques de l’éducation (Kim espère retrouver son fils) et de la transmission. À la façon d’un James Bond, Kim traverse les frontières, poursuivi par quelques méchants. Sa seule option pour approcher Nemo est de se faire enfermer.

Sous le pinceau souple et dynamique de Guénaël Grabowski, les scènes s’enchaînent avec une belle maîtrise et une étonnante maturité. Seul bémol, une tendance à enchaîner très (trop ?) vite les scènes d’action au détriment de la lisibilité.

À part ça, Guénaël Grabowski compose des personnages expressifs et des décors grandioses. Que ce soit lors d’une course-poursuite sur les toits d’un train en marche, dans une scène d’attentat sur un paquebot ou au fond d’une sombre geôle, son encrage fort et son sens de la mise-en-scène assurent l’immersion.

Ajouter à cet univers fin de siècle un design de sous-marin digne d’un vaisseau spatial, et vous aurez une petite idée de l’aventure haletante qui vous attend.

Alors, prêt pour embarquer de l’Inde jusqu’au lac glacé Balkahch ?

Article posté le dimanche 30 mai 2021 par jacques

Nautilus de Mariolle et Grabowski (Glénat)
  • Nautilus 1 – Le théâtre des ombres
  • Scénariste : Matthieu Mariolle
  • Dessinateur : Guenael Grabowski
  • Editeur : Glénat
  • Prix : 15 €
  • Parution : 19 mai 2021
  • ISBN : 9782344023259

Résumé de l’éditeur : Si Jules Verne avait écrit James Bond… D’origine irlandaise, mais élevé en Inde avant de devenir le protégé d’un colonel de la couronne, Kimball O’Hara est un agent des services secrets britanniques de la fin du XIXe siècle. Son intelligence, son excellente condition physique et sa droiture morale font de lui un élément précieux. Mais un soir de l’année 1899 à Bombay, son destin est bouleversé… La filature d’un agent russe le mène sur un paquebot du gouvernement anglais en pleine fête officielle quand une bombe y explose soudainement, brisant la coque du navire et tuant bon nombre des hauts-dignitaires présents. On crie à l’attentat et un coupable tout désignés’impose aux yeux de tous : Kimball O’Hara. Pour prouver son innocence, désamorcer les tensions diplomatiques et espérer un jour revoir son fils, Kim va devoir récupérer des documents secrets restés dans l’épave du bateau tombée au fond de la baie. Malheureusement, aucun homme n’est capable de s’enfoncer aussi profondément dans les fonds marins. Aucun, sauf peut-être un seul ! Il y a dix ans, il a disparu de la surface de la Terre, mais la rumeur le dit prisonnier des Russes, coincé dans une forteresse inaccessible au milieu d’un désert de glace sibérien. Cet homme, c’est le capitaine Némo. Fuyant les autorités indiennes, Kim se met en quête de ce personnage légendaire à qui appartient le sous-marin le plus performant de tous les temps : le Nautilus… Course poursuite à l’échelle planétaire, Nautilus est un récit d’action, d’espionnage et d’aventure riche en personnages complexes, situations inextricables et scènes spectaculaires. Quand la mort peut survenir à tout instant et que la tension est à son comble en toutes circonstances, il y a trois solutions : la ruse, la fuite ou la violence… Pour célébrer la parution de cette nouvelle série au dessin d’une maîtrise impressionnante, retrouvez en fin d’ouvrage un cahier graphique exclusivement réservé à la première édition.

À propos de l'auteur de cet article

jacques

Designer Digital, je lis et collectionne les BD depuis belle lurette. Ex Rédacteur en chef d’Un Amour de BD, j’aime partager ma passion pour ce média, et faire découvrir les pépites que je croise. Passionné par la narration sous toutes ses formes, je suis persuadé qu’une bonne BD a autant de qualités qu’un autre produit culturel (film, livre, disque…) et me fais fort de vous l’expliquer.

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