Boulet continue de recycler son célèbre blog BD en version papier, et nous on continue de se marrer à le lire. Le tome 9, « Peu d’Or et Moult Gueule », vient de sortir.
Ceux qui connaissent Boulet, ceux qui ont lu son blog, ceux qui ont acheté les huit premiers tomes papiers qui en ont été tirés, ceux-là n’attendront pas cette critique pour aller acheter le neuvième, qui reste du même tonneau que les autres: des historiettes geeko-mignonettes, un trait super-efficace, un humour qui n’a plus rien à prouver, et quelques expérimentations graphico-narratives rafraichissantes de temps à autre. Pour ces habitués, on se contentera d’indiquer que le fil rouge de cet épisode pourrait être titré « des enfants en costume d’adulte », avec un Boulet qui regarde autour de lui et trouve décidément que ce monde est bien trop compliqué.
Pour ceux (les veinards) qui découvrent
Autant s’adresser aux autres, donc, à ces veinards qui, enfin, vont pouvoir découvrir le travail de Boulet. Depuis plus d’une décennie maintenant, Boulet écrit des histoires sur son blog. Des histoires en une case ou en plusieurs longues planches, des histoires du quotidien ou de vaisseaux spatiaux, des histoires philosophico-nostalgiques ou onirico-humoristiques, qu’importe : des histoires, des vraies, des morceaux purs d’imaginaires élevés dans le bon air pollué de Ménilmontant à partir d’expérimentation génétique interdites.
Car si Boulet à autant de succès, c’est peut-être parce qu’il réalise la meilleure synthèse actuelle entre les différentes écoles de la BD des dernières décennies. Il ne fait pas du franco-belge, ou du roman graphique, ou du manga, ou du comics. Il ne cherche pas à entrer dans une file, un héritage, ne cherche pas à s’affranchir à tout prix de ses influences, de ce qui fait qu’il aimait lire des BD quand il était petit, ne cherche pas à courir après ce qui se vend. Non. Boulet dessine simplement ce qu’il aime dessiner, que ce soit un barbare massacrant du dragon ou une scénette du métro parisien. C’est un geek qui réalise ses fantasmes sans se poser trop de questions, et qui assume totalement et à parts égales son amour de Toriyama, des gros monstres et des bars de Paris.
Humour et nostalgie
Le résultat, c’est ce blog, à la fois carnet d’étude, carnet de voyage, carnet d’expérimentations et recueils de nouvelles en BD. On y trouve un peu de tout: beaucoup d’humour, de la tendresse, de la nostalgie, un poil de mélancolie. C’est frais, et toujours très bon. Et pour ceux qui veulent se faire une idée, c’est toujours en ligne en intégralité sur le blog. Dix ans de BD à lire, soit neuf albums qui peu à peu ont rattrapés l’intégralité des archives. Ce dernier volet couvre la période juillet 2011-juillet 2013. Et on attends déjà le dixième, qui sortira bien un jour… Avec peut-être, avec de la chance, un autre album très attendu avant cela?
- Notes 09. Peu d’or et moult gueule
- Date de parution: 13 novembre 2014
- Auteur: Boulet
- Editeur: Delcourt
- Collection: Shampooing
- Résumé de l’éditeur: Apprendre par soi-même, abandonner ses jouets d’enfant pour adopter les codes des grands, découvrir que les figures d' »autorité » (policiers, prêtres et professeurs) sont plus jeunes que toi… Personnage en plein apprentissage, soumis à des révélations inattendues et quelques galères édifiantes, l' »homo adultus » de Boulet nous guide sur le chemin de la connaissance avec son humour habituel.
Pour en savoir plus
- Notre article sur le blog de Boulet, avec une sélection des meilleurs notes.
- Son Tumblr
- Son Twitter
À propos de l'auteur de cet article
Thierry Soulard
Thierry Soulard est journaliste indépendant, et passionné par les relations entre l'art et les nouvelles technologies. Il a travaillé notamment pour Ouest-France et pour La Nouvelle République du Centre-Ouest, et à vécu en Chine et en Malaisie. De temps en temps il écrit aussi des fictions (et il arrive même qu'elles soient publiés dans Lanfeust Mag, ou dans des anthologies comme "Tombé les voiles", éditions Le Grimoire).
En savoir