Au début des années 90, les Etats-Unis et la France du comic-book connaissent un débat enflammé. Pourquoi le mythique John Byrne a-t-il été remplacé par l’étrange Jae Lee sur la série Namor The Sub-Mariner ? Grâce à Panini Comics et cet Omnibus, il est désormais possible de comprendre cette controverse.
Omnibus Namor the sub-mariner : le pouvoir, de Wall Street à Atlantis
Namor, le prince des mers, est trouvé inconscient entre deux eaux par deux scientifiques. Un biologiste qui découvre que le métabolisme du mutant est perturbé. L’oxygène est un poison pour lui qui peut lui créer des crises de violence. Ainsi soigné, Namor choisit de rester à la surface pour veiller sur Atlantis d’une autre façon : en devenant un capitaine d’industrie qui influe sur la façon dont le monde traite les océans.
On fait le point sur la brique !
Si vous achetez régulièrement du comic-book chez Panini Comics, vous connaissez le format Omnibus. C’est idéal pour faire contrepoids, pour caler une table ou bâtir une muraille de forteresse. Bref, ce sont près de 45 épisodes qui sont compilés en un seul volume. Plusieurs semaines de lecture en vue, donc !
Comment est structuré le livre ? Il propose la série Namor The Sub-Mariner lancée en 1990. Le grand point commun, c’est la présence sur la quasi-totalité des épisodes de l’artiste John Byrne, que ce soit en tant qu’auteur complet ou en tant que simple scénariste. Pendant une bonne partie de la série, celui qui relança Superman dans Man of Steel, développe une nouvelle orientation pour le personnage. Il sera complété au dessin par l’artiste Jae Lee (nous en reparlerons), avant de laisser place à Bob Harras au scénario, une fois son histoire globale terminée.
Omnibus Namor the Sub-Mariner : y’en a marre de faire trempette !
John Byrne arrive donc avec l’étiquette de celui qui a su actualiser le mythe de Superman. Pour un des premiers personnages de l’univers Marvel, créé même avant lui, en 1939, il était donc un auteur idéal. Il apporte donc un nouveau statu quo. Au revoir le Namor colérique, ingérable, celui qui peut ainsi être un antagoniste idéal parce que caricatural. John Byrne nous offre un Namor hautain, sûr de lui, royal, comme il convient ; mais plus posé, plus maîtrisé.
Il faut le choix de délaisser le terrain Atlante pendant un long moment. Pour preuve, l’antagoniste qui sert de fil rouge est issu de l’univers d’Iron Fist, il s’appelle Maître Khan. Le secondaire, Desmond Marrs, vient lui de l’univers d’Iron Man. Le Super-Skrull fait une apparition aussi, depuis la série des Fantastic Four. Autrement dit, John Byrne renouvelle l’univers de Namor tout en le connectant profondément au reste de l’univers Marvel.
Place donc à des enjeux business, d’OPA, de conseils d’administrations… Ennuyeux ? Sûrement pas ! Évidemment, John Byrne a prévu de la bagarre, des montres, des aliens et des « IMPERIUS REX » enflammés ! Et puis il y a le second temps de cette histoire. Celle où Byrne laisse la place de dessinateur à Jae Lee et où il fait évoluer aussi ses histoires.
Jae Lee : l’horreur pour les fans ?
Quand vient le moment pour Byrne de passer le crayon, Marvel choisit un artiste qui n’a produit qu’un seul épisode alors. Le coréen Jae Lee fait donc son apparition dans une série bénéficiant de la visibilité d’un monstre sacré. Et là où John Byrne propose un dessin extrêmement clair, au trait fin, aux trames légères et laissant place à des couleurs lumineuses, Jae Lee offre un trait acéré, qui s’appuie sur des masses de noir intenses, suggérant les formes. Dit autrement, les deux artistes n’ont rien à voir. Et les fans de l’époque clivent. Le courrier des lecteurs de Strange, le magazine qui publiait la série en France, s’en faisait le relais. Et c’est normal. Mais Jae Lee constituait une proposition nouvelle, moderne et audacieuse.
Surtout, son dessin a permis une transition vers un style d’histoire tout à fait différent. Quelque chose de plus horrifique, qui a permis à John Byrne de changer encore l’univers de son personnage, de partir vers le bestial, vers une force animale que rarement le personnage aura connu avec cette intensité. Bob Harras ne s’y est pas trompé, au moment de prendre la suite du scénario. Il a su encore plus exploiter les talents de Jae Lee pour plonger le lecteur dans la peur abyssale, avec des monstres encore plus mémorables qu’ils n’étaient pas pleinement perceptibles. Et pour faire peur, il n’y a rien de mieux que des menaces imparfaitement perçues.
Omnibus Namor the Sub-Mariner : Merci Panini !
Alors oui, on peut toujours pester contre le tarif important des Omnibus. Contre l’épaisseur du livre qui oblige à le manipuler avec précaution. Mais ce format permet de lire de véritables pages d’Histoire du comic-book Marvel et cela reste plus qu’appréciable. Avec Namor the Sub-Mariner, de John Byrne et Jae Lee, c’est un personnage moins connu mais passionnant à découvrir, que nous tenons entre nos mains. Alors merci pour avoir proposé cette série, inédite en français depuis le milieu des années 90.
- Namor The Sub-Mariner
- Collection : Omnibus
- Scénaristes : John Byrne, Bob Harras
- Dessinateurs : John Byrne, Jae Lee, Jimmy Palmiotti, Scott Kolins…
- Éditeur USA : Marvel Comics
- Éditeur France : Panini Comics
- Nombre de pages : 1192
- Prix : 90€
- Dates de publication : 05/06/2024
- ISBN : 9791039124911
Résumé de l’éditeur : Namor affronte un monde encore plus mystérieux et dangereux que les fonds marins : celui des grandes corporations ! Bien décidé à se faire une place dans le monde des affaires de la surface, le Prince des Mers affronte les diaboliques jumeaux Marrs et doit répondre de ses nombreuses attaques sur New York. Il renoue également des alliances avec ses anciens amis des Envahisseurs et doit dénouer le mystère de la résurrection d’Iron Fist ! Et ça n’est que le début ! Au tout début des années 90, John Byrne, l’un des plus légendaires auteurs/dessinateurs de la galaxie Marvel (Alpha Flight, Fantastic Four), s’attelle à l’un des antihéros les plus charismatiques de la Maison des Idées. Tantôt ennemi du monde de la surface, tantôt allié des Avengers, Namor s’élance dans sa propre série. Byrne laisse ensuite la place de dessinateur à un autre grand talent, Jae Lee (Inhumans), tout en continuant à scénariser le titre.