Pepito

Créé en 1951, Pepito est l’œuvre du talentueux auteur italien Luciano Bottaro. En 2012, les éditions Cornélius décident de remettre en lumière les aventures du gentil petit corsaire par des anthologies de grande qualité. Voici la troisième intégrale avec des histoires publiées entre 1960 et 1970. Sublime !

Pépito mi corazón

C’est en 1918 que naît Luciano Bottaro à Rapallo en Italie. Très rapidement et alors âgé de 18 ans, il commence sa carrière de dessinateur pour l’éditeur De Leo. Il imagine alors Aroldo il bucaniere.

Mais, c’est en 1951 que le succès arrive par la création de Pepito. Tout de suite, le gentil petit corsaire avec son chapeau siglé d’une tête de mort est adopté par les Italiens puis le reste de l’Europe.

En France, il est publié par Sagédition qui lui consacre même une revue à son nom à partir de 1954. Des publications en album voient aussi le jour dès 1973 toujours par la même structure éditoriale.

Une maison d’édition pas si sage

Créée en 1939, Sagédition est spécialisée dans les revues en petit format. La maison d’édition française est d’ailleurs l’éditrice exclusive de Superman, Batman et Tarzan pendant de nombreuses années. Son catalogue s’enrichit par la suite de déclinaisons en bande dessinée de séries animées télévisées, notamment Woody Woodpecker, La panthère rose ou Bugs Bunny.

L’arrivée de Pepito est aussi une réussite pour Sagédition. Les jeunes lecteurs adorent ses aventures. Mais la structure éditoriale ne s’embête guère avec les droits des auteurs. Ainsi, sans l’accord de Luciano Bottaro, elle vend les droits d’exploitation. Le petit corsaire se retrouve ainsi sous la coupe du groupe alimentaire industriel Belin. Mais, point de chapeau de pirate ni de bateau, on retrouve Pepito en Mexicain ! Une marque de biscuit lui est même allouée.

L’artiste italien doit croiser le fer avec Danone, propriétaire de Belin, pour pouvoir continuer d’imaginer des aventures de Pepito. La fin de sa vie est consacrée à cette bataille juridique qui le mine profondément. Il réussit néanmoins son entreprise mais ne peut récupérer les droits sur les produits dérivés.

L’école de Rapallo

Comme le souligne Jean-Louis Gauthey dans la préface de cette troisième intégrale, “la Sage ne se caractérise pas par son respect des auteurs.” Comme Sagédition considère Pépito comme sa propriété, elle se met en quête de recruter des dessinateurs pour la revue. Des dessinateurs souvent médiocres.

Alors pour garder le rythme effréné des publications, Luciano Bottaro doit engager des assistants. Surtout qu’en plus de Pepito, l’auteur poursuit ses autres séries publiées par Mondadori. Mieux, il en imagine d’autres comme Whisky et Gogo, Le roi Pique ou encore PonPon et continue aussi son travail pour le magazine Picsou.

Se met en place “l’école de Rapallo”, dans la ville où est né Bottaro. Il y a là Marco de Sogus, Carlo Bracci et Giulio Chierchini. Pepito est alors à son zénith ! Mais qui est-il ?

Qui es-tu Pepito ?

Pepito est un petit garçon tout en rondeur. Il est un corsaire, drôle et sympathique. Dans ses aventures, il est en prise avec Hernandez de la Banane, le gouverneur odieux et pitoyable de l’île Las Ananas. Sur son navire, La cacahouète, il sème la folie, secondé par Ventempoupe, La Merluche et Crochette. Le gentil corsaire et ses amis se battent ainsi contre les injustices mises en place par le gouverneur et ses sbires.

Les éditions Cornélius subliment l’oeuvre humoristique de Bottaro

Après une première anthologie en 2012, une deuxième en 2017, les éditions Cornélius proposent une troisième intégrale en 2024. Les livres sont magnifiques notamment par une jaquette qui se déplie.

Ici, le lecteur retrouve onze histoires publiées dans la revue Pepito et dans Pepito Magazine entre 1960 et 1970.

Dans L’incendie de Las Ananas n’aura pas lieu, Hernandez de la Banane se rêve en Néron. Dans Le gouverneur et son double, Pepito se retrouve sur une île en compagnie du sosie du gouverneur. Herr Prouk vient présenter Brigitte son nouveau canon à sa ventripotence dans Un canon nommé Brigitte. Dans La poudre du pharaon, le gouverneur visite un musée…

Pepito n’a pas pris une ride

Il en va ainsi des onze récits à l’esprit espiègle et drôle. Même sans connaître Pepito, les jeunes lecteurs peuvent se laisser séduire par des aventures loufoques et malines, dans la veine de Popeye. Les situations cocasses se mêlent à des dialogues savoureux et autres jeux de mots, sans compter sur les créatures dotées de paroles.

Le trait tout en rondeur de Bottaro lui permet d’apporter de l’humour à des histoires ultra efficaces. Les thèmes sont universels mais fonctionnent encore aujourd’hui à merveille (amitiés, injustices sociales). On peut donc faire lire Pepito à de jeunes lecteurs parce que les histoires de Pepito ne sont pas datées. Elles semblent intemporelles.

Article posté le mercredi 15 mai 2024 par Damien Canteau

Pepito de Luciano Bottaro (éditions Cornélius)
  • Pepito, tome 3
  • Auteur : Luciano Bottaro
  • Éditeur : Cornélius
  • Collection : Pierre
  • Date de publication : 25 avril 2024
  • Nombre de pages : 256
  • Prix : 26,50€
  • ISBN : 9782360812141

Résumé de l’éditeur : Le port de Rapallo connaît au XVIe siècle les incursions des barbaresques. Il est donc tout naturel que l’univers des marins et des pirates fascine Luciano Bottaro. Pepito naît en 1952. Il est vite adopté par l’éditeur français Sagédition, qui publie à partir de 1954 une revue éponyme. Combattant pour la justice, le corsaire commande le navire La Cacahuète et son équipage de matelots excentriques, amateurs de rhum et de tafia, de ducats et de doublons : le lieutenant Crochette, le Bosco Ventempoupe, La Merluche, Bec-de-Fer, Stockfish… Leurs aventures se déroulent dans des Caraïbes imaginaires, quelque part entre l’île de Pâques et Hispaniola, et plus précisément à Las Ananas, possession du roi Alonzo XXXIV, que dirige sa Ventripotence le gouverneur Hernandez de La Banane. Arborant le Jolly Roger, Pepito se montre fidèle à l’idéal libertaire des gentilshommes de fortune et ridiculise les ineptes représentants de l’autorité, qu’ils soient roi, officiers, nobles, fonctionnaires, médecins ou scientifiques, tous aussi stupides que cupides, à commencer par l’incapable et corrompu gouverneur La Banane. Bottaro donne ici une interprétation souvent ironique, toujours joyeuse et burlesque, proche de la commedia dell’arte, des récits de Stevenson ou de Salgari, et des grands films qu’ils ont inspirés dans les années 1940 et 1950, de Capitaine Blood à L’île au trésor.

À propos de l'auteur de cet article

Damien Canteau

Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une vingtaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée). Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip.

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