Alors qu’elle sort de prison, Perdy tente de retrouver Rose, sa fille qui l’a rejeté. Héroïne hors-norme, cette cow-girl ne se laisse pas marcher sur les pieds. L’américain Kickliy dévoile le premier volume d’un western singulier qui envoie du lourd !
Sortie de taule
Après plusieurs années derrière les barreaux, c’est le grand jour pour Perdy : elle sort de taule ! Son comportement étant exemplaire, elle n’a pas besoin d’aller jusqu’à la fin de sa peine. Cow-girl singulière qui jure à tous les vents, n’a pas froid aux yeux et n’hésite pas à se bagarrer avec les hommes. D’ailleurs, elle a fait son effet dans les geôles de la prison. Tout le monde est tombé sous charme. Etonnant !
A peine dehors, elle se rend chez Micky, le tenancier d’un magasin général, pour récupérer une moitié de carte (un trésor ?). Toujours affublée de sa tenue de bagnarde, elle ne passe pas inaperçue. Elle vole même un cheval en pleine nuit.
Alors qu’elle arrive à l’endroit indiqué par la carte, elle ne retrouve pas son bien parce qu’une maison a été construite sur le lieu même.
Retrouver Rose
Après s’est lavée et mieux habillée, Perdy enfourche un nouveau canasson direction Petiteville où elle compte bien retrouver Pétunia-Rose, sa fille qui l’a rejetée.
Loin de sa mère envahissante, la jeune femme soigne son apparence : bottes, longue robe et chapeau. Elle ne veut pas du tout lui ressembler. Fleuriste de Petiteville, sa boutique a énormément de succès et prospère. Les hommes se pressent pour acheter des fleurs, un prétexte surtout pour la voir.
Comment Rose va-t-elle réagir en voyant revenir Perdy, cette mère indigne qui ne s’est jamais vraiment occupée d’elle ?
Perdy : un western culotté
Loin de la chaleur de l’univers animalier de sa sublime série Musnet (Dargaud) où il disait tout l’amour qu’il avait pour la peinture et Monet, Kickliy prend ses lecteurs à revers avec Perdy, un western culotté ! On est loin du téléfilm La petite maison dans la prairie. Perdy est donc un western à des années-lumière des clichés du Far West hollywoodien.
Le genre étant quasiment patriarcal (en livre, série, roman et bande dessinée) – hormis Calamity Jane ou Mondo Reverso (Le Gouëfflec et Bertail, Fluide Glacial) – voilà le premier effet de l’auteur américain : mettre en lumière, une femme. Cow-girl qui n’a pas sa langue dans sa poche – elle jure tout le temps – qui possède un accent à couper au couteau et très grossier, Perdy n’a peur de personne. Sa personnalité hors-norme, y compris physique, elle en joue pour soumettre tous les hommes qui se dressent sur sa route. Sexe, violence, armes, jurons et rock’n’roll voilà ce que pourrait être sa devise. L’humour est donc omniprésent dans ce premier volet de diptyque par cette personnalité singulière.
Le duo qu’elle forme avec Rose est explosif ! Kickliy imagine à Perdy, une fille, son exact contraire. Rose (elle préfère ce prénom à Pétunia) est élégante, éduquée et aimerait être aimée d’un homme pour vivre le restant de sa vie avec lui.
Une histoire d’une folle liberté
Féministe, Perdy est surtout une histoire d’une folle liberté. Les deux femmes ne veulent pas que les hommes leur dictent leurs lois. Le récit de Kickliy est libre, volubile et virevoltant comme ses deux héroïnes.
Comme le veut son histoire, le dessin de l’auteur américain est lui aussi très lâché, ne se souciant pas de petits détails dans les décors. Il faut être efficace sur les personnages et leurs émotions. Son découpage est vif et ses protagonistes toujours en mouvement.
Perdy : un premier volume original, virevoltant et joyeusement fou ! Un western hors-norme dans tous les sens du terme !

- Perdy, volume 1 : Fleurs, sexe, braquages
- Auteur : Kickliy
- Editeur : Dargaud
- Parution : 24 août 2018
- Prix : 19.99€
- ISBN : 9782205077872
Résumé de l’éditeur : Perdy est une femme forte. Très forte. Elle aime faire deux choses : l’amour et braquer des banques. Sans ordre particulier. À sa sortie de 15 ans de prison, elle a tout perdu, à commencer par sa prime jeunesse. Seule solution : retrouver sa fille, et monter un dernier gros coup avec elle. Mais Rose a refait sa vie, et ne veut pas entendre parler de sa mère. Les relations entre la mère et la fille prennent alors un tour qui ne ressemble pas du tout à un concours de broderie.
À propos de l'auteur de cet article

Damien Canteau
Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une trentaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée) et co-responsable du prix Jeunesse de cette structure. Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip. Damien modère des rencontres avec des autrices et auteurs BD et donne des cours dans le Master BD et participe au projet Prism-BD.
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