Shangri-La Frontier

A l’heure des jeux en Réalité Virtuel, dit VR, Sunraku est un chasseur de « bouse ». Des jeux tellement mal codés qu’ils en deviennent injouables. Il les adore, il y excelle. Puis vient le jour où il se laisse tenter par Shangri-La Frontier. Le meilleur jeu de tous les temps. 

Sunraku, le chasseur de bouse

Il y en a avec des hobbies bizarres. Dans un futur proche où les MMORPG – les jeux massivement multijoueur joué à la première personne – Sunraku, de son pseudonyme, est un chasseur de « bouse« .  Des jeux pourris jusqu’à la moelle, mal codés, complètement bugués. Dotés de scénario digne des plus grands navets, avec des niveaux de difficulté complètement décalqués.

Ces jeux là, Sunraku les aime parce qu’ils nécessitent d’être brillant. Pour battre des boss impossibles à battre, il faut développer des capacités de réflexions, d’analyses, de mouvement complètement inclassables. Chaque bouse est un vrai défi en soit.

A la fin d’une belle « bouse », Sunraku est lessivé. Comme à la fin d’une bonne série addictive, il est hagard. Il ne sait pas sur quel type de jeu enchaîné. Il se laisse alors tenter par Shangri-La Frontier. Un jeu dans le top classement des jeux du siècle. 30 millions de membres, un monstre.

Cela fait une éternité que Sunraku n’a pas joué à un « bon » jeu. Alors il tente, pour changer. A peine entré dans l’univers de Shangri-La Frontier, il tombe sous le charme.

Le jeu frôle la perfection. Son Lore – univers du récit  – est diversifié. Chaque PNJ – personnages non-joueurs – ajuste finement ses dialogues en fonction de la répartie du joueur. Les boss de zone sont compliqués mais jamais imbattables.

Pour un joueur qui reprend goût aux jeux bien conçus, Shangri-La Frontier est un paradis. Un jeu qui le force à se dépasser sans cesse…

Shangri-La Frontier est un onsen.

L’univers médiéval fantastique de Shan-Fron est agréable. Il propose d’emblée un monde riche, des lieux diverses, beaux, laies, paisibles et dangereux. Son système de jeu permet d’y entrer avec souplesse. On se glisse dans Shan-Fron comme dans un bon bain chaud. En plongeant, Sunraku nous emmène avec lui.

A mesure que l’on avance dans ce monde, on se rend un peu plus compte de sa profondeur. Il est si immense que toute une facette du jeu est encore inconnu. Pour tout le monde, Shan-Fron est un mystère.

La manga qui se tient à la Frontière.

Ce manga de Katarina associe très harmonieusement le monde réel où vit – quand même – Rakuro Hizutome, lycéen en première, et les jeux : Faeria Chronicle Online, Berserk Online, Shangri-La Frontier, etc. Autant de jeux que l’on parcours à travers les pages.

Katarina nous immerge dans la culture du gaming. Un gaming du futur, avec la démocratisation absolue du masque VR. Loot, Lore, PNG, Respawn, Débuff. Vous êtes gamer ? Vous connaissez ces barbarismes. Les autres, préparez-vous à engloutir le dico du gaming.

Katarina nous sert le vocabulaire, les façons de penser, calculer, réagir en prenant une multitude de paramètre en compte, sur un plateau d’argent. C’est une plongée totale et délicieuse, que l’on soit joueur ou non.

Sunraku, Le gamer.

Il est très fort. Il se débrouille comme un chef tout en se confrontant à la difficulté du jeu. Ce qui permet d’apprécier la découverte d’un univers au côté d’un personnage qui sait déjà ce qu’il fait.

Sunraku est malin, doté d’un bon esprit d’analyse. C’est un téméraire, addict à l’adrénaline. C’est un jeune homme sûr de lui, plutôt mature avec un potentiel charismatique plutôt élevé. Malgré le masque d’oiseau bleu vif assez ridicule que son personnage porte constamment. Cela ajoute une dose de décomplexion charmante à un personnage sympathique.

On va être honnête.

Cela faisait bien longtemps qu’un récit oscillant entre réalité et fantasy ne m’avait pas grisé comme ça. Shangri-La Frontier est un excellent manga qui regorge de choses encore inconnues. Autant à cause du Jeu Shangri-La Frontier, que des personnages, que le quotidien In Real Life, que l’entreprise du jeu vidéo qui se tient derrière. Shangri-La Frontier est une plongée dans le monde du gaming et par ce choix, Katarina renforce nettement le côté vertigineux du jeu vidéo Shangri-La Frontier.

C’est un puits sans fond d’adrénaline. Si on ne sait pas exactement où Katarina veut nous emmené, on voit nettement qu’il y a quelque chose de plus derrière Shan-Fron. Mais quoi ?

Normal Original

Le graphisme du manga est assez standard. Bien réalisé, lumineux, avec des beaux effets de contraste, dynamique et bien lisible. Avec ces petits gags, ces visages mignons au besoin. Ryosuke Fuji sait impressionner, nous guider dans les différents rythmes de l’action. Il nous charme aussi avec ses planches pleine pages, sur les monstres ou de superbe paysage.

C’est peut-être ça qui est étonnant avec Shangri-La Frontier. C’est un manga qui fonctionne au poil. Il est « normal » pour ainsi dire, toujours dans une forme très standard, bien maîtrisé, avec une touche discrètement intégré, et pourtant évidente, d’originalité.

C’est un manga que je conseille vivement, vous l’aurez compris. C’est chez Glénat, qui a trouvé – encore – une bonne poule aux œufs d’or : Shangri-La Frontier de Katarina au scénario et Ryosuke Fuji au graphisme.

Article posté le mercredi 08 septembre 2021 par Marie Lonni

© Katarina, Ryosuke Fuji / Kodansha Ltd.
  • Shangr-La Frontier
  • Auteur : Katarina
  • Dessinateur : Ryosuke Fuji
  • Éditeur : Glénat Manga
  • Prix : 6,90€
  • Parution : 8 septembre 2021
  • ISBN : 9782344048771

Résumé de l’éditeur : Une quête fantasy 2.0 ! Sunraku est un passionné de jeux vidéo un peu particulier, qui voue sa vie à s’essayer aux pires “bouses“ : scénario bancal, bugs dans tous les sens… il se délecte à déjouer tous ces pièges ! Mais lorsqu’il décide pour une fois de s’attaquer au MMORPG Shangri-La Frontier, un Greatest Of All Time aux trente millions de membres inscrits, il ne se doute pas qu’il devra faire preuve de tous ses talents pour venir à bout d’une épreuve encore plus corsée. Et tout ceci, affublé d’un masque ridicule !

À propos de l'auteur de cet article

Marie Lonni

"C'est fou ce qu'on peut raconter avec un dessin". Voilà comment les arts graphiques ont englouti Marie. Depuis, elle revient de temps en temps nous parler de ses lectures, surtout quand ils viennent du pays du soleil levant. En espérant vous faire découvrir des petites pépites à savourer ou à dévorer tout cru !

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