Wild West #1 : Calamity Jane

Dans la conquête de l’Ouest américain, le nom de William Frederick Cody ne vous évoque peut-être rien. Celui de Martha Cannary vous laisse probablement aussi perplexe. Pourtant l’un répond au nom plus connu de Buffalo Bill et l’autre à celui de Calamity Jane. Avec Wild West, Thierry Gloris et Jacques Lamontagne s’intéressent à celle qui s’appelait Martha avant de devenir Calamity. Dans un environnement suffocant propre au western, le duo d’auteurs s’empare à sa manière de l’histoire d’une femme, véritable légende du Far West. 

VIVRE OU MOURIR

Dans le décor grandiose de Monument Valley, un jeune garçon fredonne « Oh Susanna » près de sa sœur dans la calèche conduite par leurs parents. La famille partant paisiblement vers d’autres contrées à l’avenir prometteur n’a pas l’air de se soucier du danger permanent qui rôde sur ces terres. Elle va l’apprendre à ses dépens. Comme une dernière étape avant d’atteindre le rêve américain. Si on ne ne la franchit pas, la sentence est alors implacable.

WILD WEST, BIENVENUE EN ENFER

Parfois, si la chance est donnée de ne pas mourir, mieux vaut apprendre à survivre dans les entrailles de l’enfer du Wild West. La jeune Martha Cannary l’a compris. Conserver son intégrité au milieu de cette ambiance bestiale, poussiéreuse et irrespirable qui émane des saloons de l’époque, n’est pas chose aisée. Celui d’Omaha n’échappe à la règle. Il suffit d’avoir une seule fois, la malchance de croiser le regard de la mauvaise personne et le drame est inéluctable.

Martha n’y échappera pas. L’intervention de son « ange gardien » n’arrivant que trop tard, elle pourra tout de même compter sur lui lors de sa convalescence. C’est précisément à ce moment là que celle qui regrettait de ne pas être un garçon tant elle rêvait d’être un soldat, se verra adopter un caractère endurci et beaucoup plus armé pour affronter le danger perpétuel de ce monde sauvage.

En croisant le chemin d’une figure emblématique telle Wild Bill Hickok, Martha apprendra le maniement des armes, assouvira son désir de vengeance et accédera à ce pour quoi elle se prédestinait. Ainsi va naître progressivement sous nos yeux Calamity Jane.

LA NAISSANCE DE CALAMITY JANE

Thierry Gloris n’y va pas par quatre chemins pour ce premier tome de Wild West. Dès les premières planches, il décrit un cadre hostile, sans pitié, où les faibles n’ont pas leur place. En s’appropriant le destin de Calamity Jane, il l’imagine d’abord fragile et innocente pour la voir évoluer comme une femme déterminée et revancharde. La rencontre avec un célèbre chasseur de prime sera capitale pour la jeune femme.

Pour illustrer l’étendue de cet Ouest sauvage et son atmosphère anxiogène, le scénariste retrouve son compère d’Aspic, détectives de l’étrange, le talentueux Jacques Lamontagne. La première de couverture de ce premier tome ne trompe pas sur la marchandise. Le dessin très réaliste ne cessera d’émerveiller nos yeux écarquillés tout au long de l’histoire. Le créateur de Shelton & Felter prouve une nouvelle fois son aisance à adapter son trait face à l’histoire. Sans oublier sa colorisation qui offre des séquences nocturnes de haute volée.

UN DESSIN A COUPER LE SOUFFLE

Ainsi, dans ce premier opus de Wild West noir à souhait, les deux auteurs réussissent à nous emmener avec eux dans un western de très belle facture. Si l’on est curieux de savoir comment Thierry Gloris imaginera la suite et fin du parcours de celle qui deviendra la légendaire Calamity, on salive d’avance de se délecter des cinquante futures planches de Jacques Lamontagne. Le voyage dans l’enfer de l’Ouest est tellement magnifique avec l’illustrateur québecois.

Article posté le lundi 03 février 2020 par Mikey Martin

Wild West, le premier tome sur l'histoire de Calamity Jane revisitée par Thierry Gloris & Jacques Lamontagne (Dupuis), décryptée par Comixtrip, le site BD de référence
  • Wild West #1 : Calamity Jane
  • Scénario : Thierry Gloris
  • Dessin & couleur : Jacques Lamontagne
  • Éditeur : Dupuis
  • Prix : 14,50 €
  • Parution : 24 janvier 2020
  • ISBN : 979-1034731022

Résumé de l’éditeur : Le paysage de Monument Valley, Tsé Bii’ Ndzisgaii, comme disent les indiens navajos suffit à évoquer la Conquête de l’Ouest. À l’arrière d’une calèche, un garçonnet joue Oh Suzanna au banjo. Mais derrière ce décor majestueux à la tranquillité trompeuse, la mort rôde pour faucher sur la route le rêve américain. Le prologue met le lecteur au diapason du climat de violence qui règne dans l’Ouest sauvage, avec ses assassins et ses chasseurs de tête, ses proxénètes et ses prostituées. Rien n’arrête la marche du progrès. Alors que le chemin de fer se construit, dans un territoire à feu et à sang, qu’importent les ravages et l’exploitation. Originaire du Missouri, la famille de Martha Cannary, avant qu’elle ne devienne la célèbre Calamity Jane, avait elle aussi échoué dans sa traversée, livrant l’orpheline à elle-même.

À propos de l'auteur de cet article

Mikey Martin

Mikey, dont les géniteurs ont tout de suite compris qu'il était sensé (!) a toujours été bercé par la bande dessinée. Passionné par le talent de ces scénaristes, dessinateur.ice.s ou coloristes, il n'a qu'une envie, vous parler de leurs créations. Et quand il a la chance de les rencontrer, il vous dit tout !

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