C’est désormais officiel, Une nuit à Rome 3 sera entre nos mains en avril 2018. Le mois dernier, Jim nous confiait être à une étape qu’il affectionne, celle des retouches et recherches de couverture. Il continue de nous dévoiler l’aspect technique et/ou artistique d’avant bouclage de l’album. Dans quelques semaines, il devra déjà soumettre à son éditeur les premières de couverture les plus accrocheuses. Ajoutées aux différentes corrections, reprises, mélangées à quelques certitudes, on s’aperçoit tout le travail méticuleux à fournir pour que l’auteur puisse être, au maximum, satisfait de ce qu’il proposera aux lecteurs.
1/ En septembre dernier tu étais en pleine recherches de couverture. Si on se souvient de toutes celles réalisées pour le premier diptyque, tu dois déjà avoir pléthore d’essais ! À six mois de l’échéance, visualises-tu de façon générale comment elle sera présentée ?
« Je dois livrer la couverture dans un mois ! »
Jim : J’ai une idée, je tourne autour, et souvent je teste d’autres choses pour voir ce que ça donnerait. Mais la vraie échéance pour cette étape est proche, je dois la livrer dans un mois ! Bon, il est possible que l’éditeur se garde un peu de marge, mais il faut toujours avoir sa couverture le plus tôt possible. Pour l’instant, j’ai du faire plus d’une vingtaine d’essais, et je sais qu’elle n’est pas là.
2/ Est-ce que tu la réalises en anticipant celle qui habillera le 4e tome ? Pour qu’un certain lien se fasse ?
Non, du tout. Pour une simple raison, je ne serai pas le même dans deux ou trois ans, et quoi que j’imagine, je me connais : je m’en serai lassé et j’aurai besoin d’autre chose ! Avec l’expérience, on apprend à se connaitre (rires).
3/ Maintenant que tu as fait lire l’histoire à moult personnes, es-tu satisfait des impressions rendues ? Les remarques sont-elles justifiées pour toi ?
« Mes lecteurs les plus coriaces, j’avoue, je leur donne raison »
Je suis satisfait du travail de mes lecteurs attentionnés, qui m’ont rendus leurs notes. Après, il se dégage des tendances, mais ils ne disent pas tous la même chose. Je suis obligé de faire 3 piles : ceux qui sont très emballés. Ils font très plaisir (et sont indispensables) mais quand l’objectif est d’attraper des avis négatifs pour anticiper les points faibles, ils sont dans une pile réconfort, qui fait du bien… mais ils ne sont pas les plus importants à ce stade. Il y a la pile des lecteurs qui pensaient que faire une suite n’était pas utile, où avaient lu une première version du scénario et n’étaient pas très convaincus : ceux-là sont plus emballés, et la plupart révisent leur jugement. Donc ouf ! Et puis, il y a la pile de ceux qui me posent souci : ils pointent ici et là quelques défauts notables, et réels (que j’aurais pu voir à l’écriture) et que je m’efforce d’effacer en ce moment. Eux sont les plus coriaces. Et j’avoue, je leur donne raison. On attache toujours plus d’importance aux avis en creux, et ce qui m’est essentiel ici, c’est de les avoir aujourd’hui, et non à la sortie de l’album.
4/ En quoi consiste exactement l’étape retouches ? Du recadrage de case ? Des traits de personnages à affiner ? Des phylactères à repositionner ?
Il y a tout ça, mais aussi et surtout du travail sur les dialogues, les volumes, les ombres, etc. Et les cadrages. Je trouve souvent que je cadre un peu trop proche, du coup sur certaines cases (une ou deux par planches, quand même) je réduis le dessin, et je recrée les zones manquantes. C’est souvent quelques millimètres seulement, mais ça occupe mes journées. Je refais quelques visages aussi.
« Jim : exemple de correction, la main en case 2.
Il m’a semblé qu’on était plus prompt à toucher la joue qui s’est prise une baffe plutôt que la joue inverse.
Même si je préférais la case du haut. »
5/ Pour cet autre élément important qu’est le lettrage, n’est-ce pas la partie la plus fastidieuse à revoir ?
Non, tout le reste est fastidieux, le lettrage c’est de la récréation. J’aime passer à la bande son, ça sent la finalisation de la planche !
6/ Et a contrario, es-tu content de certaines planches au point de ne pas éprouver le besoin de les affiner ?
Dans ces cas-là, je n’y passe qu’une demi-heure, mais c’est rare. En général, c’est deux à trois heures de retouches par pages. Et sur 94 planches, ce n’est pas loin de deux mois. Je me programme trois pages par jour, ça me prend la matinée, et l’après-midi je fais autre chose. C’est assez proche du point de croix, si j’osais la comparaison, un peu hypnotique. Il y a quelque chose de plus technique qu’artistique dans cette phase-là.
7/ Aurais-tu l’une d’entre elles aboutie que tu voudrais nous commenter ?
À propos de l'auteur de cet article
Mikey Martin
Mikey, dont les géniteurs ont tout de suite compris qu'il était sensé (!) a toujours été bercé par la bande dessinée. Passionné par le talent de ces scénaristes, dessinateur.ice.s ou coloristes, il n'a qu'une envie, vous parler de leurs créations. Et quand il a la chance de les rencontrer, il vous dit tout !
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