Après la rafle

C’est en suivant la page Instagram du dessinateur Laurent Bidot que j’ai découvert ce qui était à l’époque son nouveau projet. Ce dernier m’avait alors expliqué la teneur du travail qu’il avait entrepris avec le scénariste Arnaud Delalande. C’est ainsi que j’ai fait la connaissance de Joseph Weismann et de sa vie à travers l’album Après la rafle, édité chez Les Arènes BD.

Une enfance insouciante

Joseph Weismann a 9 ans quand, le 14 juin 1940, les troupes allemandes entrent dans Paris. Ce que la population ne sait pas, c’est qu’elles resteront en place jusqu’au 25 Août 1944, date de la libération de Paris.

C’est à Montmartre, avec ses parents Schmoul et Sura , tous les deux originaires de Pologne, ainsi que ses deux sœurs Charlotte et Rachel, que Joseph réside. Le père est tailleur et travaille à la maison. La maman s’occupe du foyer et des enfants. Avec son copain Guéchou, il arpente les rues de la capitale afin de trouver des combines pour acheter des bonbons.

Mais rapidement l’insouciance va être bousculée par les uniformes vert-de-gris. En effet, le père de famille pense qu’ils sont en sécurité parce que réunis. Mais ils vont tous devoir porter l’étoile jaune à partir de mai 1942. Il faut absolument obéir, être enregistrés au commissariat du quartier et faire profil bas.

Une enfance chamboulée

Malgré cela, la préfecture de police de Paris ordonne l’arrestation de plus de 27000 Juifs étrangers habitant en France.

Le 16 Juillet 1942, les cinq membres de la famille Weismann sont conduits par la police française jusqu’au Vel d’Hiv.

Ils y resteront cinq jours, dans des conditions innommables, avant d’être acheminés jusqu’au camp d’internement de Beaune la Rolande.

Seul Joseph y restera pendant que ses parents et ses sœurs prendront un autre train… Il rencontre alors Jo Kogan, et ensemble, ils n’auront plus qu’une seule idée en tête, se faire la belle pour rejoindre Paris.

Avec cet album Après la rafle, c’est tout le parcours de Joseph Weismann que nous racontent les auteurs. Pendant la guerre, mais également après la guerre jusqu’à aujourd’hui.

Une enfance racontée

Après s’être tu pendant de nombreuses années et ensuite encouragé par Madame Simone Veil, Joseph Weismann a décidé de parler. Il évoquera son incroyable parcours, l’histoire de l’évasion d’un enfant de 11 ans, d’abord dans un roman intitulé Après la rafle édité en 2011 chez Michel Lafon.

Après la rafle

 

Depuis, inlassablement malgré ses plus de 90 ans, Joseph Weismann participe à des colloques pour raconter. Il engage son auditoire à “ne pas accepter l’inacceptable”. Cet ouvrage a par ailleurs reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

Un témoignage bouleversant, d’une force incroyable, qu’il faut absolument lire pour ne jamais oublier l’indicible.

Le 16 juillet 1995, le Président Jacques Chirac reconnaissait la responsabilité de l’État français dans la rafle du Vel’ d’Hiv.

Article posté le vendredi 04 mars 2022 par Claire Karius

Après la rafle d'Arnaud Delalande et Laurent Binot chez Les Arènes BD
  • Après la rafle
  • Scénariste : Arnaud Delalande
  • Dessinateur : Laurent Bidot
  • Adapté de : Joseph Weismann
  • Editeur : Les Arènes BD
  • Prix : 22,50 €
  • Parution : 27 Janvier 2022
  • ISBN :9791037505699

Résumé de l’éditeur : Joseph est un gamin de Montmartre qui fait les 400 coups avec ses copains dans la capitale occupée. Juif, il porte l’étoile jaune. Au matin du 16 juillet 1942, des gendarmes français l’arrêtent avec sa famille. C’est la rafle du Vél’ d’Hiv. Jo est arraché à ses parents et à ses deux soeurs qui partent pour le camp d’Auschwitz. Une autre guerre commence alors: celle d’un enfant de 11 ans, seul, perdu dans un camp d’orphelins. Joseph est jeune, mais il sent et comprend tout. Avec un autre enfant, Jo Kogan, il monte un plan d’évasion. Ils se glissent sous quinze mètres de barbelés qu’ils « détricotent » à mains nues durant six heures d’affilée : Ils réussissent à s’enfuir, tandis que leurs compagnons seront envoyés à la mort. Joseph s’est longtemps refusé à raconter son histoire. C’est Simone Veil qui l’a convaincu du devoir de mémoire. Depuis, il parcourt inlassablement les lycées. Il participe à des conférences, des débats. Il a contribué au film La Rafle et à des documentaires. Il a publié le récit de sa vie. Sa guerre ne s’est jamais vraiment achevée.

À propos de l'auteur de cet article

Claire Karius

Passionnée d'Histoire, j'affectionne tout particulièrement les albums qui abordent cette thématique. Mais pas seulement ! Je partage ma passion de la bande dessinée dans l'émission Bulles Zégomm sur Radio Tou'Caen et sur ma page Instagram @fillefan2bd.

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