Boitelle et le café des colonies

Notre avis : Lorsqu’il était plus jeune Boitelle, alors soldat, tomba follement amoureux de la belle Norène, une serveuse du Café des Colonies. Si la couleur noire de sa peau ne gênait en rien le jeune homme, il n’en allait pas de même pour quelques uns de ses collègues mais aussi de ses parents. Sébastien Morice sur un scénario de Didier Quella-Guyot dévoilent cette très belle histoire dans Boitelle et le Café des colonies, adaptée de la nouvelle de Guy de Maupassant.

Devenu nettoyeur des bases besognes (égouts, fosses sceptiques), Antoine Boitelle raconte son premier émoi amoureux à M. Aubanne. Sur les quais du Havre, alors jeune homme, il découvre la silhouette de Norène dans l’établissement qui l’emploie. Native d’Afrique, elle devient la serveuse après la mort de sa mère adoptive. Charmé par la très belle femme, Antoine est éperdument amoureux. Si la réciprocité est vraie, leur envie de mariage se heurte aux schémas mentaux de l’époque : noir = sauvage.

Didier Quella-Guyot adapte la célèbre nouvelle de Maupassant en comblant les quelques vides laissés par le romancier afin d’être plus compréhensive dans sa bande dessinée. Comme il l’explique en préface, le colonialisme triomphant du début du XXe siècle était fondé sur l’inégalité des races. Croiser des hommes ou des femmes de couleur dans une grande ville était rare, dans les campagnes, personne n’en avait jamais vu. C’est pourquoi les parents d’Antoine, et plus particulièrement sa mère, sont étonnés par la couleur de Norène. D’ailleurs pour son père : « Une femme honnête à la peau blanche ».

Hymne à la tolérance, au respect d’autrui, l’album bénéficie d’un scénario simple mais efficace, mais également d’un traitement graphique réussi. Sébastien Morice, qui a déjà travaillé avec le même scénariste sur Facteur pour femmes (Grand Angle) apporte de la légèreté et parfois de la naïveté à ce récit pourtant sombre. Son trait semi-réaliste lui permet de proposer des planches où le visage des protagonistes possède une gamme variée d’émotion.

Article posté le mercredi 06 janvier 2016 par Damien Canteau

  • Boitelle et le Café des Colonies
  • Scénariste : Didier Quella-Guyot
  • Dessinateur : Sébastien Morice
  • Editeur : Grand Angle
  • Prix : 13.90€
  • Sortie : 06 janvier 2016

Résumé de l’éditeur : Malmené par la vie, le père Antoine Boitelle se remémore sa chère jeunesse : lorsqu’il était soldat au Havre, à rêver devant les navires en partance pour les pays lointains ; son coup de foudre pour la belle Norène, une jeune Africaine serveuse au Café des colonies. Si le jeune Antoine vécut une immense passion, il se heurta également à la laideur du racisme quotidien et à la résistance de ses parents, paysans, face à un mariage beaucoup trop « coloré » à leur goût.

À propos de l'auteur de cet article

Damien Canteau

Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une vingtaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée). Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip.

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