Notre avis : Plongée dans l’Histoire et les codes de la Légion étrangère dans l’album de Hervé Loiselet et Benoît Blary : Legio Nostra, la Légion étrangère d’hier et aujourd’hui.
Créée en 1831 par le Maréchal Soult, ministre de la Guerre de Napoléon, la Légion Etrangère étonne, fascine et attire. Si lors du Défilé du 14 Juillet sur les Champs Elysées, elle est l’un des corps d’armée les plus attendus et applaudis (avec les pompiers), elle est incontournable dans l’imaginaire des Français : ces soldats grands, gaillards, avec une barbe, un tablier blanc et une hache sur l’épaule, qui chantent « Tiens voilà du boudin » mais sont pourtant mystérieux. L’esprit de famille et d’entraide est très forte dans cette unité, malgré les origines différentes de ses membres.
Son code d’honneur étant : « Chaque légionnaire est ton frère d’armes, quelles que soient sa nationalité, sa race, sa religion ».
Plus d’une centaine de films est consacré à la Légion depuis 1906. Les Américains aiment cette unité : de John Wayne à Laurel & Hardy, de Donald Duck à Gary Cooper, tous ses longs métrages attirent les spectateurs. Les Français ne sont pas en reste : de Belmondo à Jean Gabin, en passant par les Charlots; le point d’orgue étant La légion saute sur Kolwezi (avec Bruno Cremer, Pierre Vaneck ou Jacques Perrin) un film quasi documentaire sur l’unité.
En 185 ans, 40 000 légionnaires sont morts pour la France. La grande force de la Légion est avant tout son brassage et son métissage : de nombreux étrangers des 4 coins du monde s’engagent dans cette unité. Campagnes d’Italie, d’Algérie jusqu’au Mali (opération Serval en 2013), ils sont de tous les théâtres de combats où la France est engagée.
Legio Nostra est solidement documenté mais ressemble avant tout à un album hagiographique, pas de nuances et tout cela semble beau; cela est donc la limite de l’exercice. Parce que oui, s’il demeure intéressant, le récit de Hervé Loiselet manque de fluidité à cause d’une somme d’informations trop importante : raconter la Légion étrangère en 120 pages n’est pas très simple.
Il faut souligner que l’auteur fit lui aussi partie de l’unité, il la connait donc bien de l’intérieur : son histoire, ses codes, ses coutumes et son esprit de solidarité.
Le gros point fort de l’album est la partie graphique de Benoît Blary. Né en 1981, l’auteur débute sa carrière dans l’atelier rémois 510 TTC où il rencontre Hervé Loiselet qui lui propose de travailler sur 20 ans de guerre (Le Lombard). Il apprécie les récits de guerre (Vies tranchées ou Petites histoires de la Grande Guerre) mais excelle aussi dans la série Sigurd & Vigdis (avec le même scénariste) autour des Vikings. Pour Legio Nostra, il réalise de merveilleuses planches à l’aquarelle, fortes et aériennes. Benoît Blary est donc un dessinateur à suivre…
- Legio Nostra
- Scénariste : Hervé Loiselet
- Dessinateur : Benoît Blary
- Editeur : Le Lombard
- Prix : 17.95€
- Parution : 28 avril 2017
Résumé de l’éditeur : De sa place particulière au sein des armées à la fascination qu’elle a fait naître dans le cinéma hollywoodien, voici l’histoire de la Légion étrangère. Son quotidien, les règles qui la régissent, les mythes qui l’entourent, les derniers conflits dans lesquelles elle a été engagée… Un reportage au long cours sur ce corps d’armée peu ou mal connu, qui fascine et intrigue depuis sa création.
À propos de l'auteur de cet article
Damien Canteau
Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une trentaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée) et co-responsable du prix Jeunesse de cette structure. Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip. Damien modère des rencontres avec des autrices et auteurs BD et donne des cours dans le Master BD et participe au projet Prism-BD.
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