Nas poids plume #2

Notre avis : Deuxième volume de Nas poids plume, la belle série jeunesse signée Ismaël Meziane aux éditions Glénat.

Dans le premier volet de cette saga, le lecteur faisait connaissance avec Nassi, surnommé Nas, petit garçon vivant dans un quartier populaire avec ses parents. Sa mère venait d’obtenir un nouveau travail de secrétaire. Pourtant très fière, elle devait alors subir les avances masquées de son patron. De son côté, son fils était tous les jours embêté par les plus grands de l’école. Alors qu’un jour, il revenait de l’école avec un oeil au beurre noir, le grand-père de Moussa, son ami, décida de l’emmener avec lui à la salle de boxe…

Dans ce deuxième tome, lors du Festival des associations culturelles et sportives de la ville, Nas doit combattre contre Sofiane, celui qui prenait un malin plaisir à l’embêter à l’école. Après la démonstration, le petit garçon est déçu et décide de redoubler d’efforts à l’entrainement. Il faut dire que son adversaire d’hier est devenu un ami aujourd’hui et il l’admire, lui qui aide sa tante tous les jours au marché…

Cette petite série qui ne paye pas de mine est d’une belle intelligence et sympathique. Le récit de Ismaël Méziane regorge d’inventivités : la différence physique, le dépassement de soi, l’amitié, l’amour ou l’entraide; tant de valeurs idéales à véhiculer aux plus petits. En choisissant un quartier populaire, l’auteur diplômé de l’Institut Saint-Luc de Liège plonge le lecteur dans un endroit unique, joyeux mais aux conditions sociales délicates. Ce très beau mélange culturel et social est merveilleusement porté par la famille même de Nassi : des grands-parents d’Afrique du Nord et une mère française. Le multiculturalisme n’en déplaise à certains fonctionne encore en France, heureusement ! Son petit héros attachant ne cesse de vouloir changer. D’ailleurs, les épreuves et ses rencontres – tels une belle quête initiatique – le feront grandir. Ismaël Méziane apporte donc un soin particulier à la psychologie de ses personnages mais aussi au contexte de son album.

Le deuxième volume est dans la même veine que le précédent, récompensé par le Prix des Ecoles pendant le Festival d’Angoulême 2015. Le trait simple et aérien de Ismaël Méziane lui permet de composer de belles planches d’un grande vivacité.

  • Nas poids plume, tome 2 : Demain, c’est loin
  • Auteur : Ismaël Méziane
  • Editeur : Glénat, collection Tchô
  • Prix : 9.99€
  • Parution : 27 avril 2016

Résumé de l’éditeur : Nas s’apprête à livrer son premier combat de démonstration. Et son adversaire n’est autre que… Sofiane, le grand qui l’embêtait tout le temps à l’école ! Mais depuis qu’il s’est inscrit lui-aussi au club et qu’ils ont découvert que leurs mamans étaient collègues de travail, ils sont devenus copains. Le combat se fera donc dans le respect de chacun et l’amour du sport. Et une saine rivalité s’instaure entre eux. Qui sera le meilleur ?

Divci Valka, La guerre des pucelles #1

Notre avis : Voici un titre historique qui décoiffe ! Désir de vengeance, tensions inter-religieux et combats de chevaliers sont au cœur de Divci Valka, le nouveau manga Komikku signé Kouichi Ohnishi.

Au début du 15e siècle, un théologiste praguois Jan Hus s’oppose à l’Eglise Catholique de Rome, s’attarde sur les « erreurs du catholicisme » et veut réformer cette dernière. Appuyé par les nobles de son pays, il remet aussi en cause les Indulgences ( pour entrer au Paradis, l’Homme devait s’acquitter de fortes sommes d’argent, détournées par les ecclésiastiques) : pour lui le salut et le repentir passent avant tout par l’humilité et non par l’argent. En Bohème, ses partisans hussites s’opposent aux troupes chrétiennes du souverain. Il est déclaré hérétique, excommunié en 1415 et  brûlé en place publique. Cet événement marque alors des guerres terribles entre les deux camps (18 années et 5 croisades). Le rôle de Jan Hus dans l’Eglise sera précurseur pour Marthin Luther ou Jean Calvin.

C’est dans ce contexte de terreur que Sarka fuit son village incendié et ses proches massacrés par les hommes de Heinrich Von Strakonice, seigneur de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Avant de partir, elle sera même violée et laissée pour morte comme de nombreuses filles. Epuisée et morte de faim, elle croise la route de Jan Zizka et ses troupes hussites qui sont partis de Plzen. La jeune adolescente trouve du réconfort auprès de ces hommes comme elle adeptes de théories de Jan Hus. Elle est même couvée par Karel, un adolescent qui maîtrise les armes à feu…

Prépublié dans la revue Gekkan Action des éditions Futabasha au Japon depuis 2013, Divci Valka est une très belle fresque historique de Kouichi Ohnishi. Dès les premières pages, le lecteur est happé par cette histoire sombre de grande qualité. En choisissant cette toile de fond (les hussites contre les catholiques romains), le mangaka parvient tout de suite à intéresser son lectorat. Il faut souligner qu’il  a fait de ce genre littéraire sa spécialité (Dance macabre ou Sousu moutoku seiden). Réservé à un public averti, Divci Valka est en effet très dur tout au long de ses pages : combats ultra-sanglants, armes à feu et flèches pleuvent en cascade. Pour incarner au mieux son histoire, il a décidé de mettre en scène le récit de Sarka, seule survivante des massacres des catholiques romains et avide de revanche. Jeune adolescente frêle, elle n’hésitera à aucun moment à prendre les armes et à se former aux techniques de combat. Le trait de Ohnishi est précis et ses planches fourmillent de détails. Les multiples hachures sur les cases permettent d’imprimer un rythme fou à son récit.

  • Divci Valka, la guerre des pucelles, volume 1
  • Auteur : Kouichi Ohnishi
  • Editeur : Komikku
  • Prix : 8.50€
  • Parution : 21 avril 2016

Résumé de l’éditeur : 1415 : Jan Hus, théologien de Prague opposé à la corruption de l’Église, est brûlé comme hérétique. Cet événement marque le début d’une lutte farouche entre les hussites, partisans de l’égalité entre tous les disciples, et les catholiques soutenant l’autorité du clergé.

1419 : Début des conflits qui seront connus sous le nom de “guerres hussites”.

1420 : Un petit village du royaume de Bohême est massacré par les chevaliers catholiques de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem. La jeune Šárka, seule rescapée du massacre, croise la route du chef de guerre hussite Jan Žižka et choisit de prendre les armes…

La trajectoire des vagabonds

Notre avis : Un mystérieux serial-killer sévit dans le Sud de la France, laissant derrière lui de nombreuses victimes. Banjo prend en auto-stop Syd et emprunte étonnamment le parcours du tueur. Serge Annequin dévoile La trajectoire des vagabonds, un bon album empli de suspens aux éditions EP.

Dans le Sud de la France, entre Besançon et Lyon, un client griffonnant des dessins sur des post-it se détend à la terrasse d’un café. Quelques heures plus tard, la police retrouve son corps inanimé lardé de coups de couteau. Auparavant, il avait été pris en stop par un mystérieux serial-killer.

Dans le même temps, Syd, belle finlandaise essaie de rejoindre elle aussi le Sud. Elle fait de l’auto-stop et une voiture s’arrête. A son bord, Banjo descend lui aussi dans cette direction. Ce jeune homme est scénariste pour la télévision et fait des haltes pour prendre des clichés photos en repérage. Pourtant cet étrange personnage cache ses intentions…

Le récit de Serge Annequin est plutôt bien écrit et assez accrocheur, malgré quelques passages à vide qui déroute un peu le lecteur. Il faut souligner qu’il mêle la réalité, les fantasmes autour du tueur mais aussi des rêves troubles. Il parvient à entretenir un suspens du début à la fin de son histoire, grâce à une intrigue à tiroirs et des fausses-pistes. La partie graphique est d’une belle modernité par un trait simple.Il réussit bien à peindre les visages des protagonistes mais parfois leurs mouvements sont un peu figés. Enfin, il instille une belle ambiance angoissante et noir grâce à des couleurs bien senties.

  • La trajectoire des vagabonds
  • Auteur : Serge Annequin
  • Editeur : EP
  • Prix : 16€
  • Parution : 27 avril 2016

Résumé de l’éditeur : Début d’été, Banjo traverse la France du nord au sud pour écrire l’histoire d’un chercheur de trésor. En chemin, il croise Syd, une jeune Finlandaise à la beauté androgyne. Cette rencontre sera le point de départ d’un curieux jeu de séduction. Mais lorsqu’un troisième protagoniste s’invite dans la danse, le doute s’installe et la réalité vacille… Des mystérieuses forêts du Pilat au mythique village de Rennes-le-Château, la trajectoire des vagabonds se teinte de rouge sang.

Tamara, tome 14 : Amies pour la vie !

Notre avis : L’une des plus belles série jeunesse humoristique sur l’adolescence (avec Lou de Julien Neel), Tamara poursuit son petit bonhomme de chemin avec Amies pour la vie ! Ce quatorzième volume de la célèbre jeune fille ronde qui ravira de nouveau les jeunes lecteurs car de grande qualité. Ces aventures sentimentales sont scénarisées par Zidrou et Lou et mises en images par Bosse et Darasse.

Après sa rupture, Tamara est effondrée. Non seulement elle a perdu son unique amour, Diego, mais elle s’est aussi mise à dos sa meilleure amie Jelilah et une grande partie des filles du lycée. De retour du mariage de ses parents au Brésil, l’adolescente rumine son chagrin et se laisse aller.

Dans le même temps, Jelilah tombe sous le charme d’Olivier, le remplaçant de Monsieur Filgoude, le professeur en pleine dépression depuis que sa femme est partie. Ce nouvel arrivant s’avère être un drôle d’énergumène manipulateur…

Avec beaucoup d’intelligence et de subtilité Zidrou et Lou parviennent à maintenir une grande qualité dans les scénarios de Tamara. Cette petite série est à la fois sensible, accrocheuse et amusante. Il faut souligner que les deux auteurs mettent en lumière les problèmes de la période de l’adolescence avec malice par la personnalité hors-norme (c’est le cas de le dire) de leur héroïne. Ils ne lui épargnent rien, amour, dépression, problèmes familiaux, relations tendues avec ses camarades de classe et même sa meilleure amie. Les scénaristes possèdent un sens aiguisé de l’observation des ados et notamment des premiers émois amoureux. Son héroïne est attachante et permet aux jeunes lecteurs d’avoir un autre regard sur le surpoids. La joyeuse galerie de personnages autour d’elle apporte beaucoup de bonne humeur à la série. Côté dessin, Darasse travaille avec Bosse depuis le tome 7 et cela fonctionne plutôt très bien.  Le graphisme avenant permet de servir à merveille le récit.

Tamara : une excellente série jeunesse d’humour pour ados sur le quotidien d’une ado très attachante.

  • Tamara, tome 14 : Amies pour la vie !
  • Scénaristes : Zidrou et Lou
  • Dessinateurs : Darasse et Bosse
  • Editeur : Dupuis
  • Prix : 10.60€
  • Parution : 1er avril 2016

Résumé de l’éditeur : Tamara n’arrive pas à se remettre d’une double rupture amoureuse : non seulement elle regrette son Diego d’amour, mais, en plus, elle culpabilise comme une malade. Et comme sa famille commence à en avoir marre de l’entendre geindre toute la journée, Tamara se réfugie de plus en plus souvent chez sa meilleure amie Jelilah. Mais Tamara n’est pas la seule à souffrir : M. Filgoude, son titulaire, s’est fait plaquer par sa femme et tombe en grave dépression. Il est aussitôt remplacé par Olivier, un professeur beau, intelligent et qui comprend tellement bien les ados, lui ! Jelilah tombe, comme à peu près toutes les filles de la classe, sous le charme et va peu à peu se rapprocher du trentenaire séducteur… qui cache en fait un redoutable manipulateur. Heureusement, l’amitié n’est pas à sens unique et Jelilah pourra compter sur Tamara pour la sortir de cette terrible situation et piéger le professeur indélicat.

Doggybags #10

Notre avis : Oyé Oyé, un nouveau Doggybags est dans les bacs ! A chaque nouvelle parution, la revue éditée par Ankama, par son label 619, est un événement. Pour ce dixième opus, les trois histoires à la une rendent un bel hommage aux pulps et comics d’horreur des années 50.

  • Unlucky (de Bartosz Sztybor et Ivan Shavrin). Cette histoire sanglante et très rythmé est l’oeuvre de Bartosz Sztybor dont c’est le premier projet BD en France. L’auteur polonais mise sur la thématique de la chance et la malchance de son héros, policier. Malgré les obstacles et les balles qui fusent, il s’en sort toujours  mais là il n’y aura pas de happy-end. A noter que 4 mini-récits de « malchanceux » à l’humour très noir, mais aussi 4 récits d’hyper chanceux sont accolés à Unlucky. La partie graphique est à l’unisson de cette histoire : vive, jetée et au découpage nerveux. Ivan Shavrin dont c’est la première histoire éditée, rivalise d’ingéniosité pour happer le lecteur.
  • La fin est proche (Simon Hutt T. et Mojo). Mort à l’hiver 54, Phalanga débarque à New-York pour retrouver son meurtrier. Ce russe tente une approche inédite pour le démasquer. Première histoire éditée pour Simon Hutt T, il met en scène un récit de revenant teintée de fantastique, d’angoisse à la limite du thriller. Plutôt très habile, il pimente son récit d’une dose de religion et de croyances slaves. Indestructible, son héros laisse plusieurs cadavres sur son passage. Pour l’accompagner au dessin, Mojo attire le lecteur par son trait moderne et électrique. Celui qui est l’un des animateurs des séries Dofus et Paloma (Ankama) se met idéalement au diapason de ce thriller haletant.
  • Motor City (Valérie Mangin et Thomas Rouzière). Detroit, USA. Depuis de nombreuses années, la ville est en faillite et des quartiers entiers sont quasi fantomatiques. Parmi les bâtiments à l’abandon, Sam Sam et sa bande de potes adolescents essaient de régner en maître sur cette zone de non-droit. Un jour, un photographe débarque pour prendre des clichés de leurs méfaits… Scénariste reconnue (Alix Senator ou Expérience Mort), Valérie Mangin propose un récit dramatique fort et accrocheur mettant en scène la photographie et une bande de petits voyous. Accompagnée au dessin par Thomas Rouzière, elle décline une histoire nerveuse. Jeune auteur faisant partie du collectif Chaud Nem Jump, le dessinateur dévoile de belles planches très équilibrées agrémentées de merveilleuses couleurs aux teintes violettes.
  • Doggybags, tome 10
  • Scénaristes : Bartosz Sztybor, Valérie Mangin et Simon Hutt T.
  • Dessinateurs : Ivan Shavrin, Mojo et Thomas Rouzière.
  • Editeur : Ankama, label 619
  • Prix : 13.90€
  • Parution : 29 avril 2016

Résumé de l’éditeur : Au sommaire de ce 10e volume : « Unlucky », signée Sztybor et Ivan Shavrin ; « Motor City », de Valérie Mangin et Thomas Rouzière ; et « Phalanga », de Mojo et Simon « Hutt » T.

Les Schtroumpfs et le demi-génie

Notre avis : Toujours vaillants, les Schtroumpfs découvrent un génie au hasard d’une promenade le long de la rivière. Pourtant ce petit être magique n’est pas le plus doué des génies. Alain Jost et Thierry Culliford, accompagnés au dessin de Jeroen de Coninck et Miguel Diaz, dévoilent une nouvelle aventures des célèbres petits êtres bleus créés par Peyo.

Alain Jost et Thierry Culliford revisitent le mythe d’Aladdin dans cette trente-quatrième aventure des Schtroumpfs. Mais voilà, ce petit génie n’est pas très doué : il a perdu la mémoire mais surtout il n’exauce les vœux qu’à moitié. Ils mettent aussi en scène le monde des génies – un lieu paradisiaque – mais aussi le mythe de Midas (roi qui transformait tout ce qu’il touchait en or) à travers Gargamel. Le lecteur retrouve aussi Homnibus, le sage magicien.

Les jeunes lecteurs (et les moins jeunes aussi) connaissent parfaitement l’univers des Schtroumpfs. Alors que le talentueux raconteur d’histoires Peyo est décédé, la série ne connaît pas de baisse de régime. Le succès est toujours au rendez-vous avec 250 000 exemplaires vendus pour chaque nouveauté. Alors que le scénario du tome 32, L’amour sorcier était plutôt bon, celui-ci n’est pas révolutionnaire, laissant le lecteur un peu sur sa faim; peut-être à cause du côté fantastique (le génie) pas très crédible. Oui, Peyo aimait parsemer ces histoires de magie mais cette fois-ci ça ne fonctionne pas.

Côté graphisme, Jeroen de Coninck et Miguel Diaz font bien le travail, marchant fidèlement dans les pas de Peyo. Les couleurs de Nine, la veuve du génial créateur, égayent magnifiquement les planches de l’auteur belge.

  • Les Schtroumpfs et le demi-génie
  • Scénaristes : Thierry Culliford et Alain Jost
  • Dessinateurs : Jeroen de Coninck et Miguel Diaz
  • Editeur : Le Lombard
  • Prix : 10.60€
  • Parution : 1er avril 2016

Résumé de l’éditeur : Au fond d’un étang, le Schtroumpf Costaud et le Schtroumpf à Lunettes découvrent une vieille amphore bouchée à la cire. En la vidant, ils ne trouvent que quelques cailloux gris. Mais elle contient aussi une petite perle d’où surgit un génie ! Hélas, ce génie qui doit maintenant exaucer leurs voeux a perdu la mémoire. Et, surtout, il fait tout à moitié ! Les Schtroumpfs vont bientôt comprendre pourquoi…

Antoine et la fille trop bien

Notre avis : Antoine découvre les joies des premières amours, le temps d’un été. Comme d’habitude, sa famille et celle des amis de ses parents se retrouvent dans une immense demeure à la campagne. Alexandre Franc dévoile Antoine et la fille trop bien, une belle comédie romantique aux éditions Sarbacane.

Antoine, adolescent, Anatole, son petit frère et sa mère passent leurs vacances avec les Lacoste. Bruno est l’ami du premier et Adèle, sa sœur; auquel il faut ajouter Guillaume, le frère d’Antoine. Rapidement, Antoine est troublée par la jeune et jolie jeune fille et son aîné aussi. De son côté, Guillaume joue les séducteurs, en rajoute pour charmer l’adolescente, par son côté mauvais garçon.

Sans le vouloir, les deux frères sont alors en compétition. Si Guillaume prend la tête de la bande, Antoine, lui est plus réservé. Lequel des deux garçons Adèle choisira-t-elle ?

Alexandre Franc compose une histoire simple, sensible et très réussie sur l’adolescence. A l’instar de Max de Radiguès ou Riad Sattouf – qui restent les meilleurs auteurs de bande dessinée sur cette période délicate – l’auteur de Antoine et la fille trop bien nous charme par cette histoire à l’essence universelle dans laquelle tous les lecteurs pourront se référer. Cet album qui mêle habilement les rêves, l’exaltation de l’amour et des corps mais aussi toute la naïveté de cette période, se lit facilement et permet de passer un agréable moment.

Alexandre Franc parle assez délicatement du monde de la pré-adolescence, des sentiments hésitants, de l’affirmation de soi, de la découverte de l’autre, de l’affirmation de sa personnalité, de l’acceptation de son corps mais aussi de l’affrontement avec ses parents et le reste de la famille. Le propos de l’album est porté par une belle partie graphique, simple – elle aussi – mais d’une grande efficacité. Le dessin est dépouillé agrémenté de grands aplats de couleurs.

  • Antoine et la fille trop bien
  • Auteur : Alexandre Franc
  • Editeur : Sarbacane
  • Prix : 13.90€
  • Parution : 06 avril 2016

Résumé de l’éditeur : Comme chaque année, les vacances d’été ont commencé dans la grande maison familiale. Antoine, adolescent fluet, s’ennuie un peu. Il traîne, maussade, dans un short trop grand, avec son petit frère qui le colle. Heureusement, la jolie Adèle, fille d’une amie de sa mère, est là…

Alors qu’un lien fragile est en train de se nouer avec Adèle, déboule tel un ouragan Guillaume, le frère aîné. Aussi dynamique que trouble, il prend aus- sitôt la tête de la bande d’enfants. Jeux, balades à vélo… Il accomplit aussi quelques exploits qui impressionnent. Mais contrairement à Antoine qui, par timidité reste e retrait, Guillaume sa- voure ses triomphes et gagne en prestige auprès de la charmante Adèle.

Encouragé, Guillaume, en rupture totale avec un milieu corseté qu’il abhorre, va pousser loin la provocation en insultant une vieille marchande de bonbons du village. Adèle rit. Antoine est choqué et déçu par la réaction de la jeune fille. La mère des trois garçons, elle, dépassée, ne parvient pas à s’opposer à son fils aîné. Les règles tombent…

 

El guido del crevardo

Notre avis : Camille Burger et ses deux amis-auteurs ont parcouru le Mexique pendant 5 semaines. Elle raconte ce périple fou dans El guido del crevardo, un récit humoristique aux éditions Fluide Glacial.

Camilla Borges, Pedro Zocalo et Donna Bessa ont décidé d’aller visiter le Mexique pour un très long séjour de cinq semaines. Au menu : Mexico, Oaxaca, Juchitan, San Cristobal ou encore Cancun. Après un voyage en avion où la première flippe un peu, ils arrivent tous les 3 dans la capitale, qu’ils visitent au pas de course. A peine arrivés, Camilla est prise de maux de ventre : la fameuse tourista qui la plombe quelques jours. Pourtant, elle joue les forts malgré les épices et les piments des plats mexicains.

Ils parcourent une grande partie de ce beau pays d’Amérique centrale et notamment les anciennes villes mayas, aztèques, toltèques ou olmèques…

Sous couvert d’un album humoristique, Camille Burger brosse le portrait d’un Mexique contemporain fou et attachant. Pour se mettre en scène, elle et ses amis, elle a choisi des animaux anthropomorphes et ainsi mettre un grande distance avec son récit. Quelle est la part de vérité ? de fiction ? Peu importe, elle livre un album amusant -attention tout ne fait pas rire dans El guido del crevardo – malgré tous les efforts et les artifices de l’auteure. Déjanté et très décalé, cet humour très « Fluide glacial » peu parfois tomber à plat. Cette histoire composée de petits récits fut édité dans le magazine bdéhumour. Si le scénario n’est pas formidable, le point fort de l’album reste la partie graphique : simple et efficace.

  • El guido del crevardo
  • Auteure : Camille Burger
  • Editeur : Fluide Glacial
  • Prix : 17€
  • Parution : 20 avril 2016

Résumé de l’éditeur : Quelques euros en poche, une soif inextinguible de bière (cervesa !), un espagnol rudimentaire (cervesa por favor !) : ¡ Bienvenidos a Mexico ! Nos routards 2.0 sont à pied d’oeuvre pour vous faire découvrir le Mexique dont aucun guide ne vous parlera jamais. Ce parcours sinueux et chaotique est avant tout une escapade au pays de la Tequila et accessoirement à celui des aztèques, mayas, mixtèques, olmèques, toltèques, zapotèques, Quetzalcóatl, Moctezuma, chols, huichols, lacandons, nahuas…

Q #1

Notre avis : Les éditions Ki oon dévoilent le premier volume de Q, leur nouvelle série post-apoclyptique déjantée signée Tatsuya Shihira.

La Terre n’est que ruines depuis plus de 10 ans. Solaris, un immense sphère noire s’est écrasée sur la planète. Personne ne sait ce qu’elle est et pourquoi elle est là; ce qui apporte son lot de méfiance et de peurs. Il faut dire que quiconque la regarde, cela entraine des conséquences fâcheuses : des œufs en sortent, éclosent pour laisser apparaître des Demis, monstres terrifiants, qui rasent tout sur leur passage.

Au milieu de ce grand désarroi, il y a une petite fille aux dons exceptionnels : elle peut manger les Demis. Ces pouvoirs sont donc très importants pour le reste de la planète, ce qui lui vaut des désagréments. Les organisations anti-Solaris essaient de la capturer. Elle est aidée par Rem, un voyou au grand cœur qui tente de la cacher.

Prépubliée par la revue Ultra Jump des éditions Shueisha au Japon depuis 2014, la série Q ravira les amateurs de monde post-apocalyptique fantastique mettant en scène des monstres, un objet magique inconnu aux pouvoirs immenses. Le récit de Tastuya Shihira est haletant car pourvu d’un rythme effréné. Teinté d’un humour plutôt réussi, ce seinen repose aussi sur ses deux protagonistes au caractère opposé : la petite fille Mana qui semble zen, un peu dans la lune mais qui serait une véritable arme de destruction et Rem, très sûr de lui, un peu arrogant, vrai guerrier mais très protecteur. Tout cela permet de passer un bon moment de lecture même si les ingrédients sont très (trop ?) classiques.

  • Q, volume 1
  • Auteur : Tatsuya Shihira
  • Editeur : Ki oon
  • Prix : 7.90
  • Parution : 25 février 2016

Résumé de l’éditeur : Voilà déjà dix ans que, dans un monde désormais en ruines, une mystérieuse sphère, Solaris, est apparue dans le ciel. Créature d’une autre dimension ou envoyé des dieux missionné pour punir les humains ? Nul ne le sait.
Une seule certitude : la regarder en face provoque l’apparition immédiate sur terre d’oeufs géants qui donnent naissance en quelques heures à des monstres effrayants, les Demi, détruisant tout sur leur passage. L’humanité est réduite à vivre dans la crainte, échine courbée, et regard fixé au sol.
Le jeune Rem Serizawa, voyou au grand coeur qui peine à assurer la survie du groupe d’orphelins dont il s’occupe, tombe un beau jour sur une petite fille qu’il sauve in extremis des griffes d’un de ces monstres. Mais l’enfant cache un pouvoir incroyable : c’est une extra-terrestre capable de dévorer les Demi ! Très vite, la fillette va attirer le regard et les convoitises des
organisations qui luttent pour la destruction de Solaris…

Soleil brûlant en Algérie

Notre avis : Tiko est enrôlé par les forces militaires françaises pour aller combattre en Algérie pendant le conflit entre les deux pays. Gaëtan Nocq raconte ses deux années à Cherchell, à travers Soleil brûlant en Algérie, l’adaptation en BD du roman de Alexandre Tikhomiroff, Une caserne au soleil.

Vincennes, novembre 1956. Alexandre Tikhomiroff – dit Tiko – est mobilisé pour partir à la guerre. Là, il attend son incorporation : pour lui ce sera Cherchell. Après un passage à Lyon, il rejoint Marseille pour passer la Méditerranée. Tout est nouveau pour lui. Ce pays qu’il ne connait pas, il va l’apprivoiser à travers ce conflit.

Sur place, il devient sentinelle sur un haut mirador pour surveiller les alentours de l’école militaires et ses dépendances. Il commence à comprendre le fonctionnement de la caserne. Pour se rendre la vie un peu moins dure, il décide d’enchainer les tours de garder ou d’être serveur aux mess afin de gagner un peu plus d’argent…

L’adaptation du roman de Alexandre Tikhomiroff par Gaëtan Nocq est plutôt habile et bien amenée. L’auteur dont c’est la première bande dessinée s’attaque à un sujet fort, souvent tabou dans la société française mais de plus en plus abordé dans la littérature ou les albums. Ce fort témoignage lui permet de livrer un album dur, à la tension décuplée, qui navigue entre le drame et l’humour. Malgré la vie délicate et le conflit armé, le narrateur réussit à trouver sa place, grâce à son intelligence et sa malice. Le lecteur peut percevoir toute la tension et la violence du conflit.

Gaëtan Nocq compose Soleil brûlant en Algérie par 4 chapitres : le départ et l’arrivée en Algérie, le conflit armé, son quotidien  puis le retour en France. Après 27 mois qui laissent des traces, Alexandre Tikhomiroff connaîtra les manifestations, l’OAS, le terrorisme ainsi que Le putsch des généraux. Comme pour repousser cette terreur intérieure et ses démons, il s’engagera dans des associations pour la paix.

Un peu dure à première vue, la partie graphique en noir et blanc, au fusain et au crayon apporte cette distance au récit. Les planches sont équilibrées, malgré quelques erreurs dans les visages des personnages.

  • Soleil brûlant en Algérie
  • Auteur : Gaëtan Nocq, d’après le roman de Alexandre Tikhomiroff
  • Editeur : La Boîte à Bulles
  • Prix : 20€
  • Parution : 09 mars 2016

Résumé de l’éditeur : Appelé du contingent, Alexandre Tikhomiroff dit Tiko, 21 ans, débarque en 56 sur les collines brûlées d’Algérie, déjà secouées par la guerre d’Indépendance.

Sur le chemin qui le mène d’Alger à l’école d’infanterie de Cherchell, il découvre avec fascination cette terre inconnue et son éblouissante lumière. Mais bien que son œil et son âme soient à même de savourer la beauté des montagnes algériennes, Alexandre peut difficilement fermer les yeux sur ce qui se passe alentour. Car depuis sa caserne, l’apprenti soldat ne découvre pas seulement le quotidien du service militaire : il découvre aussi ce que représentent fameux « événements d’Algérie », euphémisme de l’époque pour désigner une guerre coloniale…

 

Burning Tattoo

Notre avis : Atteint de la maladie des os de verre, Tatau n’a qu’un rêve : voir ce qui se passe au-delà de la barrière de corail qui entoure son village. A l’aide d’une encre magique, il va peut être pouvoir assouvir ce but insensé. Emmanuel Nhieu dévoile le premier volume de Burning Tattoo, un excellent manga aux éditions Ankama.

Malgré sa maladie des os de verre, Tatau est un jeune adolescent enthousiaste et rêveur. Comme tous les petits garçons, il se rend tous les jours à l’école de son village sur une île. Les cours de Mister Big sont plutôt amusants et son but est de dépasser la barrière de corail après le lagon en surf.

Pourtant la vie du petit garçon n’est pas simple. Même affublé d’un casque et des gants, dès qu’il se cogne, il se brise les os. De plus, les autres adolescents n’hésitent pas à venir le taquiner voir se bagarrer avec lui. C’est le cas lorsqu’un jour, il est arrêté dans la rue par ses camarades qui n’attendent qu’une chose : en découdre avec lui. C’était sans compter sur Anton, son cousin force de la nature, qui vient le sauver.

Il rencontre aussi Ink, la fille de Mister Big qui va l’aider vis-à-vis de son handicap. Après qu’un buffle lui ai passé sur le corps, l’adolescente lui propose alors se rendre chez Buse Bizarre pour qu’il lui fasse un tatouage magique pour décupler sa force…

Après les excellents mangas écrits par des Français (Dofus, City Hall, Ogrest ou Radiant), les éditions Ankama dévoilent le premier volume – sur trois – de Burning Tattoo. Ce manfra d’Emmanuel Nhieu est lui aussi d’une grande qualité, construit comme un shônen fantastique et d’aventure haletant. Comme tout bon shônen qui se respecte, l’intrigue est centrée sur un frêle garçon qui devra relever le défi d’une quête – ici trouver des pigments ensorcelés -, aidé en cela par des personnages secondaires faire-valoir sympathiques. Tatau malade, est pourtant un adolescent à fort caractère, parfois naïf et d’un grand enthousiasme armé de sa PS XII – très décalée. Ses compagnons de jeu, Ink, une fille qui ne se laisse pas marcher sur les pieds, un brin féministe et Anton, le colosse au grand cœur, toujours prêt à rendre service.

Teinté d’un humour dévastateur – par les dialogues et les situations cocasses – Burning Tattoo met en valeur l’esprit de camaraderie et d’entraide, l’envie de liberté mais aussi l’aventure et un peu de bagarre, le tout avec de la magie et du fantastique. Le trait d’Emmanuel Nhieu est idéal pour restituer l’ambiance folle du récit. Dans l’esprit des mangas, proche de la culture japonaise et la culture geek, il ravira les amateurs de ces deux genres. Un excellent début de saga !

  • Burning Tattoo, volume 1/3
  • Auteur : Emmanuel Nhieu
  • Editeur : Ankama
  • Prix : 7.95€
  • Parution : 08 avril 2016

Résumé de l’éditeur : Tatau n’est pas un garçon comme les autres : atteint de la maladie des os de verre, il rêve de liberté et surtout de découvrir ce qui se trouve au-delà de la barrière de corail qui entoure son village. Mais que peut-il espérer là où tant d’autres n’ont fait qu’échouer ? Pourtant, en apprenant l’existence d’une encre légendaire, Tatau va caresser l’espoir de devenir plus fort que la barrière de corail elle-même ! Il n’hésite alors pas une seconde et perd en quête de l’encre éternelle…

Le club des chats

Notre avis : En 2013, les éditions Misma publiaient L’aventure de l’homme-chien, le premier album en français de la  coréenne Yoon-Sun Park. L’année suivante, la maison d’édition sortait Le jardin de Mimi, un recueil d’histoires mettant en scène les mêmes personnages que le précédent dont Mimi, une petite chatte anthropomorphe bien intégrée dans la société des hommes. Aujourd’hui, nouveau recueil d’histoires, Le club de chats, toujours avec les mêmes protagonistes.

Parmi les mini-récits, le lecteur découvre :

  • Club des chats. Quelle idée ! Les chats ont décidé de constituer un club. Pour y accéder, il suffit de passer par la niche et de descendre dans une galerie…
  • L’argent de Nounours. Alors que le Festival Craignos se déroule dans le village, Marie, la maîtresse de maison décide de s’y rendre. Elle confie alors la clef du placard aux croquettes à Plume pour qu’il puisse réguler les repas. Nounours découvre ainsi que sa propriétaire se saigne aux quatre veines pour les nourrir. Il doit donc l’aider et trouver de l’argent…
  • Les beaux yeux de Choupi. Quelle galère ! Choupi a perdu ses lunettes de soleil et ses pupilles sont dilatées…
  • Une maison de fous ! Marie reste stoïque pourtant ses 3 chats sont comme d’habitude surexcités, ils courent partout…
  • Marie bras-cassé. Les amis des Marie, Tangui et Lise, viennent proposer à la jeune femme de jouer au volley dans son jardin. Mais elle se casse le bras. Comment faire pour peindre avec un membre cassé ?

Suite des précédentes publications, Le jardin de Mimi et L’aventure de l’homme-chien, Le club des chats est un petit livre agréable. Le lecteur retrouve donc Plume, Choupi et Nounours à la campagne chez Marie. Les mini-récits grand public de Yoon-Sun Park mettent en scène des aventures campagnardes à l’ambiance très bio-écolo.  Dans ce recueil comme les deux autres volumes, nous pouvons constater l’attrait des coréens pour la nature, leur envie de vivre en dehors des grandes villes, d’une manière plus écologique. Dans ces histoires teintées d’humour, l’auteur s’amuse gentiment de ces néo-campagnards à travers des animaux zoomorphes qui cohabitent merveilleusement avec les humains. Marie, à qui il arrive de nombreuses aventures, est attachante et parfois naïve. Yoon-Sun Park n’a pas eu besoin d’aller chercher bien loin l’inspiration puisqu’elle même a trois chats (Plume, Choupi et Spirou) dans sa maison à Angoulême. La coréenne, à l’instar de Nancy Pena avec Madame l’année du chat (La Boîte à Bulles), met donc tout cela en musique avec un certaine malice. Le trait rond de Park convient parfaitement pour conter les aventures amusantes de Mimi. Un album pour toute la famille.

  • Le club des chats
  • Auteure : Yoon-Sun Park
  • Editeur : Misma
  • Prix : 18€
  • Parution : 13 avril 2016

Résumé de l’éditeur : Oooh, le p’tit chaton trop mignon qui écarte les papattes quand on lui caresse le ventre ! 
Le chat qui essaie de sauter de l’évier et tombe dans la poubelle ! Les chats qui s’amusent à cache-cache, les autres qui jouent du piano et le gros marrant qui dort dans son mini-carton !!!

Vous aussi, vous êtes complètement gagas des chats ? Alors bienvenue au CLUB DES CHATS ! Au CLUB DES CHATS, on a le droit de se poursuivre dans toute la maison, de faire ses griffes sur le canapé, de renverser le sac de croquettes, de faire mumuse avec la terre des pots de fleurs, et même de dormir toute la journée… Tout ce qui rend un chat vraiment heureux, quoi !