Les années rouge et noir

Notre avis : En mai 1942, le maréchal Pétain visite avec un aréopage de fonctionnaires de Vichy l’usine Bull qui vient de mettre au point un système de fichage révolutionnaire. Des fiches de bristol perforées bien utiles à ceux qui les détiendront à une époque où le soupçon est l »un des ingrédients les mieux répandus du du régime…

C’est le point de de départ d’un roman noir de Gérard Delteil, « Les années rouge et noir « , publié en 2014 aux éditions du Seuil. Aujourd’hui, paraît aux bons soins des Arènes BD l’album éponyme réalisé par un trio composé de Pierre Boisserie et Didier Convard au scénario avec Stéphane Douay pour le dessin. Trois personnages principaux occupent le devant de la scène, tant dans le roman que dans cette adaptation dessinée: Aimé Bacchelli, un haut fonctionnaire vichyste fourbe et retors à souhait, Agnès Laborde, jeune résistante gaulliste et Alain Véron, frère d’un militant communiste assassiné à la Libération. Leurs parcours se croisent et s’entremêlent à différetes reprises, au gré de l’utilisation du fichier en question…

Le premier tome de ce thriller sociopolitique, sous titré « Agnès », couvre la période 1942-1946. Il se lit avec plaisir et laisse augurer une suite intéressante. Malgré une « mise en cases » classique, les auteurs ont soigné les couleurs et le sens du détail. Le roman court sur la période des Trente glorieuses. Son alter ego dessiné devrait donc se prolonger sur un ou deux volumes.

  • Les années rouge et noir ( Tome 1, Agnès)
  • Scénario : Pierre Boisserie et Didier Convard
  • Dessin : Stéphane Douay
  • Editeur : les Arènes BD
  • Prix : 17 €
  • Parution : avril 2016

Résumé de l’éditeur : Trahisons, compromissions, révélations embarrassantes…Le fichage systématique des ennemis mis en place par le régime de Vichy fait l’objet d’une lutte sans merci en sous-main. Tous les secrets de la collaboration sont inscrits sur des milliers de cartes perforées. Ces informations n’ont pas de prix. Agnès Laborde est une résistante de la première heure. Encore que…Le puissant et intrigant Aimé Bacchelli dispose de sa fiche individuelle. Dans le crépuscule de l’Allemagne nazie, communistes, gaullistes et vichystes de tous poils tentent de tirer leur épingle du jeu. Une autre France se prépare à naître du chaos. Mais dans l’ombre, qui tirera les ficelles ?

Baby sitters #10

Notre avis : Baby sitters est une série-manga humoristique de Hari Tokeino. Prévu en 10 tomes chez Glénat, ce shôjo (manga pour filles) raconte l’histoire d’un jeune homme orphelin Ryuichi et de son petit frère Kotaro recueillis dans une académie. L’aîné, en échange de service, devra s’occuper de petits enfants en bas âge de la crèche de l’établissement.

Résumé de la série :

Ryuichi est un jeune adolescent japonais de 15-16 ans. Son frère Kotaro a 2-3 ans. Depuis peu, ils sont seuls; leurs parents sont décédés dans un accident d’avion. Peu présents dans leur vie quotidienne, les deux enfants étaient souvent livrés à eux-même. Lors de ce même événement tragique, il y avait aussi le fils et la belle-fille de la directrice de l’académie Morinomiya, un établissement scolaire privé haut-de-gamme. Prise de pitié, pour conjurer la fatalité et pour ne pas laisser les deux enfants à l’abandon, elle décide de les accueillir dans son académie, jusqu’à la majorité de l’aîné. En contrepartie du logement et des repas, Ryuichi devra passer tout son temps, en dehors de ses heures de cours, à travailler comme baby-sitter dans la crèche de Morinomiya.

Ce manga comique, Baby-sitters, a pour cible les jeunes filles et adolescentes. Signé Hari Tokeino, il est publié depuis 2009 au Japon sous le titre Gakuen Babysitter par Hakushensa. D’abord pré-publié dans le magazine LaLa, il doit son succès à la puissance comique de ses personnages, tous très attachants, y compris la directrice de l’académie pourtant si autoritaire. L’auteur a réussi à bien observer les enfants qui l’entouraient pour livrer au lecteur un panel d’enfants si amusant. Les relations entre Ryuichi et les enfants sont très réussies. Le trait est classique mais extrêmement efficace.

Baby-sitters : un élève qui élève des enfants, attention shôjo amusant !

  • Baby sitters, volume 10
  • Auteure : Hari Tokeino
  • Editeur : Glénat
  • Prix : 6.90€
  • Parution : 20 avril 2016

Résumé de l’éditeur : Le printemps est arrivé à la crèche. Ryuichi, impatient de faire un pique-nique sous les cerisiers en fleur avec tout le monde, se heurte à quelques imprévus, à commencer par la météo ! Quant à Inui-sempai, le cœur toujours brisé par son amour pour Ryuichi déguisé en fille, il aperçoit un beau jour Ryuichi en balade avec les bébés…

A la recherche du monstre

Notre avis : Rechercher le Tatzlwurm telle est la mission que s’est donné un docteur en zoologie dans les années 20. Edité par Mosquito, A la recherche du monstre est un album de Bettina Egger.

Depuis des dizaines d’années, Paul Niort consacre ses recherches au Tatzlwurm, animal jusqu’alors inconnu et seulement décrit dans des légendes tyrolienne. Chercheur et chasseur de monstres, le scientifique vit seul avec sa gouvernante à Strasbourg. Un jour, il reçoit une lettre l’invitant au Tyrol : Jokob a enfin des indices forts pour retrouver l’animal fabuleux. Il a retrouvé une photographie floue d’un certain Balkin comportant le Tatzlwurm. Le voilà débarquant dans les Alpes autrichiennes, un lieu qui lui aussi se transforme avec l’arrivée au pouvoir de Hitler en Allemagne.

Aventure scientifique plutôt réussie, A la recherche du monstre est agréable à la lecture. Le récit de Bettina Egger repose sur la cryptozoologie (étude des animaux disparus) qui fascine les plus jeunes comme les plus âgés. Animal légendaire le Tatzlwurm – arassas en français – est bien connu des amateurs de sculptures des églises. Petit reptile à tête de chat affublé de deux pattes avant, il fait l’objet de recherches depuis plusieurs décennies. Ici l’auteure autrichienne prend le prétexte de cette quête pour nous parler de son pays, de la relation entre deux hommes dans un belle nature avec en filigrane un autre monstre qui commence à prospérer en Europe : le fascisme. On peut donc faire un beau parallèle entre l’Arassas et le Nazisme, comme si le petit animal dangereux car méconnu était l’allégorie du régime hitlérien.

L’album bénéficie d’une partie graphique de qualité en noir et blanc. Le dessin doux de Bettina Egger est fait de nombreuses hachures tranche avec le toile de fond plus sombre du récit.

  • A la recherche du monstre
  • Auteure :  Bettina Egger
  • Editeur : Mosquito
  • Prix : 15€
  • Parution : 04 mars 2016

Résumé de l’éditeur : Strasbourg, fin des années vingt, le professeur Paul Niort, docteur en zoologie et chasseur de monstres & curiosités diverses reçoit une étrange lettre du Tyrol lui signalant l’existence d’un grand ver avec deux pattes et une tête de chat. Le voilà parti dans les montagnes à la recherche du Tatzelwurm. Cependant en Autriche à cette époque, il y a une monstruosité d’un autre genre qui voit le jour.

Vaisseau spécial

Notre avis : Trois personnages sont envoyés dans l’espace pour effectuer une mission top secrète mais ils ne savent pas réellement ce qu’ils doivent faire. Yann Rambaud dévoile Vaisseau spécial, un album humoristique aux éditions Vraoum.

En 1988, un capitaine et deux assistants prennent place dans un vaisseau spatial. Alors que leur patron leur délivre le message de leur mission, l’un d’eux parle au même moment. Boulette ! L’enregistrement s’auto-détruit sans qu’ils ne sachent pourquoi ils sont là. Malgré leurs efforts, ils ne pourront jamais réentendre le message. Qu’importe ils vont vivre de riches heures là-haut dans l’espace.

Entre un capitaine fétichiste des pieds, des sangsues autour de la navette, un vert géant, un aspirateur ou Mirabelle dont le vaisseau a été heurté par l’engin des trois pieds nickelés, tout est amusant dans ce space opera ! Yann Rambaud s’amuse avec les codes du genre, multiplie les hommages aux films et séries (Star Trek, Star Wars…) et détourne tout. C’est souvent amusant, parfois crétin, tellement décalé que cela fait rire ou tout du moins sourire. En plus de tout cela, il met en scène des personnages plus bêtes les uns que les autres. Le but du capitaine étant de se taper Mirabelle – la spationaute aux gros seins – sans y arriver, bien évidemment.

Jeune illustrateur diplômé de l’Ecole Emile Cohl de Lyon, Yann Rambaud a été remarqué dans le projet Bermuda de la librairie Expérience qui rassemble les meilleurs auteurs lyonnais, ce qui lui a valu de signer un premier contrat avec Vraoum pour cet album. Le lecteur appréciera tout particulièrement le graphisme de ce jeune dessinateur proche des comics strips où les personnages très stéréotypés sont tout en rondeur et très élancés. Il y a peu de décors pour laisser toute la place aux situations et aux dialogues de ses héros.

  • Vaisseau spécial
  • Auteur : Yann Rambaud
  • Editeur : BD Kids, Bayard
  • Prix : 14€
  • Parution : 13 avril 2016

Résumé de l’éditeur : En 1988, trois aventuriers sont envoyés dans l’espace pour une mission secrète de la plus haute importance. Le problème : ils ignorent tout de leur mission. Ils seront rejoint par une astronaute en déroute, un droïde fabriqué à partir d’un aspirateur et un Alien lubrique. Ensemble, ils devraient découvrir la galaxie, explorent des planètes et tenter de comprendre leur mission. Mais il faudrait que le vaisseau quitte l’orbite terrestre, un jour…

Ballad #1

Notre avis : Recevoir une boîte mystérieuse et voir les morts refaire surface, Ryosuke ne pensait pas que cela puisse lui arriver dans sa jeune existence. Ainsi, il est heureux de retrouver ses frères assassinés dans le passé. Qui lui a envoyé cette boîte ? Pourquoi ? Toutes ses questions sont posées dans Ballad, la nouvelle série manga Komikku signée Yuri Narashima.

La famille Fuse reçoit un paquet un matin ordinaire. Sous couvert d’un faux nom d’entreprise agroalimentaire, Ahashima, 80 colis sont distribués en ville. Ryosuke, le benjamin, intrigué – personne ne reçoit jamais aucun colis dans sa famille – demande à sa grand-mère si elle attend un paquet.

Dans le même temps, Masaru et Kenji, les grands frères de Ryo se retrouvent au milieu de la rue. Etonnant ? Oui, car les deux adolescents ont été tués il y a quelques années ! Alors que le père était en prison pour deux ans et qu’il avait divorcé de leur maman, les trois garçons avaient décidé de changer de nom et de déménager chez leur grand-mère. A peine libéré de son incarcération, le père décida de retourner vivre avec son ex-femme, pour favoriser son intégration.

Les morts qui reviennent à la vie sont de plus en plus nombreux. Effrayés par certains, heureux pour d’autres, la population est interloquée. Il faut souligner que même les assassins sont de retour. Car si les deux frères de Ryo sont ressuscités, leur meurtrier aussi !

Lorsque les habitants reçoivent le fameux paquet, ils découvrent un paquet de nouilles. En les faisant réchauffer, ils assistent ébahis au retour à la vie d’un de leur proche. Pourquoi ces colis ? Qui se cache derrière Ahashima ? Qui a envoyé les paquets ? Comment peut-on ramener les morts à la vie ?

Le récit de Yuri Narashima n’est pas d’une folle originalité, même s’il reste facile à lire et permet au lecteur de lui faire passer un bon moment. Il repose avant tout sur la qualité apportée à la personnalité de ses héros et le côté thriller mais pas trop angoissant. Prévu en deux tomes, ce manga d’une belle efficacité apporte son lot de questionnements. Plus étonnant, la manière dont les morts reviennent à la vie : des nouilles à réchauffer ! Heureusement ce processus ne fait pas rire le lectorat – alors qu’il pourrait – car la mangaka l’amène subtilement. De plus, la partie graphique est assez inégale. En espérant que dans le deuxième volume, ses petits bémols soient gommés.

  • Ballad, volume 1/2
  • Auteure :  Yuri Narashima
  • Editeur : Komikku
  • Prix : 7.90€
  • Parution : 31 mars 2016

Résumé de l’éditeur : Un jour, un jeune garçon nommé Ryuosuke reçoit une mystérieuse boite. Vraiment suspecte. Et tout démarre à partir de ce moment.
D’un coup d’un seul, des gens qui sont supposés être morts ressuscitent et apparaissent vivants. Ryosuke est plutot heureux parce que ça lui permet de retrouver ses deux frères ainés qui avaient été assassinés dans le passé. Mais le problème c’est que le meurtrier, qui lui aussi été mort, ressuscite et les ennuis recommencent. Alors la question ou plutot les questions : Quelle est cette boite ? Qui l’a envoyé ? Et pourquoi ramène t elle à la vie ? Toutes les questions auxquelles Ryosuke et ses frères doivent trouver les réponses.

L’école de Pan #2 : Le défi de Dédale

Notre avis : Alors que le premier volume nous avait laissé une bonne impression, le deuxième tome de L’école de Pan la confirme. Cette belle série fantastique scénarisée par Maëlle Fierpied est mise en image par Yomgui Dumont.

Dans le premier opus le jeune lectorat découvrait des apprentis-héros se retrouvant dans une école sur une île afin de perfectionner leurs dons. Parmi les élèves, il suivait les aventures fantastiques et drôles de Félix, Bilal et Aglaé. Tels les X-Men ou Superman, les adolescents de cette île sont des supers-héros mais encore apprentis. Dès le début de l’album, Mäelle Fierpied nous plongeait dans l’atmosphère joyeuse et amusante de l’histoire en présentant l’ensemble des personnages : les trois héros, Bilal passe-muraille, Félix garçon-chat et Aglaé fille chauve-souris ; mais aussi les professeurs ainsi que les autres élèves. Soit une vingtaine de héros de papier qui ont des supers pouvoirs proches des héros de Marvel (la directrice qui a le même don que Tornade, Ambre la fille invisible, Loïc le garçon élastique, Tobias la torche humaine ou Andrew le garçon-roc).

Construits par petits chapitres de huit-dix pages chacun, la scénariste propose des mini-récits faits d’enquête, d’action et teintés de beaucoup d’humour. Il faut souligner que l’univers riche créé et les différents personnages peut augurer de nombreuses thématiques et histoires. Comme ils sont apprentis, les jeunes lecteurs pourront facilement s’identifier à un ou plusieurs d’entre-eux ; car comme les enfants, ils sont en période d’apprenants.

Dans ce deuxième opus, 10 mini-récits sont au sommaire, dont notamment :

  • Le  nouveau professeur. La directrice présente Monsieur Draken, prof d’histoire-géo dont les méthodes et le physique font trembler les élèves.
  • L’ange de Noël. Au milieu de l’Ecole de Pan trône un étrange statue, un ange tout blanc, qui apporterait le bonheur à tout le monde…
  • Une journée ordinaire. Les élèves ont sorti leur plus beaux cerf-volants pour les essayer mais Aglaé râle parce qu’ils la gênent lorsqu’elle est dans le ciel…

Connu pour son travail sur les séries Raph et Potetoz (Glénat) ou Chambres noires (Vents d’ouest), Yomgui Dumont livre de belles planches. Ses personnages sont élégants, élancés et son trait d’une belle lisibilité, idéal pour le jeune lectorat.

  • L’école de Pan, tome 2 : Le défi de Dédale
  • Scénariste : Maëlle Fierpied
  • Dessinateur : Yomgui Dumont
  • Editeur : BD Kids, Bayard
  • Prix : 9,95€
  • Parution : 06 avril 2016

Résumé de l’éditeur : Sur l’île de Pan, Félix, Bilal et Aglaé apprennent à maîtriser leurs pouvoirs. Pourtant, intrus malveillants et objets surnaturels perturbent de plus en plus le quotidien des pensionnaires… Les enfants sont-ils encore en sécurité ? C’est le moment que choisit un nouveau professeur pour entraîner le trio dans une mystérieuse compétition : le défi Dédale, qui opposera l’école de Pan à celle des Asphodèles !

Lady Liberty #2, Treize colonies

Notre avis : La chevalière d’Eon et sa fille adoptive Lya, espionnes, vont se retrouver au cœur de l’Histoire, celle de la naissance des Etats-Unis d’Amérique. C’est cette fiction historique qu’ont voulu conter Jean-Luc Sala et Aurore dans  la série Lady Liberty. Voici le deuxième volet de cette saga : Treize colonies.

Le Secret du roi est un réseau d’espionnage du roi Louis XV. Parmi ses membres, il y a Beaumarchais (avant sa carrière d’écrivain), La chevalière d’Eon et Lya de Beaumont, sa fille adoptive. Les missions affectées par le roi à ce réseau : intrigues et assassinats des sujets britanniques.

Dans le premier tome, les deux femmes apprenaient la mort de Louis XV par Beaumarchais. Il faut souligner que le défunt souverain était le principal donateur financier des membres du Secret du roi et par-là même celui de D’Eon et Lya. Plus d’argent mais nouvelle mission : récupérer les documents secrets de la potentielle invasion de la France par les Britanniques, établis par la chevalière. Mais elle ne souhaite pas donner ses fameux plans car elle sait que c’est sa seule chance de survie. Quelques mois plus tard, elles aident la femme du Général commandant les forces anglaises – accusée de haute trahison – aux Etats-Unis après la Guerre de 7 ans. Les britanniques ont débarqué à Boston pour mâter la rébellion organisée par les Sons of liberty…

Dans le second volume, Lya est décidée : elle veut faire tomber les souverains français et britannique après la mort de sa mère.

Le récit basé sur des faits historiques de Jean-Luc Sala est intéressant. Écrit comme une belle saga d’aventure, il mêle habilement l’espionnage, les combats de cape et d’épée et les complots géopolitiques. Si tous les personnages ont réellement existé (La chevalière d’Eon, Beaumarchais, le couple Kemble Gage…), celui de Lya de Beaumont est une pure invention ; une subtil mélange d’agents ayant existé tel Molly Pitcher ou Deborah Sampson. La jeune femme, éprise de justice, est une fine lame et grande tacticienne comme sa mère adoptive. Très documentée, l’histoire est aussi fondée sur des faits historiques. Divertissant, il est complété par une partie graphique rafraîchissante de la part de Aurore. Bercée par les mangas et les dessins animés du Club Dorothée, son trait subit donc beaucoup d’influence des graphismes japonais. Les scènes de combats et les courses-poursuites sur les toits comportent beaucoup de mouvements, comme dans les séries manga. Les costumes et les robes sont magnifiquement reproduits, mis en valeur par de belles couleurs.

  • Lady Liberty, tome 2 : Treize colonies
  • Scénariste :  Jean-Luc Sala
  • Dessinatrice : Aurore
  • Editeur : Soleil
  • Prix : 14.50 €
  • Parution : 20 avril 2016

Résumé de l’éditeur : Pour venger sa mère, Lya de Beaumont sest jurée de faire tomber les couronnes de Louis XVI et George III. Un vent de révolution commence à souffler sur le monde. Un vent qui va gonfler les voiles du « Sally Brown » et porter Lya, Lady Gage et lintriguant Beaumarchais vers les colonies. LAmérique en rébellion est devenue une poudrière et il ne lui manque quune étincelle pour exploser. Et Lya est cette étincelle !

Exo, tome 1 : Darwin II

Notre avis : Après le très bon Seul survivant, les éditions Les Humanoïdes Associés dévoilent le premier volume de leur nouvelle série de science-fiction Exo, de Philippe Scoffoni sur un scénario de Jerry Frissen.

John, un scientifique de grand talent, donne une conférence pour dévoiler sa nouvelle trouvaille : Darwin II, une planète aux caractéristiques proches de la Terre. Dans le même temps, un projectile non-identifié percute volontairement un station orbitale qui tourne autour de la Planète Bleue. Cet étrange faisceau laser est en fait une capsule ronde qui s’écrase sur la Terre. Une bande d’illuminés qui saignent du nez essaient de le récupérer et même de retrouver l’homme de science…

Encore un récit d’anticipation me direz-vous ! Eh bien celui-ci est différent, accrocheur et haletant. Il faut souligner que Jerry Frissen, son auteur, est l’un de meilleurs scénaristes du genre (World War X avec Peter Snejbjerg ou Les zombies ont mangé le monde avec Guy Davis). Intelligemment, il met en parallèle deux histoires – une sur Terre, l’autre dans l’espace – très réussies, construites comme deux thrillers. S’il repose sur une narration très classique, son contenu ravira les amateurs de bonne science-fiction, grâce à de nombreux rebondissements.

Il est accompagné au dessin de Philippe Scoffoni, au trait réaliste d’une grande qualité. Le dessinateur de Milo (sur un scénario de Benoît Rivière, Delcourt) propose des planches au découpage rythmé faites de grandes cases. La suite arrive vite, puisque l’éditeur le prévoit dès septembre et son dénouement début 2017.

  • Exo, tome 1/3 : Darwin II
  • Scénariste : Jerry Frissen
  • Dessinateur : Philippe Scoffoni
  • Editeur : Les Humanoïdes Associés
  • Prix : 13,95€
  • Parution : 13 avril 2016

Résumé de l’éditeur : Futur proche. La NASA pense enfin avoir découvert une exo-planète capable d’abriter la vie. Située à 4 années-lumière de la Terre, Darwin II suscite nombre d’interrogations, et fait immédiatement l’objet d’un projet d’exploration par une sonde spatiale. Au même moment, une station orbitale est traversée par un projectile en provenance de la lune, tuant plusieurs astronautes. Coïncidence ?

Drones, tome 2/2 : Post-trauma

Sylvain Runberg est de retour avec une excellente nouvelle série Drones, le premier tome d’un diptyque qu’il signe avec Louis et publié par Le Lombard.

Dans le premier volume, le lecteur découvrait qu’un parti autonomiste d’ultra-catholiques avait pris le pouvoir dans la région du Qinghai et essayait de la rendre autonome. Les grands alliés occidentaux ne l’entendentaient pas de cette oreille. D’ailleurs au Danemark, des pilotes de haut-niveau étaient prêts à décoller. A bord de leur drônes, engins ultra-technologiques, Jewel, Louise et Sam attendaient le feu vert pour agir.

Dans ce deuxième opus, Louise continue de traquer Yun Shao, l’autonomiste chinoise, qui se complait dans les attaques terroristes dans la province du Qinghai. Dans le même temps, en Europe, l’opinion agacée par ce conflit réclame le dialogue au contraire des attaques de drones. La jeune chinoise voit dans l’attaque de ces engins contre des ouvriers en grève dans une usine, la belle occasion de les rallier à la cause qu’elle croit juste…

Le récit de Sylvain Runberg est d’une extrême efficacité. Même si les ressorts de l’intrigue sont classiques, il fait le job et le lecteur accroché passera un agréable moment de lecture. Le suspens est parfaitement distillé et les personnages très bien calibrés. S’inscrivant dans l’actualité, le scénario habile de l’auteur de Warship Jolly Roger, par une belle pirouette (ici, les extrémistes sont catholiques ; il en existe aussi réellement) qui séduit. Le lecteur pourra même se sentir embarqué dans une histoire digne d’un jeu vidéo. Les personnages sont aussi bien campés et la folie extrémiste de Yun Shao est attirante.

La partie graphique confiée à Louis est d’une belle qualité et très efficace. Son trait d’une belle modernité permet au récit d’être d’une grande fluidité.

  • Drones, tome 2/2 : Post-trauma
  • Scénariste : Sylvain Runberg
  • Dessinateur : Louis
  • Editeur : Le Lombard
  • Prix : 13,99€
  • Parution : 1er avril 2016

Résumé de l’éditeur : La guerre fait rage. Louise la vit depuis son poste de pilotage de drone, ce qui lui laisse le temps de gérer les disputes familiales et d’aller chercher ses enfants à l’école ; tandis que Yun Shao est au coeur du conflit, à affronter un robot. Mais la dépouille d’un soldat mort au combat vient rappeler à Louise que la guerre n’est pas le jeu vidéo auquel elle croyait jouer, à l’abri depuis son QG de Stockholm…

Huck Finn

Notre avis : Tout le monde connait Huckleberry Finn – le héros de Mark Twain, ami de Tom Sawyer – et son côté aventurier et insoumis. Olivia Vieweg transpose son histoire dans l’Allemagne contemporaine dans Huck Finn. Un projet original et passionnant !

Halle-sur-Saale en Allemagne. Huck Finn, jeune adolescent, n’aime pas trop l’école, préfère ses amis et fumer. Vrai petit dur et insoumis, il a été placé chez un femme âgée. Si cette dernière est aimante et douce, ce n’est pas réciproque. Il rêve d’ailleurs, de plaisirs et de n’avoir personne qui lui dicte ses lois. Il décide de repartir vivre chez son père, alcoolique et violent dans un cabane au fond de la forêt. Ainsi : plus de cours et oisiveté à longueur de journée. Mais son paternel le bat et l’enferme lorsqu’il part plusieurs jours d’affilée. Imaginant un stratagème, il fuit et embarque sur un radeau. Non loin de la ville, il vit sous une bâche dans un bois. Un jour, il croise Jin, jeune prostituée avec qui il décide de rejoindre Hambourg par les eaux…

Après le harcèlement scolaire dans Le retour d’Antoinette, Olivia Vieweg nous parle encore des tourments de l’adolescence dans cette belle transposition du roman de Mark Twain. Avec Huck Finn, elle brosse le très beau portrait d’un jeune garçon à la marge de la société, épris de liberté et qui ne rêve que d’un ailleurs meilleur. Désœuvré, sous la coupe d’un père autoritaire, il va faire alliance avec Jin, une jeune fille qui lui ressemble – elle aussi sous la coupe d’un proxénète et qui rêve de retrouver sa sœur à Hambourg – ce duo va connaître de drôles d’aventure et notamment une course-poursuite haletante. Ils se retrouveront même dans une famille de baba-cool, sympa mais proche d’une secte.

Ode à la liberté et à la nature, le récit de l’auteure allemande a un charme fou même si parfois il manque cette petite chose qui aurait pu en faire une histoire remarquable. Frais et surprenant, l’album est porté par une partie graphique d’une belle modernité où les paysages urbains comme naturels sont admirablement restitués.

  • Huck Finn
  • Auteure : Olivia Vieweg
  • Editeur : Glénat, collection 1000 feuilles
  • Prix : 19.50€
  • Parution : 09 mars 2016

Résumé de l’éditeur : À Halle-sur-Saale en Allemagne, Huck Finn mène une vie sauvage avec ses copains. Mais la nuit, il rentre régulièrement chez sa mère adoptive, une veuve qui s’occupe bien de lui et essaie malgré tout de le « civiliser. » Mais Finn, épris de liberté, a d’autres objectifs : il est clair qu’il ne va pas rester encore très longtemps ici…

Choc, les fantômes de Knightgrave 2

Notre avis : Choc est le redoutable et insaisissable de Tif et Tondu. Créé en 1955 dans les pages de Spirou par le scénariste Maurice Rosy et le dessinateur Will, il deviendra l’un des maîtres du crime de la bande dessinée franco-belge. Pourtant, le lecteur ne sait pas grand-chose de ce malfrat. D’où vient-il ? Quelle fut son enfance ? Pourquoi a-t-il emprunté les voies du banditisme ? Toutes ces questions trouveront des réponses dans le diptyque signé Stephan Colman et Eric Maltaite, le fils du talentueux dessinateur de la série mère. Dans le premier tome Les fantômes de Knightgrave, les deux auteurs dévoilaient les origines de Choc et levaient le voile sur le célèbre criminel affublé d’un heaume.

Le premier volume revenait dans le passé et l’enfance de Choc; dans le deuxième tome, le célèbre bandit continue son entreprise de vengeance contre ceux qui l’ont maltraité dans son enfance.

Quel auteur autre que Eric Maltaite était plus à même de créer cette série parallèle de Tif et Tondu ? Pour mener à bien cette entreprise, le fils de Will s’est adjoint les services du talentueux Stephan Colman. Adoubés par Maurice Rosy de son vivant, ils ne sont pas effrayés par le projet : connaître enfin le parcours sinueux de Choc, génie du mal et opposant farouche des deux héros (on ne les voit d’ailleurs pas dans les deux albums). Le scénariste de Billy the cat met en scène une première histoire dense, forte et teintée de suspens. Le lecteur découvre au fur et à mesure cette escalade dans la violence en reconstituant les pièces du puzzle. Le dessinateur de 421 livre une belle prestation graphique dans la veine de son père sans dénaturer son propre style.

Si le premier opus laissait de très belles perspectives quant à Choc (récit mi-joyeux mi-sombre, accrocheur et d’une belle intelligence), cette deuxième partie de Fantômes de Knightgrave déçoit. Si le dessin de Maltaite et les flash-back dans l’adolescence de l’homme casqué sont toujours aussi accrocheuses, les différentes vengeances sont moins intéressantes, pas d’une folle originalité.

  • Choc, les fantômes de Knightgrave, deuxième partie
  • Scénariste : Stephan Colman
  • Dessinateur : Eric Maltaite
  • Editeur : Dupuis
  • Prix : 16.50€
  • Parution : 08 avril 2016

Résumé de l’éditeur : Choc, l’homme au heaume, continue méticuleusement de mener à bien le grand oeuvre qu’est sa vengeance, rendant chaque coup reçu dans sa jeunesse, à l’époque où il était encore le brillant et doux Eden, qu’il errait dans les rues pauvres et sales du Londres des années 1930, travaillait au service du riche Lord Essex et de son lâche de fils, comptait les jours derrière les barreaux de la prison de Blackwoods Borstal ou encore vivait de petits larcins au sein d’une bande organisée.

Versipelle, tome 1 : Hiver

Notre avis : Sigurd est un homme-loup, l’un des derniers de son espèce, il est pourchassé par des villageois qui pensent qu’il est responsable de tous leurs mots. Isabelle Bauthian et Anne-Catherine Ott dévoilent le premier volet de Versipelle, belle saga historico-fantastique chez Akileos.

Sigurd est le fils de Gunnulf, un maître-loup, loup-garou qui règne sur les canidés de cette partie nordique de l’Europe. Alors que son père a été sauvagement assassiné, l’adolescent devient alors le chef de la meute. Accusé à tord de la mort d’une femme et de ses deux filles, le jeune homme-loup décide d’aller dans le village pour s’en expliquer. Mis en garde par Randi, son amie, il fonce tout droit dans un piège : les villageois ne veulent pas l’écouter…

De son côté Harding – l’assassin de Gunnulf – tente désespérément de capter les pouvoirs de l’homme-loup en revêtant sa peau. Or aucun humain ne peut réussir cet exploit, seuls les versipelles le peuvent.

Isabelle Bauthian, scénariste notamment de Alyssa (3 volumes avec Rebecca Morse, Soleil) ou Effleurés – très beau récit d’amours adolescentes (avec Sylvain Limousi, Dargaud) -, met en scène une belle histoire fantastique où se mêlent les légendes, les combats, la peur et les vengeances. En utilisant les versipelles (lycanthropes ou homme-loup), elle décline une histoire agréable à lire (sans être d’une grande originalité, il faut dire que nombre d’auteurs se sont déjà essayés à ce genre littéraire). Mais pour Versipelle, elle le décline avec deux héros adolescents, dont l’un Sigurd, doit porter sur ses frêles épaules toute le poids de ses pairs, son histoire et tous les doutes des villageois contre ses semblables.

Le gros point fort de ce premier volume de saga est la partie graphique de Anne-Catherine Ott. Son très beau dessin d’une grande légèreté tranche avec le propos parfois sombre du récit. Cette perception  est renforcée par des couleurs claires et lumineuses. Elle restitue admirablement les paysages enneigés du nord de l’Europe mais aussi l’ambiance historique de l’histoire. Son découpage plutôt rythmé donne de l’allant notamment dans les combats ou les transformations de Sigurd en versipelle.

Les deux auteures avaient déjà travaillé ensemble sur la série Havre (trois tomes, Ankama).

  • Versipelle, tome 1/2 : Hiver
  • Scénariste : Isabelle Bauthian
  • Dessinatrice : Anne-Catherine Ott
  • Editeur : Akileos
  • Prix : 14€
  • Parution : 24 mars 2016

Résumé de l’éditeur : Après avoir lâchement assassiné Gunnulf, le meneur de loups, Harding s’empare de sa peau de Versipelle et la revêt, pensant ainsi s’approprier ses facultés. Mais un simple mortel ne saurait maîtriser un tel pouvoir. Rendu fou par la transformation, Harding doit fuir le village, semant la mort sur son passage. Sigfred, fils d’Harding et d’une louve, a qui devait revenir la peau de Versipelle se lance sur les traces de l’usurpateur en compagnie de sa meute et de Randi, une jeune orpheline qui parle aux esprits de la forêt.