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Corps et âme

Notre avis : Après un très beau succès critique avec Balles perdues, le trio Walter Hill, Matz et Jef se reforme pour conter Corps et âme, un polar mouvementé plutôt réussi aux éditions Rue de Sèvres.

Franck est un tueur à gages réputé et craint. Il enchaîne les contrats comme par exemple l’assassinat de Sebastian Kaye le célèbre mannequin. Quelques semaines plus tard, il est reçu par Gleason pour une nouvelle mission : tuer un rival qui veut sa peau. Pour cela il doit attendre qu’il rentre en ville. Dans un bar, il rencontre Johnnie, une belle femme avec laquelle il aura une aventure. Le jour J, il pense effectuer facilement sa basse besogne mais il est stoppé dans son élan. Frappé à la tête, il se réveille quelques jours plus tard dans le corps d’une femme…

Si les 40 premières pages donnaient beaucoup d’allant à Corps et âme, le changement physique involontaire de Franck laisse un goût amer en bouche, faisant retomber un suspens jusque là très intéressant. Il faudra attendre de nouveau une quarantaine de planches pour retrouver un intérêt à l’histoire. Cette baisse de régime – qui est pourtant le nœud du récit – ne convainc guère. Néanmoins, les tourments psychologiques du personnage principal sont plutôt bien cernés et son envie de vengeance compréhensible.

Le récit de Matz et Walter Hill est en somme un bon polar qui aurait pu être un excellent polar sans cette petite baisse de tension au climax de l’histoire. Comme dans la série-phare qui l’a fait connaître, Le tueur (avec Jacamon, Casterman), Matz met en scène de formidables ambiances de suspens et de bas-fonds de San Francisco ou en Asie très réussies. La partie graphique de Jef est électrique et restitue parfaitement les ambiances de suspens. C’est fort et c’est piquant.

  • Corps et âme
  • Scénaristes : Walter Hill et Matz
  • Dessinateur : Jef
  • Editeur : Rue de Sèvres
  • Prix : 18€
  • Parution : 16 mars 2016

Résumé de l’éditeur : Frank Kitchen, redoutable tueur à gages réputé pour son efficacité et sa discrétion tombe dans un piège et se retrouve dans une situation totalement inédite. La pire des vengeances n’est peut-être pas la mort…

Haïda #2, Frères ours

Notre avis : Taan et Nizhoni, deux petits indiens, vont mentir à leurs parents pour aller voir de plus près les animaux de la forêt interdite dans Frères ours, le deuxième volet de la très belle saga pour enfants Haïda signée Séverine Gauthier et Yann Dégruel, aux éditions Delcourt.

Comme à leur habitude, les enfants du village se retrouvent sur la plage autour de grand-père Ts’ang pour l’écouter raconter des histoires. Aujourd’hui, il a décidé de faire partager la légende de Kindawuss et Quissan, deux ours qui s’aiment. Barrés par leurs parents respectifs, ils décident de fuir dans la forêt pour y vivre leur amour. Intrigués par ce conte indien, Taan et Nizhoni partent dans la forêt interdite dans les pas de ces deux plantigrades.

Quel bonheur de retrouver les deux petits indiens de la série Haïda ! Comme la précédente publication L’immortelle baleine, Séverine Gauthier fonde son récit sur une légende indienne des Haïda, peuple vivant sur un archipel canadien au large de la Colombie britannique. Pour cette histoire, l’aventure et la quête initiatique sont au coeur de l’album. Les hommes-ours donnent un aspect fantastique agréable et bien amené au récit. L’auteure de L’homme-montagne (avec Amélie Fléchais) ou encore Virginia (avec Benoît Blary, Casterman) impulse un rythme haletant à son histoire, teinté de suspens qui accroche le jeune lectorat.

Accompagné au dessin par Yann Dégruel, son récit enchantera aussi les plus âgés. S’il avait utilisé avec maestria la craie pour ses albums précédents Sans famille ou Genz Gys Khan, il nous charme avec son trait à l’aquarelle dans Haïda.

Frères ours : une petite pépite pour les plus jeunes !

  • Haïda, tome 2 : Frères ours
  • Scénariste : Séverine Gauthier
  • Dessinateur : Yann Dégruel
  • Editeur : Delcourt, collection Jeunesse
  • Prix : 10.95€
  • Parution : 16 mars 2016

Résumé de l’éditeur : Comme elle est étrange, cette histoire d’ours racontée par Grand-père Ts’ang. Si étrange que les jeunes Taan et Nizhoni vont mentir à leurs parents pour aller voir de plus près ces animaux si mystérieux qui habitent dans la grande forêt. Devant tant d’inconscience et ce grand danger que représentent ces imprévisibles carnivores, c’est une chanson qui va peut-être sauver la vie de nos deux comparses.

J’ai tué Marat

Notre avis : Dans la série « Une journée, un meurtre », la nouvelle collection de Vents d’Ouest (Glénat) propose ce mois-ci un J’ai tué Marat, thriller historique conçu et réalisé par le duo Laurent-Frédéric Bollée au scénario et Oliver Martin au dessin. Après Abel, l’archiduc François-Ferdinand, John Lennon ou Philippe II (Isabelle Dethan) – chroniqué par Comixtrip – , c’est un personnage célèbre de la Révolution Française qui est campé ici.

Le 13 juillet 1793, celui qu’on nomme « L’ami du peuple » est poignardé dans sa baignoire par une certaine Marie D’armont, plus connue sous le nom de Charlotte Corday, fougueuse descendante du célèbre Corneille. Bien que favorable à la Révolution qui s’est déclenchée dans le pays depuis quatre ans, elle n’en partage point les excès et exècre les promoteurs de la Terreur comme incarnée par le citoyen Marat.

C’est le récit de cette journée restée fameuse dans l’histoire qui nous est fait ici, tout en flasbacks et allers retours entre passé et présent des deux protagonistes. Le procédé narratif choisi est un dialogue imaginaire entre la victime et son assassin alors qu’ils viennent de se retrouver dans un lieu tout blanc, qu’on suppose être le paradis.

Les dialogues sont denses mais n’alourdissent pas les cases agencées de manière classique. Côté dessin, les détails architecturaux des décors et des costumes sont travaillés. Moins peut-être les expressions des deux personnages qui semblent ne jamais décolérer. L’ensemble reste d’une lecture agréable et constitue une bonne entrée en matière pour qui veut se familiariser avec cette période tourmentée du pays.

  • J’ai tué Marat
  • Dessin : Olivier Martin
  • Scénario : L.F.Bollée
  • Editeur : Glénat
  • Parution: 30 mars 2016
  • Prix : 14, 50 €

Résumé de l’éditeur. Le 13 juillet 1793, Charlotte Corday assassine au couteau Jean-Paul Marat dans sa baignoire. Ils ne se connaissent pas, ne se seront vu que cinq minutes en tout et pour tout. C’est le temps qu’il aura fallu pour que tout bascule… Mais qui était Charlotte Corday, et pourquoi a-t-elle tué « L’Ami du Peuple » ? Bien que favorable aux idées révolutionnaires, cette jeune femme originaire de Caen considère les responsables de la Terreur comme le véritable poison de la société. Elle s’imagine que, par sa mort, Marat en sauvera des milliers. L’Histoire lui donnera tort…

Mettant en scène un dialogue imaginaire entre la victime et son assassin, LF Bollée et Olivier Martin reviennent en détail sur la journée du meurtre de Marat, et sur les motivations qui ont pu pousser une jeune femme de bonne famille à commettre un acte aussi terrible.

Apache

Notre avis : Un patron de bar va voir sa vie basculer avec l’arrivée d’un couple dans son établissement. Apache décrypte cet étrange ménage à trois signé Alex W. Inker aux éditions Sarbacane.

Paris 1934. Une limousine tombe en panne devant le bar de quartier d’un ex-boxeur et forçat. Sort de cette luxueuse voiture, un gros bourgeois et sa femme toute menue, ainsi que leur chauffeur. Alors que Eddy, le mari, attend impatiemment le résultat d’une course hippique à la radio – il a misé très gros sur le canasson – sa femme enchaîne picon citron sur picon citron. Avec les verres qui défilent, elle entame facilement la conversation avec le patron, qui n’en demandait pas tant et qui lui raconte son passé.

Eddy calanche, sa femme est heureuse et l’on découvre que le chauffeur était son amant. Cacher le corps est la première chose à faire…

Le récit de Alex W. Inker est construit comme un drame mâtiné de suspens, tel un bon film des années 50/60 avec Gabin, Belmondo ou Blier. Il faut dire que l’histoire en huis-clos repose sur des personnages savoureux, des dialogues argotiques sympathiques (Apache signifiant voyou), un mort et un drôle de ménage à trois : la femme, le chauffeur et le patron du bar. Le confinement et le passé des trois protagonistes apportent leur lot de tensions et de suspens, plutôt bien sentis. Pourtant, le lecteur reste sur sa faim, il manque ce petit déclic qui aurait fait basculer Apache du côté d’un très grand album.

Reste néanmoins la partie graphique très réussie. Diplômé du prestigieux Institut Saint-Luc de Bruxelles, l’auteur – dont c’est la première bande dessinée – propose d’excellentes planches en bichromie noir et rouge (avec des trames intelligentes) dont le format à l’italienne de l’album en donne toute la plénitude. L’ambiance électrique et quasi érotique est parfaitement restituée par un trait épais et d’une belle force graphique.

  • Apache
  • Auteur : Alex W. Inker
  • Editeur : Sarbacane
  • Prix : 22.50€
  • Parution : 03 mars 2016

Résumé de l’éditeur : Paris, début des années 20. Un vieux bouclard du quartier de la Bastille.  Un serveur derrière le comptoir nettoie ses verres en rêvant, manches relevées, tatouages apparents sur des bras musclés et blancs. La nuit est tombée, la porte s’ouvre. Entre une très jeune et très  jolie métisse, cheveux courts, garçonne, la silhouette fine. La femme est accompagnée d’un homme d’un certain âge, gros, riche, transpirant et essoufflé.  Son micheton sans doute. Bientôt viendra les rejoindre le chaufeur de l’homme riche, aussi louche que patibulaire… Dans un huis clos étouffant leurs histoires vont se mêler, histoires de tranchées, de vols, de courses, de frangins, d’amour et de trahison. Au bout, il y aura la mort pour deux des quatre protagonistes. Oui, mais pour qui la faucheuse ?

Pas mal pour de l’art

Notre avis : Critique d’art et dessinatrice, Clo’e Floirat propose Pas mal pour de l’art, un recueil d’illustration sur l’Art, les visiteurs de musées et leur analyses aux éditions Marabulles.

Après une année aux Etats-Unis où elle s’initia à l’architecture, Clo’e Floirat intégra l’ESAD de Reims où elle fut diplômée. Elle voyagea alors aux Pays-Bas pour suivre les cours de la Design Academy de Eindhoven puis habita 5 ans à Berlin et enfin obtint un master en Critical Writing in Art au College royal de Londres. Cette globe-trotteuse de l’Art écrit depuis pour de nombreuses revues comme Intramuros, L’architecture d’aujourd’hui, Frieze ou encore L’art officiel.

Comme elle le souligne dans l’introduction à son recueil : « La critique, c’est l’art d’aimer » et son travail consiste à « faire la critique de l’art de la critique de l’art ». En effet, elle est à la fois critique et dessinatrice – position délicate et ambigue – qui consiste à être acteur et juge en même temps. Mais en étant des deux côtés du miroir, elle peut facilement en comprendre les tenants et les aboutissants et livrer une vision très pointue. Ainsi, elle croque par des dessins pleine-page, les visiteurs devant des tableaux livrant leurs impressions et commentant à tout va ce qu’ils observent. Finalement, le public – celui qui juge – est le meilleur indicateur pour comprendre l’œuvre, déceler les émotions qu’elle procure et voir si l’auteur a bien transmis par son tableau ce qu’il voulait dire.

Une illustration avec des personnages stylisé simples, d’un seul trait et une phrase de dialogue en dessous, voilà le principe de Pas mal pour de l’art. Le décalage entre l’œuvre et la pensée du visiteur donne un petit humour – pas toujours présent – au recueil.

  • Pas mal pour de l’art
  • Auteure : Clo’e Floirat
  • Editeur : Marabout, collection Marabulles
  • Prix : 17.95€
  • Parution : 16 mars 2016

Résumé de l’éditeur : Qui peut penser que l’art et l’humour ne faisaient pas bon ménage ?
Critique d’art, Clo’e observe les œuvres depuis des années ; dans ce livre, c’est notre regard sur l’art, nos questions, nos tentatives d’explications, d’analyse qu’elle explore avec humour et finesse.
Pourquoi va-t-on au musée, quel plaisir avons-nous, quel snobisme nous étreint parfois, quelle stupidité aussi… Les dessins de Clo’e nous font sourire et réfléchir et donnent ainsi une légèreté joyeuse à la critique d’art.

Grrreeny #4

Notre avis : En 2014, Mad Fabrik, qui publie entre autre Kid Paddle, Game over, Durant les travaux et Grrreeny, a rejoint le groupe Glénat. L’univers foisonnant de Midam, créateur de ces séries, avait d’abord connu une première maison d’édition avec Dupuis, puis avait volé de ses propres ailes pour finir dans le giron de la structure grenobloise.  Le 03 février paraissait le nouvel album des aventures de Grrreeny, intitulé Green Anatomy.

Le jeune lecteur pourra retrouver avec beaucoup de plaisir le petit tigre vert. Alors qu’il était un petit tigron tout à fait normal, il se baigna dans un lac pollué par la radioactivité, ce qui lui donna un pelage vert définitif. Cet accident si rare, lui fera prendre conscience des nombreux dangers qui menacent l’environnement.

Mascotte du magazine Wapiti, Grrreeny est un petit félin amusant et malin. Les récits de Midam, associé à Patelin et Araceli sont livrés par gags en une planche, qui font très souvent mouche. Les jeunes lecteurs seront ravis de retrouver le petit tigre et ses amis de la jungle en prise avec les braconniers et les problèmes liés à l’environnement. La thématique chère aux enfants est ici bien déclinée et ils trouveront quelques anecdotes véridiques sur les insectes  à la fin de l’album dans un dossier de 7 pages préparé par Yves Gomy, entomologiste. Le trait de Midam, aidé par Adam et Julien Mariolle, est extrêmement plaisant et efficace. Une belle série !

  • Grrreeny, tome 4 : Green Anatomy
  • Auteurs : Midam, Adam, Patelin, Araceli et Julien Mariolle
  • Editeur  : Mad Fabrik / Glénat
  • Prix : 10,95€
  • Parution :  03 février 2016

Grrreeny aurait pu avoir une enfance de jeune tigre tout à fait normale. Mais après avoir nagé par hasard dans un lac pollué par la radioactivité, son pelage est devenu définitivement vert. Un accident qui lui a fait prendre conscience des nombreux dangers qui menacent l’environnement. Alors, même s’il a toujours envie de s’amuser avec ses potes et éliminer les braconniers dans sa réserve naturelle, il tente aussi d’agir à sa manière, avec plus ou moins de succès, et de sensibiliser son entourage à l’écologie. Grrreeny… mignon, trash et vert malgré lui !

Léo Loden #24 Les cigales du pharaon

Notre avis : Léo, Marlène et Tonton sont embarqués dans une drôle d’enquête road trip, à travers un rallye dans les Alpilles. Les cigales du pharaon, histoire politico-humoristique de la série Léo Loden, est signée Christophe Arleston, Loïc Nicoloff et Serge Carrère aux éditions Soleil.

Marseille, en été. Marlène, toujours enceinte, se plaint de la lourde chaleur. Avec son compagnon Léo, ex-policier et Loco son tonton fantasque, ils ont enfin emménagés dans un bel appartement. René, un ex-collègue du jeune homme, lui propose de venir quelques jours ans le Lubéron en vacances. Il faut souligner que le retraité doit partir quelques jours de chez lui pour un rallye et que cela lui permet de ne pas laisser sa somptueuse maison sans surveillance.

Pendant la nuit, trois étrangers pénètrent dans le garage de la propriété et volent la traction de René. Ce véhicule, qui lui avait permis de gagner le rallye l’année précédente, envolé, il ne peut plus y participer. Il demande alors à Destivelle, un ami avocat, de lui prêter une autre voiture afin de retrouver la sienne et participer à la course avec Léo, Marlène et Loco…

Léo Loden continue son petit bonhomme de chemin, entre enquête policière, humour et accent marseillais. Christophe Arleston, accompagné de Loïc Nicoloff au scénario, a fait de ses histoires, une série populaire et grand public de qualité. Là encore, pour ce vingt-quatrième volet, ils mettent en scène un assassinat et un vol avec comme toile de fond les rallyes de voitures anciennes. Ce road-movie dans les Alpilles leur permet aussi de faire découvrir les petits villages typiques du Lubéron. Cascades, bagarres, dialogues incisifs et intrigue policière, tout plaira aux amateurs du genre. Il faut souligner que le tout est porté par un partie graphique de Serge Carrère très réussie. Son trait humoristique convient parfaitement pour restituer l’ambiance du récit, à la fois amusante et policière.

  • Léo Loden, tome 24 : Les cigales du pharaon
  • Scénaristes : Christophe Arleston et Loïc Nicoloff
  • Dessinateur : Serge Carrère
  • Editeur : Soleil
  • Prix : 10.95€
  • Parution : 23 mars 2016

Résumé de l’éditeur : L’accouchement de Marlène approche ! Quoi de mieux pour les futurs parents que de prendre le bon air dans les Alpilles chez leur collègue René Boyer, surnommé Le Pharaon dans le milieu des vieilles tractions ?
Malgré le vol en pleine nuit de Georgette, sa traction fétiche, Le Pharaon prend le départ, avec Léo, Tonton et Marlène à bord, du Rallye des Cigales, la course prestigieuse qui traverse les plus beaux coins de Provence !
C’est ainsi qu’ils plongent dans le milieu des collectionneurs, dont certains sont prêts à tout pour arriver sur le podium. Et quand un des pilotes est retrouvé assassiné, qui se colle à l’enquête ? Eh oui, Leo Loden !

 

Konshoku melancholic

Notre avis : Nishimura, un excellent athlète et son ami Miyashita, dessinateur, vont vivre une belle histoire d’amour dans le nouveau yaoi Taifu, Konshoku melancholic signé Ringo Yuki.

Dans ce manga yaoi, il y a plusieurs histoires courtes, dont notamment :

  • Couleur mélancolie (deux épisodes) : Miyashita est un lycéen artiste plutôt doué pour le dessin. Introverti et d’une grande timidité, il n’arrive pas à exprimer les sentiments qu’il éprouve pour Nishimura, l’un des meilleurs athlètes du lycée. La seule chose qu’il puisse faire c’est le dessiner en secret, dans toute sa splendeur et sa beauté. Après avoir trébuché en se chamaillant avec son meilleur ami, ce dernier découvre stupéfait les images croquées de lui. S’il pensait que Nishimura serait en colère, il n’en est rien… Il tombe même amoureux de lui.
  • Hygiène extrême (deux chapitres) : Masaru est un très bel étudiant toujours célibataire. Il faut dire que son obsession pour le ménage l’éloigne en fait des autres. Etre maniaque pour lui c’est entre autre : porter un masque et des gants pour discuter ou toucher une tierce personne, ne pas toucher les rampes du métro, être éloigné des autres de plus de 2m dans la classe… Pourtant Takahiro vient bousculer ses habitudes et lui ouvrir les yeux sur son amour.
  • Mensonge révélateur : Shunsuke est un beau parleur ! Il se pavane avec les filles, fait croire qu’il a couché avec nombre d’entre elles et qu’il a les oreilles percées pour les faire craquer. Pourtant, il n’en est rien. D’ailleurs Isokawa le découvre et lui fait comprendre dans les toilettes…

Prépublié dans la revue Be X Boy en 2013 au Japon, Konshuku melancholic est un recueil plutôt réussi d’histoires entre jeunes hommes de Ringo Yuki. Le point commun à ces récits tendres et sensibles est la timidité et l’introversion de l’un des deux protagonistes. En effet, l’extrême discrétion  de l’un et l’exubérance de l’autre donnent des situations cocasses mais agréables à la lecture. C’est d’ailleurs ce dernier qui donnera des ailes au premier et fera s’ouvrir aux autres et à l’amour. Des scènes de sexe, elles sont très rares et plutôt sobres, mais la fraîcheur des histoires et le romantisme compensent tout cela.

Le tout est porté par une partie graphique classique mais d’une belle efficacité. Sensibles et tendres, ses planches raviront les amateurs de yaoi légers, romantiques et sans prétention.

  • Konshoku melancholic
  • Auteure : Ringo Yuki
  • Editeur : Taifu Comics
  • Prix : 8.99€
  • Parution : 13 mars 2016

Résumé de l’éditeur : Miyashita est un lycéen passionné par la peinture. A cause de son complexe d’infériorité, il passe ses journées isolé dans la salle d’art pour y peindre. Intrigué par ce dernier, Nishimura qui est plutôt du genre extraverti, décide de pénétrer dans son antre pour apprendre à le connaître, et l’aider à s’ouvrir au monde petit à petit.

La ligue des voleurs

Notre avis : Fille d’un célèbre couple de voleurs, Clémence ne veut pas vraiment suivre la voie de ses parents. Elle rêve d’étudier la biologie, les sciences à la bibliothèque. Ses turpitudes sont racontées dans La ligue des voleurs, un excellent album jeunesse de Maïa Mazaurette et Dagda, aux éditions Jungle.

Clémence habite avec ses parents-voleurs et son petit frère dans un petit pavillon coquet. Tous les matins, sa mère charge la voiture en objets divers qui lui serviront pour ses casses, tandis que la jeune adolescente rêve d’un ailleurs meilleur. Son envie est d’aller enfin étudier dans un vrai collège où elle pourra suivre de vrais cours de biologie, de grammaire, de science et d’histoire-géo. En effet, son quotidien est tout autre, elle se rend tous les jours dans un collège pour voleur où elle apprend à ouvrir des coffres, l’infiltration ou à tirer au pistolet. Sereine sa meilleure amie et ses parents ne comprennent pas trop ses désirs de changement.

Il faut dire que l’argent coule à flots dans sa famille et que la vie est plutôt douce. Même si son père doit « disparaître » pendant quelques temps après un problème de jeu d’argent. Clémence, elle cela ne l’intéresse pas, elle préfère passer toutes ses nuits à la bibliothèque. D’ailleurs un jour, elle fait la connaissance de Eléonore, une « vraie » collégienne…

Tel Poudlard, l’école des voleurs doit permettre aux apprentis d’être de vrais Harry Potter de la cambriole ! Cours par des enseignants qualifiés dans leur spécialité, passe-passe ou vol sans être inquiété (ils sont mineurs !), tout est agréable dans cette bande dessinée. L’histoire de Maïa Mazaurette est loufoque et décalée. Il faut dire que son récit repose sur un schéma différent de la réalité : les jeunes doivent devenir des voleurs tandis que le monde qui les entoure est « normal ». Ce sont les nombreuses oppositions dans l’histoire qui la rendent amusante : l’argent qui coule à flots facilement sans travailler / la difficulté de gagner de l’argent dans la vie réelle; les professeurs qui misent sur les pratiques illicites / les cours magistraux; les cours de vol / l’enseignement classique; Clémence / Sereine; ses envies de normalité / la vie de ses parents…

Les jeunes lecteurs seront conquis par l’envie d’accomplissement de Clémence, de se défaire de son avenir tout tracé (le déterminisme social) et de ses parents pour rêver d’une forme de normalité. Eloge de l’enseignement et des professeurs, l’album ravira aussi les plus grands pour la forme satyrique de son propos.

L’histoire est portée par une belle partie graphique de Dagda. S’il peut y avoir parfois quelques erreurs dans la mise en scène des cases et des personnages, l’ensemble est agréable à l’œil notamment grâce à de très belles couleurs. D’une belle modernité, le trait de la dessinatrice est bien mis en valeur dans ses cases plus grandes.

La ligue des voleurs : un premier tome enthousiasmant, amusant et décalé ! Une belle réussite !

  • La ligue des voleurs, tome 1
  • Scénariste : Maïa Mazaurette
  • Dessinatrice : Dagda
  • Editeur : Jungle
  • Prix : 12€
  • Parution : 30 mars 2016

Résumé de l’éditeur : A l’école de la Guilde des voleurs, pas de grammaire, ni de mathématiques. A la place, cours de tir, maniement des munitions, étude de la cryptographie et infiltration. Objectif : devenir le meilleur braqueur de la promotion. Pour Clémence, ça ne devrait pas poser de problème. Fille de deux fameux bandits de la Guilde, elle a le talent de son père et la classe de sa mère. Sauf que Clémence a un secret : elle préfère largement étudier la biologie à la bibliothèque plutôt que de braquer des banques avec style. Mais lorsqu’on fait partie de la Guilde, on se doit de respecter certaines règles : pas de contact avec le monde  » normal « , pas d’amis en dehors de la communauté, c’est un engagement total qui est pris très au sérieux. Pour Clémence, c’est le début d’un dilemme. Comment ne plus vivre dans l’illégalité et ne pas décevoir ses parents pour qui la réussite rime avec dynamite ?

Capitaine Albator, dimension voyage #1

Notre avis : Kouiti Shimaboshi revisite le chef-d’œuvre de Leiji Matsumoto dans Capitaine Albator, dimension voyage aux éditions Kana. Sans être de nouvelles histoires du capitaine corsaire, c’est seulement une réécriture du manga que les Français avaient pu découvrir en 2014 chez le même éditeur.

En effet, tous les ingrédients de l’œuvre de Leiji Matsumoto sont ici redessinés par Kouiti Shimaboshi : la sphère immense au centre de Tokyo, le professeur Daiba – qui l’explorait – assassiné par les sylvidres, son fils Tadashi qui s’engage sur l’Arcadia, le ministre trouillard-coureur de jupons, mais aussi tous les personnages secondaires : Yattaran le lieutenant d’Albator, Masu la cantinière, le Docteur Zéro, Queen Emeraldas ou encore Tochirô.

Ainsi ce premier volume reprend les 200 premières pages de l’intégrale et se termine au moment où Tadeshi arrive dans le vaisseau d’Albator. S’il reprend les codes et la charte graphique, Shimaboshi n’égale en rien le maître mangaka. Plus moderne dans l’approche du style, le jeune auteur parvient à distiller son propre graphisme dans les planches.

Ce premier volet de la sage se lit plutôt aisément, le lecteur est happé et peut ainsi (re)découvrir le héros de la série animée-phare des années 80.

  • Capitaine Albator, dimension voyage volume 1
  • Auteur : Kouiti Shimaboshi d’après Leiji Matsumoto
  • Editeur : Kana
  • Prix : 7.45€
  • Parution : 19 février 2016

Résumé de l’éditeur : Alors qu’un peuple de guerrières extra-terrestre qui ont perdu leur planète d’origine, les Sylvrides, complotent l’invasion de la Terre et l’anéantissement de l’Humanité, les terriens vivent dans l’opulence, noyés dans l’inconscience et la futilité, aveugle aux véritables menaces qui les guettent.

Car quelques mois avant le début de l’histoire, une mystérieuse sphère noire, couvertes de glyphes, s’est écrasée sur Terre. Un signe évident, qui reste pourtant invisible à la population.

Les hommes et femmes valeureux sont tous partis dans l’espace pour tenter de couper l’herbe sous les pieds des potentiels envahisseurs. Mais aucun d’eux n’a vu venir les Sylvrides et à présent, la Terre se retrouve sans défense…ou presque.

La déesse

Notre avis : La déesse livre les premières émotions et les premiers plaisirs sexuels de Nanna, jeune étudiante en calligraphie. Edité par Tabou BD, l’album est signé par un duo d’auteurs féminins Kathia Even et Nephyla.

Nanna prend des cours de calligraphie à l’université, sous la coupe de Madame Swyn, professeur qui la déstabilise. Il faut dire que depuis quelques cours, elle doit enluminer les textes de Anann, la déesse celtique de l’amour. En lui parlant, la femme lui passe un collier magique autour du cou. Ce dernier, étonnant, lui fait faire des rêves érotiques la nuit. Cette expérience nocturne fait d’elle une nouvelle femme, plus épanouie. Pis, son sex appeal est décuplé. Ces étranges visions érotiques, elle les ressent même en journée.

Si la jeune ingénue qui découvre les plaisirs sexuels n’est pas neuve en bande dessinée érotique, l’album est pourtant très attirant à plus d’un titre. Tout d’abord par la personnalité de Nanna : étudiante coincée, ronde et qui ne se sent pas bien dans sa peau et qui de plus s’habille mal. Enfin une femme ronde qui est l’héroïne d’une histoire érotique, voilà l’une des particularités agréables du livre.

La deuxième chose importante à souligner dans La déesse, c’est que l’on remarque de suite la touche féminine de l’album. Le duo d’auteures ne dévoilent pas réellement un récit pornographique pur, aux scènes débridées; juste de l’érotisme et du sexe plutôt soft. Et là encore c’est agréable. Cette découverte du plaisir se matérialisera avant tout par des rêves d’une grande sensualité.

Enfin la partie graphique proposée par Nephyla est d’une belle élégance. Elle peut s’exprimer pleinement notamment dans des planches muettes aux très grandes cases.

  • La déesse
  • Scénariste : Katia Even
  • Dessinatrice : Nephyla
  • Editeur : Tabou BD
  • Prix : 15€
  • Parution : 07 mars 2016

Résumé de l’éditeur : Nanna consacre sa vie à ses études en calligraphie sans se soucier des rencontres coquines dont ses deux copines sont friandes. Surveillée par l il mystique et coquin de Madame Swyn, son prof d art, Nanna prépare une exposition de fin d études sur la déesse celte de la sexualité, Anann. Mais la prof connaît l enluminure autant que l amour, et sous les traits de la déesse, elle va initier la jeune étudiante à la sensualité sous toutes ses formes…

Spirou et Fantasio #55 La colère du Marsupilami

Notre avis : Le Marsupilami est enfin de retour dans une aventure de Spirou et Fantasio ! Fâché depuis qu’il a été abandonné par ses amis dans la forêt palombienne, le petit animal jaune se morfond dans sa tanière. Le duo d’aventuriers sous l’effet de la zorglonde partent à sa recherche dans La colère du Marsupilami, une histoire de Yoann sur un scénario de Fabien Velhmann.

Drôle d’ambiance dans les bureaux des éditions Dupuis : Fantasio et Spirou s’invectivent à propos du Marsupilami, sous les yeux de Lebrac et Prunelle. Hypnotisés par la Zorglonde, les deux amis – après un passage au Carnaval de Champignac – partent irrésistiblement à la recherche de l’animal. Sans réellement le vouloir, ils aident même Zantafio à se sortir des mains de souteneurs russes. Après un vol mouvementé, ils atterrissent en Palombie.

Disparu des albums de Spirou et Fantasio depuis Le faiseur d’or – la 32e aventure – il aura fallu attendre 22 volumes pour enfin le retrouver. Alors qu’André Franquin – créateur de l’animal – arrête de dessiner le duo d’aventuriers, il n’octroie pas les droits du Marsupilami à Dupuis. L’animal aux caractéristiques physiques hors-norme voit ses propres aventures publiés par Marsu Prod grâce à Batem, Coleman, Greg, Yann ou Fauche. Découvert dans Spirou et les héritiers – 4e volet de la saga – le marsupial jaune à tâches noires fera partie intégrante de la vie de Spirou et Fantasio, prenant un rôle décisif dans les albums : QRN sur Bretzelburg, Les voleurs du Marsupilami, Le dictateur et le champignon, Le gorille a bonne mine, Le voyageur du Mésozoïque, Le prisonnier du bouddha ou encore le diptyque Z.

Fabien Velhmann parvient à nous enchanter par son histoire plutôt réussie au cœur de la forêt palombienne. Pour cela, il mise sur un bel humour mais aussi sur les personnages célèbres de Spirou et Fantasio : le comte, le maire, ou encore Zantafio mais aussi des indiens, des animaux sauvages, des décors connus – la base secrète de Z en Palombie, ainsi que la Zorglonde. Le cousin de Fantasio est addict à des substances illicites pour le maintenir en forme et le Marsupilami ne sait plus quoi penser de ses anciens amis (revenir vers eux ou continuer de les haïr). Tous les ingrédients de l’univers de Franquin sont réunis pour faire passer un excellent moment de lecture aux amateurs de la série.

Depuis 2010, Velhmann et Yoann, au dessin, poursuivent admirablement les aventures de Spirou et Fantasio. Avec ce cinquième album du duo d’auteurs, le lecteur est plutôt agréablement surpris par la qualité de leur travail. Il faut souligner que la parenthèse Morvan-Munuera (les scénarios moyens, la partie graphique bonne) n’avait pas laissé un souvenir impérissable de leur participation à la saga; il était donc assez facile de faire beaucoup mieux. En plus des récits, la partie graphique du dessinateur de Toto l’ornithorynque (avec Eric Omond, Delcourt) fait merveille grâce à un trait souple et idéal pour ses mettre dans les pas du génial Franquin. Son découpage vif dynamise parfaitement l’histoire.

  • Spirou et Fantasio, tome 55 : La colère du Marsupilami
  • Scénariste : Fabien Vehlmann
  • Dessinateur : Yoann
  • Editeur : Dupuis
  • Parution : 04 mars 2016
  • Prix : 10.60 €

Résumé de l’éditeur : Spirou doit se rendre à l’évidence devant les photos du Marsupilami offertes par Don Contralto (à la fin du tome 54) : il n’a aucun souvenir de cette aventure. Et Fantasio pas plus que lui. Quant au comte de Champignac, il entre dans de terribles colères dès qu’on évoque le petit animal à queue préhensile et contondante. Tout ça ne peut avoir qu’une explication : ils ont été zorglondisés pour leur faire oublier qu’ils ont été un jour les amis du Marsupilami.

Après une courte enquête, Spirou et Fantasio retrouvent Zantafio, exilé au Canada, et lui font cracher le morceau. Le cousin maléfique de Fantasio avoue son forfait : il a utilisé la zorglonde pour pouvoir approcher sans risques le Marsupilami… et le vendre à un riche collectionneur ! Spirou et Fantasio (et Spip) décident de partir en Palombie pour le retrouver. Mais avec les Indiens awaks, un Marsupilami furieux de cette trahison et un guide aussi machiavélique que Zantafio, le voyage risque d’être mouvementé.