L’homme de la maison

Notre avis : Il n’est pas chose aisée d’avoir 12 ans et de vivre dans un quartier populaire de Singapour. C’est le sort dramatique de Yong que nous décrivent Dave Chua et Koh Hong Teng, dans L’homme de la maison, un manga fort édité par Steinkis.

Singapour de nos jours. Yong, 12 ans vit dans une immense barre d’immeuble avec son père peu présent et joueur invétéré, une mère aimante, un petit frère espiègle et Ah Ma sa grand-mère. Ses parents sont durs avec lui parce qu’ils veulent qu’il réussisse à tout prix et donc l’arracher à sa condition sociale toute tracée; il est plutôt doué dans les études. Grand pour son âge, l’adolescent est obéissant, généreux et serviable : il aide sa mère dans les tâches ménagères et s’occupe de sa grand-mère douce mais qui perd déjà un peu la tête.

Sa vie est rythmée par le collège, sa famille très importante, ses devoirs et ses amis. Parmi eux, Liang, un jeune garçon livré à lui même, rebelle et qui défie l’autorité. Tous les deux passent leurs journées d’été sur le terrain de jeux en bas des immeubles. Cet endroit de toutes les possibilités va d’ailleurs bientôt être transformé. Mais, la vie de Yong bascule le jour où son père décide de quitter le foyer familial.

L’homme de la maison, voilà le destin tout tracé de Yong après le départ de son père couplé au décès de Ah Ma. Le récit de Dave Chua était au départ deux romans parus en 2011 et 2012 qu’il a décliné en bande dessinée et même en série télévisée. Forte, parfois bouleversante et d’une grande mélancolie, cette histoire est une très belle chronique sociale d’une famille lambda singapourienne, petit pays riche mais méconnu des Français. Ce beau manga permet de le découvrir à travers une foyer en déshérence qui va basculer. Alors qu’il avait tout pour fonctionner, basé sur des fondations solides (le couple), il dérive lentement vers l’abîme. Et au milieu de tout cela, un jeune garçon qui perd ses propres repères. Dave Chua confie : « Dans l’histoire de Yong, ce qui est difficile, c’est cette charge supplémentaire d’avoir à accompagner sa grand-mère dans la maladie, à quoi s’ajoute sa tristesse, quand
son père s’éloigne du foyer, au moment même où Yong aurait le plus besoin de lui. »  Pourtant, l’adolescent lui continue de rêver comme il en a eu l’habitude depuis longtemps.

Le scénariste le présente d’ailleurs ainsi : «  Celui-ci doit jongler entre la préparation à son examen d’entrée au
collège, la garde de son petit frère et les tâches ménagères. Aux soucis du quotidien s’ajoutent ceux de la famille : les parents qui ne s’entendent plus, la disparition de la grand-mère qui jusqu’ici vivait avec eux et bien sûr l’obligation d’aller à l’école… » Il appuie son propos sur des protagonistes très bien cernés, au caractère complexe et fort.

Le déterminisme social, la mort, le passage à l’âge adulte, tout cela est évoqué avec une grande pudeur et une belle intelligence. Le dessin confié à Koh Hong Teng est lui aussi très réussi. Son trait en noir et blanc est d’une grande lisibilité, simple mais fort. Il livre de belles planches où l’architecture de ces immeubles très présente est un personnage à part entière.

  • L’homme de la maison
  • Auteur : Koh Hong Teng, d’après les romans de Dave Chua
  • Editeur : Steinkis
  • Prix : 22€
  • Parution : 09 mars 2016

Résumé de l’éditeur : Yong a 12 ans, une grand-mère lunaire, un petit frère turbulent, un père joueur invétéré, une mère courage et un meilleur ami rebelle.
Et la vie n’est pas toujours douce pour ce garçon rêveur dont on attend qu’il devienne l’homme de la maison.
Une fenêtre inédite, tour à tour poétique, âpre et évocatrice, sur la société singapourienne.

Le monde selon Uchu

Notre avis : Référence graphique au Japon, Ayako Noda débarque en France avec Le monde selon Uchu, un manga chronique sociale autour d’un lycéen se prenant pour un héros de papier. Un album Casterman Sakka.

Alice est nouvelle dans le lycée. Dès son arrivée, elle est fascinée par Uchu, un mystérieux garçon ténébreux et dont les yeux sont emplis de tristesse. Alors qu’il sèche les cours, elle décide d’aller lui rendre visite avec l’aval de Shinri, son frère jumeau. On ne peut pas dire que cela enchante le jeune adolescent. Mais un jour alors qu’il est au lycée, une scène étrange se produit : Iya, un autre camarade de classe, effrayé par le lycéen mystérieux tente de se suicider en se jetant du toit de l’établissement. Uchu se précipite, tous les deux tombent mais sont arrêtés dans leur chute par un arbre apparu comme par magie… En fait, il ne peut pas mourir car il est un héros de manga !

Prépublié au Japon en 2012 dans la revue Gekkan Ikki des éditions Shôgakukan, Le monde selon Uchu est un seinen étonnant et apporte son lot de questions. D’une très grande originalité et d’une belle sensibilité, ce manga est une belle mise en lumière de la volonté de paraître, de changer de vie ou de vivre à travers une passion. Ayako Noda a particulièrement réfléchit la personnalité de ses héros; ils sont complexes, torturés et se posent de nombreuses questions sur leur existence. A souligner que l’exigence de son scénario ne plaira pas à tous les lecteurs. Il faut prendre le temps d’entrer dans cette très belle histoire pour y goûter tout le sel.

Celle qui fut invitée d’honneur lors du dernier Festival d’Angoulême, dévoile de sublimes planches. Entr’aperçue lors des Concerts de Dessins de cette même édition, sa gestuelle graphique est très impressionnante ! A coup sûr, un manga en deux tomes à découvrir car surprenant !

  • Le monde selon Uchu
  • Auteure : Ayako Noda
  • Editeur : Casterman Sakka
  • Prix : 8.45€
  • Parution : 17 février 2016

Résumé de l’éditeur :  » Le monde dans lequel nous vivons est un manga et j’en suis le héros.  » Telle est la révélation ahurissante que fait Uchu à ses camarades de classe ! Créatures de papier qui se croyaient de chair et de sang, les élèves de l’établissement comprennent que ce regard qu’ils sentent peser sur eux en permanence pourrait bien être le vôtre, lecteur…Mais il y a plus important : quelle fin l’auteur a-t-il prévue ? Suivez les personnages dans ce récit qui dynamite les codes de la comédie scolaire pour livrer une chronique du passage à l’âge adulte tour à tour rieuse, poignante et mystérieuse.

Black Bullet #1 et 2

Notre avis : Un parasite, le Gastrae, a décimé une bonne partie de la Terre. 10 ans plus tard, des agents de la Sécurité Civile doivent se battre contre le virus qui continue de progresser. Shiden Kanzaki, Morinohon et Saki Ukai dévoilent les aventures de deux d’entre eux dans Black Bullet aux éditions Doki Doki.

Terre, l’an 2031. Satomi Rentarô est dépêché sur les lieux d’un gastrae. Jeune membre de la Sécurité Civile, il se doit de réduire à néant les porteurs du virus qui a ravagé la Terre, il y a 10 ans. Pourtant lorsque la Police est appelée pour une intervention de ce type, elle ne doit pas agir seule; elle doit être épaulée par un collègue du jeune homme. Etonné par la forme de ce gastrae et de sa force, Satomi le laisse s’échapper. Même avec l’aide de Haira, sa coéquipière – en retard sur les lieux – ils n’arrivent pas à le rattraper.

Un virus mortel qui décime la Terre en transformant les êtres en monstre; voilà une idée qui n’est pas très originale en manga. Si le récit de Shinden Kanzaki n’est donc pas très classique, le duo de personnage (un garçon et une fille, jeunes dans le métier) est aussi un schéma narratif trop usité. Surtout que l’opposition entre les deux protagonistes est aussi hyper classique : Satomi jeune fougueux qui fonce tête baissée et Hairi jeune fille réfléchie et douée au combat.

Il reste néanmoins l’aventure, les bastons et les créatures pour éveiller la curiosité du lecteur. Les amateurs du genre seront comblés, les autres pourront passer leur chemin.

Morinohon et Saki Ukai livrent une belle prestation graphique. Plutôt enlevée, elle mise sur un découpage extrêmement rythmée, des personnages très réussis et des scènes de combats fortes.

 

  • Black Bullet, volumes 1 et 2

  • Scénariste : Shiden Kanzaki

  • Dessinateurs : Moronohon et Saki Ukai
  • Editeur : Doki Doki

  • Prix : 7.50€ par volume

  • Parution : 24 février 2016

Résumé de l’éditeur : Planète Terre, futur proche. Depuis qu’elle a perdu son combat contre gastrae, un virus parasite, l’humanité vit des heures sombres et désespérées. Rentarô Satomi et Enju Haira, deux agents de la sécurité civile, mènent une guerre sans relâche contre le virus. Un jour, ils reçoivent une mission secrète de la plus haute importance : empêcher la destruction de Tokyo…

Medley

Notre avis : Emre Orhun publie Medley, un bel album onirique et fantastique édité par Même pas mal.

Allongé sur le sol, un homme se tord de douleur, le genou en sang. Passant par là, un clown qu’il connait décide de l’aider à rentrer chez lui. Mais malgré les recommandations de l’homme au nez rouge, il s’engage dans une ruelle. A ce moment-là, une créature tentaculaire essaie de la happer; sans l’aide de son ami, il aurait été englouti.

Plus tard sur la plage, ivre, on retrouve l’homme se réveille. Après avoir récupéré les vêtements d’un homme-squelette, il dérive vers un monde parallèle.

Voici un récit surprenant et agréable à découvrir. L’histoire proposée par Emre Orhun est à mi-chemin entre la fable horrifique et l’aventure fantastique. Sorte de conte initiatique le héros navigue entre réalité et rêve. Croisant des hommes et des femmes des bas-fond et des créatures maléfiques, il trace son chemin vers l’âge adulte. Si le scénario est un medley-melting pot de personnages extravagants, la partie graphique est elle d’une grande singularité : l’album a été conçu entièrement à partir de carton à gratter, et le noir et blanc convient idéalement pour restituer l’ambiance sombre du récit. Son style est à la croisée des chemins de Matt Kontur et Christophe Blain.

  • Medley

  • Auteur : Emre Orhun

  • Editeur : Même pas mal

  • Prix : 19€

  • Parution : 10 mars 2016

Résumé de l’éditeur : Entièrement dessiné sur carte à gratter, « Medley » vous précipitera dans les entrailles d’un cauchemar grotesque.

Secret Wars, Old man Logan #1

Notre avis : Dans la série Secret Wars, je demande Old man Logan, une histoire de Brian M. Bendis et mise en image par Andrea Sorrentino racontant une aventure du célèbre Wolverine âgé et dans un décor inhabituel.

Salle de jeux clandestine, Old man Logan se tient dans l’encadrement de la porte. Enervé, il tue un par un, les membres du groupe de Gladiator. Il faut souligner que l’un d’entre eux a revêtu l’uniforme de Dardevil, car son »look était cool ». Débarrassés de ces mafieux, les personnes sous leur coupe ne savent pas quoi faire à présent, elles sont déboussolées. De son côté, Wolverine continue son périple vers le Nevada.

 Secret Wars est un cross- over de Marvel Comics. Il s’agit d’une collision entre les deux univers principaux et distincts de Marvel, l’univers de base, sur la Terre 616 et l’univers Ultimate, un reboot sur la Terre 1610.

Quelle claque visuelle ! Pour ce premier épisode – sur 4 – Andrea Sorrentino aidé de Marcelo Maiolo aux couleurs, livre des planches sublimes, fortes en émotions et au découpage original et déstructuré : superposition, effet en damier ou transparence; tout est magnifique ! Le récit de Brian M. Bendis surprend et accroche le lecteur, il y dévoile des planches muettes quasi méditatives. Une vraie réussite !

  • Secret Wars, Old man Logan, épisode 1/5

  • Scénariste : Brian M. Bendis
  • Dessinateur : Andrea Sorrentino

  • Editeur : Panini Comics

  • Prix : 7€

  • Parution : 07 janvier 2016

Résumé de l’éditeur :  Au milieu et à la fin des années 2000, Wolverine a vu Mark Millar se pencher sur son cas. Après Ennemi d’Etat, nous avons découvert Old Man Logan, avec un Wolverine vieux, en couple et avec un enfant vivant dans une zone contrôlé par une horde de Hulks. Il n’utilise plus ses griffes depuis qu’il a été manipulé par Mystério et exterminé tous les X-Men. Mais lorsque les Hulks massacrent sa famille, le snikt est de retour et les Hulks ne font pas long feu. Logan reprenant ensuite la route avec un bébé, celui de Luke Cage et sa femme.

La craie des étoiles

Notre avis : Une craie magique qui ouvre des portes vers des continents à Max, voici le propos de La craie des étoiles, un album jeunesse signé Raphaël Drommelschlager aux éditions Bamboo.

Max se fait une joie de passer l’été chez Mashka, son arrière-grand-mère. Il faut dire qu’elle possède une immense bibliothèque qui donne envie de lire. Essayant d’atteindre celui le plus haut, le petit garçon se retrouve les fesses dans le canapé avec en main le journal de bord de Théophile, l’arrière-grand-père. Explorateur, aventurier et globe-trotteur, l’homme a voyagé dans de nombreux pays au 19e siècle. En cherchant dans ses affaires enfouies dans une malle au grenier, Max découvre une craie magique, qui lui permet d’avoir des portes vers de lointains pays.

Tout d’abord attiré par une très belle couverture lumineuse et l’assurance de voyager, rapidement on est déçu par le résultat de La craie des étoiles. Si l’ouverture vers un monde parallèle par un enfant est un processus narratif très utilisé dans les albums jeunesse – ce n’est donc pas d’une folle originalité – même si les pays traversés donnent envie : Chine, Canada, Inde et Pérou. L’ouvrage pour enfants pêche par une partie pédagogique trop présente et surtout mal amenée dans le récit : à chaque fois que Max croise un animal, celui-ci décline ses caractéristiques comme un catalogue, ce qui alourdit le récit et fait oublier les intrigues des mini-histoires plutôt intéressantes et le dessin.

Dommage parce que la partie graphique est très réussie, rythmée par un découpage punchy, des animaux très réalistes et de sublimes couleurs.

A noter qu’un cahier de 8 pages reprenant les animaux croisés dans l’album est adossé à l’album. Ce dossier a été créé avec l’aide du Zoo Parc de Beauval.

  • La craie des étoiles

  • Auteur : Raphaël Drommelschlager

  • Editeur : Bamboo

  • Prix : 10,90€

  • Parution : 09 mars 2016

Résumé de l’éditeur : Dans le grenier de ses grands-parents, Max découvre une craie magique ayant appartenu à un aïeul aventurier. Il lui suffit désormais de dessiner une porte puis de la franchir pour se rendre instantanément à l’autre bout de la Terre ! Ce garçon curieux et plein d’entrain peut ainsi explorer les pays lointains et rencontrer les gens et les animaux qui les peuplent. De la Chine au Pérou en passant par le Canada ou l’Inde, suivez Max au fil de ses aventures mouvementées à la découverte des plus beaux pays du monde.

 

Mara #4 Les larmes de l’oubli

 Notre avis : Cosimo Ferri signe une nouvelle enquête policière érotique pour sa délicieuse héroïne Mara. Dans ce quatrième volume Les larmes de l’oubli, l’auteur italien, originaire de Taranto, met en scène Mara qui essaie par tous les moyens de faire revenir à la vie sa tendre amie Elisa.

Mara, 29 ans, est écrivaine de romans policiers, passionnée de cas non résolus. Pour mener à bien ses projets éditoriaux, elle mène l’enquête et, souvent, démasque l’auteur des crimes. Mais c’est là que se révèle la face sombre de la jolie jeune femme : N’ayant aucune confiance dans la justice des hommes, elle décide d’être la main de Dieu et de châtier elle-même le coupable. Belle et désinhibée, elle sait fort bien attirer sa proie vers la toile qu’elle tisse tout au long de l’histoire. D’où vient cette soif de justice ? Quelle épreuve peut bien transformer une jeune femme joyeuse, douée et jolie en sinistre exécutrice ? Sans doute un secret qu’elle cache tout au fond de sa mémoire.

Dans ce quatrième volet, le lecteur retrouve Mara, blessée par la balle de Giovanni en transe après un cauchemar où Elisa, son ex-petite amie était là dans un cercueil. Elle le sent, elle n’est pas morte; la voilà donc en quête de la retrouver. Mais avant, elle doit écouter avec effroi la volonté de quelques personnes de trouver l’élixir de l’immortalité.

Comme les précédents volumes, Cosimo Ferri propose un album pour adultes avec une vraie trame policière, pas uniquement un livre érotico-pornographique. Si en effet, il est émaillé de scènes de sexe parfois rudes et hard mais la volonté de Mara de découvrir la vérité est aussi très intéressante. Les planches sont d’une belle qualité, simples et plutôt sensuelles.

  • Mara, tome 5 : Les larmes de l’oubli
  • Auteur : Cosimo Ferri
  • Editeur : Tabou BD
  • Prix : 15€
  • Sortie : 05 février 2016

Résumé de l’éditeur : Après avoir découvert l’existence d’une société secrète, Mara est plongée entre la vie et la mort. Torturée par des souvenirs démoniaques, elle s’accroche au doux souvenir de sa tendre et bien-aimée Élisa. Arrivera-t-elle à revenir d’entre les morts et à sauver son amie ? Saura-t-elle faire face à ce passé si douloureux ? Parviendra-t-elle à sécher ses larmes et à oublier ? Une nouvelle enquête policière pour la délicieuse Mara !

Kuro, un cœur de chat #5

Notre avis : Les éditions Kana dévoilent le cinquième volume de Kuro un cœur de chat, un manga animalier de Sugisaku. Le lecteur découvre l’histoire de ce petit chaton et Chinko, issus d’une grande portée, abandonnés et recueillis par Monsieur Hige.

Chez les japonais, les chats tiennent une place à part, presque vénérés, tel le chat porte-bonheur et sa patte en l’air (Maneki-neko) que l’on place à l’entrée des magasin pour inviter les clients à entrer. De plus, à Tokyo, le félin est le symbole de la protection des enfants. Il était donc normal que les mangakas s’accaparent ce phénomène, important depuis une dizaine d’années. Parmi les innombrables productions japonaises, il y a de très bonnes séries comme Chi (Glénat) et maintenant Kuro un cœur de chat.

Publiée à partir de 2001 par Kôdansha, la série comprend déjà 9 volumes au Japon. C’est donc Kana qui a décroché la licence de cette belle saga animalière. A la fois tendre et douce, l’histoire de Sugisaku est composée de petites scénettes courant sur deux pages à chaque fois. La grande originalité de Kuro, c’est que le narrateur est le chaton lui-même, ce qui incarne fortement la série et convient parfaitement aux enfants. Ce manga familial est pourtant assez réaliste, puisque rien n’est oublié, même les moments les plus délicats de la vie du félin.

Le trait en noir et blanc de la mangaka est original. Les planches composées aux pinceaux mettent en avant les animaux et les personnages d’une belle manière.

  • Kuro, un cœur de chat, volume 1
  • Auteur : Sugisaku
  • Editeur : Kana, collection Made In
  • Prix : 12.70€
  • Sortie : 05 février 2016

Résumé de l’éditeur : Abandonnés peu après leur naissance, Kuro et sa soeur sont recueillis par M. Hige. S’accoutumer au quartier, tisser des liens d’amitié et de rivalité… Une nouvelle vie commence !

Dans ta bulle

Notre avis : Domas, auteur de bande dessinée, raconte sa vie, ses amitiés et ses amours dans l’album Dans ta bulle. Ce recueil est l’intégrale composée de ses 3 précédentes publications : Litost (2008), 3 minutes (2009) et Souvenirs de moments uniques (2011), édité par La Boîte à Bulles.

Né en juin 1973, Domas (Dominique Malinas) est un auteur de bande dessinée. Après une maîtrise en mathématiques, il débute sa carrière en illustrant dans des revues telles que Le journal de Mickey, Télé 7 jeux ou encore Echo Magazine. Entre 2000 et 2006, il participe au projet 2 gars 2 mars signé Bruno Bessadi et publié dans Marseille l’hebdo. Il met en image des albums dont notamment Voltige et Ratatouille T.6 (éditions 13 étrange, 2000), La vie en rouge (deux tomes en 2005, La Boîte à Bulles), Tels pères, telles filles (Vents d’Ouest en 2011) ou encore Le petit chaperon rouge (Bamboo, 2012).

Pour cette intégrale, les éditions La Boîte à Bulles a regroupé les 3 albums autobiographiques de Domas qu’il livre avec beaucoup de pudeur, de la distance mais sans filtre. Avec Dans ta bulle, Il ne s’épargne rien et ne cache rien, même s’il n’a pas le beau rôle. A la fois sensible et intimiste, il dévoile les instants importants de sa vie : les moments de solitude lorsqu’il est plus jeune, sa rencontre avec son premier amour, son emménagement avec elle et la fin de son histoire – il retrace sa vie avec elle sous forme d’un carnet de bord – et arrive à faire ressentir les émotions à son lectorat. Il décline aussi les moments avec son et sa meilleure amie et le début de leur idylle.

Dans 3 minutes, il dévoile quelques instants de sa vie professionnelle mais surtout sa lente montée du désir pour Coquillage et cette attirance mutuelle.

A noter que les éditions La Boite à Bulles publient le nouvel album de Domas, la suite de Dans ta bulle, Le syndrome du petit pois (Max et Coquillage sont maintenant mariés et parents d’une petite fille. Ils attendent leur deuxième enfant, leurs vieux amis sont toujours là et le travail ne manque pas. En somme, tout serait parfait si un point noir ne venait entacher leur quotidien : Marie, la mère de Max, souffre du syndrome de Benson. Oublis fréquents, perte de repères, diminution des capacités intellectuelles… Pour Max, cette nouvelle réalité est dure à accepter car sa mère n’a plus rien de la femme qu’il a connue).

Pour connaître un peu plus l’univers de Domas, vous pouvez parcourir son blog : http://domas.over-blog.com/

  • Dans ta bulle
  • Auteur : Domas
  • Editeur : La Boîte à Bulles
  • Prix : 32€
  • Parution : 3 mars 2016

Résumé de l’éditeur : Recueil de tranches de vie et de moments intimes, Dans ta Bulle laisse une porte ouverte sur le coeur et les émotions de son héros.

Cette intégrale raconte les histoires d’amour et d’amitié de Domas, sa rencontre avec Coquillage ainsi que les mille et un détails du quotidien qui sont autant de petits bonheurs disséminés dans la mémoire. Au gré de son trait virtuose, se dessinent toute la douceur et la légèreté que peut avoir la vie. Un ouvrage sensible et intimiste dont les récits ont inspiré le spectacle éponyme, comédie romantique qui mélange théâtre, dessin et musique et sillonne la France depuis 2011.

 

Capa, l’étoile filante

Notre avis : L’un des photographes les plus connus au monde, Robert Capa a eu une vie romanesque. Florent Silloray propose de suivre les exploits de celui qui sera le pionnier du photojournalisme, à travers son album Capa l’étoile filante aux éditions Casterman.

Après l’excellent album Omaha Beach 6 juin 1944 (de Jean-David Morvan et Dominique Bertail, Dupuis & Magnum), la bande dessinée se prend d’amour pour Robert Capa. Si le premier album se concentrait avant tout sur les préparatifs, le photographe sur le théâtre du front en Normandie, les 6 célèbres photos et leur publication, le récit de Florent Silloray s’attache à une période plus longue de la vie de celui qui naîtra en 1913 en Hongrie sous le nom de Endre Friedmann (il prendra le pseudonyme de Capa en référence à Franck Capra); puisque l’auteur du Carnet de Roger démarre son histoire en 1936, juste avant que le futur grand photographe parte pour l’Espagne et le conflit entre les Républicains et les Franquistes.

Solidement documenté, le récit retrace donc son existence alors qu’il est déjà adulte, soit les 20 dernières années de sa vie. Le lecteur croise ainsi Gerda sa femme,  fondatrice de l’agence Capa. Il retrouve Capa en Espagne, en Normandie et bien sûr au Vietnam où il trouve la mort en 1954 en sautant sur une mine à Dien -Bien-Phu. De manière très (trop ?) classique, Florent Silloray mène à bien son projet, intéressant, bien écrit mais qui ne fait pas ressentir toute la fougue de l’aventure liée aux moments intenses de l’existence de Capa. Son trait réaliste est quant à lui bien trop figé pour apporter du rythme et de la vie à ses planches.

  • Capa, l’étoile filante
  • Auteur : Florent Silloray
  • Editeur : Casterman
  • Prix : 17€
  • Parution : 13 février 2016

Résumé de l’éditeur : Robert Capa dresse le bilan d’une vie passée à couvrir les champs de bataille du monde entier. Loin de l’image de tête brûlée qui lui colle à la peau et qui a fait de lui une légende du photojournalisme, il se raconte sans fard et dévoile la blessure originelle qui a décidé de toute son existence…

Collection Patte de Mouche

Notre avis : Les éditions L’Association ont créé en 1986, une petite collection, Patte de Mouche, qui cette année fête donc ses 30 ans. Parmi les dernières nouveautés de ce label, le lecteur a pu découvrir : La dernière séance de Masse, Les 24h de la BD dinner – breakfast – lunch de Lewis Trondheim, J’ai été sniper de Edmond Baudoin et Personne ne sait que je vais mourir de Matthias Lehmann.

COLLECTION PATTE DE MOUCHE

La collection Patte de mouche se caractérise par son format tout petit (A6 soit 10.5*15 cm), son nombre de pages (24) et le noir & blanc. Ces contraintes techniques permettent à l’auteur de se concentrer sur un aspect de son travail. Il y a eu 4 séries dans ce label :

  • En 1986 : 4 titres dont L’accident de Meder de Jean-christophe Menu ou Riche & Célèbre de Thiriet
  • En 1986 et 1987 : 10 titres dont L’amant de Jean-Claude Götting ou Ektor de Mokeit
  • Entre 1991 et 1994 : 21 titres dont La mutation Marc-Antoine Mathieu, La bombe familiale de David B ou La clef des champs de Killofer
  • Celle actuelle : dont Petit trait de Baladi ou Splendeur & misères du verbe de Ibn Al Rabin

J’AI ÉTÉ SNIPER

Dans ce petit fascicule, Edmond Baudoin dévoile un petit secret (lourd pour lui finalement) qui a marqué sa vie : il a été sniper. Lors de son service militaire long pendant la Guerre d’Algérie, l’auteur de Rêveurs lunaires (avec Cédric Vilanie, Gallimard) testa le tir au fusil et s’avèra être le meilleur. Il fut alors entrainé de manière intensive à être tireur d’élite…

L’on sent dans son récit que cette période ne fut pas très bonne pour Baudoin. Redevenu civil, il se refusera à toucher de nouveau à un fusil. Cet aspect autobiographique de sa vie, il la résume avec de l’habileté et une grande pudeur. Son style graphique – toujours à son zénith – est encore une fois un émerveillement.

PERSONNE NE SAIT QUE JE VAIS MOURIR

Raymond est un vieil homme vit dans un maison seul. Le seul petit bonheur qu’il s’octroie : fumer le cigare, qui lui pose néanmoins quelques petits tracas gastriques. Un jour que des nuages à perte de vue envahissent sa demeure, Pénélope sa fille et son compagnon viennent lui rendre visite…

Le récit de Matthias Lehmann est construit comme une petite fable absurde, cynique teintée d’humour noir. Dans son style graphique singulier mais d’une grande beauté, l’auteur du remarquable La favorite (Actes Sud) dévoile une belle histoire contenant une fin étonnante.

  • J’ai été sniper
  • Auteur : Edmond Baudoin
  • Editeur : L’Asscociation, collection Patte de mouche
  • Prix : 3€
  • Parution : 13 janvier 2016

Résumé de l’éditeur : Au début des années soixante, Edmond Baudoin est appelé pour faire son service militaire, il est incorporé chez les hussards à Orléans. Même si la fin de la guerre est proche, l’armée française continue ses opérations en Algérie. Il sait qu’il devra tôt ou tard partir pour combattre, mais la feuille de route pour le départ n’arrivera jamais. Alors que ces camarades sont déjà sur place, il apprend qu’il n’ira pas, ses supérieurs ayant décidé de mettre à contribution ses qualités exceptionnelles de tireur d’élite dans des concours. J’ai été sniper retrace les souvenirs de l’auteur là où l’on ne l’attendait pas, lui qui préfère vraisemblablement ses pinceaux aux fusils.

  • Personne ne sait que je vais mourir
  • Auteur : Matthias Lehmann
  • Editeur : L’Asscociation, collection Patte de mouche
  • Prix : 3€
  • Parution : 13 janvier 2016

Résumé de l’éditeur : Raymond le grand-père dépressif, accroc aux cigares, Pénélope la petite fille prévenante et Frédéric l’amant un peu gauche prennent tranquillement le thé alors qu’un étrange brouillard entoure la maison. L’ambiance est lourde, la mort rôde. Personne ne sait que je vais mourir est un conte absurde et onirique réalise sous contrainte par Matthias Lehmann durant les 24 heures de la bande dessinée de Bruxelles en 2012.

The woods #1

Notre avis : Que faire et comment réagir si son lycée est transporté à des années-lumières de la Terre comme par magie ? The woods conte cette étrange histoire signée Michael Dialynas sur un scénario de James Tynion IV aux éditions Ankama.

Lycée de Baypoint, Milwaukee, Winsconsin. Les élèves vaquent à leurs occupations tandis que M. Beaumont, le proviseur, a du mal à imposer son autorité. Cet établissement sans problème va basculer dans l’horreur et un monde parallèle à la suite d’un grand tremblement de terre suivi d’une forte lumière. Sans le vouloir et sans savoir pourquoi, il se retrouve isolé dans une forêt peuplée de créatures dangereuses. Si le chef du lycée demande aux élèves de ne pas s’aventurer à l’extérieur, un petit groupe désobéit, avec à sa tête Adrian, geek et qui semble détenir des informations sur les événements. Il est composé de Benjamin le colosse, Isaac le timide, Calder le blagueur, Karen et Sanami les joueuses de hockey sur gazon. Ils décident de suivre l’indication d’une flèche en béton…

Survival assez intéressant, le récit de James Tynion IV est un thriller de science-fiction où le lecteur croise pêle-mêle des créatures pas si terrifiantes que ça et des hommes costumés. Les maladies générées par les monstres, les antidotes, les blessés ou les victimes se multiplient au fil des pages. Ce petit groupe d’élèves semblent lui un peu caricatural (un fort, un faible, un petit rigolo, des filles casse-cou…) mais les autres personnages secondaires comme le proviseur, le professeur de sports ou Maria, présidente du bureau des élèves, ont une plus gros potentiel et surtout sont mieux cernés. De plus, le lecteur a du mal à entrer dans cette histoire – un peu trop classique – et peu surprenante. Prévue en 9 tomes, le récit est en cours d’adaptation télévisée chez Universal.

La partie graphique de Michael Dialynas est quant à elle, le point fort de The Woods. Le dessinateur grec qui travaille aussi sur des séries comme Spera ou Amala’s blade propose des planches très réussies au découpage d’une grand dynamisme.

  • The woods, volume 1/9
  • Scénariste : James Tynion IV
  • Dessinateur : Michael Dialynas
  • Editeur : Ankama
  • Prix : 18.90€
  • Sortie : 04 mars 2016

Résumé de l’éditeur : Le 13 octobre 2013, 437 étudiants, 52 professeurs et 24 membres du personnel de l’école de Bay Point à Milwaukee disparaissent sans laisser de traces. À des années-lumière, bien au-delà des frontières de notre système solaire, ces 513 personnes se retrouvent au milieu d’une étrange forêt primaire. Où sont-ils ? Pour quelle raison ont-ils été amenés ici ? Les réponses seront difficiles à trouver et surtout, à croire…