Fou d’amour, Wolinski

Notre avis : Les éditions du Cherche Midi poursuivent la publications des ouvrages de Georges Wolinski. Après sept recueils de dessins, elles proposent Fou d’amour.

Disparu dans les Attentats de Charlie, le 7 janvier 2015, Wolinski aimait les femmes, toutes les femmes mais par dessus tout la sienne, Maryse. Née en 1943 à Alger, elle devient journaliste et écrivain à la fin des années 60. C’est au Journal du Dimanche qu’elle rencontre celui qui deviendra son mari. C’est : « un jour de juillet 1971 » qu’elle l’épouse dans un petit village de Normandie « accompagné de deux témoins engagés sur place » comme elle le raconte dans la préface de cet ouvrage. Dès lors, ils ne se séparent jamais et filent le parfait amour durant les 44 ans de leur vie en commun.

Pour Fou d’amour, aidée de sa fille Elsa et leur éditeur, Maryse choisit soigneusement les dessins qui compose le recueil. Il faut dire que Wolinski dessinait tous les jours et qu’il multipliait les illustrations. Malgré la sieste quotidienne, il promenait ses crayons sur ses feuilles frénétiquement. Ainsi, comme le souligne la journaliste : « Ses très nombreux carnets de croquis fourmillent de silhouettes féminines, des lianes comme des « bien en chair », vêtues de jeans retroussés ou de jupes balançant sur leurs mollets. Des petites, des grandes, des jeunes et des moins jeunes, caricaturées mais jamais ridicules ».

Grâce à son trait léger et aérien, les amateurs de son œuvre retrouveront son avatar graphique et Maryse souvent allongés dans leur lit devisant, mais aussi des illustres anonymes (comme vous et moi) parlant d’amour, de sexe… de la vie; le tout avec un humour intelligent, sans une once de méchanceté, sans tourner au ridicule ces êtres de papier. Il aimait les femmes, il aimait les êtres humains tout simplement. Il y a encore dans les tiroirs de Maryse et Elise des tonnes de dessins, de quoi poursuivre la publication de l’œuvre de Wolinski. Pour notre plus grand bonheur.

  • Fou d’amour
  • Auteur : Georges Wolinski
  • Editeur : Cherche Midi
  • Prix : 13.80€
  • Parution : 18 février 2016

Résumé de l’éditeur : Ce fou d’amour, ce fou des femmes, comme l’écrit Maryse Wolinski dans sa préface, vouait un culte infini à la femme.
On retrouve dans ces dessins – pour la plupart inédits – son trait incisif, son humour qui lui permettait de dissimuler sa délicatesse d’amoureux perpétuel. Wolinski n’est jamais aussi drôle que lorsqu’il parle d’amour. Et on n’a pas fini de rire avec lui ! Les femmes vont adorer son livre. Les hommes aussi.

Oldman #1

Notre avis : Une reine d’un âge certain ne vieillit plus. Pour protéger son secret, elle est prête à supprimer les récalcitrants, notamment un vieillard enfermé dans les geôles du château et même sa propre fille. Edité par Kotoji, Chang Sheng met en scène cette histoire fantastique troublante et nerveuse dans Oldman, un manhua d’action.

Un vieil homme emprisonné depuis des lustres dans les cachots du château royal prévient le chancelier qu’il va s’en échapper. Paniqué à l’écoute de ces révélations, le gentilhomme court le dire à sa souveraine. C’est en effet elle qui a fait embastillé Oldman pour d’obscures raisons. Comment un homme sans forces pourra-t-il s’évader d’une tour si bien gardée ?

Le soir venu, par un subtil jeu d’illusions d’optique, il fuit. Mais avant de sortir du château, il récupère Rebecca, ancienne grande guerrière dont on a coupé les 4 membres et décide de l’emmener voir Vincent pour qu’il trouve une solution à son état physique.

Prépublié dans la revue Dragon Youth, puis édité par Tong Li Publishing, Oldman est un très bon manhua d’action, qui ravira les fans de fantastique médiéval. Il faut souligner que Chang Sheng, auteur originaire de Taipei (Stanle et X-girls, chez Paquet) met en place une intrigue plutôt aboutie, fondée sur le secret de la jeunesse éternelle mais surtout sur des personnages complexes qui se complètent plutôt bien : Oldman, avatar de Sean Connery, magicien intelligent et astucieux, Rebecca forte tête et agile aux combats et Vincent, rêveur et inventeur de génie. Les trois étant poursuivis par la Reine et ses sbires.

Classique dans sa narration, les thématiques abordées sont elles plus originales. Grâce à un dessin d’une grande maîtrise technique, l’auteur restitue l’ambiance à la fois sombre et plein d’espoir du manga. Les scènes de combat avec Rebecca sont d’une belle tenue graphique, très rythmés.

  • Oldman, volume 1
  • Auteur : Chang Sheng
  • Editeur : Kotoji, label Asian District
  • Prix : 7.95€
  • Parution : 29 janvier 2016

Résumé de l’éditeur : Début du XVIIème siècle, dans un lointain royaume. En recueillant et élevant des orphelins, la reine prouve à ses sujets que même les gens du peuple pourront un jour prétendre à la couronne. Les années passent, et la reine, dont le visage aurait dû se couvrir de rides, retrouve une seconde jeunesse. Quel est donc le secret de sa jouvence ? Le magicien OLDMAN, emprisonné par la reine, détient la réponse à ce secret.

Robny clochard

Notre avis : Robny est un sans domicile fixe qui vit de petites combines par-ci par-là. Ses aventures sont contées dans le très bel album Robny clochard de Joan Boix édité par Mosquito. Dans ce recueil de 7 histoires courtes, il y a :

  • Epaves. Pour se faire un peu d’argent, Robny a été embauché dans une casse pour voitures. Alors qu’il est très fatigué et après une sieste dans le bureau du gérant, il sort réveillé par des bruits suspects. Il tombe nez à nez avec des voleurs…
  • Sentence de mort. Pour les fêtes de Noël, Robny porte des colis-cadeaux directement chez les habitants. Entre les clients généreux ou ceux plus désagréables, il donne un paquet à Monsieur Houston. Juste après qu’il ait fermé la porte, la maison explose. Le SDF est tout de suite accusé…
  • Revivre le passé. Robny décide de retourner en Grande-Bretagne, son pays natal, lui qui l’a quitté pour les Etats-Unis. On découvre alors qu’il fut écrivain, marié à Iriam, une femme de bonne famille…

Né en 1945 à Badalone, Joan Boix est un auteur espagnol qui démarre sa carrière en 1962 avec une version dessinée du film Sissi, puis La tierra del futuro en 1968. Il se spécialise dans la bande dessinée d’horreur avec Dossier negro ou SOS dans les années 70 et dans la décennie suivante, il imagine des histoires pour adultes. Dans le même temps, il donne des cours de dessins et a pour élève célèbre Ruben Pellejero, le dessinateur de Dieter Lumpen (avec Jorge Zentner, Mosquito) mais aussi le nouveau Corto Maltese (avec Juan Diaz Canales, Casterman).

Parues en 1976, les aventures de Robny clochard (Robny el vagabundo) même datées sont d’une grande modernité. Elles permettent à son auteur de faire une belle chronique sociale des Etats-Unis des années 70 (des critiques encore très actuelles). Ainsi, il met en scène un vieil homme, qui fut écrivain reconnu grâce à un titre, riche mais rapidement proche de la banqueroute, qui quitte sa femme et son domicile pour parcourir les rues et devenir volontairement SDF. Il distille aussi des enquêtes et des actions avec des voyous pour pimenter la vie de Robny. Son trait en noir et blanc est d’une grande élégance et d’une grande force graphique.

  • Robny Clochard
  • Auteur : Joan Boix
  • Editeur : Mosquito
  • Prix : 16€
  • Parution : 05 février 2016

Résumé de l’éditeur : Robny, le sans domicile fixe comme l’on dit à présent, est un de ces marginaux qui traînent de ville en ville passant d’un petit boulot plus ou moins légal à un autre.
Une épave ? Pas vraiment, plutôt un philosophe au regard acéré, mais bienveillant. En tentant de survivre, il comprend les faiblesses de ses congénères et dévoile petit à petit sa fêlure intime, les raisons de son errance…

Caste heaven

Notre avis : Une lycée est régit par un jeu de cartes. Tout en haut de la pyramide, Azusa, le roi, qui maltraite tous les autres et en bas de l’échelle, Kusakabe, souffre-douleur. Cet étrange jeu de dominant-dominé est mis en image dans Caste heaven, un manga de Chise Ogawa, aux éditions Taifu Comics.

Drôles, intrigantes et cruelles règles que celles de ce lycée japonais qui sont fondées sur la possession de cartes. Le Jeu des castes régit ainsi la hiérarchie dans les classes. Cachées dans tout l’établissement, les cartes positionnent ainsi la fonction de ces derniers. Ils sont obligés de s’y conformer jusqu’à la partie suivante. Ainsi, les classes supérieures sont composées du Roi, du valet (son bras droit), les courtisans et les flatteurs; viennent ensuite les classes moyennes avec les messagers, les prépas et les bouffons; et enfin les classes inférieures avec les geeks, les gothiques et les brains. La cible est, quant à elle, le dernier échelon, souffre-douleur. Les élèves qui ne veulent pas se plier aux règles deviendront alors des cibles.

Azusa est ce roi, il domine tout le monde, se comporte en véritable dictateur mais personne ne remet en cause son autorité. Il aime les femmes mais les jette facilement. Kusakabe est son véritable souffre-douleur et l’humilie tous les jours. Seulement, un matin, des maîtres du jeu entrent en classe et expliquent qu’une nouvelle partie va débuter. Le roi essaie de soudoyer la cible pour lui trouver la carte la plus forte. Karino, va trouver le précieux sésame, devenir le roi; Azusa devient alors la cible et donc le souffre-douleur de Karino.

Prépubliée au Japon depuis 2014 dans le magazine Be X boy Gold, des éditions Libre Shuppan, ce yaoi n’est pas une histoire romantique simple où deux hommes s’aiment. En effet, le récit de Chise Ogawa est surtout construite comme une excellente chronique sociale. L’attraction dominant-dominé est assez diffusée au pays du soleil levant. Beaucoup de films et de mangas sont basés sur cette thématique. Ici, un simple jeu de cartes fonde un régime politique qui permet tous les coups. Pour pimenter son histoire, le roi et la cible inversent leur rôle dès les premières pages. L’humiliation est psychologique mais aussi physique, voire très sexuelle. Les pages sur le viol de Azusa par Karino sont parfois très fortes et même dérangeantes. Pourtant, ce manga se lit très bien, flattant nos bas instincts. Il faut donc bien s’accrocher pour le découvrir !

  • Caste heaven, volume 1
  • Auteure : Chise Ogawa
  • Editeur : Taifu Comics
  • Prix : 8.99€
  • Parution : 21 janvier 2016

Résumé de l’éditeur : Le jeu des castes. Un jeu de cartes décidant de la hiérarchie des élèves de chaque classe. Azusa est le « roi », il gouverne de façon absolue, jusqu’au jour où il est trahi par un de ses camarades et se retrouve déchu au rang de « cible », autrement dit souffre-douleur. C’est alors le début du cauchemar pour lui.

Akatsuki #1

Notre avis : Une maladie fait rage ! Elle transforme tous les humains en monstres. Une seule solution pour y remédier, faire appel au Kiriishi, médecins-guerriers dont font partie Hibiki et Kirisha. Le lecteur suit leurs exploits musclés dans Akatsuki, un manga de Motoki Koide aux éditions Pika.

Série terminée en 9 volumes, Akatsuki fut prépubliée entre 2009 et 2012 au Japon dans la revue Shônen Rival (des éditions Kôdansha), ce bon shônen de Motoki Koide ravira les adeptes de ce genre de manga. De l’action, des monstres, des combats, un univers médiéval et des personnages très tranchés, tous les ingrédients sont réunis pour passer un agréable moment de lecture.

Nouveaux venus dans le cercle très fermé des Kiriishi, Hibiki et Kirisha sont coéquipiers. Lui est forte tête, fonce sans trop réfléchir, gaffeur, traumatisé pendant son enfance (comme dans tout bon shônen qui se respecte – peu d’originalité donc-) et elle, plus réfléchie, d’une grande adresse aux combats. Ils sont en bas de l’échelle de la célèbre caste de médecins-guerriers, ne leur assurant pas de quoi réellement vivre. Pour gagner un peu plus d’argent, le jeune adolescent veut multiplier les guérisons-combats même contre des monstres de haut-niveau quitte à mettre son existence en danger. En faisant revenir à la vie normale les humains, il pense monter les échelons plus vite.

Rien de bien original donc dans cette série, si ce n’est les monstres singuliers et la partie graphique d’un bonne maîtrise technique. La lecteur se fait assez facilement mais les héros ne sont pas très bien définis et manquent de singularité. Bien mais en attente de mieux dans les futures volumes.

  • Akatsuki, volumes 1 & 2
  • Auteur : Motoki Koide
  • Editeur : Pika
  • Prix : 6.95€
  • Parution : 03 février 2016

Résumé de l’éditeur : Hibiki et Kirisa sont deux jeunes kiriishi, des médecins-guerriers, seuls capables de vaincre les Akatsuki, des maladies infectieuses mortelles qui transforment tout être contaminé en monstre redoutable. Les kiriishi parcourent le monde afin d’aider les contaminés et de détruire les foyers d’infection d’Akatsuki ! Au fil de leurs missions, Hibiki, un garçon désinvolte, et Kirisa, une jeune fille dévouée, feront face aux pires Akatsuki dans des combats épiques qui révéleront la rage  incommensurable de Hibiki contre cette maladie et son désir de sauver tous les contaminés.

Arsène Lupin, les origines #3

Notre avis : Tout le monde connaît Arsène Lupin, le gentleman-cambrioleur, créé par Maurice Leblanc ou par la célèbre série télévisée avec Georges Descrières et son fameux générique interprété par Jacques Dutronc. Mais connaît-on vraiment sa jeunesse ? C’est le pari que se sont lancés Benoît Abtey, Pierre Deschodt et Christophe Gaultier dans leur nouvelle série Arsène Lupin les origines. Le trio d’auteurs a décidé de raconter l’adolescence du héros en s’inspirant librement du romancier.

Héros romanesque et populaire, Maurice Leblanc n’avait jamais réellement parlé des origines d’Arsène Lupin et c’est ce qu’ont décidé de faire Benoît Abtey et Pierre Deschodt. Et le résultat est plutôt intéressant, accrocheur, inventif et d’une grande originalité.

Dans le premier volet, le jeune adolescent de 12 ans avait été placé dans la maison de redressement parce qu’il aurait été témoin du meurtre de Théophraste Lupin, un maître de boxe-savate. Placé dans un bagne pour enfants, il tentait par tous les moyens de s’en échapper. Le Comte de La Marche décida alors de l’adopter et lui prodigua des conseils afin de se méfier de la Confrérie des Lombards, qui gouverne le monde en coulisse par le crime et l’argent mais fit aussi son éducation (cours, boxe, escrime…). Pour le moment, l’adolescent est timide, plutôt très avenant et attentionné aux autres, loin de son futur métier.

Dans ce troisième tome, Il faut mourir !, Arsène sauve son meilleur ennemi de la noyade lors d’un concours de kayak. En effet, tous les ans, le pensionnat ultra-strict et conservateur de Croix de Walhs organise des jeux pour désigner le meilleur dans les domaines sportifs. La journée du célèbre cambrioleur continue avec des exploits forts (javelot, équitation…). La dernière épreuve de boxe n’y changera rien : Arsène sera le grand vainqueur ! Mais en coulisse, La confrérie des Lombards joue des coudes et ose même tuer le père adoptif du jeune adolescent qui est alors accusé de son meurtre…

Le trait vif et quasi instinctif de Christophe Gaultier est toujours aussi agréable à l’œil. L’auteur de la meilleure adaptation en bande dessinée de Robinson Crusoé (Delcourt) livre des planches très équilibrées, agrémentées par de belles couleurs de Marie Galopin.

  • Arsène Lupin, les origines, tome 3/3 : Il faut mourir !
  • Scénaristes : Benoît Abtey et Pierre Deschodt
  • Dessinateur : Christophe Gaultier
  • Editeur : Rue de Sèvres
  • Prix : 13.50€
  • Parution : 06 janvier 2016

Résumé de l’éditeur : Tandis que la France se passionne pour les exploits du mystérieux « Prince des voleurs », les olympiades tant attendues concluent la formation de nos héros à la Croix des Walhs. Arsène y gagnera l’amour d’Athéna et de solides ennemis, qui n’hésiteront pas à le faire accuser de l’assassinat de son père adoptif. Il faudra toute la ruse du jeune homme et de ses meilleurs compagnons pour renverser le destin… et ouvrir un nouveau chapitre dans la vie d’Arsène, sous le nom de Lupin. BD tout public.

Emile et Margot #6

Notre avis : En même temps que la sortie en librairie de Anatole Latuile 9, Anne Didier et Olivier Muller dévoilaient le sixième volume de leur autre série jeunesse Emile et Margot, éditée par BD Kids.

Comme pour le troisième tome de la série dont Comixtrip vous avez déjà parlé (nommé dans la Sélection Jeunesse du Festival d’Angoulême l’année dernière), ce nouveau volume est un recueil de 14 histoires courtes. Parmi elles, il y a notamment :

  • Le marchand de trous. Le jardinier du château propose à Emile et Margot de l’aider à créer une roseraie. Pendant la sieste du vieux monsieur, le Dekoi-j’meumêle arrive et appelle le marchand de trous pour les aider…
  • Madame Grondin. Le roi et la reine, les parents des deux enfants, sont de sortie. Mademoiselle Niquelle-Crome étant en congé, c’est Madame Grondin qui vient les garder. Un calvaire…
  • Le Cupimonstre. Jour de neige mais les enfants doivent réviser leurs leçons car Monsieur Peumieufaire leur prépare un contrôle pour le lendemain. Dekoi-j’meumêle les invite à venir jouer dans la neige avec le cerf-volant…
  • Le cours de chant. Catastrophe : Emile se réveille avec une voix de chat, il ne sait plus parler. Or le cours de chant de Madame Trémolo va commencer…

Comme pour leur autre série jeunesse, le duo de scénaristes, frère et sœur, Anne Didier et Olivier Muller dévoilent des histoires plutôt réussies, pour les enfants à partir de 7 ans. Pas de grand méchant, pas de gros mots et que des happy end pour leurs récits. La grande force de ce recueil est avant tout les créatures fantastiques et sympathiques qu’ils ont imaginées. Sinon le reste est de nature plus classique. Pas de révolution donc, mais les jeunes lecteurs passent un bon moment en compagnie de Emile et Margot.

Pour les aider dans leur projet, ils ont fait appel à Olivier Deloye pour la partie graphique. Le dessinateur d’Oliver Twist (avec Loïc Dauvillier, Delcourt) poursuit sa bonne prestation sur cette série. Simple et plutôt bien abouti, son trait lui permet de réaliser de belles planches.

  • Emile et Margot, tome 6 : Ils sont partout !
  • Scénaristes : Anne Didier et Olivier Muller
  • Dessinateur: Olivier Deloye
  • Editeur : BD Kids
  • Prix : 9.95€
  • Parution : 03 février 2016

Résumé de l’éditeur : Vertigus, Décoiffeur, Espion-pion ou Marchand de trous… Un tas de monstres sympathiques et pleins de fantaisie pullulent autour du château, pour le plus grand bonheur d’Émile et de Margot. Mais attention à la gouvernante mademoiselle Niquelle-Crome, qui les trouve trop envahissants… Car avec elle, mieux vaut se faire discret et rester hors de portée de son balai !

Dressing

Notre avis : Après Lose, En toute simplicité et La fourmilière, les éditions Atrabile poursuivent la publication de l’œuvre de Michael DeForge avec Dressing, un recueil d’histoires courtes de l’auteur canadien.

A travers les 124 pages et 14 mini-récits, Michael DeForge déploie tout son talent dans différents styles graphiques. Parmi ces derniers, il y a :

  • Mars est mon dernier espoir. Sur un planète inconnue, trois créatures casquées se posent des questions sur leur existence. Ils décident d’aller explorer Mars, découvrent de la vie mais perdent leur langage…
  • Point com. 1998, Silicon Valley. Terry et sa petite amie imaginent adopteunesirene.com, un site autour de ces créatures fantastiques…
  • Sites web. Un jeune homme se retrouve sans le sou car ses comptes bancaires ont été interdits. Il aurait consulté des sites signalés. Cet événement va en faire découler d’autres encore plus étranges : l’usine où il travail ne l’accepte plus, les portiques de la bibliothèque sonnent dès qu’il passe…
  • Dîner de Noël. Lors du fameux repas célébrant Noël, un adolescent raconte la bagarre entre son père et son oncle et les conséquences sur ses proches…
  • Un homme contemple la mer et attendant que le poisson-charmeur sorte de l’eau. A ses côtés, une jeune femme. Ensemble, ils récupèrent le fameux poisson pour le mettre dans un bocal trônant dans le salon…

Cette belle plongée dans l’univers de Michael DeForge est un très beau voyage graphique (les histoires ont été imaginées à plusieurs époques de son existence) et scénaristique. Toujours étonnantes, intrigantes voire dérangeantes, les histoires sont d’une rare intelligence. Des lieux différents, des personnages prisonniers de leur existence, tout est singulier chez l’auteur canadien. Exigeant, l’album conviendra aux lecteurs curieux d’univers psychédéliques et originaux.

  • Dressing
  • Auteur : Michael DeForge
  • Editeur : Atrabile
  • Prix : 18€
  • Parution : 12 février 2016
  • Résumé de l’éditeur : On aurait sans doute tort de considérer Michael DeForge comme un dessinateur purement dévoué au  bizarre, un obsédé du glauque et un apôtre du malsain. Certes certes certes, le prodige canadien s’aventure souvent dans des recoins bien sombres, et n’a pas peur de jouer avec les aspects les plus monstrueux de l’être humain; mais ce qui fait que le travail de DeForge est parfois dérangeant tient moins d’une volonté superficielle de se complaire dans le «trash» que d’une certaine faculté à toucher là où ça fait mal, là où gît une vérité peu agréable à entendre. Cette vision du monde, parfois peu amène, parvient au lecteur dans une forme sans cesse renouvelée, le trait s’adaptant au sujet et aux ambitions de chaque histoire. DeForge n’est pourtant pas qu’un pur formaliste, et il faut souligner son travail sur la narration, son vrai talent d’écriture et son attachement aux mots. Toutes ces qualités, on les retrouve dans Dressing.  A l’image de certains écrivains orfèvres de la nouvelle plutôt que du roman fleuve, DeForge excelle dans les histoires dites courtes, des récits de quelques pages aux situations souvent kafkaïennes, traversés de personnages victimes des circonstances, ignorant jusqu’au bout le pourquoi de leur destin; des histoires courtes aux décors changeant – Mars, le Pôle Nord, une chambre d’hôtel, l’intérieur d’une tête, une jungle emplie d’animaux armés – mais qui disent bien plus qu’il n’y pourrait paraître toutes les blessures et les perversions de l’âme humaine.

Les Poilus # 1

Notre avis : La Bataille de Verdun en 1916 restera comme une véritable hécatombe dans les rangs des français comme des allemands. Guillaume Bouzard a décidé de donner un visage plus léger et drôle à cette période si sombre dans Les Poilus, sa nouvelle série humoristique édité par Fluide Glacial.

1914. Pierre aime Suzanne, mais leur amour vole en éclat lorsqu’il reçoit sa lettre de mobilisation pour la guerre. Alors que tous les autres soldats pensent qu’ils seront de retour rapidement, avant Noël, lui sait que cela sera beaucoup plus long. De plus, il le sait, cela sera difficile pour lui, car il est l’objet de moquerie de la part des autres. En effet, tous pensent qu’il préfère les hommes. Tout cela est ridicule compte tenu de ce qui se passe autour d’eux, dans les tranchées : les rats que l’on fait cuire, les problèmes gastriques qui les font aller toutes les cinq minutes à la feuillée ou encore les deux ennemis qui se retrouvent sur leur couchage…

Prépubliées dans Fluide Glacial, les mini-récits de Guillaume Bouzard (de 1 à 6 planches) sont décalés, sont fondés sur l’absurde (comme la guerre d’ailleurs), le cynisme et font plutôt rire. Tout ce petit monde qui se croise, vit ensemble, prend ses aises, se confie au son des grenades et des bombes qui sifflent au-dessus de leur tête. Disons-le tout net, tout ne fait pas rire dans ces pages mais donne à réfléchir et c’est mieux ainsi.

Le trait nerveux et jeté de l’auteur de Moi Bouzard ou de La bibite à bon dieu est idéal pour conter ces histoires décalées et cette ambiance historico-humoristique.

Parmi les nombreuses publications sur la Première Guerre Mondiale, celle-ci se distingue par son irrévérence (contre la guerre pas contre les soldats), son ton caustique et son cynisme et ça fait du bien ! A lire pour rire.

  • Les Poilus, tome 1 : Frisent le burn-out
  • Auteur : Guillaume Bouzard
  • Editeur : Fluide Glacial
  • Prix : 10.95€
  • Parution :17 février 2016
  • Résumé de l’éditeur : 1916-2016 : À l’occasion du centenaire de la bataille de Verdun, Guillaume Bouzard plonge au cœur des tranchées pour raconter les petites histoires fantasmées et drolatiques de ces poilus qui ont fait l’Histoire. Confrontés au drame et à la boucherie de la grande guerre, ces hommes survivent et parviennent à nous faire rire en répondant à la violence des canons avec l’arme ultime : leur folie ordinaire. Généraux belliqueux et lâches, officiers acariâtres et dépassés par les évènements, soldats débrouillards et solidaires, tous ces poilus forment un monde délirant où tous les coups semblent permis. Certains jouent au rugby avec des grenades, d’autres creusent en pensant trouver le trésor des Templiers, bref, dans l’enfer de tranchées de Guillaume Bouzard, on sait aussi s’amuser…

L’heure des lames

Notre avis : Que donnerait un monde où l’on connaîtrait la date et l’heure de notre propre mort ? Scarper le sait, il ne lui reste que trois semaines avant le passage vers l’au-delà. Après l’excellentisme Don Quichotte, les éditions Warum dévoilent le nouvel album de Rob Davis, L’heure des lames, une étrange fable fantastique.

Tout d’abord, une drôle de gageure que de résumer cet album, tant il est surprenant, déroutant et qu’il part dans de nombreuses directions. Même si à sa lecture, on le sent, c’est un ouvrage singulier mais de grande qualité. On s’y essaie quand même.

Scarper Lee est un adolescent timide, quasi asocial et qui connait son Death Day (la date de sa mort) ! A savoir dans pile trois semaine. Dans ce monde parallèle, les parents de ces enfants sont des machines. Ainsi le père de Scarper est une machine à voile, gardée dans la grange de la maison et sa mère est un sèche-cheveux. Adoratrice de dieux sous forme d’objets de la cuisine, elle dort rarement avec son mari dans la dépendance. La mère de Peter, ami du jeune adolescent, est quant à elle une machine cantinière du lycée, échouée au milieu de la cour, en attente d’être remise à la déchetterie.

Alors que des couteaux tombent en masse, comme la pluie, la sonnette retentit. Scarper ouvre la porte et découvre Véra, la nouvelle lycéenne. Curieuse de tout, entreprenante comme il ne faut pas; elle va bousculer la fin de vie du jeune garçon.

L’ancien dessinateur de Daredevil et de Judge Dredd (bientôt en réédition chez Delirium !!!) propose une histoire intrigante, une œuvre exigeante d’un point de vue narratif, folle mais fabuleuse. Créateur d’un univers singulier mais très recherché, Rob Davis peut perdre rapidement son lecteur. Des machines à tout va, un vase qui parle et réfléchit pour le héros, ce n’est sûrement pas commun. Son évocation du temps qui passe (vers l’âge adulte) mais aussi le rapport que l’on devrait avoir avec la mort (l’accepter comme un passage) est d’une grande intelligence. Loin de son trait dans le formidable Don Quichotte, son dessin en noir et blanc, agrémenté de teintes de gris, convient parfaitement avec l’ambiance sombre et étrange de son récit.

A découvrir si on s’y sent prêt. Exigeant mais pas à la portée de tous les lecteurs !

  • L’heure des lames
  • Auteur : Rob Davis
  • Editeur : Warum
  • Prix : 20€
  • Parution : 10 février 2016

Résumé de l’éditeur :

Dans le monde de l’Heure des lames, les parents ne font pas d’enfants, ce sont les enfants qui fabriquent leurs parents.

Dans cet univers étonnant, il pleut des couteaux et les appareils électroménagers ont des âmes. Il n’y a pas de date d’anniversaire, mais on y connaît le jour de sa propre mort.

Scarper Lee, jeune ado asocial, n’a plus que trois semaines à vivre.

C’est alors que l’énigmatique Véra Pike, l’étrange nouvelle venue de l’école. arrive pour tenter de l’aider à changer son destin.

Animal lecteur #6

Notre avis : Le lecteur est un animal, une sorte de prédateur comme un monstre de la jungle. Avide de nouveautés, de promotions et de scoops en tout genre, il est la bête noire des libraires. Voici le sixième tome des aventures du célèbre libraire de la série Animal lecteur. Intitulé Un best-seller sinon rien, ce nouvel opus est scénarisé par Sergio Salma et mis en images par Libon.

Bernard Dolcevita, le libraire de BD Boutik doit toujours garder son self-control en toutes circonstances : entre les clients un peu bizarres, les distributeurs qui déboulent tous en même temps à la fin de l’été avec des stocks impressionnants de bandes dessinées pour la rentrée littéraire;  le libraire en voit de verte et de pas mûr. Mais il l’aime son métier formidable !

C’est avec un grand plaisir que l’on retrouve les aventures ou les mésaventures du Libraire de BD Boutik. Savoureux, les gags de Sergio Salma tombent souvent à pic. L’auteur de Nathalie met son talent de conteur humoristique au service de ce bon Bernard Dolcevita. Il se régale aussi avec les travers et les mauvaises manies des amateurs du 9e art et des clients. Les travers de cet univers sont décryptés avec un bel humour et de l’ironie. A noter qu’il use aussi d’une belle forme d’auto-dérision lorsqu’il parle des auteurs. Le trait de Libon est à la fois cruel et amusant, piquant et tout en rondeur. L’auteur de la bonne série Jacques le petit lézard géant offre ici de très belles planches (96 pages, c’est énorme !)

  • Animal lecteur, tome 6 : Un best-seller sinon rien !
  • Scénariste : Sergio Salma
  • Dessinateur : Libon
  • Editeur : Dupuis
  • Prix : 14.50€
  • Parution : 29 janvier 2016

Résumé de l’éditeur : Il y a le client qui arrive tout excité chez son libraire et lui réclame le nouveau Largo Winch mais qui, incapable d’attendre deux minutes que son libraire aille le chercher dans son arrière-boutique, se rue pour le commander sur Amazon ; il y a le client qui n’achète pas le tome 1 d’une nouvelle série car il attend la sortie du tome 2 qu’il n’achète pas car il attend l’intégrale du premier cycle… et qui s’étonne que la série ne trouve pas son public ; il y a le client, touriste asiatique de passage, qui veut absolument se procurer Béki Matimeuh Makjo (Blake et Mortimer, La Marque jaune…) ; il y a l’oreillette devenue indispensable pour conseiller le client vu les 5 000 nouveautés par an (« On ne peut pas tout lire… ») ; il y a l’employé à virer pour raisons économiques qui vous annonce que sa copine est enceinte et qui vous demande d’être le parrain… « Libraire de bande dessinée, c’est pas un métier, c’est une vocation, un sacerdoce ! » répètent Libon et Salma à travers 92 strips verticaux hilarants pour ceux qui ne l’avaient pas encore compris en lisant les cinq précédents tomes. Un ouvrage à conseiller à tous ceux qui veulent en savoir plus sur le métier de libraire spécialisé en bande dessinée… ou à tous ceux qui aiment juste rigoler en lisant une bonne BD !

Enola et les animaux extraordinaires #2

Notre avis : Enola est une jeune fille exceptionnelle. Elle exerce un drôle de métier : vétérinaire pour les animaux de contes et légendes. Après une première aventure, La gargouille qui partait en vadrouille, où elle venait en aide à une statue malicieuse placée en haut de l’église d’un petit village, pour ce deuxième volet La licorne qui dépassait les bornes, elle doit affronter cet animal magique qui devient agressif. Cette série jeunesse proposée par les éditions La gouttière est scénarisée par Joris Chamblain et mise en image par Lucile Thibaudier.

Piotr, Sven et Sylvia se prélassent dans la rivière à côté de chez eux, mais les trois amis sont surpris par une licorne furieuse. En effet, après une petite chamaillerie, Piotr bouscule la jeune adolescente qui dépasse les limites du royaumes des créatures fantastiques.

De retour le soir au village, le père de la jeune fille est en colère : il veut se venger de la licorne et décide d’aller se frotter à elle. C’est à ce moment-là, que Sylvia part chercher de l’aide auprès de Enola, la célèbre vétérinaire pour animaux extraordinaires. Une mission délicate pour la fille aux cheveux violets…

Après l’excellent série Les carnets de Cerise (avec Aurélie Neyret, quatre tomes chez Soleil), Joris Chamblain imagine un univers merveilleux et fantastique pour les enfants Enola et les animaux extraordinaires. Pour ce deuxième tome, le jeune lecteur entre rapidement dans le vif du sujet.  Teinté d’un bel humour, le récit est rythmé et le jeune lectorat (dès 8 ans) passera un agréable moment de lecture-plaisir. Nous décelons tout le potentiel de ce monde imaginaire et de son héroïne ; la série devrait plaire et avancer dans des directions originales.

Pour accompagner son scénario, Joris Chamblain a fait appel à Lucile Thibaudier, auteur de Sorcières Sorcières (Kennes éditions, 2014). Son trait tout en rondeur est d’une grande douceur et ses couleurs apportent beaucoup de chaleur au récit. Ses planches composées de grandes cases sans cadre (jusqu’à 5 vignettes maximum) permettent d’observer tout son talent. Une jeune auteure à suivre !

  • Enola et les animaux extraordinaires, tome 2 : La licorne qui dépassait les bornes
  • Scénariste : Joris Chamblain
  • Dessinatrice : Lucile Thibaudier
  • Editeur : La Gouttière
  • Prix : 10.70€
  • Parution : 05 février 2016

Résumé de l’éditeur : Une licorne, animal réputé doux et timide, attaque des enfants qui se baignaient. Les parents des enfants envisagent d’attaquer les animaux et d’entrer sur leur territoire, protégé par un pacte ancien. Enola, avertie par un des enfants, se rend immédiatement avec Maneki sur les lieux et décide de partir à la recherche du troupeau de licornes, avant que le pire n’arrive…