Comixtrip vous propose une sélection des meilleures bandes dessinées sur le thème du Québec. De Magasin général à Changements d’adresse, en passant par Paul à Québec ou Les Aventures, planches à la première personne, découvrez notre sélection d’albums valant le détour.
Forcément subjectif, notre Top 10 des meilleures BD sur le thème de la musique et des musiciens peut prêter à discussion. Si vous avez des coups de cœur dans ce domaine, n’hésitez pas à nous en faire part en nous présentant vos albums dans la rubrique commentaires.
1.
Magasin Général
de Régis Loisel et Jean-Louis Tripp (Casterman)
Loisel et Tripp ont concocté ensemble, avec une gourmandise très communicative, une chronique énergétique et très humaine, peuplée de personnages intenses et savoureux. Leur attachement partagé pour le Québec – Loisel y réside, Tripp y a enseigné – a servi de moteur à cette histoire truculente, qui ne ressemble à rien de ce que l’un ou l’autre a publié auparavant. Fondée sur la complémentarité de leurs savoir-faire, leur collaboration porte autant sur le texte que sur le dessin, et se nourrit du meilleur de leurs talents respectifs.
L’histoire de Magasin général se déroule dans un village du Québec rural à partir du début des années 40. Elle gravite autour d’un personnage féminin, Marie, veuve avant l’heure et héritière du principal commerce local (le « Magasin général » qui donne son titre au récit), que l’irruption d’un étranger dans la petite communauté va progressivement réconcilier avec le bonheur ; bonheur d’aimer, bonheur d’être aimé(e), mais pas exactement de la manière que l’on pourrait imaginer…
2.
Les Aventures, planches à la première personne
de Jimmy Beaulieu (Les Impressions nouvelles)
Des carnets qui deviennent par surprise une autobiographie… Les aventures. Planches à la première personne nous font entrer dans la vie de Jimmy Beaulieu, de 1998 à aujourd’hui.
De Québec à Montréal, de la librairie Pantoute au Festival d’Angoulême, Jimmy Beaulieu dessine ses rencontres avec des filles de rêve (avec qui il ne se passe rien), ses doutes, sa passion pour la bande dessinée, sa conscience politique qui s’aiguise, ses souvenirs familiaux… Au terme de ces Aventures, on aura rencontré un artiste et vu un jeune homme devenir – presque – un adulte. On aura aussi l’impression d’avoir écouté un ami nous parler de désir, d’amour, de fortune et d’infortune, de jeunesse, de mort, d’errance, et de la douce ivresse d’être vivant.
Paul à Québec
de Michel Rabagliati (La Pastèque)
L’achat d’une première maison et la mort d’un proche sont au cœur de ce nouvel opus. D’Ahuntsic à St-Nicolas, en passant par le célèbre Madrid, l’auteur nous amène, cette fois-ci, à découvrir sa famille à travers un livre fort émouvant. Michel Rabagliati nous démontre une fois de plus qu’il est en pleine maîtrise de ses moyens, il dessine la vie… tout simplement.
4.
Changements d’adresses
de Julie Doucet (L’Association)
Julie Doucet est une jeune artiste québécoise (elle est née en 1965) qui a collaboré longtemps à Weirdo la revue de Robert Crump, avec lequel on ne peut s’empêcher de repérer une certaine filiation. Dans Changements d’adresse, elle met en scène, avec un humour distancié et noir, ses dérisoires déboires sexuels et sentimentaux. Dans cet album en noir et blanc (en noir surtout) et présentant les personnages en pieds, enserrés dans d’étroits cadres, l’auteur-personnage, au ton très authentique, délire, tout en brossant un portrait critique du milieu artistique dans lequel elle a évolué, sur trois grandes périodes de sa vie: la pathétique perte de sa virginité, ses années de formation artistico-sentimentale à Montréal puis son séjour d’un an à New York. Il faut dire qu’elle collectionne pendant cette période quelques spécimens mâles assez peu reluisants pour l’espèce. On a oublié de prévenir, Julie Doucet est vraiment très crue (on pense en particulier à sa fausse couche aux chiottes qui fait « ploc ! « ), elle ne séduira sûrement pas tous les publics.
5.
Jimmy et le Bigfoot
de Pascal Girard (La Pastèque)
Jimmy et le Bigfoot est l’histoire d’un adolescent, devenu une vedette bien malgré lui sur Youtube à cause d’une vidéo où on peut le voir danser… Le pauvre Jimmy doit aussi jongler avec l’amitié, l’amour, vivre en région et un Bigfoot sur les Monts-Valins. Vaste programme pour ce jeune adolescent…
Pascal Girard propose avec son deuxième livre à la Pastèque une oeuvre au ton juste avec des dialogues qui font mouche, servi par un dessin ultra précis; une chronique adolescente douce-amère finement ciselée.
6.
Les Essuie-glaces
de Edmond Baudoin (Dupuis)
« Il me semble que j’ai eu plusieurs vies. L’une d’entre elles, je l’ai vécue au Québec. L’hiver est là-bas comme une longue paix… ou une longue guerre. Le printemps venait. Celui-ci voulait dire la fin de mon séjour dans ce pays du nord de l’Amérique. »
Voyage au cœur du Québec. Voyage d’adieu pour l’auteur, qui y vécut trois ans. Voyage avec ses amis, voyage avec son amour. Une sorte de croisière en vérité, au pays des oiseaux, du vent qui souffle fort, des Acadiens et des Mic-Macs. Voyageur et rêveur, poète et dessinateur, marcheur et amoureux, Edmond Baudoin poursuit, dans sa relation à l’Autre, sa quête de lui-même.
7.
Jane, le renard et moi
de Isabelle Arsenault et Fanny Britt (La Pastèque)
Hélène est victime de harcèlement et d’intimidation à son école. Elle trouve alors refuge dans le monde de Jane Eyre, le premier roman de Charlotte Brontë…
Jane, le renard et moi est un récit touchant qui présente avec justesse la méchanceté que les enfants peuvent déployer l’une envers l’autre.
Au texte brûlant d’actualité de Fanny Britt s’ajoute le travail d’illustration d’Isabelle Arsenault : moderne et sensible, utilisant la couleur de façon surprenante, son dessin se révèle exceptionnel.
Pour leur première incursion dans la bande dessinée, les deux auteures réalisent une oeuvre parfaite.
8.
La Petite patrie
de Julie Rocheleau et Normand Grégoire (La Pastèque)
Publié en 1972, La petite patrie de Claude Jasmin est un roman autobiographique québécois qui a connu un vif succès. Chronique d’un quartier populaire de Montréal, il nous offre le regard d’un enfant de huit ans sur le monde qui l’entoure à l’aube des années 40 : la guerre, la religion, les jeux de ruelles, l’amour et la mort… Julie Rocheleau et Normand Grégoire nous offre une adaption du populaire roman de Claude Jasmin, un livre qui nous rappelle notre enfance et l’insouciance qui s’y rattache.
9.
Séraphin illustré
de Claude-Henri Grignon et Albert Chartier (Mécanique générale)
Qui ne connaît pas Séraphin Poudrier, le célèbre avare de Sainte-Adèle ? Au Québec, son nom est même devenu synonyme d’avarice au même titre qu’Harpagon ou Shylock.
Ce que l’on sait moins toutefois, c’est que pendant 20 ans, Séraphin, Donalda, Alexis Labranche, le curé Labelle, le notaire LePotiron, le père Ovide, l’Indien Bill Wabo et tous les autres ont été les vedettes d’une bande dessinée.
De 1951 à 1970, Claude-Henri Grignon, créateur du personnage, et Albert Chartier ont réalisé une page mensuelle mettant en scène le petit monde de Séraphin Poudrier. Si Albert Chartier a créé l’apparence des personnages de toutes pièces au début, au fil de ces histoires humoristiques – où la pingrerie de Séraphin est au cœur du récit – on reconnaît les traits des comédiens qui les ont interprétés à la télévision. De quoi rappeler de bons souvenirs aux nombreux téléspectateurs qui ont suivi ce téléroman religieusement !
10.
Rapide-blanc
de Pascal Blanchet (La Pastèque)
Rapide-Blanc évoque, bien entendu, la chanson du même titre écrite par Oscar Thiffault en 1954. Pourtant, Rapide-Blanc c’est bien plus qu’une chanson folklorique!
Le village de Rapide-Blanc se trouve aux abords de la rivière Saint-Maurice à côté d’un barrage hydro-électrique. À l’époque, avec sa centaine d’habitants, ce «village de compagnie» avait été érigé par la Shawinigan Water and Power à l’intention des ouvriers de l’entreprise. Isolés en forêt, les gens devaient donc habiter sur place. On avait construit une église, une petite station de ski, un magasin général…, bref, c’était un véritable village en miniature.
Dans les années soixante-dix avec l’arrivée de l’automatisation, le village a été démantelé. Aujourd’hui, il n’y reste que sept ou huit maisons en brique. Un village fantôme, comme on en trouve des dizaines sur le bord des rivières du Nord québécois. Un sujet en or pour Pascal Blanchet !