Comixtrip vous propose une sélection de bandes dessinées consacrées à l’écologie et l’environnement. De Saison Brune à Rural, en passant par Autobio ou Les Fils de la terre, découvrez notre sélection d’albums valant le détour. Forcément subjectif, notre Top 15 des bandes dessinées sur l’écologie et l’environnement peut prêter à discussion. Si vous avez des coups de cœur dans ce domaine, n’hésitez pas à nous en faire part en nous présentant vos albums dans la rubrique commentaires.
1.
Saison Brune
de Philippe Squarzoni (Delcourt)
L’enquête fouillée de Philippe Squarzoni, récompensée par le prix de l’académie française 2012, détaille de façon didactique et exhaustive les données connues sur le réchauffement climatique, ses causes et ses conséquences, qui sont tant environnementales, qu’économiques ou sociales. C’est là tout le propos de Philippe Squarzoni. Le problème climatique est un problème global, qui concerne l’organisation de nos sociétés tout autant que nos pratiques individuelles au jour le jour.
La lecture de Saison Brune laisse apparaître les limites de l’humanité : la conscience récente d’appartenir à une même planète ne suffit pas à contrebalancer les mythes de consommation grimpante, de croissance infinie qui causeront notre perte à long terme. La prise de conscience de l’urgence ne suffit pas non plus à sortir du nœud de contradiction dans lequel tout Occidental se trouve plongé.
Est-ce que finalement il ne s’agirait pas d’abattre les mythes de progrès permanent ? Saison Brune semble esquisser la voie vers un nouveau type d’humanité et de vivre-ensemble, un état d’esprit qui accepterait pleinement sa place au sein d’un écosystème et d’un collectif.
> Lire la passionnante interview de l’auteur sur cet ouvrage et notre chronique
2.
Rural !
de Etienne Davodeau (Delcourt)
C’est l’histoire d’un coin tranquille à la campagne. Un couple achève d’y retaper une vieille bâtisse devenue en dix ans de travaux une agréable maison. Un peu plus loin, trois jeunes paysans, convaincus qu’une autre agriculture est possible, tentent le pari du bio. Tout va bien, jusqu’au jour où la nouvelle tombe : le tracé d’une future autoroute passe ici-même. Durant une année entière, Étienne Davodeau a suvi ces gens crayon en main, a mené son enquête sur les origines de cette décision absurde et ses répercussions dramatiques sur la vie d’une région.
3.
Broussaille
de Frank et Bom (Dupuis)
Dans un monde que le progrès étouffe, dans la triste grisaille de la ville mise à mal par le dieu Pognon, Broussaille apparaît, tel un rayon de soleil, éclatant de joie de vivre et d’émerveillement. Amour de la nature et amour tout court marquent l’aventure intérieure d’un garçon qui refuse la glaciale prétention des technocrates d’aujourd’hui. « Broussaille », c’est un hymne flamboyant dédié à l’optimisme et au bonheur.
4.
Moi, jardinier citadin
de Min-ho Choi (Akata)
Min-ho Choi, dessinateur de BD prometteur, ne se retrouve plus dans le système. Depuis quelques années, il vivote en travaillant pour différents studios d’animation, mais il a bien du mal à prendre du plaisir dans la production de masse. Suite à son mariage, il décide de quitter Séoul, et emménage alors à Uijeongbu, une plus petite ville au nord de la capitale et en bordure de montagne. C’est là que, après démissionné, il décide de se consacrer à sa nouvelle vie, entre jardinage et dessins. Sous le regard bienveillant des anciens du quartier, Min-ho Choi va apprendre à observer les rythmes de la nature, ceux des plantes mais aussi les siens… Complètement ignorant en jardinage, il découvrira pourtant, au contact de ses truculents voisins, à quel point les préjugés véhiculés par le monde moderne ne sont que des aberrations, et qu’il n’est finalement pas si compliqué de cultiver son potager en respectant toute forme de vie… et surtout sans pesticides !
5.
Autobio
de Cyril Pedrosa (Fluide Glacial)
Avec humour, boboïtude et légèreté, Pedrosa pose une question essentielle : comment avoir un mode de vie responsable, en accord avec ses convictions écologistes ?
Ça paraît simple comme ça… Mais c’est un véritable parcours du combattant ! Comment échapper aux OGM, pesticides, agents de synthèse et huile de palme ? Comment cuisiner cet étrange et inconnu cucurbitacé trouvé dans le panier de l’AMAP ? Comment se déplacer sans laisser une empreinte indélébile sur notre planète, ainsi qu’une culpabilité tenace !isses cocktails qui traîne dans le placard?
6.
Sans issue
de Robert Crumb (Cornélius)
Ce volume de l’anthologie Robert Crumb s’attache à répertorier les sentiments dépressifs engendrés par la société contemporaine. Beaucoup nous feront amicalement remarquer qu’on trouve sur le marché quantité de thèmes plus porteurs. Ce qui, tout en étant exact, ne tient pas compte de ce que les livres forts sont parfois comme certains dimanches après-midi d’automne, douloureux mais nécessaires. En une vingtaine d’histoires couvrant trente années de création, Crumb décline sa vision d’un monde absurde et prédateur. Dépit, frustrations, aliénation sociale, un cocktail intensément cocasse.
7.
Sous un rayon de soleil
de Tsukasa Hojo (Ki-Oon)
Malgré son apparence tout à fait ordinaire, Sarah Nishikujo possède un don incroyable : celui de communiquer avec les végétaux. Afin de ne pas éveiller les soupçons, elle est condamnée à changer de ville et d’école régulièrement et de vivre avec son père, une vie de nomade. Teinté de fantastique, le récit magistral de Tsukasa Hojo est mélancolique et poétique. Maniant un bel humour très fin, l’auteur découpe ses mangas en plusieurs chapitres dont le point commun est la jeune Sarah, son secret, son passé. La lecture très fluide permet de passer un agréable moment. Invitant le lecteur a réfléchir sur l’environnement et la planète, cette fable onirique est formidable.
8.
L’Ecologie
de Jean-Marc Reiser (Glénat)
Tout le monde connaît le travail de Reiser humoriste. Le dessinateur, pilier de « Hara Kiri » et « Charlie Hebdo », a fait rire des générations de lecteurs avec Jeanine, Gros Dégueulasse ou La Vie des Bêtes. Mais on a oublié le Reiser inventeur et militant de l’écologie ! Reiser et l’Écologieest une anthologie des pages qu’il consacra principalement dans les années 70 à son engagement. Marée noire, pollution, laideur de l’urbanisme, nucléaire, les pires fléaux de la modernité outrancière n’échappent pas à sa plume assassine et humoristique. Mais Reiser était aussi un visionnaire, et cet album regroupe les pages de BD ou l’auteur explique comment fonctionne le solaire et les éoliennes. 35 ans avant le sommet de Copenhague, Jean-Marc Reiser se souciait déjà des générations futures.
À noter que ce livre recueille près de 80 pages de bande dessinées inédites en album.
9.
Energies extrêmes
de Daniel Blanco et Sylvain Lapoix (Futuropolis)
Il est encore rare qu’une bande dessinée puisse alimenter des débats de fond sur la société actuelle et aider l’opinion dans ses choix de vie. Énergies extrêmes est une enquête très documentée sur les pionniers du gaz de schiste et les conséquences de son exploitation. Publié en 3 volets dans La Revue Dessinée, ce reportage inédit a été remonté et complété pour sa publication en album.
Sylvain Lapoix et Daniel Blancou livrent un reportage sans zone d’ombre sur l’exploitation massive de cette énergie aux États-Unis depuis les années 1970. Dans l’Amérique des années Carter, les grandes industries y ont vu un intérêt pour faire face aux chocs pétroliers des années 1970 et ont puisé sans soucis technique ou éthique cet or gris. Quelles conséquences financières et écologiques maintenant et pour le futur, en Amérique et à travers la planète ?
Depuis 2011, la France est le premier pays au monde à avoir interdit officiellement la technique de fracturation hydraulique pour l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste. Pourtant les débats sur l’exploitation de cette énergie-là restent récurrents et animés. Pro et anti s’affrontent toujours. Doit-on laisser détruire et polluer notre territoire au nom de l’indépendance énergétique ? Le maintien des emplois est-il l’enjeu prioritaire aux dépends du respect de l’environnement ? Quelle ressource pour le monde de demain au-delà des seules frontières de l’Hexagone ?
Énergies extrêmes propose une réflexion collective pour des enjeux universels qu’ils s’agissent d’argent, d’emploi, de compétitivité industrielle ou d’écologie. Quelles seront les forces de demain ? Quels sont nos besoins réels ? Sylvain Lapoix, citoyen du monde impliqué et journaliste investi est allé au plus près des acteurs et nous invitent à réaliser que c’est notre système énergétique qui change : à quel prix ? Cette enquête journalistique fait foi. L’hyper-réalisme du dessin de Blancou, la finesse de son trait donne une résonnance plus forte encore. Énergies extrêmes n’est pas une fiction, bien qu’on lise l’album comme un roman noir.
10.
Le Vaisseau de pierre
de Enki Bilal et Pierre Christin (Dargaud)
Un petit village de pêcheurs breton, Trehoët, est en ébullition depuis que court la nouvelle d’une implantation d’une station balnéaire qui va tout changer : Hôtel de luxe, appartements de standing, thalassothérapie, centre commercial, complexe autoroutier, port de plaisance… Tout pour devenir une destination privilégiée des touristes. Les promoteurs immobiliers se frottent les mains, mais les habitants du village voient d’un mauvais œil les expropriations et les dommages sur l’écosystème que ce parc de loisir va entraîner, sans compter les bouleversements dans un quotidien jusque-là tranquille. Et puis il y a ce vieux château de pierre qui domine le village, où vit un ermite que d’aucuns comparent à l’ankou, au serviteur de la mort. Bientôt, et avec l’aide de 50/22 B, les villageois vont élaborer un plan pour préserver leur village…
11.
La Guerre des OGM
de Mike et Michaël Le Galli (Delcourt)
OGM. Trois lettres qui ne laissent personne indifférent… Alors, que sont exactement les Organismes Génétiquement Modifiés ? Pourquoi et comment, partout à travers le monde, des hommes et des femmes se battent contre ceux qui veulent les imposer ? Et qu’en est-il de la France ? Pour la première fois, une bande dessinée répond à toutes ces questions.
12.
Les fils de la terre
de Hideaki Hataji et Jinpachi Mori (Ataka)
Été 2007, au Japon. Shuntaro Natsume, un jeune membre du ministère de la culture se voit confier, par le premier ministre en personne, une très lourde mission : celle de redresser l’agriculture de son pays, en trouvant le moyen de pousser chaque année quinze mille nouveaux jeunes vers les métiers de la terre… Afin de remplir cet objectif, il est affecté comme professeur dans un petit lycée agricole perdu au fin fond des montagnes. Là, il va apprendre à connaître les milieux agricoles et surtout… les réalités difficiles auxquels ils sont quotidiennement confrontés !
À travers le prisme d’un secteur délaissé, mal-aimé, victime de problèmes aussi imbriqués que difficiles à résoudre, l’agriculture, c’est un récit résolument hors-norme que nous livrent les deux auteurs de l’œuvre. Fable écologiste, humaniste, et par-dessus tout, extrêmement humaine, Les fils de la Terre pose les bonnes questions, et nous amène inévitablement à nous interroger sur le problème suivant : puisque des solutions existent, pourquoi nous obstinons-nous à refuser de les mettre en place ?
Dénonçant sans détour l’immobilisme et l’égoïsme des administrations, qui placent leurs propres intérêts au-dessus du bien commun, le manga nous rappelle que c’est par la terre, et pour elle, que nous existons. Il nous démontre également que, pourvu que l’on accepte de faire le sacrifice de notre avidité et de notre cupidité matérialiste, il est possible de retrouver le goût des choses simples, et du bonheur qu’elles seules savent procurer.
13.
Aquablue
de Olivier Vatine et Thierry Cailleteau (Delcourt)
Nao, jeune terrien orphelin, a fait naufrage sur la planète Aquablue où de paisibles pêcheurs l’ont adopté. Face à des envahisseurs sans scrupules venus piller les richesses de ce monde, il prendra la tête de la révolte.
14.
Trees
de Jason Howard et Warren Ellis (Urban Comics)
Cela fait maintenant dix ans qu’ils ont atterri. Ils sont présents sur toute la surface du globe. Depuis, rien. Aucun contact. Ils se tiennent là, profondément enracinés tels des arbres d’une espèce extra-terrestre. Dix ans qu’ils maintiennent cette pression silencieuse sur notre monde, sur notre activité, indifférents à notre présence. Cela fait dix ans que nous avons découvert la présence d’une autre forme de vie dans l’univers, mais cette forme de vie n’a jamais reconnu notre existence en tant qu’espèce intelligente, voire vivante…
15.
Le Jardin des glaces
de Jean-Claude Servais (Dupuis)
Avec Le Jardin des glaces, Jean-Claude Servais signe un thriller psychologique aussi séduisant qu’implacable. Entre l’horizon immaculé de la banquise et le huis clos verdoyant d’un jardin ardennais, entre ours blancs et mésanges, le crayon sensuel du dessinateur belge trace le portrait d’une nature multiple, mais menacée. Car, en s’inspirant pour la création de son personnage du fameux explorateur belge Alain Hubert, Jean-Claude Servais ne se contente pas d’offrir un bouquet d’émotions graphiques. C’est qu’en filigrane, un autre drame se joue : celui du réchauffement de la planète…