Au fil de l’eau

Notre avis : Juan Diaz Canales – scénariste de Blacksad et du nouveau Corto Maltese – revient à ses premières amours – le dessin – avec Au fil de l’eau où il dévoile un polar et une chronique sociale autour de la vieillesse.

Madrid, de nos jours. Niceto – octogénaire – et ses amis aiment se retrouver à un carrefour d’une rue principale de la ville. Là, les joyeux copains revendent au marché noir des objets qu’ils ont volés. Fréquemment le vieil homme se fait arrêter par la police et plus particulièrement une bonne amie de son petit-fils Alvaro qui travaille pour le SAMU.

Lui ça le fait rire, mais pas son père Roman – médecin légiste proche de la retraite – ou sa petite amie qui attend un heureux événement. D’ailleurs Alvaro propose à Niceto de rester chez lui quelques jours au grand dam de la future maman.

Dans le même temps, Roman est appelé sur une scène de crime : Loginos – un ami de Niceto – est retrouvé mort dans une barque. Il a reçu un violent coup derrière la nuque qui l’a tué.  C’est le début d’une longue série de meurtres dans la petite bande de vieux…

Juan Diaz Canalès dévoile un bon polar, construit comme une chronique sociale. En effet, l’auteur brosse le portrait d’une Espagne pauvre, touchée de plein fouet par la crise, qui a mis ses petits vieux dans la rue et qui leur a imposé divers trafics pour survivre. De plus, il met en scène trois hommes de la même famille qui vivent bien ensemble : le petit-fils invite le grand-père chez lui, le père à la fin de sa carrière professionnelle, catholique fervent alors que Niceto est un vrai anticlérical.

Il porte aussi un regard parfois acide et cynique sur le temps qui passe et sur la vieillesse; les rapports à la mort et les nouveaux rapports avec les plus anciens dans les familles. Et c’est plutôt réussi !

La partie polar est quant à elle plus prévisible avec un air de déjà vu; les morts s’accumulent mais l’on sent déjà qui et pourquoi. Reste la partie graphique de très grande qualité. Le trait en noir et blanc semi-réaliste de Canalès est d’une belle efficacité. Avec l’encre de Chine, il dépeint des personnages haut-en-couleur – notamment les petits vieux très réussis – mais aussi les décors de la capitale espagnole.

Article posté le samedi 17 septembre 2016 par Damien Canteau

Au fil de l'eau de Juan Diaz Canales (Rue de Sèvres) décrypté par Comixtrip le site de BD de référence
  • Au fil de l’eau
  • Auteur : Juan Diaz Canales
  • Editeur : Rue de Sèvres
  • Prix : 17€
  • Parution : 14 septembre 2016

Résumé de l’éditeur : Madrid, aujourd’hui. Niceto octogénaire passe sa retraite entouré de sa bande de vieux copains, de son fils Roman et de son petit-fils Alvaro. Dans l’Espagne marquée par la crise, le quotidien n’est pas simple. Il devient réellement inquiétant lorsque les amis de Niceto commencent à mourir les uns après les autres, dans des circonstances de plus en plus étranges et violentes… Quand Niceto disparaît à son tour, c’est une véritable course contre la montre qui démarre pour Roman et Alvaro.

À propos de l'auteur de cet article

Damien Canteau

Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une vingtaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée). Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip.

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