50 ans de Futuropolis : Edmond Baudouin et Emmanuel Lepage à Rennes le 11 avril 2024

En cette année de 50e anniversaire, les éditions Futuropolis multiplient les actions de communications, en librairie, sur le net, mais aussi auprès des lecteurs et lectrices. Ce jeudi 11 avril, c’étaient donc Edmond Baudoin et Emmanuel Lepage qui portaient le gâteau d’anniversaire pour une rencontre en publique aux Champs Libres de Rennes. L’occasion de découvrir la complicité sincère du duo derrière Au pied des étoiles.

Sébastien Gnaedig Edmond Baudouin Emmanuel Lepage 50 ans Futuropolis Rennes 2024 - photo Yaneck Chareyre

50 ans et plus pour Edmond Baudouin et Emmanuel Lepage chez Futuropolis

18h30. L’auditorium du complexe culturel n’est pas tout à fait plein, mais l’amphi est grand, et le public conquis par avance.

Les deux artistes sont installés, aux côté de Sébastien Gnaedig, directeur éditorial des éditions Futuropolis. Pour commencer, anniversaire oblige, l’éditeur fait œuvre de pédagogie.

De la création de la maison d’édition par Florence Cestac et Étienne Robial, jusqu’à son éclipse et le retour poussé par Mourad Boudjellal, Gnaedig retient une notion : l’auteur.

« Cestac et Robial proposent une nouveauté. Ils mettent en avant une politique d’auteurs, quand toute la bande dessinée franco-belge ne jure que par les héros et les séries. La proposition est simple, permettre aux artistes publiés dans les magazines de faire des livres, en toute liberté. »

Dans cet exercice historique, Edmond Baudoin est loin d’être un spectateur. En 1981, c’est Futuropolis qui édite son premier album que tous les autres éditeurs avaient refusé.

« Ces éditeurs disaient tous que je faisais de l’art et que ce faisant, j’étais un fossoyeur de la bande dessinée. »

Parmi les motifs de satisfaction de l’auteur de 82 ans, avoir, sans le savoir, marqué l’histoire de la bande dessinée.

« Je faisais de la BD autobiographique, mais je n’avais pas conscience de ce que je faisais. Moi, je lisais beaucoup de ce genre en littérature et avec mes dessins, je ne faisais pas autre chose. »

Le retour d’une maison d’édition

En 2004, c’est de manière surprenante le patron de la maison d’édition la plus grand public du moment, Mourad Boudjellal qui contacte Gallimard pour relancer la marque mise en sommeil après le départ de Robial. Pour refondre et rénover le catalogue, Sébastien Gnaedig, alors éditeur chez Dupuis, a été contacté.

« Quand Futuropolis s’arrête, c’est le moment où L’Association, Cornélius et bien d’autres, se lancent. Ils sont les héritiers du travail de Cestac et Robial. Au moment de nous relancer, il aurait été ridicule de prétendre marcher sur la même voie que ces maisons désormais établies sur leur créneau. »

Tout en gardant la place dominante faite à l’auteur, Gnaedig s’assure les moyens financiers pour payer les meilleurs albums possibles. De la bande dessinée adulte, qui ne cherche pas à parler à la jeunesse et passe la case de la BD de genre. C’est avant tout une bande de fidèles qui suivent Gnaedig et Claude Gendrot. Emmanuel Lepage s’exprime clairement sur le sujet.

« A ce moment-là, Media Participation reprend Dupuis et change une grande partie de l’équipe. Nous les auteurs, nous ne nous y retrouvons plus. Alors nous avons choisi de faire entendre notre mécontentement de la façon la plus simple qui soit. En partant. »

Gnaedig, Gendrot, deux noms impactant derrière la collection Aire Libre, dont les effectifs vont nourrir la nouvelle ligne éditoriale de Futuropolis.

Mais les éditeurs ne vont pas se contenter de recycler les bonnes idées et les grands artistes de la collection mythique. De nouveaux genres sont explorés, dont la BD reportage, avec parmi ses têtes de pont, Emmanuel Lepage, évidemment.

Au pied des étoiles, d’Edmond Baudouin et Emmanuel Lepage : à la croisée des chemins

Edmond Baudouin et Emmanuel Lepage, Rennes avril 2024 - Photo Yaneck Chareyre

Passé ce temps historique par ailleurs fort intéressant, la discussion s’est attardée sur la réalisation du livre du duo Baudouin/Lepage. Une première pour ces deux hommes, qui se connaissaient mais n’avaient jamais travaillé ensemble.

Lepage : « Pour permettre une rencontre entre deux personnes, une vraie rencontre, il faut faire quelque chose en commun. Nous, cela aura été un livre. »

Un livre dont les deux auteurs assument qu’ils n’avaient pas la moindre idée de ce qu’il serait, en partant pour le Chili.

Baudouin : « C’est dans la voiture, sur les routes chiliennes, que nous avons commencé à construire notre histoire. Sur la banquette arrière, puisque nous ne conduisions pas, nous avons beaucoup parlé. »

Entre politique, rencontres humaines et considérations graphiques, la discussion permis d’explorer les dessous d’un album atypique. Un cadavre exquis permettant la rencontre de deux artistes.

Le terrien Baudouin, qui digère le réel pour le retranscrire au travers de ses émotions sur la feuille. Le marin Lepage, respectueux de l’image réelle comme personne.

Ce que l’on retient, c’est surtout la proximité affichée par les deux hommes, conformément à ce que leur livre aura démontré.

L’échange se conclue par une session de questions réponses avec le public, tandis que les deux artistes dessinaient ensemble, mêlant leurs deux styles dans une fusion sublime à l’oeil.

Les rennais purent terminer la soirée avec une séance de dédicaces à quatre mains, permettant la rencontre avec deux artistes qui sont avant tout deux grands êtres humains.

Article posté le vendredi 12 avril 2024 par Yaneck Chareyre

À propos de l'auteur de cet article

Yaneck Chareyre

Journaliste , critique et essayiste BD depuis 2006.

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